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Black Bullet, (titre temporaire)


Par : Camion2LaGalayr
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 8


Publié le 01/04/2015 à 21:02:07 par Camion2LaGalayr

Quelques jours passèrent après la sortie de l'hôpital. La blessure d’Élise avait guérit à une vitesse incroyable, si bien qu'après deux jours de convalescence, allongée dans le lit de l'appartement en ruine, la blessure s'était refermée et avait laissé une petite cicatrice ronde. Pendant ce temps Arnaud continuait son travail en essayant de ne pas penser à sa situation avant qu’Élise ne soit totalement rétablie, il travaillait dur la journée et rentrait le soir pour servir le repas avant de s'endormir. Le garçon et la jeune fille avait à peine échangés quelques mots durant tout ce temps, Élise s'excusant ou remerciant Arnaud pour le fait de la laisser rester. Arnaud restait souvent silencieux avec elle, semblant toujours pensif, dans ces moments là Élise se taisait également, elle semblait souvent intimidée par le garçon.
Depuis le peu de temps que l'enfant maudit est rétablie, Arnaud passait son temps libre à réfléchir à la suite des événements, il n'avait encore rien décidé.

L'hiver est une saison prolifique pour les coursiers comme Arnaud, le froid, le mauvais temps, l'obscurité et la couleur maussade des rues de la périphérie n'incite pas les gens à sortir de chez eux. Pourtant, aujourd'hui aucun commande n'a été reçue par la vieil employeur du jeune homme.
Les journées comme celle-ci arrivent de temps en temps avec ce genre de travail, même si certaines personnes sont des habitués, il n'y aucun abonnement ou de clients réguliers, c'est pour cela que les coursiers sont rémunérés en fonction des commandes et non des horaires.
Marchant sur les trottoirs gelés à cause des récentes averses et du froid, le jeune homme vagabonde dans la ville, ne sachant pas vraiment quoi faire. Il tente de se vider l'esprit et de profiter de son temps libre mais depuis des jours, le cas de l'enfant maudit qui loge chez lui le préoccupe. Arnaud avait pensé à plusieurs solutions mais il restait hésitant, la dernière fois qu'il a voulut agir, ce fut une catastrophe et puis, pour une raison inconnue, certains de ces projets semblaient sonner faux de son point de vue.
Dans la rue froide, le garçon rencontre un petit groupe de quatre enfants jouant bruyamment, s'amusant à glisser sur une plaque de verglas formée sur le trottoir. L'un d'eux, un jeune garçon de onze ou douze ans glisse puis tombe sur le postérieur sous les rires moqueurs de ses camarades. Parmi le groupe d'enfants, il y a une fille, qui après avoir glissé le long de la surface gelée, remarque la présence d'Arnaud qui observe son petit groupe depuis quelques instants. Il se sent remarqué, il continu sa route, l'esprit toujours à la fois occupé et nuageux.

Plusieurs minutes de vagabondage passent sans que le jeune homme décide ou fasse quoi que ce soit d'autre que d'errer. L'énervement de se torturer l'esprit en vain prend finalement le dessus, il se sent con de ne même pas pouvoir savoir ce qu'il veut vraiment, tout lui semble si brouillon, comme une esquisse, il sent un problème, une gêne mais il n'arrive pas à mettre le doigt dessus, à le saisir, il tente d'élaborer des solutions alors qu'il ne sait même pas ce qu'il veut. Finalement l'abattement le gagne et il décide d'aller chercher de l'aide.

Après une rude montée dans les escaliers de l'appartement, Arnaud arrive devant la porte familière qu'il cherchait à attendre, une porte qui, même en réalité fermée, lui semble toujours ouverte. Il frappe deux fois contre le bois de la porte et après quelques secondes, il entend une voix masculine. « Qui c'est ? » demande t-elle. « C'est moi » répondit-il. La personne de l'autre côté de la porte reconnaît immédiatement la voix et se dépêche d'ouvrir à son ami. « Salut vieux ! Comment ça va ? » S'exclame Marcos en tirant Arnaud à l'intérieur. L'ami du jeune homme l'emmène rapidement dans le salon où ils croisent Nathalie en train de donner à manger à son fils. Arnaud salue rapidement la jeune mère tandis que Marcos, inhabituellement excité, se précipite vers son fils. « Tu as vu Mathis ? C'est parrain qui est là ? Lui dit-il. Mec, depuis que tu m'as parlé de tes emmerdes la dernière fois, on ne s'est pas revu, on commençait à s'inquiéter ! Il s'est passé quelque chose ? T'as réussi à régler ton problème ? » dit-il bruyamment en se tournant vers le jeune homme. Marcos, qui était très heureux de la visite de son ami remarque alors sa mine anxieuse qu'il n'a jamais pu lui cacher. « Encore des problèmes hein ? » déclare t-il avant de l'inviter à s'asseoir en face de lui.

Arnaud résuma ces dernières semaines à Marcos et Nathalie, les mecs devant son domicile, le séjour chez Richard et puis l'enfant maudit et la fusillade. Après son histoire, tous dans la pièce restent silencieux, des mines sérieuses dessinées sur leurs visages. Marcos se lève et marche vers un placard, l'ouvre et en sort une bouteille de vin et trois verres qu'il pose sur la table puis il remplit lentement chacun de ces verres avant de se rasseoir et de boire une gorgée.
« Et donc ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? » demande t-il finalement d'un ton sérieux.
C'était la question qu'Arnaud espérait que l'on lui pose, une seule question qui remonte à la base de toutes ses interrogations, tous ses doutes mais la réponse, il ne la connaît pas.
« Je ne peux pas expulser cette fille de chez moi, après ce que je lui ait fait... » déclare t-il avant de boire une gorgée du liquide rougeâtre de son verre.
« Et tu ne peux pas demander à Richard de s'en charger non plus. » Dit Marcos. « Oui, il m'a déjà beaucoup aidé et tu sais que je ne veux pas être dépendant de lui ou avoir une dette envers lui » confirme le jeune homme.
« Tu sais que si cela s'apprend dans ton quartier, tu seras en danger ? Refuser un travail de Jack, ce n'est rien par rapport à héberger un enfant maudit, si cela s'apprend, tous les salauds de ton quartier voudrons te faire la peau. Arnaud, on se connaît depuis longtemps, je sais que tu es quelqu'un de prudent, tu ne peux pas laisser la situation telle qu'elle, c'est qu'une question de temps avant que l'on découvre ta planque ». « Je sais. Mais qu'est-ce que je dois faire alors ? Je dois obliger cette fille à vivre dans la rue en plein hiver ? » rétorque Arnaud à Marcos qui se tait alors, il n'a en aucun cas envie de perdre son ami et il peut comprendre ses motivations. Après un moment de réflexion et un regard lancé à sa femme, il dit, « Arnaud, plusieurs des appartements de cet immeuble sont vides, ils n'appartiennent à personne, ils sont sûrement délabré mais tu auras plus de place que dans ta petite cachette. Tu sais que dans notre quartier nous n'avons pas autant de problèmes que dans le tien et l'endroit où tu travail n'est pas si loin non plus... », « Je ne veux pas mettre en danger toi, ta femme ou ton fils » coupe brutalement le jeune homme. « Arnaud, je te l'ai déjà dit, si jamais tu avais un problème, je t'aiderais du mieux que je le pourrait, la proposition que je te fait, c'est la meilleure solution, tu le sais toi aussi, Jack n'ira pas te pourchasser ici, cette fille veut un abri ? Laisse lui le tien et vient t'installer ici » dit Marcos. Arnaud réfléchit pendant de longs instants en silence, pesant le pour et le contre mais avant même qu'il ait prit une décision, la question était réglée, pour une fois, Marcos possède la voix de la sagesse.

La tombée de la nuit venue, Arnaud rentre chez lui, fermant la lourde porte en pierre derrière lui. Le jeune homme repense brièvement à la discussion qu'il a eu avec son ami, il allait pour la première fois depuis des années déménager de sa cachette, cette cette simple idée l'intimide mais il a calculé qu'il était finalement plus en danger si il restait ici. Une présence maintenant un peu plus familière le fait sortir de ses pensées, l'enfant maudit est debout en face de lui, semblant attendre quelque chose. Le jeune homme la regarde puis balade son regard dans le reste de la pièce, la lumière est allumée et lui permet de voir à quel point l'endroit est étrangement... propre. L'abondante poussière, les morceaux de bois, les débris et autres saletés semblent être rassemblés dans un coin, en dessous d'un vieux balai dont le manche est couvert d'échardes.
Depuis que l'enfant maudit ne souffre plus de sa blessure, Arnaud la vit s'occuper de tâches ménagères comme le nettoyage ainsi que le rangement sans qu'il lui ait dit quoi que ce soit, le jeune homme pensait qu'elle cherchait un moyen de se rendre utile pour ne pas qu'il tente de la chassée de chez lui mais il fut, durant les premiers jours, surprit de son application et de sa persévérance. Durant ces même jours, la fillette et le garçon n'échangèrent qu'à peine quelques mots, le plus souvent des politesses sans intérêt, la jeune fille semblait, pour Arnaud, souffrir d'un certain mal-être, probablement causé à cause de sa présence, elle évitait les contacts visuels, quand elle parlait, elle le faisait doucement, avec des paroles à peine audibles, elle avait la plus part du temps la tête baissée et sursautait à chaque fois qu'on lui adressait la parole.
La situation actuelle ne semble pas dériver de celle de d'habitude, elle reste là et ne dit rien, attendant des directives. Le garçon soupire devant le flagrant manque de vie de cette fillette et, d'un geste de la main, l'invite à s'asseoir sur la chaise devant la table tandis qu'il pose ses récents achats sur la vieille table.

Les deux jeunes gens finissent de manger leur dîner en silence avec seul le bruit des couverts et le crépitement des flammes de la cheminée gâchant la tranquillité muette du moment. Élise finit par poser sa fourchette sur le bord de son assiette après avoir mangé le dernier aliment qui lui restait puis ouvre la bouche pour dire « merci » comme chaque soir et comme chaque soir, s'apprête à se lever pour se coucher mais avant qu'elle ne pose un pied sur le sol, Arnaud lui demande de rester.
Surprise, une vague de stress parcourt rapidement tout son corps, elle sent ses bras et ses jambes devenir faibles, un fort sentiment d’appréhension naît et se répand rapidement comme un poison dans son esprit. La peur que ressent l'enfant maudit n'a pas échapper à Arnaud, afin d'éviter une possible crise de panique, il décide de directement dire ce qu'il avait à dire. « Je vais te laisser cette endroit » dit-il tout à coup. La déclaration du jeune homme surprend Élise qui s'attendait à une réprimande pour pire, elle reste comme abasourdie durant quelques courts instant puis, d'une voix timide et hésitante elle demande « Je... Je peux vivre ici ? », le jeune homme acquiesce avec un petit sourire crispé qui cache à quel point il est tendu à propos de la situation. La petite fille ne sourit pas mais son soulagement est bien visible, son corps se détend lentement. Dans la tête d'Arnaud, le plus dur est déjà passé, la nouvelle de son départ devrait la soulagée encore plus, elle avait l'air si craintive quand elle était dans la même pièce que lui, sa présence semblait la mettre mal à l'aise. Le jeune homme se détend un petit peu et fait sa dernière annonce. « Je pars demain chez un ami avec certaines de mes affaires, je te laisserai un peu d'argent pour que tu puisse te nourrir, on aura alors plus besoin de se voir ». Le garçon observe la réaction de la jeune fille. Au premier abord elle ne réagit pas et reste silencieuse mais rapidement un air étonné se dessine sur son visage. « Vous partez ? » demande t-elle. « Oui, un ami m'a proposé de vivre près de chez lui » répond t-il nonchalamment. La fillette baisse doucement la tête et sa mine semble s'assombrir, un immense sentiment de déception semble émaner de son petit corps pâle et frêle, ce qui n'échappe pas à Arnaud. « Pourquoi ? » se demande t-il, « elle devrait être satisfaite, la voilà revenue à la situation dans laquelle elle se trouvait avant que je ne revienne, elle n'aura plus à faire ces efforts pour que je ne tente pas de la chasser d'ici, elle sera tranquille, seule ». Le jeune homme aurait pu ne pas accordé d'intérêt à cette étrange réaction mais une mystérieuse curiosité s'est emparée de lui sans même qu'il ne sache pourquoi. « Tu... ne semble pas heureuse » dit-il. La fillette ne répond pas, elle garde la tête baissée, sa respiration semble légèrement plus forte que la normale, le garçon se demande alors si il ne s'est pas trompé, si au contraire elle n'était pas extrêmement heureuse ou soulagée de son départ, un sentiment de rejet le traverse, mêlé d'un peu de colère mais il ne la blâme pas, il sait qu'il a été froid, peut-être même cruel envers elle, qu'il n'a fait que tolérer sa présence et sa manière d'agir semblait lui demander à chaque seconde de partir. Un petit rictus ironique s'affiche sur son visage, « j'ai été un bel enfoiré quand même » pense t-il, « Au moins elle n'aura plus à supporter ma présence ». Il se lève de sa chaise et alors qu'il se met en tête de déjà préparer ses bagages, une petite voix se fait entendre.
« Je ne suis pas heureuse ». Le garçon se retourne alors vers elle, il est saisit d'étonnement et commence à se poser des questions, à se demander si elle parle de sa situation actuelle, celle où il part ou si elle parle de celle où ils vivaient ensemble. La réponse ne se fait pas plus attendre. « Je pensais que vous resteriez ici, avec moi, en fait je le voulais... » dit-elle d'une voix tremblante et triste. Arnaud est stupéfait, il ne peut rien dire, il pensait qu'il l'avait si mal traitée qu'elle le haïssait désormais, entendre qu'elle préférait être confronté à lui encore plus longtemps lui semblait totalement absurde.


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