Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Les quelques nouvelles ratés d'une âme en Pain


Par : Pain
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 17 : Six Pieds sous Terre.


Publié le 27/07/2014 à 09:39:35 par Pain

"Il ne reste que quelques minutes d'existence pour la race humaine.
Ils sont derrière toi, derrière ton épaule.
Ils te sentent, mais tu ne les vois pas.
Ils mangent ta chair, rongent tes os.
Attention !
Ils sont derrière toi.

Il ne reste que quel..."


"Le signal est de plus en plus clair Evan. On s'approche du point d'émission.
_C'est bien... J'commence à en avoir marre de la horde qui gueule derrière nous."

L'Apocalypse, la Fin du Monde, l'extinction de l'Humanité. Par la main de nos dirigeants. La mort du l'Homme par l'Homme.
Mais un semblant de nous restera sur cette terre mortifiée. La pâle dépravation, le sous-homme, le mutant. L'irradié.

"Le compteur Geiger s'affole.
_Une poche ?
_Sans doute."

Eric et moi, deux rescapés de l'holocauste nucléaire. Seul depuis 3 mois, 24 jours, et 15 heures. Sud de la France, on approche de Toulon, la terre est vitrifié, plus aucune végétation. On trace notre route vers un émetteur radio, le seul qui émet à 250 kilomètres à la ronde.
La horde nous suit de loin, mais de plus en plus d'éléments la rejoigne au fur et à mesure de notre avancée.

"Combien de kilomètres encore ?"
Eric, avec son accent chantant, est accoudé au toit à moitié découpé du pick up. Il garde un oeil vigilant sur la masse d'irradiés derrière nous, son FM à porté de main.
"Je dirais une petite 15ène.
_J'commence à en avoir marre de voir cette bande de dégénérés nous courir après.
_Défoules toi, il nous reste la masse de bastos.
_Trop loin.
_Zut alors."
L'humour.

"On va devoir se faire un bout de route à patte. Plus d'essence.
_Chier, combien ?
_Un kilomètre et demi, j'pense. Ils sont loin ?
_Trois kilomètres grosso modo.
_Comment ils peuvent encore nous courser ?
_Z'ont faim. Plus de faune par ici."
On se tait un moment, j'sens le pick-up rouler aux vapeurs. En face de nous se profil au loin une antenne radio, s'élevant au dessus d'une coline.
"T'y crois à l'exode nordique ?" Me questionne-t-il.
Silence.
"Faudrait déjà qu'il reste une vie humaine sur cette terre.
_Marque un point l'garçon."

C'est sur ce point que le pick-up rend l'âme.
"Chier ! Faut se presser gars.
_J'te l'fait pas dire."
La coline n'est pas loin, mais avec 40 kilos sur le dos, on ne va pas aussi vite que la horde.
C'est au pas de course que l'on s'engage sur le reste de route menant vers le point d'émission.
"À deux heures, deux irradiés. Nous ont vu."
200 mètre nous sépare de ces sous-hommes à la peau blanchâtre, immondes dans leurs breloques, l'un a une blessure purulente sur le mollet droit, ne l'empêchant pas de courir vers nous en beuglant de colère.
"Evan ?
_Oaaaai, deux secondes, j'attends qu'ils soient plus proches."
100 mètre nous sépare maintenant. Je me pose tranquillement, reprends mon souffle, aligne le plus rapide des deux. Une balle se loge dans son thorax, il trébuche, s'étale de tout son long, pour tenter vainement de se relever. Je change de cible, l'autre ne s'étant même pas arrêter à la mort de son compagnon.
"Grouille, on perd du terrain sur la horde."
Je l'aligne, cette fois-ci, c'est l'épaule droite qui se disloque, dans une gerbe d'hémoglobine. Je souffle, et l'allonge une bonne fois pour toute.
On repart, toujours au pas de course. On voit bientôt l'entrée défoncé d'un bunker.
La Horde est proche, toute proche, les cris résonnent, ils hurlent de faim.
Nous arrivons devant la porte cabossé, épaisse de trente centimètres, elle se tire pour se fermer.
"Les charnières ont l'air dans un sale état, lançais-je. Donne moi du temps. J'pense qu'on peut comme même la fermer.
_Pas de problèmes, mais fait vite."
Je vais devoir forcer un bon coup. Je tire, force, grogne sous l'effort. Eric, allongé, commence a vider son chargeur. Entre les détonations, l'effort, et le stress, je commence à voir rouge. Mais peu à peu la porte cède, elle bouge, lentement, surement.
"Grouille, 300 mètres. Je recharge."
La porte est d'un quart fermé. Je pousse maintenant. La moitié.
"Je recharge.
_Laisse tomber et viens m'aider à tirer un dernier coup."
On repasse du bon coté. Eric, plus musclé, apporte sa force à l'ouvrage.
On entend plus que les hurlements de la masse monstrueuse. Enfin le son salvateur du métal contre le métal. La porte pliée et cabossée laisse entrer un filet de lumière. Mais les verrous passent, la porte se ferme. La horde est dehors, et nous sommes dedans.
La radio grésille toujours.
"Il ne reste que quelques minutes d'existence pour la race humaine.
Ils sont derrière toi, derrière ton épaule.
Ils te sentent, mais tu ne les vois pas.
Ils mangent ta chair, rongent tes os.
Atte..."

"Coupe moi cette merde Eric !"
En réponse à mon crie résonne dans les couloirs le hurlement d'un irradié.
"Fallait prévoir qu'y en ait d'dans. Putain."


On avance dans le couloir, éclairage cru, aucuns bruits. Flippant.
On finit par arriver dans une salle ovale, le sol est jonché de corps d'irradiés et de soldats en tenue anti-émeute.
"Ça pue, dans tous les sens du terme. Annonce Eric.
_Va falloir être sur nos gardes."
Un cri inhumain résonne dans les couloir. Mes poiles s'hérissent, la peur me prend.
"Bon, l'antenne est là haut, mais la salle de contrôle ?
_Soit on monte, soit on essaye de descendre, c'est ça ?
_Exact."
Dilemme. Les lieux ont l'air d'être mal fréquenté. Et sait-on jamais, la horde peut trouver un moyen d'entrer dans le bunker. Là, on sera foutu.
"Ok, si le mec qu'a créé ça est pas trop con, la salle de contrôle doit être là haut. Et les corps ont l'air plutot frais, on peut sans doute retrouver des Hommes encore vivants.
_M'étonnerai."
Eric et son optimisme.
"Bon, manque plus que trouver des escaliers."

Nous marchons depuis maintenant une demi heure dans le bunker sous terrain. On a finit par les trouver, les escaliers. Techniquement, nous abordons le dernier étage, N4.
"Faut croire que c'est désert dans s'pays." Me dit Eric.
Je ne prends pas la peine de répondre, trop concentré à chercher un quelconque danger.
"Zaurait pu mettre un plan quelque part" Eric continue à parler, plus pour se rassurer par sa propre voix que pour faire la conversation.
On avance toujours plus dans ce dédale de couloirs, de pièces mal éclairés et de corps en décompositions.
"Y'a eu du grabuge, sévère."

Ce n'est qu'au bout d'une autre demi-heure que nous sommes assuré d'avoir fait toutes les salles de l'étage.
"Bon, je crois que l'architecte de ce putain de bunker devait être complètement drunk, pas de salle de contrôle par ici. Donc elle doit être dans les étages inférieur.
_Ça craint, on a pas rencontré d'irradiés, ce qui veut dire que ceux qui gueulaient tout à l'heure sont en bas."
Petit moment de réflexion.
"Oai, ce serait pas étonnant. Et cette putain de salle de contrôle doit l'être aussi."
On revient vers l'escalier quand, dans un geste brusque, Eric balance une rafale de son FM dans le faux plafond défoncé et troué. Déstabilisé par le recul, il se retrouve cul par terre.
"Qu'est-ce que tu fous Eric ?!"
Je hurle, je suis sonné par les détonation et la peur revient à grand pas.
"Y'a eu un putain de mouvement là haut
_M'ai t'hallu..."
Sans attendre la fin de ma phrase, il recommence à tirer comme un dératé. Un corps tombe du plafond, blanc blafard, percé de trous, un putain d'irradié. Et d'autre arrive par une bouche de ventilation derrière nous.
"Grouille !"
Je relève Eric rapidement, vise dans le tas, lache 3 rafales de mon AK-74. Les corps tombent, mais vite remplacés par d'autres monstruosités, celui là n'a plus d'yeux, mais à la place des chairs rouges et boursouflés. Celle là n'a que la peau sur les os, sa mâchoire fait facilement le double de la mienne. Tous ces corps hétérogènes, animés d'une même faim, se jetent contre nos balles chauffés à blanc, comme si la mort n'est finalement que ce qu'ils recherchent.
"Evan, commence à te replier vers les escaliers, j'vais me faire un plaisir de les tailler."
Ayant eu le temps de recharger, après s'être relevé, Eric s'est tranquillement placé derrière un espèce de meuble massif, ayant placé son bipède dessus, il a maintenant la capacité d'arrêter cette vague rugissante.
Je me replie rapidement derrière lui, avant qu'il ne commence à arroser la masse informe, pour bientôt tomber en rade de munitions. Lâchant son arme, il prend une grenade offensive à sa ceinture, la dégoupille rapidement, pour la jeter n'importe comment dans la foule d'horreurs.
Reprenant son FM, il n'attend même pas l'explosion, qui au passage fait une trentaine de victimes dans les rangs des irradiés, pour courir avec moi vers les escaliers. Nous trouvons au passage un long tube de metal, qui nous permettra de bloquer les portes des escaliers.
Nous descendons les escaliers quatres à quatres, malgré le barda sur notre dos. Les hurlements nous résonnent jusqu'au niveau 2.
Les lumières saccadés, ambiance morbide avec de nombreux corps en décomposition.

On avance depuis maintenant 1h30 dans ce dédale. Nous avons explorer les niveau supérieurs, tous ne sont que des baraquements, ou des habitations civiles. Les lieux sont vides de vie, que des corps, a moitiés rongés pour certains. Peu d'irradiés à terre, mais de nombreux civiles, sans armes et sans défenses, ils ont due périr lorsque les forces armées ont cédés. Un vrai massacre, l'odeur, la vue du sang coagulé et les os, rongés et explosés pour aspirer la moelle.
Nous sommes revenu au point de départ et un point de lumière au fond du tunnel d'entrée nous informe que la porte blindée de l'entrée a été défoncée.
"La horde a fini par passer, mais putain, s'ont passés où ?
_Aucune idée Eric, aucune putain d'idée.
_Bon, va falloir descendre."
Tout simplement.
Apparemment, on ne peut accéder aux niveaux inférieurs que par un ascenseur. C'est mal foutu, on peut se retrouver au milieu d'une masse d'irradiés à la sortie, et si l'électricité flanche, pas moyen de remonter. Mais pas le choix, on finit par le prendre, direction N-1.
On y arrive rapidement, un couloir illuminé s'étale devant nous. Je lève ma AK, et avance prudemment, Eric reste derrière moi, vigilant face à une quelconque menace.
Nous avançons, le silence, l'anxiété, la lumière qui flanche par instants, les bruits qui résonnent dans les couloirs. Nous passons près d'une armurerie, les râteliers et caisses de munitions sont vides. Mais rien n'est poussiéreux, ce qui confirme l'hypothèse que le massacre n'est pas si vieux.
L'heure n'est pas aux questions futiles. Il n'y a sans doute plus de vie humaine dans ce bunker, plus de vie humaine en Europe, en Asie, en Amérique. Il ne reste plus beaucoup de chance, mais l'émetteur radio reste l'unique de les trouver, les rescapés de l'Holocauste, le reste des armés Européennes, ou tout autre acteur susceptible de les sortir de là.
Nous avançons, toujours. Un mouvement dans la pénombre, un rat passe, énorme, sa peau sans poils est balafrée, suintant d'un pue verdâtre et des excroissances anormales ont poussés sur ses flancs.
"Mon dieu, s'quoi ça.
_Un putain de rat qui devait skoiter les lieux, et qui s'est fait irradié par la suite."
On reprend notre marche en silence, les couloirs s'enchaînent, mais nous arrivons bientôt à une grande salle de réunion, les écrans devant normalement indiquer les informations sont soit HS, soit explosés.
Un irradié traine dans les parages, on l'entend grogner, cracher et renifler l'air. Nous nous approchons prudemment d'un amas de ferraile où un bras ressort, désolidarisé de son corps.
"J'crois qu'il est bloqué.
_Laissons le crever ici."
Mais l'amas commence à bouger, à se soulever, et bientôt, une tête sort entre les interstices, elle nous regarde, aveugle, elle nous renifle, et rugit.
"Colle lui une balle, de suite.
_A vos ordre chef !"
La détonation claque, résonnant dans les couloirs.
"Mieux vaut bouger avant que ses amis viennent voir qui a tiré, s'tu vois ce que je veux dire."
J'acquiesce.
Nous partons au pas de course vers l'ascenseur, il n'y a plus rien à voir à cette étage. Il nous faut encore descendre.

N-2. Du sang frais est étalé sur les murs. Le couloir nous mène peu à peu vers un massacre sans nom. Le premier signe apparait sous la forme d'une goutte de sang tombé sur mon bras. Levant la tête, je découvre un alignement de corps, maintenus au plafond par des pieux d'acier.
Des littres d'hémoglobine ont tapissé le sol, le sang est coagulé mais ne s'écaille pas.
Et il n'y a pas que des humains, la grande majorité des corps appartenaient à des irradiés.
"C'est d'main d'Hommes.
_Qui pourrait faire ça, c'est inhumain."
J'en perds mes mots.
"Les mecs qui diffusent le message en boucle. Sont encore là.
_A moins que la horde qui nous suivait soi sur eux, et non à notre recherche.
_Ça s'pourrait."
Quel bordel, nous rebroussont chemin. Autant eviter le contact avec eux. Nous reprenons l'ascenseur, direction N-3.
Des hurlements nous accueil. Cris de souffrances, de rage, de faim, ils se mêlent pour former une cacophonie inhumaine.
"Va y'avoir du grabuge. I't'reste combien de bastos ?
_Quatres chargeurs d'AK, et j'ai pas encore touché à mon glock. Toi ?
_Trois cents, par là. Ça va etre short.
_En effet."
Nous commençons à avancer, vers l'inconnu. La peur au ventre, le doigt fébrile sur la gâchette, nous arrivons bientôt vers la source des hurlements.
Du passage où nous sommes, nous pouvons voir une mer d'irradiés se déchaînant sur les barreaux d'une prison. À l'intérieur, six hommes armés, en tenue anti-émeute, ils n'ont apparemment plus de munitions. Au pied des barreaux, un amoncellement de cadavres à la peau blanchâtre. Mais plusieurs centaines d'autres, encore vivants, se précipitent toujours à l'attaque. Ils rongent les barreaux, s'écrasent dessus pour les faire céder. A divers endroits, on peut apercevoir des barreaux sur le point de se tordre.
Nous approchons autant que nous le pouvons, remarquant la présence de deux scientifiques et d'un homme en toge, vociférant des paroles incompréhensibles.
Eric fait un pas de plus, un pas de trop. Certains irradiés se retournent, humant l'air, ou nous fixant.
"Je crois qu'il est temps de se tirer en courant.
_J'te l'fais pas dire."
On se retourne, la masse hurlent, et je comprends enfin, les paroles du mec en toge.
"Il ne reste que quelques minutes d'existence pour la race humaine ! Quelques instants de souffrances !"
La masse d'irradiés se précipitent sur nos pas, nous courrons à en perde haleine. Eric dégoupille une grenade, la lançant derrière son épaule, sans arrêter un instant de courir.
L'explosion souffle des dizaine de corps, un membre passe au dessus de ma tête pour finir par s'écrasé sur le mur à ma droite.
Nous arrivons à l'ascenseur. J'appuie sur le bouton, mais la porte ne souvre pas. Je martèle l'interrupteur, sans effet. Eric s'est déjà placé dos au mur, et commence à vider son chargeur. Je me retourne prêt à entreprendre notre dernier baroud d'honneur. Je balance une grenade, les corps volent, puis une deuxième, ma dernière. Je saisis mon AK-74, il n'y a pas besoin de viser, juste d'allumer dans le tas. Faire exploser les boites crâniennes, déchirer les membres, arrêter cette vague sans fin. Le couloir ne peut permettre de passer qu'à trois de front, les sous-hommes se marchent dessus pour nous atteindre.
Et comme Dieu tendant la main à l'Homme, la porte de l'ascenseur s'ouvre enfin. Eric ayant enfin vider sont chargeur, se retourne, pour se prendre un irradié en pleine face.

"Leur intelligence est difficilement cernable, changeant en fonction des mutations. Mais certains sont capables d'utiliser des objets simples, voir reproduire des gestes plus compliqués si ils y ont assistés. Ainsi, nous pouvons avoir affaire à des bêtes sanguinaires ou bien des enfants de 8 ans, tout du moins pour l'intelligence. De plus, les irradiés ne sont pas cannibales de nature, mais peuvent le devenir en cas de famine. Nous avons aussi remarquer que certains ne se dirigent plus grace à la vue, dans certains cas c'est l'odorat, mais aussi l'ouïe. Les irradiés ne peuvent être contrôlés, apprivoisés, tant qu'ils ont faim, ils sont dangereux. Lorsque ce n'est pas le cas, leurs réactions sont multiples. Tout d'abord l'attaque, la défense de leur territoire. L'indifférence aussi, la curiosité, l'envie, entrainant souvent la confrontation, l'irradié se souvient de son ancien corps, et veux à tout prit le récupérer, ou bien il veut éradiquer toute forme d'existence humaine car son mal vient de là. Voilà quelques résultats de notre étude, mené dans le laboratoire militaire 6-A38."

Ce putain d'irradié vient de sortir de l'ascenseur. Je me porte au secours d'Eric, balançant une dizaine de bastos dans le buffet du mutant. Il s'étale lamentablement de tout son long. Je traîne Eric dans l'ascenseur. La vague hurlante arrive. J'appuie comme un fou sur le bouton N-4, priant pour que les portes se ferment à temps.
Eric se relève péniblement, sort son 9mm et aligne l'irradié le plus proche, le deuxième se prend les pieds et s'étale, bientôt piétiné par la foule de corps en mouvement. Les portes se ferme sous leur nez, mais au dernier moment, des doigts se fraient un chemin dans l'interstice, pour finir broyé par les deux plaques de métal.
L'acier est martelé, puis subit un grand choc le gondolant quand la marée vient frapper la parois. On entend les gémissements des corps écrasés par la masse, et l'ascenseur démarre enfin.
Je souffle un grand coup, et regarde Eric. Son bras droit est en sang, lacéré.
"T'as l'air amoché gros.
_T'inquiète, beaucoup de désinfectant, un bandage bien serré et il n'y paraîtra plus.
_Pas le temps maintenant, on fait ça à la salle de contrôle, elle est forcement à cette étage."
Eric hoche la tête.
Il a à peine le temps de recharger son arme que les portes s'ouvrent.
Le silence nous frappe. Il fait frais, et tout est éclairé. On voit un marquage sur le sol. Nous n'hésitons pas et le suivons.
Des bruits de canalisations, ou tout du moins des bruits venant des canalisations. Des "toc" et "tac" en rythme, de plus en plus rapide. Puis d'un souffle, une bouche à ventilation explose. La horde à trouvé son chemin. Nous commençons à courir. Eric peine, son arme reposant sur la nuque le ralentit. Nous arrivons bientôt à un carrefour. Un panneau indique "salle des opérations". Un soulagement, c'est forcement là qu'on pourra programmer l'émission.
Nous ne nous arrêtons pas pour souffler, je sens presque l'haleine fétide des irradiés sur ma nuque.
Eric ralentit, explose un casier à extincteur pour poser son arme dessus.
"Prends un peu d'avance Evan, je peux pas aller plus loin.
_Me lache pas maintenant ! On peut y arriver.
Rien a faire, il ne m'écoute pas, il n'a pas le temps. Il déploie son bipède, je le regarde une dernière fois, et je cours.
Les détonations commencent, explosent la masse de corps, la ralentissant à peine. Et il hurle, finit son chargeur, sort son 9mm, vide son chargeur, dégoupille sa dernière grenade, la pose sur son coeur, et cours, face à la mort.
Je ne me retourne plus, une intersection, droite toute. Je la vois, la porte, mon salut, notre salut, ce ne sera pas vain.
J'y arrive, la horde est loin encore. La porte est épaisse, lourde. Je me précipite à l'intérieur dès que l'espace est assez grand. Puis d'un seul mouvement, ferme la porte et la verrouille.
Je suis dans le saint des saints. Mais ce n'est pas fini, ce n'est pas fini.
Je trouve la console, coupe le message initial, et enregistre.

"Ici Evan, réfugié survivant depuis 3 mois, 24 jours, et 19 heures. S.O.S. Je répète, S.O.S. Une horde de deux cents éléments me contraint à rester au quatrième niveau du bunker anti atomique Toulonnais.
A toute force militaire ou armée, S.O.S."

Je coupe, et envoie la sauce sur les ondes. J'allume ma radio, me branche sur la fréquence et je m'écoute inlassablement répéter les mêmes paroles.
La faim me prend au bout d'une demi heure, je mange en regardant la porte blindée, les coups ne se sont toujours pas arrêtés.


"Ici Evan, réfugié survivant depuis 3 mois, 26 jours, et 2 heures. S.O.S. Je répète, S.O.S. Une horde de deux cents éléments me contraint à rester au quatrième niveau du bunker anti atomique Toulonnais.
A toute force militaire ou armée, S.O.S."

Je vérifie mon armement, le nettoie comme je peux. Je n'ai plus rien a manger et bientôt plus rien a boire. Eric, si tu m'entends mon pote, ton baroud sera de la gnognotte comparé au miens.
J'avance lentement vers la porte blindée, ma radio crachant toujours les mêmes paroles, mais les hauts parleurs de la salle sont pourtant restés muets.
Je commence à tourner la manivelle pour déverrouiller la porte et tire un bon coup.
Face à moi se trouve un dernier irradié, occupé à bouffer les restes d'un de ses congénères. Putain de cannibales. Je l'aligne, appuie sur la détente, sa tête explose.
Je fais deux pas puis l'entends, malgré la basse qualité.

"Ici armée libre d'Eurasia, nous sommes sur place dans une heure, tenez bon.
Vous êtes sauvez."

Et je souris, le sourire kabyle.
Le sang coule sur mon menton, coule sur mon cou. Je regarde ses mains noircies, je sens son odeur, j'entends son souffle, je touche ses mains qui m'enserrent.


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