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Contes du monde invisible


Par : BaliBalo
Genre : Fantastique, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Froward Briseblanche


Publié le 13/07/2016 à 14:53:06 par BaliBalo

[c]Il y a un monde dont vous les humains n’avez pas conscience. Ceci est un fragment de ce que pourrait être votre monde si vous le vouliez.
[/c]




Souffle de vent blanc. Invisible. Se faufilant au travers des feuilles ambrées d’un chêne tordu, dévalant les nœuds de son écorce puis survolant, en l’effleurant à peine, l’herbe douce dont le vert émeraude était tâché de brun. Automne. La saison n’était jamais si belle que lorsque l’astre brillant rasait la cime des arbres roux. Tout étincelait d’une lueur d’ambre. Les feuilles mortes se soulevaient sur son passage, comme exhalant leur dernier soupir. Il ne se sentait jamais plus libre qu’en automne, lorsque le vent courait avec lui.

Arrivé près du lac il s’arrêta. La surface de l’eau était calme, à peine ridée par le vent. Argenté. Comme la couronne tressée dans ses cheveux roux. Le lac reflétait sa silhouette blanche et menue tel un miroir gigantesque. Bientôt, la lune se lèverait et sa lumière traverserait sa peau pour révéler ses veines noires dans lesquelles battait sa vie.

La nature était si bien faite. Tout était beau, paisible, parfait, équilibré. Les reliefs or et bronze qui s’élevaient au-dessus du lac épousaient le ciel rose et ses nuages orangés. L’eau, comme un ciel sur terre faisait nager les oiseaux et voler les poissons. Le vent, douce brise, faisait danser les feuilles dans un bruissement délicat tel le bal des vestiges de l’été.
Si calmes étaient les environs qu’il s’oublia et brida ses sens. Il s’abandonna dans le silence et la douceur de l’obscurité. Il était si bon de ne plus rien sentir alors qu’il sentait toute la journée. Quel poids que ces sens si aigus.

Cela ne dura qu’un instant bien qu’il lui sembla être resté une éternité dans le noir. Recouvrir ses sens était toujours difficile. Il fut sonné, ébloui, assourdi et déséquilibré pendant quelques instants encore. Lorsqu’il retrouva son état normal, il était trop tard. L’homme était déjà là et armait son fusil en hurlant de terreur. La balle l'atteignit alors qu’il s’élançait sur le lac. Le choc le traina quelques mètres encore sur la surface de l’eau puis il s’effondra dans le liquide argenté. La lune pointait dans le ciel et sa lumière blanche faisait briller le sang noir qui s’écoulait lentement à la surface de l’eau. Il pouvait toujours entendre l’homme hurler et gesticuler sur la rive. L’eau léchait doucement sa peau blanche, comme une maîtresse câline. Ses grands yeux noirs fixaient la Lune qui semblait lui sourire. Elle était désormais seule dans le ciel et éclaboussait le lac de sa lumière laiteuse. L’homme était parti. Sa peau à lui laissait deviner les veines noires qui se gonflaient de plus en plus lentement. Le rythme décroissant sonnait dans sa tête, sourd et obnubilant. Il ferma les yeux et l’eau vint l’envelopper de ses bras liquides : le lac l’accueillait. Demain il ne resterait de lui plus qu’un tas d’os noirs à moitié enseveli, semblables à du bois calciné. Et une tresse d’argent.

Alrid referma le livre d’un coup sec, ce qui propagea un nuage de poussière.

« _ Et c’est ainsi, mon Prince, que le grand Froward est mort.

Julian sécha une larme qui s’était faufilée malgré lui le long de sa joue. Alrid reprit en regardant le jeune prince droit dans les yeux :

_ N’oubliez jamais ceci, mon Prince, l’humain est l’être le plus couard au monde. Il a peur de tout ce qu’il ne connait pas. Il a si peur qu’il s’est fabriqué des armes terribles qu’il utilise pour tuer dès qu’il est effrayé. Parfois même, ceux de son espèce. »

Julian secoua la tête en guise d’approbation et ramena ses jambes à lui. Alors que le vieil Alrid se tenait dans l’embrasure de la porte, sa chandelle à la main, Julian demanda :

« _ Alrid, est-ce que tous les hommes sont si peureux ?
_ Non mon Prince, mais ce sont malheureusement les plus peureux dont on entend le plus parler… »


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