Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

The Fate of the Doctor


Par : Fallavier
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4 : Prologue IV


Publié le 15/01/2014 à 13:21:17 par Fallavier

« Raah, s'exaspéra William, comment retrouver quoique ce soit dans une pagaille pareille ? »

Il sautillait dans toute la salle, allant d'une table à l'autre, tournant un tabouret par-ci et ouvrait une armoire par-là. Pour ma part, je m'assis sur un des coffres en bois de la salle, et pris ma tête dans mes mains. Tout cela était bien trop étrange pour moi. D'où venait donc cette créature qui nous poursuivait ? Il n'y avait rien d'humain en elle, et ce qu'elle faisait l'était encore moins. Elle manipulait les gens de mon entourage, les forçant à détruire chaque parcelle de ma vie. Alwin, Mère... Partis à cause de ce satané Slimiin. C'était lui qui était derrière ma solitude. C'était lui qui m'avait causé tant de torts et qui avait réduit ma vie à Edwen et messire William. Je sentis les larmes monter en moi, mais je réussis à m'interdire de pleurer. Tout ce que je pouvais faire, c'était de grincer les dents et d'attendre. D'attendre que le monstre vienne mettre fin à mon existence de malheurs.

« Oui, oui, oui ! s'exclama soudainement William, triomphant. Il venait de tirer d'un coffre une petite fiole contenant un étrange liquide noir argenté. Du mercure, le poison de l'univers dans mes mains !
– Mon père faisait... cela ?
– Oh non, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un assassin, seulement un génie ! Il nous a sauvés, ma Dame ! »

Et il se tourna vers moi, tout sourire, admirant la fiole qu'il brandissait. Je crus l'espoir revenir, je crus qu'il était encore possible de nous en sortir. Mais un hurlement nous parvint, et, soudain, le Slimiin gluant apparut derrière Sire William, s'extirpant du sol. Le « chevalier » n'eut que le temps de lâcher la fiole, qui roula par terre sans se casser, avant de se faire engloutir par la bête. Je poussai un cri d'effroi. Le monstre l'avait tué ! Et il allait me tuer à mon tour !

Ce qui m'effraya le plus, je crois, c'était qu'il n'y avait plus la moindre trace de mon ami. Translucide comme il était, le Slimiin ne pouvait pas faire disparaître William comme ça, c'était impossible...

Et le monstre s'avançait vers moi, ouvrant sa bouche et la refermant comme s'il ricanait. Il se nourrirait du malheur d'Edwen et de Cerdic, quand je mourrai. Et il continuerait de tisser sa tragique toile des malheurs. Il ne s'arrêtera pas à moi et à messire William, il s'en prendra aussi à mes frères... Et ce fut cette pensée qui anima en moi le peu de courage que je possédais.

J'avais toujours le tournevis sonique dans ma main droite. Je le dirigeai alors vers le Slimiin, qui s'arrêta pendant deux secondes.

« Partez d'ici et laissez-nous tranquille, ma famille et moi, sinon je n'hésiterais pas à utiliser mon arme » menaçai-je.

La bête me regarda longuement, avant de ricaner, comme avant.

« Imbécile » Il parlait. Le monstre parlait ! « Cette chose ne sert à rien contre moi, elle n'est utile qu'à ouvrir des portes et amplifier son environnement...
– Vous... vous parlez, chuchotai-je.
– J'ai absorbé les connaissances du Seigneur du Temps, bien sûr que je parle ! Tant d'intelligence... Oh, presque dommage qu'il ait fini dans mon estomac ! Et... »

Il s'arrêta soudain de rire et de parler.

« Il est tout. Le Seigneur du Temps est tout. Il sème la mort dans l'univers, à travers le temps et l'espace, il est la Justice qui stabilise les flux. Quasiment immortel, il est l'Épée qui régit les lois du monde. Ma Dame, prenez la fiole. Il est la Loi de l'Épée, il est le Destin, il est... »

Je me figeai soudain, tandis que le monstre continuait son discours sans queue ni tête, comme possédé. « Ma Dame, prenez la fiole »... Sire William m'avait parlé ! Il était encore vivant !

Je marchai prudemment, sans faire le moindre bruit, même si le Slimiin ne portait guère d'attention à moi. Il était bien trop occupé à poursuivre son étrange monologue.

« ... il est l'Impitoyable, continuait-il alors que je prenais en main la fiole, faisant régner l'ordre dans l'univers, c'est son destin, toujours seul, toujours seul. Il est le Dernier. Il est l’Exécuteur de la Guerre du Temps, il est... il est... LA FILLE NE ME TUERA PAS ! »

Je m'apprêtai à déverser sur lui le mercure, quand il ouvrit soudainement la gueule et m'engloutit. J'avais l'impression d'être dans le néant. Un néant bleu et infini, comme l'océan lui-même. Je ne pouvais pas bouger, à part tous les doigts de mon corps, et je ne voyais rien d'autre que le bleu qui s'étendait, s'étendait... ! J'allais mourir ici. Dans l'extrême solitude de l'océan.

Mes yeux se tournèrent alors vers ma main droite, qui serait fortement la fiole. Le poison de l'univers... et je pouvais bouger mes doigts, déboucher la fiole d'une pichenette... Et c'est ce que je fis. Le bleu infini céda sa place au noir argenté, avant que j'eus l'impression de tomber dans le vide. Ma vision se brouillait. J'allais mourir, mais je savais que la bête ne survivrait pas au mercure versé dans son propre corps. Au moins mes frères pourront finir leurs jours heureux, sans être obligés de s'occuper de la gamine que j'étais... Et, soudain, mes yeux se fermèrent.

*

« Vous êtes réveillée, enfin » me dit alors une voix familière.

J'ouvris les yeux lentement. Sire William était agenouillé devant moi. J'étais couchée sur un sol inconfortable, et ça n'était sûrement pas mon propre lit. Je reprenais mes esprits, tandis que ma vision reprenait ses couleurs. Je me trouvais dans une étrange salle. Circulaire et de grande taille, de nombreux escaliers descendaient vers quelque sombre pièce. Tous ces escaliers tournaient autour du centre de la salle, une plate-forme où se tenait en son centre un bien étrange pilier. Au pied et autour du pilier, j'aperçus de petites tables envahies par des boutons de toutes sortes.

« Des tableaux de bord » m'expliqua William tandis que je les regardais.

Quelques tuyaux pendaient au dessus de ma tête, s'échappant d'un plafond mal assemblé. Tout ce que je voyais là dépassait mon imagination. Ça n'appartenait pas à mon temps. Pas à mon époque. Pas à ma planète...

« Vous n'êtes pas humain, n'est-ce pas ? demandai-je alors que je ne savais que trop bien la réponse.
– En effet, confirma William.
– Qu'êtes-vous donc alors ? Vous ressemblez tellement à un humain...
– Les Seigneurs du Temps ont cette apparence, en effet.
– Vous n'avez jamais été William.
– En effet.
– Notre amitié se base sur des mensonges.
– En effet.
– Arrêtez de dire ça !
– Désolé.
– Vous... vous m'avez parlé il y a des années seulement pour vous informer sur cette créature. Vous n'avez jamais voulu être mon ami.
– Non, ma Dame, c'est faux.
– Et en quoi l'est-ce donc ? »

« William » soupira et se leva. Il marchait sans s'arrêter autour du pilier central, les mains dans les poches d'un étrange manteau beige. Il s'était changé et s'était de nouveau coiffé de son chapeau noir. Il ne portait rien que je ne connaissais... Ces nouveaux vêtements semblaient aussi venir d'un autre temps.

« Je suis venu vous parler car j'ai vu à quel point vous étiez seule, soupira-t-il. Je n'arrivais pas à voir cette petite fille pleurer sous son arbre, abandonnée de tous. Moi aussi... je suis seul, ma Dame. Peut-être vous ai-je parler ce jour-là car j'avais vu que vous me ressembliez.
– Et, pourquoi étiez-vous seul aussi, messire ? demandai-je, Un homme aussi gentil...
– Je ne suis pas un homme, ma Dame, rectifia-t-il. Et je ne suis pas gentil !
– Oh que si, ne vous mentez pas à vous même !
– On m'a pris pour un fou, un maniaque, un hurluberlu, un simplet, un inconscient, un dandy, un gay, un homme qui n'avait pas de “swag” – ah les jeunes de 2012 ! – , un impertinent, un pervers, un kidnappeur, un homme avec de... trop grandes oreilles ? Un imbécile, un professeur, un...
– C'est bon j'ai compris, arrêtez !
– ... mais jamais pour un gentillet... Excusez-moi je me suis égaré »

Un long silence plana entre nous et une certaine gêne vint me gagner.

« Vous... vous voulez peut-être rentrer chez-vous, après toutes ces aventures ? proposa William.
– J'aimerais surtout savoir où je me trouve, répondis-je.
– Sortez, alors. »

Je me levai et me dirigeai vers une porte bleu, puis l'ouvris. La porte débouchait sur ma chambre et je tournai la tête vers « William » d'un air intrigué, qui m'incita à sortir d'un signe insistant de tête. Alors je sortis pour arriver dans ma chambre et me retournai.

Je vis alors devant moi une cabine bleue. Une petite cabine bleu qui n'avait rien à avoir avec l'immensité de la pièce qu'elle renfermait. Je rouvris la porte, et la refermai, toujours et toujours et cela dura bien une minute. Finalement, je rentrai de nouveau dans la salle où se tenait le « chevalier ».

« Compression de dimensions, expliqua-t-il comme si c'était parfaitement normal. Ceci est mon vaisseau, à la forme d'une cabine bleue, magnifique, n'est-ce pas ?
– Je n'arrive pas à y croire, dis-je, hébétée.
– Disons que c'est la... magie du Tardis !
– Le quoi ?
– T.A.R.D.I.S, Temps À Relativité Dimensionnelle Inter Spatiale. Tardis. Le nom de ce vaisseau.
– Un vaisseau ? Et, comment une cabine bleue peut affronter les mers et les océans ?
– Oh, ça ne voyage pas à travers la mer. Mais à travers l'Espace et le Temps, ma Dame ! »

Je ne pus réprimer un rire, tandis que messire William me lança un regard noir.

« Je suis absolument sérieux ! se vexa-t-il.
– L'Espace et le Temps, hein ? Et puis vous allez me dire que la Terre est ronde, aussi ?
– Et elle l'est ma Dame !
– Oh, oui, je vous crois, je vous crois.
– Vous avez vu un extra-terrestre se nourrissant du malheur des autres, un bâton qui ferme des portes comme par magie, et une cabine bleue plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur et vous refusez encore d'admettre l'existence du voyage dans le temps ?
– Je peine à le croire, messire, et je crois surtout que tout ceci est un bien trop long rêve ! »

William m'adressa soudain un sourire.

« Eh bien, commença-t-il, peut-être que la dérive de la Lune dans l'espace vous réveillera. Quoique non... Pourquoi pas la Fin du Monde ? Non non, j'y suis déjà allé... La naissance de la Géante Rouge Aldébaran ? Non, pas assez spectaculaire...
– Que... que racontez-vous messire William ? demandai-je, soudain inquiète.
– Oh oui, je sais ! »

Il s'arrêta alors devant l'une des tables des commandes, et appuya sur nombre de bouton, avant de mettre sa main sur une poignée et tourner la tête vers moi, avec un sourire.

« Ah et on m'appelle le Docteur, aussi, sourit-il, pas William. Sinon, accrochez-vous, ma Dame !
– Non non non, Will... Docteur ! Ne faîtes pas ça, j'ai mes frères qui m'atten... »

Je chutai lourdement sur le sol, en même temps que le Docteur, sauf que ce dernier était pris d'un fou rire interminable, tandis que moi je ne cessais de crier.

Et ce fut ce jour-là que tout dans ma vie bascula. Je m'appelle Catrin ap Drystan, et j'avais dix-sept ans lorsque le Docteur m'emmena avec lui dans le Tardis pour la première fois.


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