Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Sentinelle Oubliée


Par : Gregor, Games
Genre : Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 3


Publié le 23/08/2010 à 14:40:06 par Gregor

Un blizzard dense et peu amène faisait tourbillonner les flocons en de folles arabesques, menaçantes, obscurcissant davantage l’atmosphère déjà lugubre de la longue marche d’Arthus. Le froid mordant l’avait contraint à rabattre son casque pour protéger les rares restes de peau qui s’étiolaient sur son visage. Sa longue vie lui avait appris à faire abstraction devant toute douleur physique et morale, et bien que l’effort lui coutait horriblement après la tragédie qui s’était déroulée à bord de l’Erwin, le général continuait à s’accrocher.

Une stupide avarie mécanique suivant un saut supra-luminique, l’erreur d’un des navigateurs et une violente escarmouche avec une flottille rebelle aux confins du système de Brilow-Collgherson avait décimé ses hommes et conduit l’Erwin sur une orbite irrattrapable. Privé de moteur quelques instants, le lourd croiseur s’était dirigé vers l’incertitude du vide, ne laissant plus à Arthus que le sort terrible de ceux que l’on nommait les « exilés ». Se plongeant dans une stase de conservation grâce à son propre générateur plasma ainsi qu’aux maigres ressources énergétiques de son fidèle vaisseau, Arthus plongea dans un sommeil sans rêves qui s’acheva au contact de la haute atmosphère de cette planète glacée. Il avait tenté de maitriser la chute, mais, sans aucun matériel de commande ne fonctionnant, sa tentative fut vaine.

Le crash, la sortie in extremis, et maintenant, cette marche interminable sur une planète dont il ignorait tout, jusqu’à l’existence. Elle n’était répertoriée sur aucune carte, aucun système de traceurs Confédérés qui s’étendaient pourtant sur des distances grandes de plusieurs dizaines d’années lumière. Son seul espoir de rentrer sur Terre pour retrouver un équipage et reprendre sa mission résidait en la découverte d’une source d’énergie suffisamment puissante pour envoyer un signal de détresse vers la Terre ou une autre planète gérée par la Confédération. Il lui suffirait d’attendre une nuit claire, afin d’observer les étoiles et lancer des mesures de trigonométries pour tenter de se situer. De là, ses signaux seraient lancés de façon bien plus efficace.
Un sourire perça la muraille de ses sentiments, et doucement, Arthus, retrouvait des sensations qu’il croyait avoir définitivement perdu.
Il allait devoir se battre pour survivre. Et cette idée l’enchantait fortement.

Plongé dans ses pensées, il mit plusieurs secondes à réaliser qu’un pic d’activité avait été détecté par ses systèmes d’analyses. A quelques kilomètres, si les informations qu’il enregistrait étaient exactes, plusieurs humains s’activaient dans ce qui ressemblait à un minuscule campement. Le sang d’Arthus ne fit qu’un tour, alors que la nuit se levait subitement et que la tempête redoublait après une longue accalmie. Il peinait un peu plus à chaque pas, ses lourdes jambes composites s’enfonçant à présent jusqu’à mi-cuisse dans cette poudreuse. Il activa divers radar sur une portée maximum, et put confirmer la présence d’activité à environ trois kilomètres de sa position. Une gigantesque falaise se dessinait derrière le campement, surplombant de plusieurs kilomètres de haut la plaine où il se trouvait.

Arthus déverrouilla plusieurs sécurités sur son armement. Question de précautions, et de principes. Pourquoi ne seraient-ils pas des rebelles ? Après tout, qui d’autre pourrait voir sur ce minable grumeau un quelconque intérêt, hormis à se cacher. Des situations louches, il avait eut l’occasion d’en croiser, y compris au sein de son bataillon. A de rares exceptions près, cela se terminait en règle générale par un bain de sang et des exécutions sommaires. Les Anciens Temps disaient « mieux vaut-il prévenir que guérir », et bien trop souvent, cela se confirmait.
Le trajet séparant Arthus du campement lui laissait au moins deux bonnes heures. Un temps bien suffisant pour mettre en place une tactique d’approche et de maitrise. Même à un contre dix, il savait qu’il pouvait survivre. Il en faisait souvent l’expérience ces temps-ci.


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