Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'heureux parvenu.


Par : case2000
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Interminable digression.


Publié le 29/06/2012 à 11:21:45 par case2000

Je jetais un rapide regard à la cellule collective presque en face de la mienne. Ici avait été entassé tout ce qu'il restait de mon équipage. Ils riaient, l'écume au lèvres. Grimaçant et sautillant de toute part comme des chimpanzés. La plupart étaient pris de spasmes tandis que d'autres se lançaient dans les plus vivantes imitations de gallinacées qu'il me fut permis d'apprécier. Agissant comme seul les malades mentaux savaient le faire. Deux de ces fauves étaient encore en train de manger leurs semelles. Ils mastiquaient le cuir, à s'en décrocher la mâchoire. A s'en faire saigner les gencives. Certains hurlèrent de joie lorsqu'ils m'aperçurent. Ces pauvres diables me reconnaissaient-ils ? Difficile à dire. Peut-être que mon visage évoquait encore quelque fugace souvenir à ces esprits désormais entièrement voués à la folie.

Je n'ai jamais réellement su ce que leur avait fait subir le Directeur. Sans doute que devant mon refus à obtempérer il s'était acharné sur les autres membres du commando. En poussant chaque jour le supplice toujours un peu plus davantage, jusqu'à la rupture. Le bienveillant devait avoir pratiqué des expériences à cerveau ouvert. Il faut dire que notre brave Directeur était très porté sur les sciences médicales et les thèses eugénistes des plus illustres de ses pairs. Ces derniers, forts savants, parvenaient à démontrer depuis des années par la toute puissance de la science qu'il existait des différences. Des différences entres les races. Entre la caricature de cerveau dotant un être inférieur et le grand esprit d'un digne représentant de la race des seigneurs.

Quoi qu'il en soit, les sévices ou plutôt les soins particuliers dispensés à ces hommes ne m'importaient guère. Je ne les avais jamais véritablement appréciés et me serais sans doute débarrassés d'eux à la première occasion si j'avais pu mener mon objectif à bien.

De ce côté-là mes bienfaiteurs allégèrent généreusement l'embarras que me causait cette chair à canon encombrante. Néanmoins ils me furent tout de même d'une relative utilité, ainsi en s'acharnant sur eux comme sur des cobayes de laboratoire le Directeur avait pour le moment laissé mon esprit à l'abri de ses morbides expériences. Se limitant aux sévices corporaux. Le seul membre du groupe qui me manquera un peu est Faustin, un gamin d'une dizaine d'années peu sympathique et époustouflant de naïveté. En apparence du moins. En réalité il recelait surtout d'espièglerie et disposait d'une vive intelligence pour son âge. Défaut qui, heureusement, s'était révélé inexistant chez les autres membres du commando. Ah sacré garçon, qui m'avait mis plus d'une fois des bâtons dans les roues. Le chanceux enfant était mort d'une pneumonie, une semaine avant le début des expériences sur les autres.

L'un des deux gardes me donna un léger coup de crosse entre les omoplates :

« Avancez »

A regret je repris mon chemin, lorgnant avec envie mon équipage d?aliénés. Eux au moins n'avaient plus à se soucier de rien. Ils jouissaient du bonheur suprême, celui de l'insouciance.

Comme toujours le Directeur nous suivait du haut de ses horribles semelles qui couinaient sans cesse. Il aurait au moins pu avoir la diligence de s'acheter une autre paire de chaussures. C'était un véritable supplice à endurer. Une torture !


« - Plus vite prisonnier : le Palais t'attend. » Il partit à rire bientôt rejoint par son collègue. 

Ces gardes, comme tout ceux contribuant au bon fonctionnement de l'Archipel de l'Ordre étaient issus de la 9 ème légion. Surnommés les « Marchands de sable ». Pour leur capacité à dispenser le sommeil, d'une manière définitive. Bien peu les dépasser en terme de cruauté et de sadisme. De par la brutalité et la bestialité de leurs méthodes, ils horrifiaient de nombreuses personnes et en premier lieu la majeure partie du reste de l'armée (les civils à l'arrière n'étaient évidemment pas au courant des agissements de la neuvième). Outil purement abject, méprisable et horrifique qu'était cette légion. Mais aussi terrifiant soit-il, tout instrument à son utilité.

Si presque tous les autres militaires s'accordaient à décrier la monstruosité de leur attitude. Aucune autre légion ou corps d'armée quelconque ne se bousculait non plus pour prendre en charge l'Archipel de l'Ordre. Tant qu'elle accomplissait cette sale besogne la 9 ème légion ne serait pas dissoute. Tant que la guerre se poursuivait donc, la légion ne serait pas dissoute.

Comme presque tous les autres fantassins de l'armée de terre. Les troupes de la neuvième portaient une armure d'un blanc immaculé ou presque. Leur casque se terminait en une légère pointe effilée à l'arrière (ce qui leur valait le quolibet « les pointus »). A L'avant de ce heaume était gravée une sphère vermillon d'où émanaient deux yeux injectés de sang. Le numéro de leur régiment était indiqué en haut de ce même casque. Tandis que le nom de chaque soldat figurait sur le torse. Son grade était indiqué sous le nom par des chevrons. Parfois des décorations pour, par exemple, hauts faits d'armes et bravoure étaient à même d'orner le torse sous les chevrons.

L'emblème de la légion était une espèce de reptile à sept têtes. Un monstre abject qu'ils appelaient « l'Hydre ». Ce symbole était partout présent, sur leurs épaulettes, leurs étendards, les crosses des armes, gantelets, bijoux...Impossible d'échapper à la vision cauchemardesque qu'offrait cette chose, qui semblait toujours prête à vous trancher la gorge à chaque fois que vous la regardiez.


Commentaires