Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Jo, ou les états d'âmes d'un alcoolique


Par : Conan
Genre : Réaliste, Sayks
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 05/10/2014 à 13:02:39 par Conan

Samedi, sept heure du soir.
Séance de sport terminée, douche prise, steak-pâtes engloutis, je peux tranquillement me laisser crever dans mon canapé en picolant des bières, l'ordi sur le bide et la conscience tranquille.

Sept-heures trente. Alors que je discute sur Skype de violence et de fusils de chasse avec un pote, mon portable, posé à coté du moi au milieu du foutoir de bidules informatiques et de paquets de mouchoirs, vibre pour me signaler un texto. Je vois que c'est mon pote et voisin de pallier, Grocaf. Sans doute une proposition de beuverie en compagnie d'une bande d'intellos dans notre genre dans la piaule de l'un ou de l'autre.
En lisant le SMS, je me loupe, mais de peu : ''Hé gros, on va aux putes avec Marcio, ça te dit ?''

N'ayant pas baisé depuis une paire de mois et ressentant quelques besoins sociaux primaires bien légitimes, je lui répond : ''Vous allez où ?''
''Karlsruhe''
Je me souviens alors que c'est dans la Brunnenstrasse de cette ville Allemande qu'il y a un an je m'étais fait à moitié escroquer par une tapineuse Slave. Chose qui m'a prouvé que les plus mignonnes n'étaient pas forcément les plus honnêtes. On a l'expérience qu'on peut.

''Ok, j'arrive''

Juste le temps de dire à mon pote Skype que je vais au turf. Lui il s'en tape, il attend sa meuf qui doit plus tarder (l'enfoiré). Je me lève, enfile une chemise Décathlon par-dessus mon marcel, serre les lacets de mes pompes et vide ma Licorne Alsace (la Kronenbourg locale), et me voilà paré pour aller chez les putes (j'ai toujours trouvé ça drôle de dire ''aller aux putes'' alors que pourtant on dit bien ''je vais chez le boulanger'' et pas ''je vais au boulanger'')

Quelques minutes plus tard, je suis sur le pas de la porte de Grocaf. La lourde est entrouverte, une lumière et un son de télévision filtrent sur le pallier. Je la pousse et trouve à l'intérieur Marcio, surnommé ainsi à cause du tatouage qu'il porte sur le bras. D'après ce qu'il nous a dit ça signifie ''ordure'' ou ''punk'' en Italien, ou un truc du genre je crois que j'ai pas tout compris.

Bref, mon pote Marcio est assis sur le canapé de Grocaf, installé devant la téloche, entre sa batterie (de musique pas de portable) et sa table basse sur laquelle son posés une fin de repas et une bouteille de Becks (la Heineken locale)

Je lui serre la pogne, ça faisait quelques semaines qu'on n'avait pas fait de soirée ensemble et j'ai plaisir à le revoir. On se balance deux-trois vannes, banalités d'usage genre :
-Alors ça va pédé ?
-Non mais regarde toi avec ta chemise de beauf ! qu'il répond en tendant la main vers moi comme ce sudiste a l'habitude de faire.

C'est à ce moment là que l'hôte des lieux sort de la salle de bains, en peignoir et pantoufles :
-Haha, ça va Slovon ?
-T'es beau, on dirait un gros pervers dégueulasse qui va s'exhiber en peignoir dans la rue.
-Mais ferme-là avec ta chemise de paysan !
Je vais sérieusement commencer à me poser des question sur cette chemise.

On continue à s'insulter tous les trois pendant que Grocaf enfile un pantacourt et un t-shirt exhibant les tatouages dont il est recouvert, puis vient la question fatidique :
-Bon, qui c'est qui conduit ?
-Bah c'est toi Slovon ! Rétorque Marcio.
-Non, la bagnole à Slovon elle est pourrie. Dit Grocaf
-Ta gueule, elle est trop cool ma tire. Pis toutes façons j'ai pas pris les clés.
-Bon bah alors c'est Marcio.
-Non putain j'arrête pas de conduire, en plus je pourrais pas picoler.
-Ok, on prend ma caisse mais faut que j'aille faire de l'essence. Et du coup Marcio me paye mes putes.
-Quoi, tu déconnes, pourquoi c'est moi qui devrait te payer tes putes ?
-Parce que Slovon il me doit déjà trente-cinq balles.

Suite à cet accord diplomatique historique, nous descendîmes (ouais je fais un peu de conjugaison des fois) les marches menant à l'extérieur du bâtiment. Arrivés sur le parking, nous montons dans la Toyota Prius de Grocaf (j'ai jamais vu de voiture aussi mal assortie à son propriétaire d'ailleurs), et à peine le temps pour notre chauffeur d'installer son Iphone pété à l'emplacement du GPS que nous voilà partis en direction de l'Allemagne, ses maisons-closes et sa Pils bon marché. Avec, bien sûr, un détour par la station-service.

C'est en excès de vitesse et en écoutant du Hardcore à fond que nous passons la frontière, et en moins d'une heure de trajet, malgré la bizarrerie des routes Allemandes trop compliquées pour les gros cons de Gaulois que nous sommes, nous arrivons à Karlsruhe (prononcer ''Quarlzrou'')

On gare la voiture à sa place habituelle, dans une petite rue mal éclairée jouxtant un concessionnaire auto, et qui nous sert aussi de coin à pipi lorsque l'on doit vidanger le trop-plein d'alcool que l'on a absorbé.

Nous finissons les cent mètres qui nous séparent de la ''rue des putes'' à pieds, et, derrière une petite palissade fleurie, nous retrouvons en plein milieu de ce Walt Disney pour adulte. Sur une longueur d'une trentaine de mètres se succèdent bordels, maisons-closes et hôtels de passe, tout brillants de leurs néons grésillants roses, verts-pomme ou violets. Car si en France la prostitution est interdite et pointée du doigt et que les filles doivent se réfugier dans la plus pourrie des camionnettes, au plus profond du plus sordide des bois de la plus pourrie des départementales, c'est en Allemagne chose autorisée, déclarée, légale et normale. Même si à voir le look des espèces de skins Germaniques qui font la sécurité en bas des immeubles (leur masse doit représenter quelque chose de l'ordre d'un Slavon et d'un Grocaf additionnés, et pourtant Dieu sait que ça fait déjà un sacré paquet de barbaque) et la tronche des Turcs moustachus et des vieux grigous qui vont tirer leur coup pèpère on pourrait croire que cette activité reste marginale.

On décide d'un commun accord d'aller s'en jeter une derrière la cravate avant d'aller rendre visite aux dames-gentilles. On se rend dans un petit bar au coin de la rue, tenu par une Allemande entre deux âges qui a du mal à piger ce qu'on lui demande, confondant ''blonde bière und white bière''

Les trois accolytes que nous sommes se posent au fond du bar, aux luminosités sombres et rouges. Nous sirotons nos Pils assis sur la banquette. Rapidement toutefois, car l'appel du cul commence à se faire pressant.

Finissant nos bouteilles, on se met en vadrouille dans la rue aux bordels. Faisant du lèche-vitrines (au sens littéral du terme) montant les escaliers des bordels moites et mal éclairés. C'est tout un univers qui s'offre à nous. Les filles sont là, debout devant la porte de leurs petites chambres, en sous-vêtements ou tenues aguichantes, essayant d'achalander le client, nous parlant vaguement Français pour nous attirer vers elles. ''Tou vient chérrri ?'' ''Viens me baiser moun chérrri''.
On visite quasiment tous les cloaques ainsi, en riant fort entre les étages et affichant notre insupportable Francitude. Puis, las de marcher, de monter, de descendre, de dire ''Hallo !'' comme des cons à toutes les meufs qui nous matent, nous décidons de nous séparer, et d'aller rencontrer nos partenaires pour les vingt prochaines minutes.
En redescendant dans un étage d'une boite qui s'appelle ''11'' (sans doute le numéro de rue, ils sont pas super inventifs) je croise une grande gonzesse de l'est, brune, aux formes généreuses, et perchée presque aussi haut que moi (ses talons de 10 centimètres devant bien l'aider) elle me regarde, me sourit. Je reste sur le pas de la chambre.
-Combien ? How many ?
-Trrente eurros, la pipe et l'amourr, toutes les pôsitions.
-Ok, je prends.

Je fais un pas, et me voilà dans sa chambre. Il doit bien faire quarante degrés dans ce foutoir. L'éclairage rose bonbon de sa piaule est encore plus sombre que dans les couloirs étroits de l'hôtel. En fond sonore, une musique Roumaine mélangeant accordéon et électro style années 2000. Je regarde un peu autours de moi. Ça m'a l'air propre. Fouillis, mais propre. Je sors mon portefeuille et lui tend trois billets de dix qu'elle range dans une petite boite.
-Onstalle-toi et déshabille-toi. Me dit-elle en retirant soutif et culotte d'un geste mécanique.
C'est bien ça que j'aime pas à Karlsruhe par rapport aux FKK : t'as intérêt d'être sacrément à l'aise, parce que généralement la gonzesse trime comme à l'usine. Plus vite tu fais ton affaire, plus vite elle pourra passer au suivant.
Je retire ma chemise et baisse mon futal alors qu'elle se pose sur son lit et ouvre un préservatif. Merde, se faire sucer avec une capote. C'est aussi le truc que je déteste.

Elle commence à faire son office, mais galère en enfiler le petite capuchon de caoutchouc.
''Elle a du mal, hein ?'' me dit-elle en souriant.
Merci de me prévenir, j'men étais pas rendu compte. Putain, il fait trop chaud, je vire mon marcel et l'envoie valdinguer sur le fauteuil posé près du plumard.
Ça finit par venir, gentiment. Puis elle s'allonge sur le dos et écarte les jambes.

Et c'est là que je suis frappé en plein dans la gueule par un éclair de lucidité. C'est comme si le temps se figeait pour quelques secondes, que ma conscience s'agrandissait, que mes chakras s'ouvraient. Bref, que je réalise.

Me voilà le froc sur les chevilles, à genoux sur le lit d'une pute, la fille allongée face à moi, se touchant sans conviction et en simulant comme une actrice de porno bon marché, et moi, tout transpirant, lui touchant mollement sa cuisse suintante d'un genre d'huile à la vanille. Putain, pourquoi est-ce qu'elles ont toutes le même espèce de parfum qui pue la vanille et te colle de poisse pendant trois jours d'affilée ? C'est comme les chattes qui laissent leurs phéromones en se frottant un peu partout sur les meubles ? C'est comme s'approprier le territoire que représente le corps flasque et mou d'un cinquantenaire que sa femme a depuis longtemps déserté, et qui entre matage du cul des copines ado de sa fille et une branlette sans conviction sur un amateur Russe, va se vider proprement les couilles dans la capote d'une Roumaine en manque de thunes.

Et c'est plus préoccupé par la grosse goutte de sueur qui me roule le long de la colonne vertébrale que par la fille qui s'occupe de moi que je finis mon affaire. Elle passe un coup de mouchoir avec l'assurance d'une postière qui emballe des colissimos et je me relève, enfile mon futal, remet marcel et chemise, en taillant le bout de gras pour éviter le blanc embarrassant. La ''discussion de rhabillage''
-Alors, tu viens d'où ?
-Boulgarrie.
-Bulgarie, ok.

Elle ouvre la porte, je sors en lançant un petit ''bon courage''. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça. Sûrement par habitude à force de voir des mecs galérer à longueur de temps, et je croise en descendant l'escalier un groupe de cinquantenaires flasques et mous, qui vont se payer des corps de filles que leurs femmes ne veulent plus leur donner.


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