Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Nouvelles et Epanchements


Par : lls
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3 : Un monde de merde


Publié le 31/08/2012 à 23:27:14 par lls

Quelqu’un soupira et se leva, et la lumière fut à nouveau. Je savais que le calme présageait une tempête terrible, et j’attrapai rapidement ma dulcinée par les mains pour ne pas la perdre. Sa peau était douce et brune, tout comme la mienne. On avait été violemment expulsés de chez nous quand Il avait décidé de détruire nos vies. Nos pieds trempaient déjà dans l’eau, et des têtes sans corps flottaient près de nous, doucement agitées par le remous régulier des vagues.

Dans notre malheur, c’était une chance qu’on se soit retrouvé au milieu de cette ville destinée à sombrer. Bientôt, la blancheur éclatante des bâtiments autour de nous volerait en éclat sous la pression de l’eau. Mais on serait là, ensemble, et c’est tout ce qui comptait. Un bruit sourd nous parvint, et tout se mit à trembler. Je resserrai ma prise sur elle, profitant de mes dernières secondes de vie pour la contempler. Je voulais graver son visage et ses formes à jamais dans ma tête, les emmener avec moi dans la mort.

Une belle cape rose tomba du ciel, probablement aspirée à l’extérieur d’une fenêtre brisée. Elle la saisit habilement d’un geste et m’attira contre elle avant de nous couvrir. C’était comme une tentative désespérée de sa part pour nous protéger contre l’inévitable. Le niveau de l’eau montait, et le bruit devenait de plus en plus fort. Je me penchai pour l’embrasser alors que le monde tombait en miettes autour de nous.

L’eau tournoyait de plus en plus vite, bringuebalant son capharnaüm d’atrocités, baladant les premiers vestiges d’une civilisation à l’agonie. Le courant devint bien trop puissant, et je cessai de lutter. L’eau et la panique me submergèrent, alors que l’œil du maelstrom naissait juste sous nos pieds. Sa main lâcha la mienne rapidement, et j’hurlai de terreur, cherchant la surface pour respirer. Mais je n’étais qu’un grain de sable chahuté par un ouragan.

Ma tête heurta durement un pan de mur, déchirant la cape que j’agrippai toujours fermement. Alors que je perdais conscience, je tournai sur moi-même et constatai la trace noirâtre laissée par mon sang sur le blanc immaculé. Mes mains lâchèrent prise, le papier rose pâle frôla mon visage et disparut, et mes yeux se voilèrent à jamais.

-Putain, ça fait du bien ! Maintenant je peux sauter ! hurla Saint Pierre, avant de sortir des toilettes divines d’un pas lourd.


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