Note de la fic : :noel: :noel:

La Pire des Cibles


Par : Hev
Genre : Action, Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Entrée


Publié le 04/01/2011 à 17:13:56 par Hev

         C'était la dernière ligne droite. Il ne restait plus que quelques mètres avant la grande bâtisse. Derrière, le reste des morts-vivants se rapprochait, courait, boitait, clopinait ou rampait sur le béton, mais ne s'arrêtait pas une seconde de poursuivre leurs derniers bouts de viande fraîche si résolus à se défendre. Les tirs de balle éclataient à travers tout Brookshire Street.

         Encerclés par une furieuse trentaine de cadavres en mouvement, Gordon, Sylviane et Jeff s'efforçaient de mitrailler ce qu'ils pouvaient en se hâtant de rejoindre leur ultime abri. Le nombre de cibles ne semblait jamais diminuer. Le sang jaillissait de partout sous le radieux soleil d'Avril. Alors qu'il arrivait en tête sur le palier de la porte, Jeff prit son élan, et rua son épaule contre l'entrée de la bâtisse. Le verrou de celle-ci teint malheureusement bon. Sylviane se posta dos à son ami et déchargea une volée de balles sur leurs poursuivants avec ses deux semi-automatiques trempés par la sueur. Face à elle, Gordon canardait accroupi la horde folle à l'aide de son pistolet mitrailleur rouge de surchauffe, tout comme d'hémoglobine.

         Après quelques secondes de grimace, Jeff inspira de nouveau, recula, puis abattit son pied avec force sur la porte immobile. Encore raté. Les zombies, tout autour, continuaient de gagner du terrain. Le grondement de leurs pas sur la chaussée brulantes suffisait seul à crisper le pauvre homme. Il recula un dernière fois en tremblant de tous ses membres. Les humanoïdes affamés gémissaient comme des chiens, derrière lui. Jeff vida tout l'air de ses poumons dans un hurlement bestial, et se précipita sur la porte de tout son poids.

         Le verrou céda enfin. Le jeune homme fut emporté titubant dans la noirceur de la bâtisse.

         Pendant ce temps, Sylviane tirait le col de son allié en retrait pour lui dire de se réfugier à l'intérieur, avant d'y partir elle-même à toutes jambes. Gordon arrêta ses rafales de tirs et chercha soudain un objet à sa ceinture. Il en sortit bien vite une grenade dégoupillée qu'il lança immédiatement droit sur le groupe de monstres livides, avant de suivre prestement le chemin de son amie. Jeff les attendait tous deux dans le hall pour refermer après leur passage. Le trio se plaqua d'un même mouvement contre la porte, tambourinée alors par une dizaine de poings rageurs. Gordon ferma les yeux. Jeff ne pouvait toujours pas s'empêcher de trembler. Les secondes parurent durer, durer, durer...

         Soudain, une puissante explosion retentit de l'autre coté de la paroi, et avec elle l'écartèlement subit d'une multitude de corps flasques. La chute de plusieurs membres et bustes résonna jusqu'aux oreilles des humains, plongés tout durant dans une forte pénombre. Il leur fallut un long moment pour se calmer d'une telle secousse. Le silence retomba lentement dans le hall obscur. Le danger semblait écarté. Progressivement, les trois survivants se laissèrent glisser contre leur paroi protectrice, jusqu'au plancher, et soupirèrent enfin. C'était fini.

         « Putain de merde ! » jura Gordon, en proie à un certain désespoir.

         Jeff patienta encore quelques instants, avant d'allumer sa lampe dans le noir de la pièce. Les trois figures de la petite bande s'éclairèrent. L'apprenti grenadier protégea ses yeux verts du faisceau lumineux avec une main gantée. Une maigre tignasse laissait descendre sur ses sourcils plusieurs mèches châtains clairs, et un bouc fin poussait sur son menton. A sa gauche, les joues de Jeff palissaient à vue d'½il, saillantes et contractées. Une chevelure noire de jais accentuait encore plus cette blancheur de visage. Et à sa propre gauche, il y avait une pauvre jeune femme rousse dont le regard restait fixé devant elle, comme absent.

         « J'ai cru que cette fois, c'était la bonne... » expira Sylviane à bout de souffle.

         Le possesseur de la lampe se leva tant bien que mal sous la chape d'obscurité et inspecta les lieux avec prudence. Ceux-ci étaient délimités par des murs plutôt étroits où la peinture avait tendance à s'effriter. Trois tableaux miniatures étaient restés accrochés à hauteur de regard, cependant que deux autres gisaient par terre, en morceaux. Seul une commode d'un mètre et quelques meublait cette simple pièce de transition. Une porte à l'opposé de la sortie semblait donner sur le salon, dont l'obscurité était tout aussi impénétrable que ne l'était tantôt le hall. Au fur et à mesure, les trois amis s'était faits à la faible luminosité ambiante.

         « Attendez... Où est Sam ? s'enquit soudain la rouquine, qui s'était pendant ce temps levée comme tout le monde alors.

         Les deux garçons échangèrent un regard.

         - Il est allé aider Mallory dans la petite cour, répondit Gordon en toussant.

         - Ah, putain... » soupira la jeune femme avec lassitude.

         Plus personne ne parla pendant quelques secondes. Cela ne leur était pas nécessaire. Tous pensaient à la même chose : qu'il allait leur falloir rouvrir cette porte pour rejoindre leurs camarades, ou pour permettre à ceux-ci de les rejoindre. Jeff avala sa salive, anxieux de devoir affronter à nouveau le danger. Un long moment d'hésitation suspendit leurs gestes, jusqu'à ce que Gordon se désigne enfin lui-même, pour passer en premier.

         « Donne-moi ton flingue », fit-il à Sylviane la main tendue vers l'une des siennes.

         La jeune femme ne se fit pas prier, lâchant sans attendre l'arme qui serait bientôt chargée les protéger. Son ami l'empoigna, la rechargea avec une munition du sac à dos de Jeff, puis se positionna devant la porte entrouverte. Le crépitement des flammes à l'extérieur résonnait par la fine ouverture. Tout doucement, avec précaution, Gordon y jeta un ½il pour inspecter les lieux. De nombreux corps continuaient de bruler sur le trottoir, éventant leur odeur putride jusqu'à dix mètres à la ronde. Les narines de l'intrépide humain se retroussèrent, quand soudain il fut surpris par un zombie qui, sonné, errait devant la porte, juste dans son champs de vision. Toujours en gardant son sang froid, sans geste brusque, Gordon fit quelques pas en retrait, afin de pouvoir entièrement tendre ses bras à l'abri des regards hostiles. Sa main gauche vint tenir sa main droite agrippée au manche du pistolet. Sa joue vint se coller contre son épaule droite. Son ½il gauche se ferma.

         Bam. Sylviane se plaquait les mains sur ses oreilles. Bam. Le zombie tombait à terre.

         Instantanément, les cris d'un suivant se firent entendre à travers le mur, et leur émetteur courut à toute vitesse vers l'origine du bruit. Gordon écouta ses pas frénétiques chercher l'entrée du bâtiment. A la terrifiante surprise de ses amis, il ouvrit alors grand la porte, ce qui n'eut d'autre effet que de faciliter son repérage par le monstre. Celui se précipita encore plus rapidement dans leur direction. Et ce fut juste avant qu'il ne pénètre à l'intérieur, lorsque les trois humains eurent à peine le temps de voir sa face blêmie, que Gordon lui claqua littéralement la porte au nez, projetant sa carcasse dos au bitume. Une fois l'ennemi à terre, l'homme armé sortit enfin de la bâtisse et l'acheva d'une balle expéditive dans la tête. Bam.

         Gordon ne s'arrêta pas pour autant de marcher entre les cadavres incandescents, enjambant sa triste victime, le regard braqué au loin. Les rayons du jour firent briller les traces de sang qu'il avait sur son t-shirt de Korn. Il scruta avec vigilance l'autre bout de la rue, jusqu'à ce qu'une autre créature s'y présente en train d'accourir vers lui. Le jeune homme posa un genou au sol, tendit ses deux bras, visa attentivement,... et tira. Bam. Bam. Bam. Un impact dans la poitrine. Un dans le cou. Un dans le crâne. Le monstre n'avait pas eu le temps de franchir une foulée.

         Il tomba inerte sur la chaussée, rendant la zone apparemment sécurisée. Jeff et Sylviane sortirent à leur tour du bâtiment au cas où leurs amis retardataires aient besoin d'eux dès leur arrivée. L'un s'était habillé d'une chemise aux couleurs inopportunément claires, et l'autre revêtait un débardeur d'un gris plus sombre. Pendant ce temps, Gordon, lui, s'éloignait au milieu du carnage de feu, malgré la suffocante odeur de brûlé qui y régnait maintenant. L'attente ne dura pour eux pas plus de trente secondes. Bientôt, deux silhouettes se profilèrent dans la brume soulevée par les flammes, et les trois comparses reconnurent là leurs amis demeurés en retrait, le chauve Sam et la brune Mallory.


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