Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Vaati


Par : Lunastyx
Genre : Horreur, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4 : Chapitre 3 : Espoir


Publié le 08/02/2013 à 20:40:22 par Lunastyx

Il se tenait devant moi, souriant, me fixant comme si j'étais le seul être sur cette odieuse terre. Mon cahier de dessin si précieux pour moi était à terre mais ne m'en souciais même pas, j'étais trop étonné pour me soucier d'autre chose de toute façon. Pourquoi Maître Exelo était-il ici ? Pourquoi n'était-il pas avec le reste de ma classe ainsi que de mon enseignant si teigne ? Que de questions qui se bousculaient dans ma tête. Il fit quelques pas vers moi. Je sentis mon coeur battre de plus en plus vite, je ne ressentais pas de la haine comme d'habitude mais une tout autre sensation. De la reconnaissance ? De l'impatience ? Ou tout simplement de l'étonnement ? Je ne savais pas. Je tentais de découvrir cela et je ne m'aperçus pas intérieurement que Maître Exelo était déjà devant moi, car extérieurement je le suivais des yeux, mais j'étais perdu dans mes pensées. Il se pencha et ramassa mon cahier. Il le regarda et tourna quelques pages.
"C'est toi qui as dessiné cela ?"
Je ne lui répondis même pas, j'étais trop stupéfait pour dire quoique ce soit. Trop étonné pour me soucier et pour lui répondre, cela faisait très longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Il referma mon cahier d'un coup sec avant de le déposer sur ma table. Voyant ma réaction, il eut un peu sourire en coin avant de m'attraper par le bras et d'essayer de m'entraîner dehors. Je me souvins soudain que je n'avais pas le droit de sortir et je n'avais aucune envie de m'attirer la colère de l'enseignant. Je tirai sur mon bras, refusant, mais il insista et, sans me faire mal, il parvint à me faire bouger.
"Ma... mais...
- Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas grondé, coupa le vieux Minish. Je parlerai avec ton enseignant, mais quittons vite cette classe car tes camarades ne vont pas tarder à revenir."
Sans en savoir davantage, j'arrêtai de résister et je me laissai guider. Nous sortîmes de la salle et nous courûmes vers la direction opposée de sa maison. Au loin, mes camarades revenaient avec l'enseignant hors de lui. Nous arrivâmes aux abords du village. Là, nous nous arrêtâmes pour reprendre notre souffle, puis, de plus en plus à l'aise avec lui, je me risquai à lui demander :
"Mais, Maître Exelo, pourquoi avez-vous...
- Pourquoi je suis venu te chercher au lieu d'être avec tes camarades, c'est cela ?"
J'hochai la tête. Il se redressa et commença à marcher le long de l'herbe haute. Je courus pour le rattraper et marcher avec lui.
"J'ai eu vent de l'injustice dont tu as été victime."
Tout en parlant, nous continuions à marcher. Il regardait le soleil qui brillait au-dessus de nos têtes, tandis que, contrairement à lui, je baissais la tête, presque honteux de ce qui s'était passé hier.
"Ah, ça... l'enseignant vous l'a dit ?"
Maître Exelo s'arrêta brusquement et me dévisagea bizarrement. Je suivis le mouvement, le questionnant du regard. Le vieux Minish soupira avant de sourire.
"Non, souffla-t-il, non, non, c'est ma charmante voisine d'à côté qui me l'a appris, la maman de Liwn, tu sais...
- Mais... comment savait-elle ? Liwn a dû tout lui raconter...
- En fait..."
Le sage eut l'air quelque peu embarrassé. Il fuit mon regard et fit mine de se gratter la joue.
"La petite, comment dire, crise que tu as poussée contre l'enseignant hier n'était pas des plus discrètes, comprends-tu. Les Minishs qui habitent là où tu as craqué sont les plus curieux et les plus rapporteurs, ils n'ont pas résisté à l'irrésistible envie d'aller raconter ce que tu avais dit à leur entourage. Tout le village savait ce que tu avais fait deux heures après les faits...
- Oh, c'est pour cela que..."
Je baissai de nouveau la tête. Mon regard se perdit dans le vide et une vague de tristesse m'envahit.
"Qu'y a-t-il, Vaati ? interrogea Maître Exelo. Quelque chose ne va pas ?
- Non, non, tout va très bien ! m'exclamai-je en relevant la tête avec un faux sourire aux lèvres. Oui, tout va très bien..."
Nous nous remîmes à marcher côte à côte. Le Minish me parla, mais je n'écoutais pas, plongé dans mes pensées. Je pensais à mes parents, et après ce que je venais d'entendre, ce qui était des plus sombres dans ma tête devint aussi clair que de l'eau de roche. Je me disais bien qu'il y avait eu quelque chose pour que me parents soient tout d'un coup aussi gentils avec moi. J'avais tout de suite naïvement cru qu'ils m'avaient posé cette question que par un pur hasard, juste pour savoir une seule fois, puis je me suis ensuite dit qu'il y avait forcement anguille sous roche, et d'après Maître Exelo, ils avaient su ce qui s'était passé, je venais d'acquérir la ferme certitude que la question qui m'avait été posée hier n'était finalement pas si innocente qu'elle ne paraissait être.
Perdu dans mes espérances détruites alors que je marchais, je ne vis pas le vieux sage se mettre en travers de ma route. Il tendit son index gauche et il l'appuya sur mon nez, me stoppant dans ma progression.
"Vaati, qu'est-ce que je viens de dire ? me demanda-t-il d'un ton enjoué."
Enfin revenu à la réalité, je me frottai le nez en le fixant.
"Euh..."
Je réfléchis durant quelques instants avant d'avouer en rougissant.
"Je ne sais pas...
- Je savais que tu ne m'écoutais pas, c'est pour cela que j'ai parlé de tout et de rien."
Je m'excusai sur-le-champ avant de remarquer quelque chose.
- Maître Exelo, où est votre canne ?
- Ah, je l'ai laissée exprès près de ton pupitre pour faire comprendre à Widel que je suis venu te chercher..."
A travers cette phrase je me rendis compte de quelque chose, d'un oubli. Mon expression qui était si sereine depuis que j'étais sorti de la classe laissa subitement place à un regard et un visage terrorisé que je plaquai mes deux mains sur ma bouche. Le vieux sage réagit immédiatement.
"Vaati, qu'est-ce qui ne va pas ? interrogea-t-il en s'agenouillant à côté de moi.
- Mon... mon cahier, balbutiai-je.
- Comment ?
- Mon cahier de dessin ! dis-je paniqué. Je l'ai laissé sur ma table ! L'enseignant va le trouver et je... il ne me le rendra pas...
- Ne t'inquiète pas pour cela, rassura Maître Exelo, je le récupèrerai, je te le promets."
Je me calmai, en enlevant mes mains de devant ma bouche et en soupirant de soulagement.
"Mais... comment allez-vous faire ?
- Oh, tu sais, souffla le vieux Minish, Widel a beaucoup plus peur de moi que de sa vieille maman très autoritaire."
Je souris. Une nouvelle fois, nous nous remîmes à marcher, puis, abandonnant les hautes herbes, nous rentrâmes au coeur du village.
"J'ai eu l'occasion de t'observer en classe cette semaine, tu ne parles pas beaucoup.
- Non..."
Il y eut quelques minutes de silence.
"Je dois t'avouer quelque chose, Vaati."
Je levai la tête vers mon aîné qui tourna la tête vers moi et qui me sourit.
"Je t'ai menti sur un point."
Je fus impressionné par son honnêteté mais je fus aussi assez choqué qu'il m'ait déjà menti alors que nous nous parlions depuis vingt minutes à peine.
"A quel propos ?
- Eh bien, ce n'est pas par la maman de Liwn que j'ai appris ce que tu avais fait ; auprès d'elle, j'ai seulement su ce que tu avais dit, mais le reste, je l'ai appris autrement.
- Par qui alors ? demandai-je.
- Par qui ? Et bien hier, comme toujours, je faisais ma petite promenade quotidienne dans les allées du village, et alors que j'arrivai à l'intersection de trois routes, là où je t'avais rencontré pour la deuxième fois, ton amie m'est encore rentré dedans en courant. J'ai plutôt tendance à m'énerver facilement dans ces conditions, mais pas à ce moment-là. La pauvre petite était en pleurs, elle me raconta ce qui s'était passé."
Nous arrivâmes devant la maison du vieux sage. Ce dernier guetta la maisonnette de Liwn et, s'approchant d'une fenêtre, il me dit que la voie était libre quand il vit que le fauteur de trouble n'était pas là. Il revint vers sa maison, et plus précisément vers moi. Il contempla ensuite la façade orange décolorée de son foyer avant de balayer des yeux ses alentours.
"Widel a dû faire le tour de la maison en voyant que je n'étais pas là, sourit-il.
- Elle aurait tellement aimé faire cette sortie, elle l'attendait si patiemment, dis-je avec un air désolé en repensant à l'euphorie de mon amie.
- Je sais."
Il me fit un clin d'oeil avant de se mettre à crier.
"Qui a osé dire que ma façade était moche ?!"
Je ne savais pas avec quelle expression je l'avais fixé à ce moment-ci, mais j'étais quasiment sûr que ce n'était pas avec une telle expression qu'on regardait les gens quand on était poli. Puis soudain, sous mes yeux surpris surgit de derrière une des fougères qui trônaient entre un banc en bois et l'entrée de la maison, Flora, toute souriante.
"Bonjour Vaati ! me souhaita-t-elle en me tombant dans les bras.
- Mais... mais... mais...
- Oh, j'avais omis de te dire qu'elle venait avec nous elle aussi, dit Maître Exelo en riant."
Mon amie me lâcha, je me redressai et je la dévisageai, toujours avec autant de surprise.
"Vous... vous avez tous les deux monté un plan pour que nous soyons que tous les trois aujourd'hui ! m'exclamai-je quelques poignées de secondes plus tard. Vous aviez tout prévu à l'avance !
- Oui, m'affirma Flora, hier, lorsque j'ai tout raconté à Maître Exelo, il m'a ramené chez lui et il m'a proposé de l'aider pour que tu fasses cette sortie.
- Et ça a marché, puisque tu es là."
Je regardai alternativement mon amie et le vieux sage, qui me souriaient tous les deux. Puis, emporté par la vive émotion que je reconnus comme étant la reconnaissance, je leur souris à mon tour. Cela s'annonçait être une belle journée.
- Marchons, dit soudain Maître Exelo, dirigeons-nous vers la mare, il ne vaut mieux pas rester ici, car Widel risque de revenir."
Tranquillement, nous nous mîmes en route tous les trois, côte à côte et le sourire aux lèvres.
"Mais dis-moi jeune fille, tu as réussi à te cacher facilement ou cela a plutôt été dur ?
- Oh, je dois avouer que ce n'a pas été facile, Liwn n'arrêtait pas de me suivre sous prétexte que Vaati n'était pas là. J'ai donc attendu que notre classe reparte avec en tête l'enseignant en colère et Liwn qui se moquait. Je me suis mise dans les dernières et, quand personne ne s'intéressait plus à moi, j'ai sauté derrière la fougère et j'ai patiemment attendu votre signal.
- En parlant de ça, intervins-je, il était tout de même assez bizarre, ce signal, pourquoi cette phrase-ci ?
- Ah, ça ! s'écria Flora en se mettant à rire. C'est quand Maître Exelo m'a menée vers sa maison et lorsque j'ai vu que c'était celle-ci, je lui ai dit que je ne l'aimais pas car je trouvais que les couleurs de sa façade n'étaient pas égayantes !
- Ah, je comprends mieux.
- J'ai été assez vexé, avoua le sage, mais cela m'a paru ensuite assez drôle et j'ai proposé la phrase que tu as entendue tout à l'heure en guise de signal, c'était plutôt pas mal en fin de compte.
- Je vous l'avais dit !"
Après un bon quart d'heure où nous continuâmes à marcher tout en plaisantant, nous arrivâmes enfin à la mare où nous nous assîmes au bord. Durant une heure entière, nous parlâmes de ce qui s'était passé hier et aussi la façon dont ils avaient monté leur plan.
"On est restés dessus toute la soirée, dit Flora, et il a ensuite fallu que je rentre chez moi, impossible de décrire l'état dans lequel se trouvaient mes parents !
- Tu as dû beaucoup les inquiéter, reprochai-je, ce n'est pas dans tes habitudes de traîner si tard après l'étude.
- Non, mais heureusement que Maître Exelo était là, il m'a sauvée en m'évitant les disputes et les effusions de sang.
- Tu exagères ! souriais-je. Je suis sûr qu'ils ne t'auraient même pas grondée, ils avaient sans doute eu trop peur.
- C'est drôle, remarqua soudain le sage, mais tu es beaucoup plus bavard aujourd'hui que l'autre jour où je t'ai observé.
- J'évite de me faire remarquer, dis-je, si je le fais trop, cela me retombera dessus à un moment donné.
- Comment ça ? Rien ne te retombera dessus si tu t'exprimes, voyons !
- Vous ne connaissez pas Liwn, répliquai-je.
- Il a raison, approuva Flora."
Maître Exelo se tut. Il se passa quelques instants avant que, un petit sourire apparaissant au coin de ses lèvres, il demanda :
"Que diriez-vous d'un peu de magie ?"
Je n'aurais jamais cru que le village était si petit vu d'en haut. Sur un petit nuage formé grâce à de l'air accumulé en un seul point, nous survolions tous les trois la forêt que nous regardions de haut avec admiration. Maître Exelo riait avec moi et Flora. Je n'avais jamais été aussi heureux mais je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi le vieux Minish faisait tout cela, personne ne s'était occupé de moi de la sorte depuis que j'avais pris conscience de la vie. Personne...
Nous aperçûmes l'enseignant qui se dirigeait à grands pas vers la demeure du sage, Flora et moi criâmes, il leva la tête et s'arrêta net. Il resta quelques instants immobile avant de se retourner et de courir vers l'étude.
"Je crois qu'il sait que tu n'es plus à l'étude, fit remarquer mon amie. Tu es mal.
- Pas d'inquiétude, rassura Maître Exelo, je parlerai avec lui et nous referons cette sortie avec toute la classe, enfin, sauf cette promenade dans les airs..."
Nous continuâmes ainsi à rire et à nous amuser jusqu'au déjeuner où nous nous posâmes enfin pour pique-niquer au bord de la mare tout en discutant.
"Vous connaissez les règles d'or des Minishs ?
J'engloutissais mon sandwich à la noisette tandis que Flora lui répondait.
"Non, pas encore."
Moi, je les savais, j'avais déjà lu un livre sur ces règles, mais savoir seulement les règles et non leurs histoires étaient un peu léger à mon goût.
"Bien, fini la récréation, on passe maintenant à la théorie, je vais vous apprendre ces règles et nous en parlerons ensuite. Comme vous le savez si bien, des règles d'or régissent notre vie à nous, Minishs. Et il y en a beaucoup. Notre première règle d'or est, bien sûr, de faire le bonheur des Hyliens.
- Pourquoi sommes-nous sensés faire leur bonheur ? demanda Flora.
- J'y arrive, sourit le sage, cette règle nous vient de nos ancêtres, plus précisément d'une légende, je vais vous la raconter."
Il but le peu d'eau qu'il lui restait dans son verre avant de continuer.
"Il y a fort longtemps, commença-t-il, bien avant que mon propre grand-père ne naisse, des esprits maléfiques envahirent la terre d'Hyrule. Les Hyliens, bien qu'ayant lutté contre ces esprits, ne purent les éradiquer et leur contrée commença petit à petit à sombrer dans les plus obscures des ténèbres. Un beau jour, une lumière vint illuminer Hyrule, c'est comme cela que nous sommes apparus, descendant des cieux...
- Nous venons des cieux ! m'exclamai-je.
- Bien sûr ! me répondit Maître Exelo. Nous sommes descendus des cieux et nous avons offert au Héros d'Hyrule une lumière d'or et une épée. Ce Héros possédait un immense courage, il combattit les forces obscures et il gagna, rétablissant ainsi la paix dans Hyrule. Les esprits furent enfermés dans un coffre magique, ce dernier étant scellé par la fameuse épée que les Minishs avaient donnée au Héros. Pour nous remercier de notre aide, les Hyliens organisent chaque année une fête en notre honneur, et une seule fois pas siècle, la porte qui relie notre monde à Hyrule s'ouvre.
- Quoi ? Nous sommes dans un monde différent de celui des Hyliens ? m'étonnai-je.
- Oui, dans des mondes différents, mais connectés.
- Il n'y a pas d'autre moyen que cette porte pour se rendre dans leur monde ?
- Bien sûr que si ! répondit le vieux sage en riant. C'est juste une légende, nous pouvons nous rendre dans le monde des Hyliens à notre guise."
Je souris. Moi qui me passionnais déjà pour les Hyliens, je fus content d'apprendre que l'on pouvait se rendre dans leur monde comme on le voulait. Maître Exelo enchaîna.
"Bien sûr, dans leur monde, nous ne sommes qu'une légende, si nous y passons normalement, nous serons toujours aussi petits, par contre, si nous passons par la porte, nous deviendrons aussi grands que les Hyliens. Si nous faisons leur bonheur, c'est parce que nous sommes descendus des cieux pour cela, nous les avons autrefois aidés et nous continuons aujourd'hui en fabriquant des fragments du bonheur et bien d'autres choses !
- C'est incroyable, commenta Flora.
- N'est-ce pas ? Bon, revenons à nos règles. La deuxième, la plus importante, concerne la majorité des Minishs, l'un de vous la connaît ?
- Non, dit Flora, je ne sais pas...
- Un Minish n'ayant pas atteint sa majorité ne doit pas s'éloigner de son village sans être au préalable accompagné par le plus d'adultes possibles, récitai-je."
Flora et Maître Exelo me regardèrent quasiment bouche bée.
"Tu connais les règles, Vaati ? me demanda mon amie.
- Oui, répondis-je, j'ai lu un livre dessus.
- Impressionnant, murmura le sage, tu n'es pas encore à l'âge où les enfants prennent conscience de la vraie vie que tu sais déjà tout ce qu'il faut connaître des règles Minish, tu dois être bon en classe.
- C'est le meilleur, intervint Flora, il a tout le temps de meilleures notes que moi...
- Bien, peux-tu me citer la troisième règle, s'il te plaît ?
- Elle concerne la magie, dis-je, la magie utilisée par les sages se doit d'être pure et non souillée par les ténèbres.
- La quatrième ?
- Toute alliance avec une personne susceptible d'avoir commis une infraction aux règles des Minishs est grave et sévèrement punie.
- La cinquième ?
- Maître, vous n'allez tout de même pas faire réciter à Vaati toutes les règles ! coupa Flora.
- Oh, j'ai bien envie d'essayer, lui répondit le vieux Minish.
- Je relève le défi, ajoutai-je avec un petit sourire en coin."
Pendant au moins un bon quart d'heure, Maître Exelo me demanda toutes les règles Minishs existantes, et lui les récitai toutes sans fautes, il en ressortit plus impressionné que la première fois.
"Tu m'épates ! dit-il. Dans ma vie, c'est bien la première fois que je vois un jeune Minish de ton âge connaître toutes les règles par coeur !
- Et encore, il est capable d'autre chose, sourit Flora.
- Vraiment ? Je veux tout savoir !"
Nous éclatâmes de rire tous les trois avant de reprendre notre discussion en plaisantant et en riant.
Le soleil commençait à décliner, dans moins de quelques heures il allait déjà se coucher. Marchant tranquillement dans les allées du village, moi et Flora raccompagnions Maître Exelo chez lui. Nous avions tellement ri cet après-midi que nous en avions encore mal aux côtes. Enfin arrivés devant la maison hautaine du vieux sage, il se retourna vers nous et afficha un grand sourire.
"Pour ma part, j'ai passé une excellente journée, dit-il.
- Moi aussi ! répondis-je en choeur avec Flora.
- Je vais rentrer manger un petit peu, puis j'irai voir Widel, je programmerai une autre sortie et je récupérerai ton cahier de dessin, Vaati.
- Merci...
- Vous devriez peut-être... oh, attendez quelques minutes, j'ai quelque chose pour vous !"
Le vieux sage se retourna et se hâta vers sa maison dans laquelle il entra. Flora et moi nous regardâmes avant d'hausser les épaules, nous n'avions aucune idée de ce que le Minish préparait. Après quelques minutes, il n'était toujours pas revenu et la patience n'était décidément pas de la partie.
"Qu'est-ce qu'il fait, se plaignit mon amie, ça fait au moins cinq minutes, pourquoi tarde-t-il tant ?
- Il cherche quelque chose, répondis-je.
- Mais quand même, il tarde...
- Tiens, Blanche-Neige."
Flora et moi, nous nous figeâmes avant de nous retourner en même temps : Liwn. Nous avions complètement oublié que sa maison était juste à côté de celle de Maître Exelo, une erreur qui allait bientôt se répercuter.
"Qu'est-ce que tu fais ici ? agressa l'intrus. Tu n'es pas sensé être consigné à l'étude ?
- Ne commence pas, lui répondis-je sur un ton trop gentil à mon goût.
- Commencer quoi ? Je m'étonne juste de ta présence ici, je me demande si l'enseignant le sait...
- Je le sais."
Je fis volte-face avec mon amie pour me trouver nez-à-nez avec l'enseignant, l'air assez contrarié, il avait mon cahier de dessin ainsi que la canne du sage dans les mains.
"J'aimerais aussi savoir ce que tu fais en dehors de l'étude, Vaati, me dit-il sur un ton condescendant."
J'avalais ma salive, la situation était délicate, très délicate, et je ne voyais vraiment pas comment m'en tirer.
- Et bien... commençai-je.
- Je les ai trouvés !
Maître Exelo sortit de la maison en courant, l'expression souriante, il arriva sur nous et nous tendit deux colliers : les pendentifs étaient de petites sphères blanches entourées par un épais fil d'argent.
- Ce sont deux colliers de Fée, dit-il, servez-vous de la petite sphère blanche pour soigner une petite coupure ou autre chose.
- Waw, s'émerveilla Flora en oubliant la situation, qu'ils sont beaux !
- Prenez-les, c'est pour vous."
Sans hésitation, mon amie se saisit du collier et commença à scruter la perle avec admiration. Maître Exelo, voyant mon air sceptique, me le mit catégoriquement dans les mains, sans me demander mon avis, il se redressa ensuite et aperçut - enfin - Liwn d'un côté et l'enseignant de l'autre. Le vieux sage lança un regard noir au jeune garçon, qui tressauta, avant de se retourner, souriant, vers l'enseignant.
"Ah, Widel, dit-il, c'est gentil de me rapporter mes affaires."
Il se dirigea vers l'adulte et lui prit des mains sa canne, sur laquelle il s'appuya avec un soupir de soulagement, et mon cahier de dessin. L'enseignant, lorsqu'il vit que le sage allait partir, retint Maître Exelo par le bras.
"Ce cahier est à Vaati, fit-il remarquer.
- Non, c'est le mien, répondit le vieux Minish."
J'écarquillai les yeux : qu'est-ce qu'il lui prenait ? Ce cahier était bel et bien le mien, alors pourquoi dire qu'il était à lui ? Flora, remarquant mon expression déconcertée, écrasa sans pitié mon pied, je me retins de justesse de pousser un petit cri de douleur. Dégageant mon fameux pied endolori, je tournai la tête vers mon amie, qui regardait toujours Maître Exelo et l'enseignant.
"Il essaye de te protéger, me souffla-t-elle tout bas sans me regarder."
Je n'avais pas compris, mais cela me paraissait maintenant plus clair. Je reportai mon regard vers les deux adultes qui bataillaient. Le sage se dégagea soudain de l'enseignant et revint vers moi et Flora. Il déchira un petit bout de papier de mon cahier de dessin et fit apparaître un crayon de bois.
"Comment avez-vous fait ça ?! s'extasia mon amie.
- C'est encore de la magie, répondit Maître Exelo, je vous expliquerai ça un autre jour..."
Il écrivit quelques mots avant de plier le papier et de le glisser dans le cahier qu'il me tendit ensuite, mais au dernier moment, il le retira en poussant un cri d'exclamation. Il repartit en courant dans sa maison et en ressortit une dizaine de secondes plus tard, tandis que personne de Flora, Liwn ou encore l'enseignant n'avaient bougé tellement ils étaient intrigués par le comportement du vieux sage, ni moi d'ailleurs. En complément de mon cahier, Maître Exelo me donna un livre à la reliure en cuir de couleur rouge grenat.
"Je t'avais dit que je te prêterais quelques livres pour que tu puisses t'occuper un peu, je te donne celui-là pour l'instant, quand tu l'auras fini, viens me voir, je t'en donnerai un autre. Je t'ai écrit sur le papier les pages que tu peux regarder dans mon cahier de dessin, peut-être pourras-tu reproduire mes oeuvres."
Il se redressa et nous sourit.
"Il est temps pour vous de rentrer, j'espère vous revoir bientôt."
Il se tourna ensuite vers l'enseignant.
"Allez, filez vite."
Flora m'attrapa le bras et m'entraîna dans la direction opposée de celle de l'enseignant, ce dernier voulut nous rattraper, mais il fut retenu par le vieux sage.
"Alors Widel, quand la faisons-nous, cette sortie avec ta classe ?"
Je me retins de rire et Flora eut la même réaction : déjà que l'enseignant fulminait que Maître Exelo n'ait pas été au rendez-vous ce matin, en plus du fait qu'il m'ait sorti de l'étude, le vieux sage se moquait maintenant de lui en lui demandait quand on allait faire la sortie normalement prévue aujourd'hui. Quelle farce !
Nous passâmes à côté de Liwn qui voulut intervenir, mais je lui tirai la langue et il en fut tellement surpris qu'il en oublia de nous poursuivre. Après quelques minutes de course, après s'être suffisamment éloignés de la maison du vieux sage et, par la même occasion, des ennuis, nous nous arrêtâmes enfin pour reprendre notre souffle mais aussi pour éclater de rire.
"Je crois que cela sera moins drôle demain, dit Flora en se calmant, l'enseignant risque de ne pas être de bonne humeur.
- Oh, nous verrons bien, mais je crains que tu n'aies malheureusement raison..."
Nous restâmes quelques instants silencieux.
"C'était gentil à Maître Exelo de te protéger ainsi, dit soudain mon amie.
- Oui, j'ai eu beaucoup de chance, répondis-je en souriant.
- C'était aussi très gentil de nous donner ces colliers, rajouta-t-elle."
Le collier, je l'avais complètement oublié. Je calai mon cahier et le livre entre mon bras et mon corps et j'ouvris ma main pour regarder le petit pendentif qui scintillait à la lumière.
"Tu peux me l'accrocher, s'il te plaît ? me demanda Flora en me tendant son collier."
Je levai la tête vers la jeune Minish qui me regardait d'un air enjoué en souriant.
"Bien sûr !"
Je donnai mes affaires à mon amie et je lui attachai son bijou autour du cou, elle fit pareil avec le mien.
"Je le garderai tout le temps sur moi !
- Moi aussi." Nous parlâmes encore quelques minutes avant de juger qu'il serait mieux de nous séparer et de ne pas trop traîner si l'enseignant repassait par ici. Nous nous souhaitâmes une bonne soirée avant de retourner chez nous. J'arrivai devant mon foyer en sautillant quelques minutes plus tard et je rentrai dans le vestibule en claquant la porte. Mon père, toujours dans son fauteuil en train de lire, me demanda comment avait été ma journée sur un ton assez moqueur : il était au courant pour ma punition et voulait sûrement me rabaisser un peu plus, tout le contraire de son attitude d'hier soir. Je me retournai vers lui.
"Super ! lui répondis-je avec joie et bonne humeur."
Ma mère, qui était à la cuisine, tourna lentement la tête et échangea un regard avec mon père qui lâcha son journal tandis que je montai dans ma chambre en chantonnant. Il était vrai que cette journée avait été magique, je ne m'étais jamais autant amusé jusqu'à aujourd'hui, les souvenirs de ces dernières heures allaient rester à jamais gravés dans ma mémoire. Je fermai la porte de ma chambre afin que l'on ne me dérange pas, même si cela était inutile puisque l'on ne me dérangeait jamais ici. Je posai mon cahier de dessin et, gardant l'autre livre en main, je m'assis sur le bord de ma fenêtre et j'entrepris de regarder le coucher du soleil d'où j'étais. Il s'avéra être aussi beau que ceux que j'observe depuis toujours assis en haut de ma tour, je ne regrettai pas de ne m'être pas déplacé mais d'un autre côté, la journée que j'avais eue m'avait tellement épuisé que je n'avais plus la force d'aller où que ce soit. Alors que les derniers rayons allaient disparaître dans quelques minutes, je jetai un coup d'oeil au livre que Maître Exelo m'avait prêté : la reliure avait été travaillée, des fins liserés décoraient les couvertures rouge grenat, l'ouvrage était assez épais. Je l'ouvris à la page de présentation et je souris.
"Hyrule, lis-je en murmurant."
Je ne savais pas comment le vieux sage avait deviné ce qui me passionnait mais il avait absolument raison sur le choix du livre. Je refermai doucement le trésor que j'avais entre les mains et je me levai pour me diriger vers mon lit où j'avais déposé mon cahier de dessins. Je posai le livre intitulé "Hyrule" et je pris mon deuxième trésor. Mais lorsque je l'ouvris, un papier s'échappa d'entre les pages et alla voler en dessous de mon matelas surélevé. Je me mis aussitôt à plat ventre et je tentai d'attraper la petite feuille déchirée qui avait atterri là où je ne pouvais l'atteindre, je dus littéralement ramper en dessous de mon lit pour pouvoir m'en saisir. De plus, la lumière du soleil avait complètement disparu et je ne voyais plus rien, je fus obligé de ressortir et revenir avec en main une bougie qui m'éclairait. Je m'extirpai enfin, couvert de poussière, et j'éternuai un coup avant de déplier soigneusement le papier et de lire ce qui avait été écrit par la main de Maître Exelo d'une écriture fine et droite : "La prochaine fois, fais plus attention, il ne faudrait pas qu'on te le confisque". Je souris une nouvelle fois, je n'avais pas arrêté de sourire aujourd'hui. Je repliai le petit mot et je le remis dans mon cahier que je repris avec le livre rouge avant de les poser sur mon étagère. J'attrapai quelques marrons que je mangeai en guise de repas, marrons dont mes parents ignoraient l'existence, avant de me coucher. Je soufflai ma bougie posée sur la petite table qui bordait mon lit et je m'endormis instantanément, emmitouflé dans ma couverture, en ayant encore en mémoire les événements qui s'étaient déroulés aujourd'hui.
Et dire que ce matin, je redoutais tant cette journée...


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