Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Tard dans la nuit


Par : Warser
Genre : Fantastique
Statut : Terminée



Chapitre 1


Publié le 30/10/2013 à 00:16:59 par Warser

Nouvelle terminée, enjoy;


C. ne savait pas où il dormirait, cette nuit. Cette réception s'éternisait, et il ne comptait pas revenir seul, chez lui, en taxi. Au cœur du gratin de la société parisienne, on comptait des amateurs d'art rasoir qu'il évitait à tout prix. Mais leurs filles naïves, élevées dans des cocons dorés, ennuyées dans ces galas de vieux mélomanes, étaient une cible de choix pour C. Et notamment celle-ci, avec qui il discutait depuis une dizaine de minutes. Ce ne serait plus très long avant qu'il trouve un autre lit pour la nuit.
- Vous êtes violoniste ?
C. aimait qu'on lui pose cette question. Il aimait voir l'étonnement dans les yeux de son interlocutrice, ce soupçon de rêve mêlé d'admiration. Et il l'appréciait d'autant plus dans ces jolis yeux verts.
- Oui. Je donnais une représentation juste hier soir.
Il se délectait de chaque syllabe, guettant les inévitables réactions sur le visage finement dessiné de la jeune femme. Buvant parfois une gorgée de son verre de champagne, elle ne quittait plus C. des yeux.
- Le violon... c'est magnifique, comme instrument...
Une jolie voix, pensa C. Une chanteuse, peut-être. Après tout, il ne la connaissait que depuis quelques minutes. Son tailleur et ses cheveux noirs contrastaient avec la blancheur de sa peau. Si blanche... C'était ce qui avait attiré l'attention de C., au début de cette réception un peu ennuyeuse. Il aimait ces beautés peu communes, un peu fascinantes, qui sortaient du lot du fait de détails insignifiants. En apparence... C. les considéraient comme des œuvres d'arts, des petits bouts d'éternité dans un monde gris et routinier. Des yeux d'un bleu abyssal, par exemple. Ou cette peau nacrée.
- Je ne remonte plus sur scène avant un mois, au moins...

C. prit le temps de perdre son regard, comme pensif, laissant couler quelques gouttes de scotch dans sa gorge.

- Mais il m'arrive de donner des récitals privés... Pour ceux qui savent apprécient mon art à sa juste valeur.

Et pour les jeunes filles jolies et stupides, ajouta-t-il en pensée. Celle-ci semblait avoir les deux qualités à un degré impressionnant.

- J'aimerais beaucoup vous entendre jouer...

Voix un peu rêveuse, yeux brillants, regard toujours captivée. Oui, elle était à point, pensa C. Maintenant, elle ne pourrait plus s'échapper de sa toile. Au contraire, elle avait l'air prête à fabriquer elle même sa prison de soie, comme une proie subjuguée et consentante.
C. savoura sa victoire. Il adorait ces salles de fête parisiennes, ces soirées feutrées, ces conversations à voix basse, ce bourdonnement léger et constant entrecoupé de tintements des coupes de champagne.

Quelques minutes plus tard, il était sur le siège arrière d'une longue ferrari noire aux vitres fumées, seul avec la jeune fille à la peau blanche et un chauffeur. Son tailleur noir laissait entrevoir la naissance de sa poitrine et ses jambes longues et fines, presque filiformes. Pourtant, elles semblaient si solides, quand il l'avait vue marcher...
- Vos parents savent que vous êtes partie ?
L'ombre d'un sourire passa sur son visage. Un sourire très léger, indéfinissable, différent de l'admiration béate qu'il avait pu sentir le long de la soirée.
- Non, j'ai pris cette liberté ! Et puis, Albert ne dira rien. N'est-ce pas, Albert ?
La voie atone du chauffeur répondit depuis le siège avant.
- Bien entendu, mademoiselle.
- Il reviendra, et dira à mes parents que je suis indisposée, poursuivit la jeune fille d'une voix rieuse. Nous avons toute la nuit devant nous.

C. fronça les sourcils. Il ne voulait pas d'ennuis avec d'éventuels parents riches et influents. S'il revenaient de la réception plus tôt que prévu, il aurait peine à s'expliquer...

- Ils ne reviendront pas pendant la nuit ?
Un nouveau sourire. Ou plutôt, un demi sourire. Plus long et appuyé, cette fois, presque gênant.
- Non, ils dormiront dans leur appartement en ville. Et puis, il n'y a rien de mal à me jouer de la musique ! Nous allons dans la maison de campagne. Vous trouverez tous les violons que vous voudrez, là bas.
C. s'enfonça dans le siège. Une telle naïveté était rare et précieuse, se dit-il avec contentement.
- Oh, mais j'y pense, j'aimerais beaucoup vous entendre jouer avec votre propre violon.
C. réfléchit un instant. Par respect pour son instrument, il n'avait pas l'habitude de l'utiliser à des fins si futiles. Il jaugea la jeune fille du regard. Elle en valait la peine, tout de même.
- D'habitude, je ne l'utilise que pour des récitals officiels... Mais pour vous, je peux faire une exception.
Son regard s'illumina d'une joie de petite fille.

- Vous êtes adorable ! Donnez à Albert votre adresse, il trouvera.


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