Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

FunkyStar


Par : MonsieurClayton
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Première partie.


Publié le 30/04/2011 à 18:16:11 par MonsieurClayton

Clive était en bordure de la route East/West-88, qui reliait New-Chicago et Paris. Direction Est. Le soleil de plomb pesait sur la lande désertique mais effleurait tout juste la peau noire du voyageur. Il attendait que la borne de recharge remplisse en énergie d'Alma sa Chevrolet "Free Bird" flambant neuve. L'Alma était une nouvelle énergie découverte par un Coréen, ou un Sud-Thaïlandais. Il ne savait pas trop, et à vrai dire s'en fichait. Tout ce qu'il savait c'était que ça marchait et que les ressources étaient presque inépuisables, ce dont les humains avaient bien besoin depuis qu'on avait brûlé la dernière goutte de pétrole il y a plus de cinquante ans.
Pour patienter il écoutait le tic-tac de sa montre à quartz. Un mode de fonctionnement dépassé, mais recherché pour la minutie et la finesse du mécanisme, remplacé aujourd'hui par de l'électronique pure. Le bruit le détendait. Il fumait également du tabac qu'il s'était procuré au marché noir de New-Chicago, où l'on peut dénicher à peu près n'importe quoi... Si l'on y met le prix. Depuis "l'Unification", beaucoup de produits autrefois courants était désormais interdit par l'État. Mais New-Chicago restait un lieu très difficile à contrôler et épicentre du mouvement subversif et contestataire.
Il s'en écartait cependant pour livrer un paquet à Paris. Un paquet qu'on lui avait interdit d'ouvrir. Mais il savait bien que celui-ci était bourré de Coke ou d'un quelconque autre produit tout à fait illégal. Clive savait qu'il risquait l'exil pour "possession de biens nuisible à l'État et à ses citoyens" mais il s'en fichait. Ce monde unifié ne lui plaisait pas. Et bien que l'exil consistait en une errance perpétuelle sur une lune artificielle de Mars, il était satisfait tant qu'il agissait contre l'état. Après ce boulot il aurait assez d'argent pour acheter un appartement à New-Chicago et arrêter de dormir chez des connaissances ou des filles d'un soir.
La machine sonna et Clive passa une de ses fausses cartes de crédit dans la fente. Le paiement fut accepté.
Il grimpa aussitôt dans sa voiture en faisant attention à ce que son énorme coupe afro - coupe qu'il avait découverte dans des vidéos d'archives du siècle passé - ne touche pas le capot.
Le véhicule quitta le sol dans un éclat de lumière bleuâtre et perça à travers le désert. Sur la plaque d'immatriculation on pouvait lire: "FunkySt4r"

Il conduisit pendant plusieurs heures sans croiser personne. Les voyageurs étaient presque inexistant entre Manhattan et New-Chicago. La zone étant considérée comme extrêmement dangereuse, personne n'osait s'y rendre. Il était également obligatoire de passer un barrage en entrant et sortant de Manhattan. Pour Clive c'était ridicule. New-Chicago échappait aux règles de l'État, certes, mais pour lui les quelques crimes et délits qui pouvaient s'y passer n'étaient rien contre l'ignoble crime humanitaire de l'État sur ses citoyens. A New-Chicago, au moins, on y était libre.
Au bout d'un moment, il vit quelqu'un marcher le long de la grande route. A des kilomètres d'un quelconque signe de vie. Il fit demi-tour et s'arrêta à côté de la masse affaiblie qui se trainait lourdement. C'était une jeune fille d'à peine vingt ans -lui en avait le double- au long cheveux bruns. Il ouvre la portière passager.
"Qu'est-ce que tu fais là, bon sang? Monte, je te dépose." La jeune fille ne le regarda même pas, continua sa marche.
"Eh! Tu te fiches de moi? Si je te laisse là d'ici deux heures tu te feras bouffer par des vautours. Monte." Cette fois-ci elle s'arrêta. Elle se retourna, même. Elle était jolie. Pas tant que ça, mais plus quand la majorité des filles que l'on croise le soir à New-Chicago.
"Vous êtes-sûr, Monsieur?" Elle avait une voix douce et polie, mais Clive commençait à s'énerver. Il s'était arrêté plus par curiosité que par compassion et le comportement de la gamine l'exaspérât.
"Je me fiche de pourquoi tu es là, et crois moi je suis pas à ça près. Maintenant tu montes ou tu marches, c'est comme tu veux, mais c'est ma dernière proposition."

Les kilomètres passèrent. Ils ne se parlaient pas, mais il remarqua qu'elle fixait ses cheveux.
"-Quoi? C'était la mode dans les années soixante-dix.
-Ah? Je ne m'en souviens pas.
-Normal. C'était les années soixante-dix du siècle dernier."
Le désert américain se prolongeait, encore et encore. Il recouvrait aujourd'hui les trois quarts du territoire. Juste du sable et de la pierre rouge. Un ciel bleu à l'horizon laiteux et un soleil d'une force épuisante. Cependant, l'État avait eu l'intelligente idée de ponctuer les routes américaines de stations de repos, où l'on pouvait dormir et manger, moyennant quelques crédits. Sur la route East/West-88, en revanche, il n'y en avait qu'une. Il s'y arrêtèrent donc bien évidemment.
L'endroit était presque vide. Il y avait un type qui s'occupait de la vente des provisions, un du garage, et une grosse femme se tenait au guichet "hôtel".
Il acheta une bouteille d'eau et deux sandwichs et en tendit un à la jeune fille qui le prit timidement. Elle hésita un moment, se racla la gorge et lui demanda:
"-Vous vous appelez comment?
-C'est pas important."
Elle se tût mais réessaya une fois son sandwich englouti à une vitesse indécente de la part d'une jeune fille.
"-Je m'appelle Roxane. Je ne vois pas comment je peux vous remercier. C'est tout ce que j'ai à vous offrir. Mon nom.
-Clive. Maintenant laisse moi finir mon sandwich tranquillement. Quand on mange, il y a que ça qui compte. Tu comprends, Roxane?
-Oui Monsieur Clive." Elle avait, en prononçant ces paroles, un sourire satisfait qui exaspérera Clive.

Le repas terminé, Clive sortit fumer une cigarette, en proposa une à Roxane.
"-C'est... illégal, non?
-Tu vas me faire croire que tu es à ça près?"
Elle fit la moue et mis la cigarette que Clive lui avait roulé entre ses fines lèvres. Clive alluma les deux cigarettes.
Ils s'étaient mis derrière l'établissement, pour ne pas être vus par les employés qui pourraient les dénoncer aux Croisés, la police de l'État, avant même qu'ils n'aient tiré une bouffée de tabac.
Et pourtant, a peine eurent-ils écrasé les mégots qu'une douzaine de types en armure anti-émeute et fusil d'assauts, arrivés d'on-ne-sait-où, les entouraient et les menaçaient.
"A terre! A terre, connards! A terre où on vous plombe!" et "Enfoiré de marginaux!" ou encore "Chicagoans de merde!".
Trois d'entre eux immobilisèrent Clive qui pendant un moment pensa saisir l'arme de poing qu'il cachait sous sa veste. Roxane n'avait pas réagit. Son visage c'était juste incroyablement obscurcit. Comme si elle s'y attendait. On leur passa les menottes, Clive gueulait que ces enfoirés n'avaient aucune raison de l'arrêter.
La "FunkyStar" resta seule, garée sur le parking vide de l'aire de repos.


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