Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Emma


Par : super-vagabond
Genre : Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 16/09/2009 à 01:38:20 par super-vagabond

La fic est postée dans son ensemble, je vous souhaite une bonne lecture :)



Emma


Je me réveillai en sursaut. 4h57 du matin. Comme à chaque fois, avant une journée importante, je ne dormais quasiment pas. Aujourd'hui était effectivement le jour de la rentrée des classes. Je m'appelle Alex, j'ai 17 ans et je rentre en terminale. Je n'ai jamais vraiment aimé la rentrée à vrai dire. C'était un jour crucial, où j'étais la plupart du temps séparé de mes amis, dans une classe différente, et avec un emploi du temps minable, pour combler le tout. Mais en général, la joie de revoir tout le monde me rendait enthousiaste.
Mon coeur battait rapidement. Il me fallut quelques secondes pour me souvenir de ce qui s'était passé. J'avais rêvé, comme à mon habitude. C'était encore elle. Cette fille, que je voyais vaguement dans ce rêve, cette fille dont le visage m'échappait de peu. Je n'arrivais jamais à me souvenir. Ses cheveux bruns, ses yeux... bleus? verts? Qui sait? Les rêves ne nous laissent jamais beaucoup de détails, malheureusement. Mais même sans ces détails, une impression de beauté dégageait d'elle, une impression de grâce, de volupté. Elle me parlait, et à chaque fois, je ne me souvenais de rien. Je ne me rappelle que de ses lèvres remuant dans tous les sens, voulant exprimer quelque chose. Parfois, elle était loin, et parfois, elle semblait si proche. Je ne comprenais pas comment c'était possible, mais je le ressentais vraiment ; cette impression de chaleur en étant près d'elle. Et comme à son habitude, elle partait, partait au loin, en me regardant, avec son sourire gentiment moqueur, mais si attentionné. Petite espiègle.

Je décidais donc de me lever, car je n'arrivais pas vraiment à me rendormir. Après tout, se rendormir pour quelques heures... Je n'en voyais plus l'utilité. Je pris rapidement une douche, et je préparai mes affaires : mieux valait ne pas être en retard ce jour là. Ma mère s'était réveillée elle aussi pour me préparer un petit déjeuner. C'était rare, mais c'était délicieux. Mon père dormait encore. Il avait passé une rude journée hier.

Quelques heures plus tard, j'attendais tranquillement au coin de la rue, que le bus passe. J'étais vite rejoint par une petite fille dénommée Sarah. Elle était en quelle classe déjà? Je ne m'en souvenais même pas. Mais en tout cas, j'étais bombardé de questions. Ah les jeunes filles, parfois, sont vraiment agaçantes. Cette petite curieuse était néanmoins très gentille, alors je décidai de lui répondre.
Le bus arriva quelques minutes plus tard. Le chauffeur était différent cette année. Je n'aimais pas l'autre, tant mieux. Je m'installais cette année directement dans le fond du bus. Après tout, ça me revient de droit! Quel plaisir de pouvoir être celui qui martyrise les petits cette année. Mais je n'étais pas vraiment quelqu'un de violent, alors je préférais me taire et sortir mon MP3.
Je retrouvais quelqu'un uns de mes amis à chaque arrêt du bus, ce qui était évidemment un plaisir. Je discutais avec eux, on parlait évidemment, à cette période, de vacances. J'étais pour ma part parti à la mer, en ayant ramené un peu de bronzage, ce qui m'a permis de recevoir une vingtaine de fois la même exclamation pendant la journée.
"Oh, t'es bronzé!"

Je sais, merci.

Évidemment, je ne m'en vantais pas, ça ne servait à rien. J'étais plutôt occupé à regarder les autres. Il n'y avait pas grand chose de différent depuis l'année dernière. Après tout, seuls les anciens terminales sont partis. D'ailleurs, aucun des anciens n'était toujours présent. Tant mieux, ça annonçait certainement de bonnes nouvelles pour eux.
Il y avait par contre quelques nouvelles têtes. Les jeunes sixièmes, un petit bonhomme assez énervant et un peu plus grand qui devait être en quatrième, quelques collégiens, des nouveaux lycéens...

Des nouveaux lycéens.




Et Elle.


Une fille assez charmante, aux cheveux longs d'une couleur assez particulière. Elle était coiffée d'un bonnet gris, étrange pour la saison, mais c'était sûrement pour un certain style. En tout cas, elle était très jolie. Je ne la vis qu'un court instant, le temps qu'elle s'installe. Ensuite je ne la voyais plus que de derrière. Elle sortit son MP3 et se mit à regarder par la fenêtre.
Mes yeux étaient restés concentrés sur elle, tandis qu'un ami me parla, et que je répondis machinalement un "ouais, ok".
J'arrêtai de regarder cette fille quelques instants après. Je me dit que des jolies filles, c'est pas vraiment ce qu'il manquait après tout.


Un quart d'heure plus tard environ, le bus était arrivé au lycée. Un des nouveaux sixième avait vomi, le pauvre. Après tout, on est tous passés par là. Par contre, il fallait vite sortir, ça sentait pas vraiment bon. L'air que je respirais dehors me fit énormément de bien, je ne me sentais pas vraiment bien moi non plus, et même si je savais que cet air était pollué, après tout je n'en avais rien à faire.
Je retrouvais mes amis dans la cour. Poignées de mains, bises.. et un peu de stress devant le tableau des classes. J'étais assez content, cette année j'ai été pris avec quelques bons amis, et pas mal d'inconnus. Le professeur principal n'était pas non plus le pire que je pouvais avoir. C'était à vrai dire le meilleur! Que de bonnes nouvelles après tout. Je fis demi-tour et retournai voir mes amis. On discutait vacances principalement, mais aussi des futurs cours qui nous attendaient, de la classe, des profs... Je n'avais qu'une envie, c'était de rentrer en classe, et voir ces fameux nouveaux. Ce qui arriva assez vite, quand la sonnerie retentit. Je partais en direction de la salle à laquelle je devais être avec quelques amis. Une fois sur place, je m'installai au fond, rien de mieux pour observer tout le monde. Les nouvelles têtes étaient à peu près au même endroit, et il n'était pas vraiment difficile de les reconnaître, ils ne parlaient pas vraiment à beaucoup de monde pour l'instant. Pendant que je regardais à travers toute la salle, un ami m'interpella.

" - Eh dis donc, elle est pas mal, celle là. Mate moi ça!
- Ouais, plus tard, répondis-je.
- Mais regarde j'te dis ! "


Mince.




C'était elle.





La fille du bus.

On sait que le hasard fait bien les choses. Mais là... C'était insensé. Je n'avais pourtant jamais espéré de voir cette fille dans ma classe, mais après tout, tant mieux. Elle était assise de l'autre côté, sur la même ligne que moi et était apparemment assez occupée à noter l'emploi du temps que le professeur principal communiquait. Je me dit que de toute façon, c'était une fille parmi tant d'autres, et qu'il arrivait assez souvent d'être charmé par la beauté de l'une d'entre elles, sans que notre souhait d'obtenir une relation ne sois satisfaite. Qu'importe! Je préférais à cet instant noter mon emploi du temps moi aussi. Comme je le craignais, j'avais des journées chargées, et des journées minables, dommage. Je préférais quand tout était équilibré. Par contre, notre professeur principal avait réellement l'air sympathique. Le problème c'est qu'avec les profs... on ne sait jamais rien. Parfois ils sont gentils avec vous, mais pas avec vos notes. Parfois ils sont gentils, et le sont vraiment. Le temps nous le dira.
La sonnerie retentit des minutes plus tard. Tandis que je rangeais mes affaires, je voyais la fille se précipiter hors de la classe. Pressée, dis donc. J'avais aussi remarqué que mon ami se faisait une fixation sur elle depuis le début! Bon après tout c'est normal, quand on voit la fille. Étrangement, il y avait comme un sentiment de jalousie chez moi. Incompréhensible, à vrai dire. Je n’avais pourtant jamais parlé à cette fille, je ne le connaissais pas, et j'éprouvais déjà le sentiment qu'elle m'appartenait. Je me dirigeais donc vers la prochaine salle, où se déroulait un cours d'histoire-géo. Elle était déjà assise, à sa place habituelle. Un homme assez grand arriva, il portait des lunettes et avait l'air plutôt jeune. Le cours commença sur une explication du programme, comme d'habitude à chaque nouveau cours. Il ne perdit pas de temps et commença directement le premier chapitre ! Bon allez, il fallait recommencer à gratter. Je sortis difficilement une feuille et mon style plume. Et mince, j'ai plus d'encre. Et le temps de demander si quelqu'un avait une cartouche, j'avais raté tout ce que disait le prof, et j'aimais pas vraiment ça. Je passai deux trois lignes et me mis à gratter machinalement ce que le monsieur racontait. Le cours se déroula ainsi jusqu'à la fin. Et c'était enfin l'heure de la récré. Comme à son habitude, la jeune fille disparut très tôt. Dingue. Cette fois, elle passa à côté de moi, j'étais assis près de la sortie. Elle ne me regarda même pas, et disparu dans les profondeurs du couloir. Je me dit qu'il ne fallait pas perdre une seconde, alors je rangeai rapidement mes affaires et sortis pour la suivre.

Elle avait rejoint une fille dans la cour. Ah bah au moins, elle était pas seule dans le bahut la petite. Je rejoignit mes amis pour discuter un peu des professeurs de cette année. Certains affirmaient qu'un tel était sympa, d'autres disaient le contraire... Bref, je verrais par moi-même tout au long de l'année.

La journée se termina dans les mêmes conditions. Toujours moi, la regardant, elle, me dévisageant. Je me disais que mince, j'avais passé la journée à regarder cette fille. Et pourquoi ? Pour rien ! Rien, ça ne servait à rien. Elle était ce qu'elle était, et qu'elle le reste. Pourquoi devrais-je aller essayer quelque chose avec elle? J'ai pas envie de passer pour un « chaud lapin ».

Mais qu'est-ce que j'aimerais la connaître.





Le bus. C'était le meilleur moyen! Je pouvais tranquillement m'assoir à côté d'elle, et enfin essayer de lui parler. Difficile d'attendre avec cette idée en tête. Les heures étaient devenues des journées. Même un ami m'avait fait la remarque d'être dans les nuages ce soir. Les nuages... oui, si on veut..!
À la cantine, c'était pas bien fameux comme premier repas. Des frites! Comme toujours, ces frites à moitié cuites mais ayant gardé un goût assez potable. Accompagné d'un steak. Et comme toujours, le dernier steak qui restait avant qu'arrive un nouvel arrivage était toujours pour moi. Un steak froid, pas génial. Et même pas de poivre..! Le repas se déroulait quand même dans une dose de bonne humeur entre tous. Pour l'instant, les cours, le boulot, le bac... n'avaient pas réellement influencé les pensées de chacun. Pour l'instant, c'était un peu l'heure à la déconnade, on va dire. Le mieux était quand même de se retrouver à faire une bonne partie de baby-foot, et évacuer un peu le stress du matin. Et aussi papoter. J'adorais évidemment jouer au baby-foot. On pouvait à la fois jouer, et à la fois épier ce qui se passait autour sans problème. Pour l'instant, pas encore de nouveaux couples. Normal après tout ; au premier jour ça serait assez débile. Elle, elle n'était pas là. Elle devait sûrement être dehors, au soleil. Ou alors elle était rentrée chez elle, peut-être. Je ne l'avais pas vue à la cantine. Je me demandais ce qu'elle faisait. L'idée que j'allais tranquillement pouvoir lui parler ce soir rendait ma journée assez agréable, et longue aussi. Mais tant pis, j'ai tout mon temps. La partie se termina et je partis faire un tour dehors avec des amis. Ben dis donc, ça faisait longtemps.
L'après-midi se passa sans aucun souci, ou événement majeur. J'attendais impatiemment que la dernière sonnerie de la journée me libère. Ce qui n'arriva pas très vite. "Driiiing", il était l'heure! La première journée était enfin terminée. Je n'étais pas vraiment déçu dans l'ensemble, j'étais plutôt heureux. Mais le meilleur pour moi restait donc à venir. Enfin, je vais pouvoir lui parler, la connaître. Mais pour l'instant, je disais au revoir à mes amis et je rejoignit ma place dans le bus. Elle était assise au même endroit que ce matin. La place à côté d'elle ne resta pas éternellement vide. Un jeune homme s'était assis à côté d'elle. Mince, j'ai perdu ma chance, me dis-je. Mais après réflexion, ce mec n'avait pas vraiment l'air de s'intéresser à elle. Tant mieux.
Mais maintenant, comment faire. Comment pourrais-je aller la voir sans avoir la honte? Je ne connais même pas son prénom... Après quelques minutes, je me dit que de toute façon, c'est raté pour ce soir, la place est pas libre. C'est là que le hasard, une fois de plus, intervient. Et je ne sais pourquoi aujourd'hui j'ai autant de chance, car d'habitude, je n'en ai jamais. Le jeune homme à côté d'elle sortit au premier arrêt du bus. Ce qui me laissait largement le temps d'aller la voir, et de discuter. Bon cette fois, je devais prendre mon courage à deux mains. Je fis signe à mon ami à côté de se pousser, et je partis m'assoir à côté de la fille, en prenant soin de mettre son sac sur mes genoux.

"Salut", dis-je d'un ton assez gêné.

Elle ne s'aperçut pas au premier instant que j'étais là, et elle le découvrir quelques secondes après, en enlevant ses écouteurs.

"Oh, excuse moi, je t'avais pas vu!"


Sa voix. Elle était si douce, et si parfaite. Le meilleur, c'était qu'à cet instant, elle avait une voix banale, semblable sûrement à celle des autres filles, mais pour moi, elle était juste parfaite.
Je ne savais pas quoi répondre. Jusqu'à ce que ça soit elle qui parle.




"Tu dit plus rien, Alex?"




• Comment connaissait-elle mon nom? Je ne lui ai pourtant jamais parlé, jamais dit... J'étais à ce moment assez déstabilisé, et ne savait toujours pas quoi répondre. Il fallait bien répondre quelque chose, et vite!

"- Waow, tu connais mon nom comment?
- J'ai entendu ton ami le dire quand vous parliez, tout simplement. J'étais pour tout te dire curieuse de connaître le prénom du mec qui me regardait depuis ce matin!"


Un véritable coup de poignard. Étais-ce vraiment aussi flagrant que ça? Me voyait-elle la regarder depuis ce matin? Que pouvais-je répondre?

"- Je... je sais pas vraiment quoi dire, mis à part que j'apprécie beaucoup de te regarder!.."

Elle eut un sourire gêné et tourna la tête vers la fenêtre quelques secondes, tout en gardant ce radieux sourire. Et dire que je ne connaissais même pas son prénom ! Comment lui demander, sans l'offenser? Comment demander le prénom de quelqu'un qui a déjà l'air de vous connaître par coeur, sans pour autant le blesser?
Le bus s'arrêta à ce moment et je compris en voyant la fille prendre son sac qu'elle descendait ici. M'avait-il sauvé... de la honte? Je n'en savais rien, mais en tout cas, je n'étais pas content, pourquoi se maudit bus devait s'arrêter maintenant? Avec toutes ses pensées futiles, j'en avait oublié l'essentiel : son prénom! Il fallait que je lui demande, mais c'était impossible... Est-ce qu'elle comprendrait que je ne connais pas son prénom quand elle quittera ce bus sans un mot? Le sait-elle déjà?
Cette fille avait réponse à tout. Non seulement elle posait les questions, mais elle y répondait elle-même.

"Bon allez je dois descendre", dit-elle en me faisant la bise, "je suis ravie de te rencontrer Alex, et au fait, moi c'est Emma" répéta t-elle d'un ton amusé, et joyeux.





Inutile de vous raconter dans quel état j'étais cette soirée là. Comment ne pas penser, quand vous voyez cet être, qu'il est fait pour vous? Cette fille était intéressante, c'était clair. Mais moi? Jusqu'à quel degré de fanatisme envers elle je devais rester? Il me fallait pourtant revenir à la raison. Je ne suis pas le plus beau des gars qu'il y a dans ce bahut, je suis pas vraiment le plus intelligent... et elle, qui a l'air si gentille, si intelligente, si clairvoyante. Que pense t'elle réellement de moi? Peut-être qu'elle ne fait ça que pour s'amuser, après tout. Je me devais d'oublier ces évenements, après tout, elle n'était qu'une fille parmi les autres, comme je me le répétais souvent, et qu'on voit toujours en premier le bon côté, le côté sympa des gens, avant de comprendre qui ils sont vraiment. La soirée fut pour moi assez difficile à passer. J'étais partagé entre l'idée de ne plus penser à cette fille, et l'idée d'y penser. Et de chaque côté de cette refléxion, je trouvais toujours une bonne raison qui me poussait à réfléchir encore et toujours. Je me dit qu'elle n'était pas un monstre qui allait m'avaler quand j'essaierai encore de lui parler, alors pourquoi ne pas discuter avec elle, apprendre à la connaître? Le problème était donc maintenant de savoir comment faire. C'est tellement compliqué. Quand on est poussé à aller vers quelqu'un, on trouve toujours 10.000 raisons de ne pas le faire, ou d'attendre que le temps nous offre son aide. Et puis d'ailleurs, je ne vais pas commencer à me pourrir la vie à cause de tout ça, il faut que j'aille la voir. Simplement.
Cette fascination envers elle ne me faisait pas peur, même elle m'intriguait à vrai dire. Non, l'amour, ce n'était pas possible, pas encore. Et d'ailleurs, étais-je le seul à me soucier d'elle? Qui sait, des dizaines d'autres garçons sont déjà à l'affut. Pourtant, je n'avais encore vu personne avec elle, mis à part son amie du lycée. Est-ce qu'ils ne s'intéressent pas à elle ? Impossible, même un ami à moi l'a vue avant. Que pouvait-ils... attendre? Attendre, c'était le mot. Je n'avais jamais vraiment été à ce point impatient de retrouver une fille pour lui poser une question, deux, trois... Qui était-elle vraiment, pour m'attirer à ce point? Est-ce que j'étais juste un mec banal, attiré naturellement par sa beauté, son caractère, son physique? Tout homme normal, de toute façon, passe par cet instant là. En venir à se demander pourquoi il est en train de fantasmer sur un objet qui ne connait à peine. Fantasmerais-je sur l'inconnu? Drôle d'idée! Ce n'était pas possible. Il fallait réagir. Toutes ces réflexions à propos d'elle m'avait fait voir la situation d'un oeil nouveau. Je n'irais plus lui parler. Je n'en ai pas besoin. Et de toute façon, je serais sûrement devancé par quelqu'un d'autre, et elle succombera au charme de ce dernier. C'était à présent une sorte de désespoir qui m'envahissait. Je me disais que jamais je n'arriverais, si un jour ceci était mon souhait, à sortir avec elle. Ma mère entra brusquement dans ma chambre, et répéta, certainement depuis plusieurs fois, que le repas était prêt. Elle me demanda ce qui s'est passé, mais je ne lui répondis rien. La fatigue... quelle bonne excuse.
La fin de la soirée ne fut pas aussi désespérant. Je retournai sur mon ordinateur, sur MSN, sur mes sites favoris, histoire de me changer les idées. Et c'est là que je vis quelque chose d'assez étrange. Quelqu'un m'avait ajouté en contact sur MSN. Non, ce n'était pas possible, pas elle! Comment? Comment avait-elle pu ...? Je décidai alors d'accepter vite le contact, elle j'ouvris la fenêtre de discussion aussi vite. Que dire? Mes doigts tapaient inconsciemment le prénom d'Emma au clavier... Juste avant que j'envoie le message, le son de l'ordinateur me prévint qu'on me parlait. Le message venait de cet inconnu.

"Salut cousin, c'est ma nouvelle adresse. Supprime l'autre bisous"


Ma cousine. Sur le moment il était difficile de savoir ce que je ressentait vraiment. Moi qui ne voulait même plus parler à Emma, voilà que j'ai espéré pendant une poignée de secondes, j'ai espéré, que ce fut elle. Mais non, c'était cette satanée cousine.
Après tout, c'était pas vraiment l'heure à la déprime. Il fallait que je me change les idées, alors je pris mon lecteur MP3, je me mis dans mon lit, et m'endormit au côté d'une musique dont je ne comprenais même plus les sonorités.





Une fois de plus, je me réveillai en pleine nuit. Mais cette fois ci, je n'avais pas rêvé, ou du moins, je ne m'en souvenais pas. Comme à mon habitude, je décidai de me lever maintenant, qu'importe le fait de dormir quelques heures de plus, même si ça m'aurait bien plu. Ma douche fut assez bienfaisante, elle me réveilla tellement bien que je n'étais plus vraiment troublé d'hier. Je ne pensais plus à elle. Ça arrive à chacun de nous, un jour, d'être sous l'emprise de quelqu'un d'autre. Ce qui est temporaire cette fois-ci. Je pris mon petit-déjeuner, me brossait les dents, et m'habillais comme à mon habitude d'un jean, d'un t-shirt, et d'une veste. Pas besoin de plus, il faisait assez chaud. C'est alors que je retrouvais Sarah à mon arrêt de bus. Toujours aussi curieuse, la petite. Elle était plutôt amusante, en fait. Cette jeunesse, voulant tout connaître, tout savoir, avoir toutes les réponses. Pourquoi tu fais ci? Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tu... Et je n'entendais même plus ses questions.
Le bus arriva peu après, et la jeune fille entra d'un pas rigoureux dans le bus. Pauvre petite, quand elle sera plus grande, on se demande si elle sera toujours aussi heureuse d'aller en cours!
La place du fond qui m'appartenait restait vacante, et je m'y installait tranquillement. Des amis arrivèrent et c'était l'instant idéal pour papoter des cours d'aujourd'hui. Tandis qu'un racontait que ça le saoulait déjà, l'autre répondais qu'après tout, il ne restait plus qu'une année. Une année. C'était long, mais c'était aussi très court, en fait. Avec tout ces belles paroles, je ne vis même pas Emma monter dans le bus. Je n'avais pas pu croiser son regard. Peut-être aurait-elle pu me dire quelque chose. Ses yeux suffisaient à communiquer l'essentiel. Mais de toute façon, je n'avais même plus envie d'aller la voir. Peut-être l'avais-je diabolisée, mais je n'en avais rien à faire.
Pourtant son regard m'attira quand elle décida de mettre son sac en haut. Elle posa son sac, me regarda quelques secondes, et sourit.





Mince. J'étais conquis.








Les jours passèrent. Je croisais Emma chaque jour. Dans le bus, dans la cour, à la cantine. Et elle était qui plus est dans ma classe ! Tous ces évènements n’étaient-ils qu’une pure coïncidence ?
Au fil du temps je décidais de la stratégie à adopter. J’étais quelqu’un de timide, je voulais aller la voir mais… je n’y arrivais pas. Les mots n’arrivaient pas à sortir quand j’étais face à elle.
Evidemment, nous étions devenus de bons amis. Je lui parlais assez souvent, même si à chaque fois je possédais en moi cette sensation étrange.
Il fallait réagir. Je ne pouvais juste pas rester là, à attendre qu’elle vienne d’elle-même. Je voulais lui parler, en savoir plus sur elle, ce qu’elle aimait…

Emma arrivait chaque matin sereinement, les écouteurs dans les oreilles. Elle venait me faire la bise sans dire un mot et partait s’assoir à sa place habituelle. Pendant la journée, pendant les heures interminables de maths, elle restait calme. C’était après tout une fille assez sérieuse, mais certainement timide. Elle traînait la plupart du temps avec différentes filles de la classe. Après tout, c’était assez normal.
Et je la regardais. Je la regardais encore et encore, sans m’en lasser. Je ne devais pas être le seul gars à l’avoir vue, mais qu’importe.

Deux semaines après, les choses commençaient à devenir sérieuses. Je m’étais finalement décidé à lui parler, dès que l’occasion se présentait. Et cette occasion se présenta. C’était juste à la fin d’un cours de philosophie. Tandis que je rangeais mes affaires en finissant d’écrire ce que je n’avais pas copié du tableau, je remarquai qu’Emma était restée pour discuter avec le professeur. Au premier abord je n’avais pas pensé au fait de ralentir mon rangement pour que je sorte en même temps qu’elle. Je suis donc sorti calmement, et c’est elle qui me rattrapa.
« - Hey ! Alors ? Tu as compris quelque chose ? » Lança une voix derrière moi.
C’était elle ! C’était enfin le moment parfait. Nous étions à deux, je devais lui dire maintenant.
« - Eh ben écoute euh… j’ai noté ce que j’ai pu, mais tu sais moi et la philo, ça fait deux… »
Elle eut un sourire gêné, accompagné d’un petit rire.
« - D’ac, après tout… c’est pas si grave, c’est que le début de l’année ! On a quoi d’ailleurs maintenant ?
- Histoire-géo, je crois. »
Je sentis à ces mots qu’elle s’éloignait de moi, pour rejoindre des amies. Je ne pouvais pas tout faire rater, c’était maintenant ou jamais !
« - Euh, Emma ? » demandai-je difficilement.
« - Oui ?
- Ce soir, ça te dirait de… d’aller au cinéma ? Ou ailleurs ? Enfin, j’en sais trop rien, euh…
- C’est une invitation ..? »

Comment une fille pouvait vous couper le souffle, en un rien de temps.
Malheureusement, elle répondit plus vite que moi à sa question.

« - Je suis désolée Alex, j’habite assez loin de chez toi… Mais à charge de revanche ! »


Comment j’avais pu… Comment j’avais pu me rater de cette manière !
Je n’aurais jamais dû lui proposer du jour au lendemain de cette manière. Bref, ce n’étais pas totalement raté, après tout. J’espérais juste qu’un jour, elle tiendrait parole.


Et par chance, ce jour arriva plus vite que prévu, à mon grand plaisir.
« - Alex ! »
Encore cette douce voix qui surgit de je ne sais où… Emma…
« - Oui ?
- Le cinéma ça tient toujours ? »

Jamais je n’aurais pensé qu’elle me poserait cette question. Moi qui pensais avoir été si ringard.
« - Euh, oui, bien sûr ! Pourquoi ?
- Demain après midi ?
- Ouais, ok, pas de problème.
- Bon tiens, prends mon numéro. »

Waoow, je n’y croyais pas. En un clin d’œil, j’avais eu mon rendez-vous et son numéro. La journée était devenue clairement excitante. Le cinéma, l’idéal pour lui parler, lui avouer ces sentiments si étranges que je possédais en moi.
Nous étions un vendredi, et ce fut le vendredi le plus long de ma vie. Les cours étaient interminables. Je n’avais qu’une envie : rentrer chez moi, rechercher des horaires, et la rappeler.
Tandis que j’étais dans mon rêve, un ami me réveilla.
« - Eh Alex ! »
« - Euh ouais ?
- Demain tu viens ?
- Comment ça, je viens où ?
- Soirée chez Antoine. Pas mal de terminales qui seront, je parie même que ta copine là, elle sera là.
- Hein ? Comment ça copine ?
- Ah c’est bon, pas besoin de faire le mec qui sait rien, t’arrêtes pas de la mater la petite Emma. »

Mince, j’étais vraiment démasqué. Si même lui avait pu voir que je la regardais… qu’en était -il des autres ?

« - Bon, tu viens ou pas ? » répéta-t-il.
« - Je sais pas, je verrai bien… »

Et un éclair me transperça l’esprit. Demain, c’était l’anniversaire à ma mère.





Encore une nuit difficile… je n’arrêtais pas de me réveiller en pensant à ce que je pourrais lui dire. Frénétiquement je regardais toujours dans mon répertoire le numéro d’Emma, pour vérifier qu’il n’avait pas, aussi stupide que ce soit, disparu. Le soleil se leva par la suite très vite, ma nuit n’en fut que raccourcie. Je me levais donc, pour ce grand jour, d’une manière calme, posée. Nous étions samedi, le jour de l’anniversaire de ma mère, le jour du changement de relation rêvé avec Emma, le jour de la soirée chez Antoine… Cela faisait beaucoup d’évènements en seul jour, pensais-je.

Je n’attendis pas plus longtemps pour aller tout de suite voir ma mère et lui souhaiter un joyeux anniversaire. Mais… quelque chose n’allait pas. Un sentiment étrange, similaire à de l’angoisse, apparu en moi.

Le cadeau !

J’avais oublié d’acheter un cadeau pour ma mère, moi qui avais prévu d’aller en magasin la veille. Fichue Emma. Elle me faisait tout oublier.
Que faire à présent ? De toute façon, je savais bien que ma mère ne réagirait pas au fait que je ne lui apporte pas de cadeau, au contraire, mais je n’avais quasiment jamais oublié de lui en offrir un depuis une dizaine d’année. Je ne pouvais pas trahir cette chaîne aujourd’hui. Il fallait donc trouver quelque chose. N’importe quoi. Un relevé de notes ? Non, ils étaient trop mauvais, impossible. Un bouquet de fleurs ? Mais comment ? Provenant du jardin ?

Le choix était compliqué. Je ne pouvais pas juste improviser un cadeau, ça ne se fait pas. J’optai alors pour une dernière solution : aller voir ma mère, lui souhaiter un joyeux anniversaire en lui disant qu’elle recevra son cadeau cet après-midi. Mais bien sûr, c’était la meilleure solution, pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ?!
En entrant dans le salon, je ne vis personne. Tiens ? Mes parents dormiraient-ils encore ? Pourtant le jour s’était levé. Vite, une montre…
Mince ! Il était seulement 7 heures du matin… Et mes parents ne se réveillent habituellement pas aussi tôt pendant un week-end.
De toute façon, j’étais maintenant debout, il n’était pas question que j’aille me recoucher. Alors j’allumai la télévision, tout en restant pensif au sujet d’aujourd’hui. Le problème était qu’à cette heure-ci, il n’y avait quasiment que des dessins animés, et je n’avais pas les chaînes câblées.
Je ne pouvais pas non plus me permettre de jouer de la guitare à cette heure-ci, alors il restait l’ordinateur.
En revenant vers ma chambre, une idée me traversa l’esprit. Pourquoi ne pas aller acheter le cadeau de ma mère maintenant ? Les magasins devraient ouvrir le temps que j’arrive en centre ville. Cette idée me paraissait la meilleure, alors je mis un jean, un t-shirt et en laissant soigneusement un mot sur la table, au cas où mon père se réveillerais, sorti de la maison.

Bon sang, il faisait froid à cette heure-ci, même en plein été ! J’aurais dû mettre une veste. Qu’importe, ce n’était pas le froid qui allait m’arrêter maintenant. Il fallait que je me dépêche de revenir chez moi avant le réveil de mes parents.

C’est alors que peu de temps après j’étais en centre ville. Il n’y avait pas encore beaucoup de monde à cette heure dans les rues. Les magasins ouvraient petit à petit, tandis que toutes les boulangeries étaient déjà ouvertes. Il fallait maintenant se décider. Qu’est ce que je pouvais bien offrir à ma mère ? Je voulais quelque chose d’original, mais ce n’était pas facile de trouver quoi. Dans mon vagabondage j’aperçus soudain au loin une silhouette familière. C’était celle d’une fille brune, aux chev…

Le choc. C’était elle.




Emma ? Ici ? Je devais rêver. Il fallait que je m’approche un peu plus discrètement pour en avoir le cœur net. Mais c’était bien elle, qui venait d’entrer chez un fleuriste. Je pouvais apercevoir ce qu’elle faisait depuis dehors, et elle était en train de composer un bouquet de tulipes.

Evidemment, une fois de plus, les coïncidences apparaissent. Les tulipes. Les fleurs préférées de ma mère. Comment était-ce possible ?
Dans tout les cas, je devais prendre une décision, rester sagement ici ou aller la voir ?
Je voulais savoir ce qu’elle faisait debout à une heure pareille. Mais mon choix fut de rester à attendre. Que pouvais-je lui dire ? Que j’avais passé une nuit à rêver d’elle et que je me retrouver dehors pour acheter le cadeau d’anniversaire de ma mère ? Non, non…

Elle remonta dans une voiture, accompagnée par une dame qui devait être sa mère, et s’éloigna au loin. Tiens ? Et si j’en profitais pour aller voir le fleuriste ?
Bonne idée, après tout. Le fleuriste me raconta que mon amie était venue acheter un bouquet pour l’anniversaire de sa tante. Mais pourquoi un bouquet de tulipes spécialement ? Ça, il n’en savait rien.

Je décidai alors moi aussi de prendre un bouquet de tulipes, après tout je n’avais pas vraiment envie de chercher un cadeau original pendant des heures.

Par chance, lorsque je rentrai chez moi, mes parents n’étaient pas encore réveillés. Je mis un film en me posant devant en ordinateur, pour attendre leur réveil. Love Actually. Un film qui me laissa, une fois de plus, rêveur.

Mes parents se réveillèrent par la suite. Je partis voir ma mère, mon bouquet de tulipes à la main. Elle était encore dans ses draps, à savourer son petit déjeuner, préparé spécialement pour ce jour par mon père !
« Joyeux anniversaire, maman ! » criai-je de bon cœur.
Je lui fis un câlin tandis que je lui passai les tulipes.
« - Oooh, elles sont magnifiques, merci mon chéri ! »
Et ma mère m’embrassa tendrement. Mince, si seulement c’était Emma qui pouvait se tenir là devant moi !

« - Tu fais quelque chose de spécial pour ton anniversaire ? » demandai-je.
« - Eh bien écoute mon père et moi avons décidé de réunir notre famille ce soir pour fêter tout ça…
- Ah d’accord. »

Mince… Réunion de famille…

« - On va préparer la soirée ensemble, d’accord ? »

Quoi ? Mais je n’étais pas là ce soir. Et zut, je n’en avais pas encore parlé à mes parents…
C’était presque impossible pour moi de rater l’anniversaire de ma mère, mon père ne l’accepterait pas, surtout si c’est pour passer la soirée à me saouler la gueule, comme il répétait souvent.

J’avais pour le coup un réel problème, à présent. Je ne pouvais pas aller à la soirée d’Antoine.
Après tout, il me restait le cinéma avec Emma.
Je me suis dit qu’après le repas de midi, je l’appellerai. Cela devait être une bonne heure.

C’est ainsi que le repas se déroula joyeusement, ma mère reçu beaucoup de cadeaux, et semblait ravie. Ce n’était en plus pas encore fini, vu le nombre d’invité que nous allions recevoir cet après-midi !


Il était maintenant 14 heures. C’était le temps de passer le coup de fil. Je n’en avais pour l’instant rien à faire du film qu’on allait regarder, tout ce que je voulais, c’est passer un moment avec elle, seul à seul.
Lentement je me mis à composer les numéros sur mon portable. J’avais à mon insu appris son numéro par cœur.
Ça y est, ça sonne. Sa tendre voix se ressentit de l’autre côté.

« Allô, Alex ? »


Entendre la voix d’Emma de l’autre bout du fil me rassura énormément.
« - Salut, Emma, tu vas bien ? Demandai-je impatiemment.
- Ça va et toi ?
- Ça peut aller. Euh… Dis-moi, je t’appelais au sujet de cet après-midi.
- Oui ! Bah écoute quelle heure pourrait t’arranger ?
- N’importe, je te laisse choisir… »

La conversation continua pendant plusieurs minutes. Emma et moi finalement décidâmes d’aller au cinéma aux alentours de 16 heures. A propos du film, il était clair qu’elle n’avait elle non plus rien choisi. Tout comme moi, elle déciderait sur place.

Je raccrochai.
J’étais à la fois soulagé et heureux. Je m’étais évidemment imaginé différentes scènes, en pensant qu’Emma trouverait une excuse de dernière minute, ou pire, oublierais carrément notre rendez-vous. Mais au contraire. C’était même elle qui me parlait le plus de ce cinéma. Je commençais vraiment à l’apprécier.

L’heure n’était plus maintenant aux rêveries. Je devais agir en homme, et pas en adolescent boutonneux, pour une fois. J’allais enfin m’apprêter à lui dire ce que je ressentais pour elle. Le moment était venu.
Les coups de 16 heures arrivèrent très vite tandis que je me posais beaucoup de questions. Que faire une fois arrivé là-bas ? Tout avouer avant la séance ? Après ? Et puis, est-ce que nous serons seuls ? Qui sait, si quelqu’un ne l’accompagne pas ?

Mon père m’emmena au cinéma. Il me répéta durant la route qu’il acceptait que je sorte cet après-midi, mais que ce soir, c’était interdit, à mon grand désespoir. Il me déposa devant et rentra à la maison. Maintenant, je devais chercher Emma. C’est un des moments les plus difficiles lors d’un rendez-vous, la rencontre… J’étais incroyablement stressé. J’allais passer quasiment deux heures avec la fille de mes rêves. J’attendais à l’intérieur lorsque soudain un doigt me tapota l’épaule. Brusquement, je me retournai.

« T’es en retard, Dom Juan ! »

C’était elle ! Tout en m’excusant, je lui fis la bise. Elle était apparemment seule, une première bonne nouvelle. Emma portait un jean quelque peu troué à certains endroits, des Converses, et un t-shirt des Sex Pistols. Ses cheveux longs bruns révélant ses magnifiques yeux n’étaient pas coiffé de l’habituel bonnet. Elle avait un petit nez fin, incroyablement craquant. J’étais quasiment figé sur son visage.

« - Alors, ce film ? » demanda-t-elle.
« - Je te laisse choisir…
- Oh, quel gentleman. » Dit-elle en plaisantant. « - Eh ben à vrai dire moi non plus je sais pas… »

Il n’y avait de toute façon pas dix mille choix à faire. Soit un film d’action hollywoodien, une comédie à la française ou encore un film d’horreur… et un autre film, à part. Un film que je ne pensais jamais aller voir. Twilight.

Je me disais, pourquoi pas un film d’amour, pour conclure avec elle ?! C’était ma foi une bonne idée, sur le coup. Et puis les filles adorent ces histoires de charmants « vampires » qui tombent amoureux, tout ça, tout ça. Le choix était donc fait pour ma part. Il ne restait plus qu’à entendre l’avis d’Emma.

« - Twilight ? Qu’est-ce que t’en penses ?
- Je sais pas trop. Oui, pourquoi pas, après tout. J’aimerais bien savoir pourquoi certaines de mes amies en sont totalement folles. » Assura-t-elle.

C’était décidé, le film en question serait Twilight. Au moins, elle n’avait pas l’air d’être dingue de ce pseudo-film de vampires !
Je partis acheter du pop-corn pour elle et moi, et la rejoignit rapidement. Nous nous installâmes aux sièges les plus en haut de la salle. La séance allait commencer.



Comme je le pensais, le film n’était vraiment pas génial. Ce teen-movie de vampires, parfumé à l’eau de rose, n’était pas vraiment le pire des navets, mais vraiment un film de filles… Je devais en tout cas avouer que l’actrice principale était plutôt jolie, ce qui sauvait un peu l’honneur du film.
J’étais curieux de savoir ce qu’Emma en avait pensé. Je lui posai la question.

« - Je sais pas… disons juste que c’est une sorte de divertissement. » Affirma-t-elle.

Ouf… elle, au moins, n’était pas devenu folle à lier de ce je-ne-sais-plus-qui de vieux vampire à la noix.

« - Mais il est sûr que ce genre d’histoire d’amour, ça laisse rêveur… » ajouta-t-elle.

Histoire d’amour ? Rêveur ? Qu’a voulu t’elle dire par là ..? Peut-être qu’elle aimerait elle aussi une relation d’amour de ce genre. En tout cas, cette phrase était spéciale. Elle pouvait en dire long sur ce qu’Emma ressentait, tout comme cela pouvait être juste une phrase comme une autre, banale.

L’heure n’était pas aux questions ! Je devais agir. Nous allions nous quitter dans une poignée de minutes, maintenant qu’Emma avait appelé ses parents, pour qu’ils viennent la chercher.
Que pouvais-je lui dire ? Et surtout, comment ?
Je réfléchissais encore et encore, pendant que nous discutions de quelques scènes du film…
Bon, je n’avais plus le temps. Il fallait improviser. C’est alors que pendant un « blanc » dans notre discussion, je décidai de lui dire.

« - Emma ? » demandai-je timidement.
« - Oui ?
- Je voulais te dire… euh… enfin, je voulais te remercier d’être venue, c’est sympa… »

J’étais tellement hésitant. Et horriblement gêné qui plus est !

« - Non, c’est rien, c’est moi qui te remercie. On ne m’avait jamais vraiment invité avant. »

Tiens donc ? Une jolie fille comme elle ?
Ce n’était plus l’heure des questions, je devais lui dire !

« - Ecoute, euh, en réalité, j’apprécie beaucoup ta compagnie. Et j’aimerais savoir si… toi et moi, on pourrait apprendre à … se connaître ? Un peu plus ? Enfin, voilà, tu me comprends… »

Elle me fit un de ses plus beaux sourires tout en rigolant secrètement, quand elle aperçut la voiture de sa mère arriver.

« - Je vois très bien ce que tu veux dire, oui, rassure-toi. »

Elle me quitta en me laissant un baiser sur la joue, et me fit un clin d’œil avant de rentrer dans sa voiture, qui s’éloigna au loin.

Il n’y avait pas de mots pour décrire ce que je ressentais à ce moment là.
Elle… elle…


TUUUUT !
Le klaxon de la voiture de mon père se fit entendre. J’avais même oublié que moi aussi j’avais appelé mon père, tout à l’heure !
Il me parla pendant tout le trajet. Etrangement, je l’écoutais, mais je ne l’entendais pas !
Mes pensées étaient ailleurs, mes pensées étaient confuses, mes pensées étaient pour elle.

Je rentrai à la maison, fou de joie. Mon père, je le crois, avait dû comprendre ce qui m’était arrivé ! Ce qui d’ailleurs le laissa assez indifférent. Qui sait s’il n’avait pas fait la même chose que moi pour Maman.
J’entrai dans ma chambre et sautai sur mon lit. Vite, il fallait que je mette un peu de musique.
Le choix était tellement vaste, mais je décidai de mettre un de mes morceaux préférés, Life on Mars ?*

[NB : Vous pouvez écouter vous aussi Life on Mars ? de David Bowie, c’est un grand plus pour comprendre les sentiments d’Alex.]

Magnifique morceau. Le piano est incroyable, la voix est tellement chargée d’émotions. C’était le meilleur titre de David Bowie, et de loin.
Cette chanson m’illumina de l’intérieur. La fin du morceau, tout en apothéose, me laisse imaginer cette histoire d’amour qui finalement était quasiment conclue avec Emma.

J’étais heureux, je peux le dire, j’étais tellement heureux.


Et je l’aimais tellement.


Driiing.
Message.
Message d’Emma !
Tiens donc, qu’est-ce qu’elle voulait ?
Je m’empressais vite de l’ouvrir, en explosant les touches de mon foutu portable qui voulait pas se déverrouiller.

‘ On se voit c’soir ? Bsx’

Aaaah mince, je ne lui avais pas dit que je n’étais pas là. Bref. Je devais maintenant le faire. Je répondis rapidement, et attendis pour son prochain message, qui arriva quelques minutes après.

‘ Ah? Ok… bah passe une bonne soirée et joyeux anniversaire à ta mère de ma part ! J’t’embrasse fort. ‘

Ce message me calma un peu. Je n’allais pas rester avec Emma toute cette soirée… J’espère que tout se passera bien pour elle. Ma mère m’arrache de mon rêve quelques minutes plus tard. Il y avait beaucoup de choses à préparer pour ce soir.
Dans ces moments, on a l’impression que tout va bien. Qu’importe ce que je devais faire, je l’aurais fait. Si ma mère m’avait demandé de faire dix mille choses, je les aurais faites, tellement je me sentais bien.
La soirée venait d’ailleurs à grands pas et les invités commençaient à arriver. Parmi eux il y avait ma grand-mère, la « radoteuse », comme l’appelait souvent mon père, mes cousins et cousines, mon oncle… Bref il y avait presque tout le monde !
Les repas étaient préparé en grande quantité, des rôtis, des frites pour les plus jeunes, des patates sautées, des fondues, des raclettes… On se régalait, c’était sûr. Surtout quand Papa s’amusait à danser avec Maman sur un petit air de valse ! Ils s’aimaient encore depuis plus de 20 ans… Magnifique.
Avec tout ça j’avais presque oublié mon après-midi. Mais malheureusement, mon portable, ne l’avait pas oublié.
Il vibra dans ma poche et je reçu un message de mon ami Antoine, justement.

‘Eh mec c cho ta copine la elle embrasse 1 autre gars là’





Non… non...! …
____________________________________




Je devais rêver, non, pas elle, c’était impossible.
Il était juste saoul, n’a pas bien vu qui embrassait qui et m’a envoyé un message à la va vite…
Non… Pourquoi elle… Pourquoi ça n’arrivait qu’à moi….

Le sourire que j’avais au visage avait totalement disparu. Maintenant, il ne résidait plus qu’une tristesse au fond de moi, un sentiment proche du dégoût…
Le numéro d’Antoine était difficile à composer. Je sentais ma main trembler en portant mon mobile à mes oreilles.
Une première sonnerie… Puis deux…
« - Allo ? Ouais ? Alex ? »
Antoine était difficile à entendre au milieu de toute cette musique. J’avais beau lui parler, il n’entendait rien.
« - ATTENDS ! Attends, je sors, deux sec’ ! » Cria-t-il à travers le téléphone.
« - C’est bon, tu m’entends mieux ?
- Ouais, c’est bon, qu’est-ce qu’il y a ?
- Dis moi que c’est pas vrai, dis moi qu’elle n’embrasse pas quelqu’un d’autre…
- Euh… J’suis désolé vieux, mais elle n’a pas beaucoup bu, et on dirait qu’elle y prend du plaisir, t’aurais vraiment dû trouver un moyen pour ve… »


Assez. Je ne pouvais en entendre plus. Emma, ma belle Emma…
Elle venait de s’envoler sous mes yeux.
J’étais dégoûté. Simplement. Je ne pouvais pas y croire, cette fille qui m’avait semblé si proche, si complice. Elle m’avait totalement oublié et l’alcool n’était pas le responsable. Qu’ai-je fait… ?

Je n’avais pas le cœur à rester plus longtemps avec ma famille. Mon excuse pour m’enfuir de la fête ? La fatigue, bien sûr… ça marche à tous les coups. Je n’avais même pas pris le temps de me déshabiller que je sautais déjà dans mon lit pour m’endormir. Demain, j’allais l’appeler. Elle me devait des explications. J’avais des tas de questions à lui poser.

Cette nuit fut horrible. Entre les cauchemars et toutes ces histoires, je n’arrivais pas à m’endormir. Je n’arrêtais pas de me poser des questions. Ces moments-là sont sûrement les pires que j’ai vécus.
Je parvins finalement à m’endormir, pour quelques heures seulement.
Ma mère me réveilla. Elle n’était pas visiblement pas très contente du fait que je sois parti dormir si vite, abandonnant tout le monde. Elle ne comprenait pas qu’après tout j’avais le droit d’être fatigué…
Je m’étais dit que j’appellerais Emma peu avant midi, je n’avais juste pas envie d’attendre. Il était seulement 10 heures. Pour attendre, j’allumai la télé. Super, encore des émissions stupides. Au moins, elles avaient le mérite de faire passer le temps…

L’heure où je devais appeler Emma arriva donc. Je pris mon portable et composai le numéro…
Quelques tonalités ensuite, elle décrocha.
« - Alex, je sais pourquoi tu m’appelles… »
Visiblement, mademoiselle était déjà au courant.
Je ne m’étais pas préparé à la discussion, à ce que je pourrais lui demander, et surtout comment… Mais les mots me venaient facilement.
« - Pourquoi ? Pourquoi tu m’as fait ça… ? »
Ma voix était remplie de désespoir.
« - Ecoute Alex, je t’aime bien tu sais, mais pour moi tu étais juste un ami, un très bon ami… »
A ce moment j’eus un rire nerveux. Un ami ?
Un ami …!

« - Comment ça ? Un ami ? Mais tu es aveugle ou quoi ? Le ciné, le bahut… Comment tu pouvais penser que je voulais juste rester un ami ?
- Sois pas désagréable s’il te plaît…
- Désagréable ? Attends, c’est à moi que tu dis ça ? J’embrasse pas d’autres filles en soirée ma chère… »

Le ton d’Emma monta d’un cran. Elle commençait à se mettre en colère, elle aussi.

« - Arrête ! On est pas ensemble d’accord ? Et on était pas ensemble hier , à ce que je sache. J’ai encore le droit de faire de ce que je veux, non ?
- Incroyable… Comment t’as pu… Et c’est qui le mec en question ?
- Mathéo…
- … Ecoute, me parle plus. Tu me dégoûtes, j’peux pas y croire… Je t’aimais… »

En même temps que ces deux derniers mots des larmes s’écoulèrent de mes yeux. C’était la première fois qu’une fille m’avait fait autant d’effet et c’était la première fois qu’une fille m’avait fait aussi mal.
Elle essayait évidemment de me rappeler. J’étais partagé. Je ne savais pas quoi faire. Je voulais entendre sa douce voix me parler encore et encore, mais en même temps je ne supportais pas ce qu’elle m’avait fait.
Tant pis. La tentation était trop grande, je répondis à l’appel.

« - Allo…
- Alex… m’en veut pas mais tu dois me comprendre…
- Comprendre quoi ? Comprendre pourquoi tu sors avec un mec que tu connais depuis quelques heures à peine ? Non, désolé, je comprends pas…
- ça s’appelle une rencontre…
- Mais Emma… Toi et moi, t’y as pensé ? Ce baiser après le cinéma, il voulait rien dire ? »

Elle n’arrivait plus à s’expliquer. Alors je raccrochai une fois de plus.
Je ne voulais pas y croire, une fille comme elle, que je pensais parfaite, aussi naïve ?


Le retour au lycée fut étrange. Cette fois, on ne se regardait plus, on ne se parlait plus, on ne rigolait plus ensemble. Elle s’amusait de son côté tandis que je restais du mien, à observer, à attendre, en vain. Elle semblait heureuse avec ce looser de Mathéo. Un mec qui n’avait sûrement pas plus d’esprit qu’une moule. Les filles choisissent n’importe qui, le premier beau mec venu en soirée et hop… Pff, comme d’habitude, c’est toujours pareil.
J’aurais bien voulu m’expliquer avec elle, en face à face, mais ce n’était pas même pas possible. Alors il restait une solution : le bus. C’était le seul endroit où je pouvais aller lui parler sans gêne.
Je n’avais rien écouté de la journée, j’étais totalement dans les nuages, perdu. J’attendais impatiemment de m’assoir à côté d’elle. De la sentir près de moi… après tout et contre mon gré, je l’aimais toujours autant… Y avait-il un espoir ?

Je n’avais pas noté le travail pour demain, à vrai dire, je n’en avais rien à faire. Ce n’était pas sur le moment ce qui m’intéressait. Il était 17 heures. Et j’allais la rejoindre dans le bus.

Elle était déjà assise quand je rentrai dedans. En passant près d’elle je n’avais pas pu croiser son regard. Elle m’évitait.
Une demi-heure plus tard, c’était le bon moment. Il n’y avait plus personne à côté d’elle. Je pris alors mon courage à deux mains.

Je m’installai doucement à côté d’elle. Elle avait posé son coude sur le rebord de la fenêtre, et appuyait sa tête contre sa main. Ses yeux défilèrent quelques secondes. Elle m’avait aperçu, mais elle ne disait rien. J’engageai alors la conversation.

« - J’ai toujours du mal à y croire, mais je dois me rendre à l’évidence, tu ne m’as jamais vraiment aimé… »

Emma ne répondit pas. Elle regardait toujours droit devant elle.

« - Excuse-moi d’y avoir cru, je te voyais comme la fille parfait à mes yeux, je… »

Elle me coupa la parole à ce moment.

« - C’est bon ça va maintenant Alex, j’ai compris, et maintenant laisse moi s’il te plaît. »

Le message était passé.
Le bus s’arrêta, et elle devait maintenant descendre. J’essayai tout de même de lui dire au revoir, lui faire la bise, mais elle me dévisagea une fois de plus.
Je me souviendrais toujours de ses dernières paroles.


« - On sera jamais ensemble, alors maintenant lâche moi, d’accord ?! »



Et elle sortit du bus, les larmes aux yeux.








Trois mois avaient passé depuis cette dernière dispute entre moi et Emma. Je me réveillais ce matin-là sous un soleil éclatant, le temps idéal pour aller se promener, un peu.
J’allais encore une fois la retrouver aujourd’hui, la fille que j’ai aimé pour la première fois, la fille qui m’avait fait rêver.
Je dormais mieux depuis quelques temps. Aujourd’hui, je m’étais levé sans trop de difficulté.
Ma mère m’avait comme d’habitude préparé le petit déjeuner. Je descendis pour lui dire bonjour, avec un câlin en récompense. Je ne me sentais ni bien, ni mal, je ne savais pas vraiment ce que je voulais. Alors je vivais ma vie, comme si de rien n’était.
Comme chaque matin, je me mettais en route un peu plus tôt. Je devais aller en ville et passer chez cette fleuriste, qu’Emma aime tant.
La madame m’accueilli à bras ouverts. Ma commande était déjà prête, posée sur la table. Je payai et repartit aussitôt. Je ne croisais pas grand-monde sur le chemin, il fallait avouer que l’heure était très matinale.

Quelques minutes plus tard, j’étais enfin arrivé. La grille était ouverte. J’entrais par le couloir principal en me dirigeant vers elle.
La fleur que j’avais achetée était une tulipe. Une tulipe blanche. La fleur préférée d’Emma.
Le geste que je venais de faire, je le faisais quotidiennement depuis deux mois.
Je lançai la tulipe, qui tomba délicatement sur la tombe.



Emma était décédée deux mois auparavant. Sa maladie avait eu raison d’elle. Elle était jeune, tellement jeune et nous avait quitté sans rien nous dire, sans rien nous laisser, sans rien laisser transparaître.
Elle nous avait laissé. Elle m’avait laissé. Mais j’étais heureux pour elle.
Je marmonnais quelques paroles au portrait d’Emma accroché sur le haut de la pierre. Je lui racontais parfois ma vie, ce qui se passait pendant qu’elle n’était pas là. Je m’amusais encore à lui raconter les bêtises de certains amis, comme Antoine.


La seule chose qu’Emma m’avait laissée était une lettre à mon mot. Elle l’avait sûrement écrite quelques semaines avant sa mort, de peur que la maladie ne lui enlève la force d’écrire ces derniers mots.
« Alex.
Je t’écris cette lettre, et je ne veux pas que tu sois triste après l’avoir lue. Je suis heureuse là où je suis maintenant, je pense à toi, et je veux que toi aussi, tu sois fort, et que tu sois heureux dans ta vie.
Premièrement, j’aimerais m’excuser auprès de toi. J’espère que tu me comprendras, je ne voulais rien te dire, je ne voulais rien dire à personne, c’était une chose personnelle qui n’avait pas le besoin d’être révélée. Si tu lis cette lettre, c’est que ma maladie m’a sûrement emportée, il fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre.
Tu sais, je n’ai pas eu beaucoup de chance. J’ai dû attraper ce mal à ma naissance, alors que j’avais rien demandée, et en plus, je rencontre le garçon parfait avec lequel je ne pourrais pas vivre. Je n’ai pas eu beaucoup de chance donc, mais saches que j’ai été heureuse. Auprès de ma famille, auprès de mes amis, auprès de toi, je n’ai jamais été déçue. J’ai toujours vécu ma vie en oubliant le lendemain, en oubliant qu’un jour je m’en irais. Et ça, c’est grâce à vous, à toi.
Si j’ai passé de très bons moments avec ma famille et mes amis, ceux avec toi étaient sûrement les meilleurs. Je sais que c’est inutile de le dire à présent, mais je t’aimais, je t’aimais comme toi tu m’aimais. J’appréciais toujours ta présence, que tu sois auprès de moi. Et moi aussi, je me sentais mal quand on se disputait. Mais je devais tout te cacher.
Excuse-moi encore une fois de n’avoir rien dit, de m’être mal comportée, mais tu dois me comprendre, j’ai fait ça pour ton bien. Si j’étais sortie avec toi, et tout le reste, tu te serais trop attachée. Je ne voulais pas que quelqu’un s’attache à moi, car je connaissais mon sort…
J’en ai peut-être trop fait de temps en temps, notamment à cette soirée… Mais je vivais ma vie, je voulais profiter de ces derniers instants qui me restaient, je voulais tout essayer, faire le tour du monde !
Hélas je ne pouvais pas. Alors oui, j’ai fait quelques bêtises. Mais bref, je ne vais pas épiloguer là-dessus. Je sais que tu m’excuseras, je te connais bien après tout, pour avoir été ta meilleure amie. »

A la fin de ce passage Emma avait griffonné un smiley. J’avais l’impression qu’elle me souriait, et je lui souriais à mon tour.


« Je voudrais que tu passes de temps en temps me voir, là où je me reposerai. J’aimerais que tu viennes me raconter un peu comment se passe ta vie, comment se porte le monde… Ne t’inquiète pas, je serai là, je t’écouterai.
Même si je sais qu’un jour tu m’oublieras, comme tout le monde, j’aimerais quand même que tu viennes. Jusqu’au jour où tu ne te rappelleras plus de mon prénom.
Je voudrais répéter pour finir que j’ai été heureuse, mon amour, à tes côtés, et je te remercie. Nous n’avons rien pu partager ensemble, mais c’est la vie. C’est dans la nature des choses, certaines personnes on plus de chance que d’autres, que veux-tu.
S’il te plaît, ne sois pas triste, je veux que tu sois heureux. Je te souhaite tout le bonheur du monde.
Je t’en prie, prends soin de toi.



Ta petite amoureuse,
Emma. »


La première fois que j’ai lu cette lettre, je n’avais pas pu retenir mes larmes. Mais au fil du temps, j’ai appris à écouter Emma, et à faire ce qu’elle m’avait demandé.
Quoi qu’il arrive la douleur était toujours là. Je ne voulais pas y croire, je me disais toujours qu’un jour quelqu’un me réveillerait et me ramènerait à la réalité.
Mais je ne pouvais rien faire. Emma était partie pour de bon. Elle n’allait jamais revenir.

Ma vie continuait.
Rien n’avait plus aucun sens, aucune saveur. Chaque chose que je faisais était systématiquement ternie par son absence.
Le temps allait-il me guérir ? Je ne le savais pas moi-même.
Pourquoi moi, Emma, pourquoi nous…




Les jours passaient et se ressemblaient fortement. Mon année avait été sérieusement bouleversée, et même si chacun essayait de me réconforter, la blessure était bel et bien là, et ma vie ne s’arrêtait pas à cause d’elle. Je dois t’écouter, je dois trouver la force, et je dois surmonter cette épreuve.





Mais je ne veux pas vivre sans toi.
















Je ne peux juste pas vivre sans toi.


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