Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)


Par : Conan
Genre : Action, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 28


Publié le 20/07/2014 à 01:14:10 par Conan

A vingt-heures trente, tous les militaires du régiment son rassemblés au coup de sifflet dans la grande cour. Les différentes compagnies forment des rectangles disposés côte à côte le long du bâtiment principal, selon le dispositif prévu.

Les hommes réajustent rapidement leurs tenues, frottent la pointe de leurs brodequins de cuir contre le revers de leur pantalon pour tenter d'en faire disparaître la poussière. La plupart a à peine eu le temps de changer de tenue, aucun n'a pu se doucher, faute d'eau courante dans les bâtiments. Crasseux, épuisés et nerveux, ils sont fébriles et chaque ordre reçu de la part d'un officier est interprété d'emblée comme une provocation. Seuls Louis et le capitaine De Montigny parviennent à garder une troupe à peu-près disciplinée. Pour autant, les regards complices que se lancent les hommes au sein des rangs laissent deviner l'idée de sabotage qu'ils ont derrière la tête.

Soudain, le silence se fait : le colonel de la Jatte se présente face aux troupes, éclairé par un projecteur lumineux aussi blanc qu’étincelant. Maintenant une stature droite et rigide tant bien que mal du fait de son état, il porte la main au niveau de sa tempe, doigts tendus et paume face au régiment dont il a le commandement, dans le salut caractéristique de l'armée Française.
''Cent-dix-septième régiment d'infanterie, à mon commandement... Garde-à-vous !''

A cet ordre, le demi-millier de soldats se figent dans la position sus-nommée. Mais, avant même que la fanfare positionnée près des soldats ne se mette à jouer, une ombre se détache du premier rang, juste en face des autorités militaires qui assistent à la répétition. Noblet, placé au premier rang, s'écroule de tout son poids la face en avant, et reste au sol, totalement raide. Les deux hommes placés sur ses côtés le saisissent par les bras et l'extirpent hors des rangs afin de l'allonger et lui faire reprendre conscience.

Interpellé par un si brutal malaise, le colonel manque de perdre ses moyens, et c'est d'un air énervé qu'il se tourne discrètement vers la fanfare afin de leur faire signe de commencer à jouer.
Les percussions entament alors un rythme martial, accompagnées par trompettes, clairons, flûtes et cymbales.
C'est alors que le général Massy se présente au niveau du colonel de la Jatte en belle tenue, bardé de médailles et bien droit dans son uniforme. Le vieil officier pivote alors sa jambe de bois afin de se tourner vers son chef qui vient se placer derrière lui, et le salue avec la même rigueur.
''Cent-dix-septième régiment d'infanterie rassemblé, à vos ordre mon général !''
Mais alors que le général s'apprête à rendre son salut au colonel, son visage se crispe et son regard se bloque au-dessus de l'épaule de son interlocuteur.

En effet, juste en face de lui, un homme vient de quitter les rangs en courant, l'échine courbée, les deux mains posées sur son ventre. A peine eut-il fait quelques mètres qu'il décide se se réfugier derrière un mur de pierre afin de s'y accroupir pour soulager ses intestins. Sa tête dépasse de quelques centimètres, et Massy peut voir son front se plisser au fur et à mesure des efforts que donnent ses boyaux.
A peine cet acte effectué, un soldat est pris de hauts-le-coeur et se met à vomir en plein milieu de ses camarades, recouvrant d'un liquide jaunâtre et bileux leurs uniformes. Un tel grabuge fait remuer les hommes qui commencent à s'invectiver, et les capitaines sont obligés de pousser la gueulante afin de rétablit l'ordre et le calme. C'est alors qu'un nouveau soldat est pris d'un malaise et s'écroule à genoux, pris de convulsions épileptiques.

-Au temps pour moi mon général, murmure de la Jatte entre ses lèvres pincées. Je crois qu'une épidémie de gastro s'est propagée dans les unités.
-Ça ne peut pas continuer ainsi. A ce rythme nous n'aurons plus personne pour la cérémonie. Au prochain incident je devrais faire annuler la représentation.

A peine ces mots furent-ils prononcés qu'un autre homme se détache des rangs pour aller rejoindre son collègue derrière le muret, lâchant de grasses flatulences derrière lui.
-Bon, ça suffit. Les hommes ne pourront pas tenir une telle représentation. Faites rompre les rangs, la prise d'armes est annulée. Gronde le général Massy à l'encontre du colonel, franchement désolé par telle manifestation.
-Aux ordres des commandants d'unités ! S'exclame-t-il en saluant une dernière fois avant de suivre le général à l'intérieur de l'immeuble.

Les projecteurs s'éteignent, les autorités, écœurées par un tel spectacle, quittent la place à leur tour, et rapidement ce ne sont plus que les compagnies et leurs capitaines qui restent encore.
-Vous avez tenu deux minutes. S'exclame Louis en regardant sa montre, affichant un large sourire sur ses lèvres.
-Record à battre ! Tonne un homme au fond.
-Bien, l'eau courante a été débloquée à votre étage. Douchez-vous, reposez-vous. Le réfectoire est ouvert jusqu'à vingt-et-une heure trente. Prenez le temps de manger un morceau. Pas de foin dans les chambres, je compte sur vous pour rester calmes ce soir.
Une main se lève parmi les militaires.
-Oui ? Interroge Berger en levant un sourcil.
-Y'a un QL de prévu ce soir, mon capitaine ?
-Pour ce soir, pas de quartier libre. On verra demain si vous en méritez un. Tranche le capitaine malgré le mécontentement que cause un tel refus. Si vous n'avez pas d'autres questions, rompez les rangs !


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