Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Les mémoires du Cahier Jaune


Par : Salmanzare
Genre : Sentimental, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Mise en place


Publié le 24/01/2011 à 20:48:00 par Salmanzare

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Étonnamment, ce sont les petits détails qui me marquent le plus. Je serais incapable de dire ce que j'ai ressenti lors de mon entrée au collège, ni même de ce que j'y ai fait. Les gens disent souvent que c'est un moment important. Pour ma part, je n'en garde aucune trace.
Pourtant, je me souviens de ce lundi humide où j'ai trouvé une boucle d'oreille dans le couloir de mon immeuble. Elle n'était pas vraiment belle cette babiole en forme d'éléphant. Où se trouvait sa soeur jumelle ? Je n'ai pas pu m'empêcher de la ramasser, de la regarder un bref instant avant de finir par la jeter dans un tiroir de mon meuble télé.
J'ai ensuite fermé la fenêtre de ma chambre et je me suis soudain trouvé envahi par une douce nostalgie. J'ai rouvert le tiroir en forçant un peu, le bazar accumulé dedans bloquait les rails coulissants. Un à-coup plus tard et j'avais de nouveau cette boucle d'oreille. Je me suis laissé tombé sur le lit, le bijou solitaire dans la main et Fugain qui résonnait à la radio. Nostalgie...
Je serais bien incapable de dire ce que j'ai fait la semaine dernière mais je me souviens précisément huit ans après du vent qui faisait voler ses cheveux et du foulard rouge qui s'envola loin de nous. A ce moment, rien d'autre n'existait que ses yeux émeraudes.
Qui était-elle cette jeune fille inconnue à la boucle d'oreille perdue qui me ramenait au milieu de souvenirs lointains ?

Ce lundi là, j'ai attendu un coup de fil de Sarah. Je savais bien qu'elle ne m'appellerait pas. Elle n'avait aucune raison pour ça. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de l’espérer. Il me fallait une amie à qui parler de ce trouble grandissant, de ce chaos qui se mettait en marche dans mon esprit. Il fallait que je le rationalise auprès d'une personne qui me connaissait bien.
Il n'y eut aucun coup de fil et la fatigue me terrassa. Je pourrais tomber amoureux de toi avais-je dit quelques instants plus tôt à une fille que je venais de connaître... Il fallait que je le raconte à Sarah. Quelle étrange folie tout de même me dis-je avant de sombrer.

Quelques jours plus tard, ils ont viré le vieux gardien de l'immeuble. Eux ? Le syndic. Putain de syndic ! C'est un mot que tu peux pas aimer. Comment tu peux aimer des anonymes qui t'écrivent une lettre périodique. Ils ont viré le vieux gardien en évitant soigneusement de préciser que c'était pour son alcoolisme. La raison bienséante étant « une incapacité provisoire à effectuer un travail irréprochable ». Tu sais ce qui est le plus marrant ? C'est que je le connaissais à peine ce vieux. Trois ans de vie au même endroit et même son prénom reste un mystère. Je ne retiendrais que son penchant pour la boisson et de son haleine légèrement chargée les quelques fois où nous aurons échangé un bref bonjour. Quelle tristesse. J'aimerais partir en guerre contre le syndic ! Contre le monde qui tourne plus très rond et les gens qui virent les moins aidés. Mais à qui puis-je en vouloir sinon qu'à moi même ? Je n'ai jamais eu l'humanité nécessaire pour m'intéresser à ce personnage. Relégué à jamais au rang de décors dans le quotidien de ma vie.

Pauvre con.


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Etrangement, j'ai d'abord eu peur de vivre avant d'avoir peur de mourir. L'éternité solitaire et terrifiante d'un atome de carbone.
Je repense de plus en plus à cette inconnue. Pas celle de la boucle non. Pas celle là en particulier. Mais à toutes ces filles que j'ai croisé et qui le sont devenues. Toutes ces histoires commencées, toutes ces histoires fantasmées ! « Je pourrais tomber amoureux de toi ». Comment cette phrase peut-elle soudainement m'obséder au point que j'en vienne à oublier tout le reste ? Puis-je aimer une femme sans avoir clos toutes ces autres histoires ?

- La plupart n'ont jamais existé ailleurs que dans ton imaginaire. Ce n'était que des possibilités. Les autres en suspens pouvaient le devenir, tu as manqué de courage. Les quelques rares aventures, tu les as transformé en échecs cuisants. Et tu voudrais clore tout ce qui n'a jamais réellement eu lieu ? Brusquement ?! Revenir dans leurs vies ? Un coucou c'est moi, le voisin de classe de la sixième D... Tu es naïf.

J'ai toujours eu un démon à tête de chat pour me pourrir la vie. Je ne me l'explique pas moi même mais il est là, toujours à mes côtés guettant l'instant parfait pour sa raillerie. Je m'en suis presque fait un ami avec le temps.

- Tu sais ? Elles ne valent pas cette débauche d'efforts. C'est vain.

Et pourquoi pas ?


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