Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Confessions d'un tueur à gages.


Par : Salmanzare
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 16


Publié le 01/07/2009 à 22:40:30 par Salmanzare

Moscou, 10 juillet...


Je n'aimais pas ce pays, je n'aimais pas ce temps pas ce temps froid et humide qui ronge les os, je n'aimais pas les russes. Il faut dire que je n'aimais pas grand chose. Tout en buvant un café à la gnôle pour me réchauffer les entrailles, je gardais un oeil sur Callaway. La confiance est difficile dans le métier, et je ne m'imaginais pas revoir ce type vivant un jour. On avait chacun plusieurs raisons de s'entretuer.


Alors oui, la soirée s'annonçait difficile !


L'autre oeil s'égarait sur l'asile où était enfermé Curval. Un bâtiment commun, sans véritable autre distinction qu'une plaque dorée sur la grande porte. L'architecture était vulgaire, sans doute un vestige des années communistes de Staline.


Une seule question m'occupait l'esprit : pourquoi Malabar se donnait-elle la peine de faire une réunion de famille ? Pourquoi ce rendez-vous le 20 juillet à Moscou ?


- T'en dit quoi Khas ?


Je tourne mon attention vers Callaway. Je suis toujours surpris de constater une barbe sur le visage de mon ancien acolyte.


- Je ne sais pas. Ça me paraît superflu.
- Contre Malabar, rien ne sera superflu !
- Est-ce une véritable menace ?
- Tu cherches à te mentir. Tu sais très bien qu'elle est dangereuse.
- Et au fond de moi, je peux m'empêcher de me souvenir d'une charmante gamine.
- Fais gaffe au griffes Khas.


Je vide mon café cul sec. Ça me réchauffe l'intérieur du ventre pendant quelques seconde, puis j'ai de nouveau froid. Foutu pays !


- N'y allons pas Callaway.
- Pourquoi ? C'est peut-être une chance unique !
- Imagine qu'on trouve Curval !
- C'est le but.
- Oui mais imagine qu'il soit réellement devenu fou. Tu voudrais voir ça ? Tu voudrais assister à sa déchéance sans pourvoir rien faire. Tu t'en sens capable ?!
- Mais imagine qu'il ne le soit pas. Imagine qu'il croupisse ici ?


Je regarde Callaway. J'ai peur de voir l'homme qu'a pu devenir Curval, j'ai peur de me rendre compte que le plus jeune d'entre nous s'est brisé et qu'il ne reste plus rien de lui. Et si Curval n'était qu'un pion sur l'échiquier de Malabar, un piège tendu ? Mais qui est le roi de la partie ?


- On y va.
- Je savais que je pouvais compter sur toi.
- Je le fais pas pour toi. Je le fais pour sauver ma peau !
- T'as changé Khas.
- Oui, mais je suis toujours vivant.


Callaway ne répond pas. Il sait que ce serait peine perdu pour lui. On s'approche du bâtiment. Callaway sort de sa poche une cigarette et se met à fumer nerveusement. D'un geste de la main, il m'indique l'unique gardien de nuit. Il aspire la fumée puis se met à faire des ronds. Je lève les yeux au ciel en signe d'indignation. C'est pas le moment de s'amuser. Callaway se tourne vers moi, un étrange sourire plaqué sur les lèvres.


- On lui fait le coup du malade.
- Non, on ne lui fait pas le coup du malade Callaway. Je préfère être plus silencieux.
- Calme toi, c'est qu'un petit asile.
- On ne fait pas comme ça !
- Arg ! Kof ! Hum hum. Je me sens pas bien. Pfff.


Enfoiré de Callaway. Le voilà en train de rouler par terre en se tordant dans tous les sens. Et il commence à hurler, se tenant le ventre et appelant tout les saints possible. Je me planque dans l'ombre. Le stratagème fait très vite son effet, le gardien intrigué s'avance vers Callaway.


- Ça va camarade ? Besoin d'aide ?
- Je souffre connard de russe ! J'ai mal !
- Où ça ?


Le gardien se penche pour mieux voir Callaway qui continue de rouler par terre. Derrière l'homme, je m'apprête à l'assommer avec la crosse de mon flingue. Je n'en ai pas le temps. Les jambes de Callaway partent vers le haut et se posent sur le coup du gardien.


- Qu'est ce que vous faîtes, hurle le gardien ?
- Tu vas la fermer oui, chuchote Callaway ?!
- Fais pas ça Callaway !


Trop tard, Callaway tourne violemment les jambes. Faisant craquer le coup du gardien. Il tombe inerte sur le sol. Les yeux perdus dans le vague, mort. Je regarde Callaway exaspéré.


- C'était inutile. J'allais l'assommer !
- Jamais pu saquer un russe. Tous des cocos.
- C'est un meurtre !
- T'as des états d'âme toi maintenant ?
- Je tue pour de l'argent ou pour sauver ma peau. Et là, on avait pas besoin de ça. Si en plus d'avoir Malabar sur le dos, on a la police. Et puis va falloir planquer le corps.


Je souffle pour tenter de retrouver mon calme. Il faut rester calme, céder à la panique serait la pire erreur. Je traîne le corps au bout d'une impasse sombre. Et essaye de le soulever. Il pèse bien son poids.


- Aide moi Callaway.


Callaway me rejoint et attrape les pieds du mort. On le soulève pour l'envoyer dans une petite poubelle appartenant à un particulier.


- Khas ?
- Je sais, je vois bien.
- Ça dépasse.
- Oh merde ! Pourquoi tu l'as tué ! T'es vraiment trop con !
- J'ai une idée. Mais elle va pas te plaire.
- Tu peux pas faire ça !
- Pourquoi pas ?
- C'est un être humain Callaway ! Il a sa dignité !
- C'est plus qu'un morceau de viande froide. Alors je vais le faire.


Je me retourne, je ne veux pas voir ça. J'ai beau être tueur à gages, il y a des choses que je ne supporte pas. J'entends le rire de Callaway, je ferme les yeux, redoutant l'instant qui va suivre. Puis j'entends les os craquer. Je me sens pas bien. J'ai envie de vomir mes entrailles. Callaway éclate de rire encore. Puis il se tourne vers moi.


- Voilà Monsieur. Ça dépasse plus.
- T'es monstrueux...
- Peut-être, mais je suis vivant.


Il fait craquer ses doigts tout en souriant. La voie est libre maintenant. On s'approche de la porte d'entrée, et je fais signe à Callaway de sortir les clés.


- Tu veux quoi ?
- Passe les clés !
- Merde !
- Me dis pas que tu les a laissé dans la poche Callaway !
- C'est bon, je vais les chercher.


Callaway retourne vers la poubelle à la recherche des clés du gardien. Il revient et ouvre la porte. Celle ci grince un instant puis demeure silencieuse. Nous débouchons directement sur un grand couloir aux murs blancs. Ça empeste le médicament. Il y a une faible lumière qui éclaire le couloir. J'avance à la recherche de la chambre 404. Chambre dans laquelle doit se trouver Curval normalement.


Je trouve enfin la chambre, ouvre avec le passe du gardien et entre. Il y a deux lits, deux hommes. Curval est sur la droite. Je reconnais sa tignasse blonde et son minois de jeune premier. Je me penche vers lui et le secoue doucement. Il ouvre un oeil puis deux et me regarde fixement. L'air interdit. IL ouvre la bouche puis la referme. Il commence à respirer difficilement. Puis soudain son cri transperce la nuit.


- Non ! Vous êtes morts, vous êtes tous morts. Vous n'existez pas ! Laissez moi !


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