Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Paris by Night


Par : Conan
Genre : Polar, Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 4


Publié le 16/09/2011 à 21:50:07 par Conan

Nous sommes le 28 novembre 2011 et il est 23h50.
Anto arrive à l'entrée du parking. Pour éviter les caméras, il gare sa voiture un peu plus loin et pénètre dans les lieux par un escalier de service qui le mène jusqu'au troisième sous-sol.

Il fait froid. Très froid. Et Anto n'a que son survêtement pour le couvrir. Il n'y a pas d'autre bruit que le ronronnement lugubre de l'aération et le couinement de ses baskets sur le sol. Alors pour meubler un peu il donne des coups de pieds dans le pare-chocs des voitures devant lesquelles il passe, jusqu'à tomber sur la berline noire dans laquelle attendent Dragan et Milo. Anto ouvre la portière et s'installe à l'arrière.
-Ils arrivent dans cinq minutes. Dit Dragan en roulant les "r".
-Laisse-moi le temps d'me réchauffer. Dit Anto en enfouissant ses mains au fond de ses poches.
Milo, assis du coté passager, se retourne vers Anto. Son mouvement est accompagné du bruit d'une veste en cuir qui se froisse. Il sort un paquet enveloppé dans un sac en plastique de la boite à gants et le donne à Anto.
-Tiens. N'oublie pas, la came d'abord. Ensuite, on vérifie le fric et on se casse vite fait bien fait. Vu?
-C'est bon, j'connais. Dit Anto en mettant le sac sous sa veste. Il sort un paquet de cigarettes de sa poche et s'allume une clope.
-On fume pas dans la bagnole, tu devrais l'savoir. Dit Milo.
-C'est bon, c'est bon... Détendez-vous les mecs.
Il tire quelques taffes, de la fumée sort de son nez et sa bouche, puis il éteint soigneusement sa cigarette et la remet dans le paquet.

Un bruit de moteur parvient à leurs oreilles. Une Volkswagen blanche se gare à quelques mètres de leur voiture.
-C'est eux, on y va. Dit Milo en ouvrant la portière et en s'extirpant vite de la berline.
-Putain, il est a taquet. Plaisante Anto en sortant à son tour.

En face, trois types sortent de la voiture. Cranes rasés, gueules patibulaires, bombers ou blouson en cuir, rangers. La panoplie parfaite. Deux grands costauds s'approchent, avec un plus petit et plus mince qui reste en retrait.
-Salut.
-Salut. T'as la came?
-T'as l'fric?
-Tutut, la came d'abord.
Anto soupire et sort le sac en plastique de sa veste. Le skinhead ouvre le sac, sort un cran d'arrêt de sa poche, fait une petite ouverture dans le paquet, met un peu de poudre sur son doigt et le frotte contre ses dents.
-Hm hm, c'est bon. Jean-Jo, le fric.
Le plus grand ouvre son bombers et envoie une grosse liasse de billets à Anto.
-Le compte y est. Tu peux vérifier.
-C'est ce qu'on va faire. Dit Milo en prenant l'argent et en enlevant l'élastique autours des biftons.

Anto et le skinhead se dévisagent. Au bout de quelques secondes, ce dernier lui lance :
-Alors, maintenant tu trafiques avec les Yougos?
-Je suis indépendant.
-T'étais pas free-lance avant.
-Arrête Bob.
-Viens, on va marcher un peu pendant que ton pote compte.

Anto et Bob font quelques pas. Bob est dans la force de l'âge, c'est le plus vieux du trio.
-Alors, vous n'êtes plus que trois? Demande Anto.
-Hé ouais. Les uns sont en taule, les autres au cimetière. D'autres ont voulu s'éloigner de leur plein gré.
-Y'a un p'tit nouveau à ce que je vois.
-C'est un bon p'tit gars. Pas super futé mais il est obéissant et il se débine pas... Tu sais qu'on aurait pu faire de grandes choses ensemble.
-C'était y'a dix ans. J'avais à peine dix-huit piges à l'époque et j'étais complètement paumé. On était sensé former un groupe, une fraternité. Mais quand j'me suis retrouvé la gueule dans le caniveau avec dix mecs qui me fracassaient j'ai vu personne venir m'aider. Et c'est Milo qui m'a trouvé en train d'agoniser, à moitié noyé parce que j'avais la face dans de l'eau de pluie. C'est Radovan qui m'a accueilli chez lui et qui m'a requinqué.
-Tu sais très bien pourquoi on était pas là. C'était le plus gros bordel que j'ai jamais vu, j'ai cassé de gueules à tour de bras ce soir là, et j'me suis pris autant de nions que j'en ai donné. Mais quand même, reconnais qu'on se marrait bien non?
-Non. C'est là que j'ai commencé à me défoncer la gueule et à sniffer de la colle. Ouvre les yeux, on passait notre temps à faire les dégénérés pendant que toi tu passais ton temps à nous parler de Mein Kampf et de la lutte pour la survie de la race Blanche. Super la lutte pour la survie, finir à six heures du mat' étouffé par son vomi.
-Tu te souviens seulement des mauvaises choses, Anto! Toutes ces soirées qu'on a faites, les ratonnades, les bagarres de stade, c'était l'bon temps.
-Arrête tes conneries.
-Tiens j'ai une idée, faut qu'on se fasse une bouffe un de ces quatre. Juste "histoire de", entre vieux potes. File-moi ton numéro.
Anto sort un stylo de sa poche et déchire un bout de ticket de caisse sur lequel il note quelque chose.
-Tiens.

Milo l'interpelle :
-C'est bon, y'a l'compte, on se tire.

Bob sert la main d'Anto :
-Allez, salut. Et n'oublie pas : Gaulois pour toujours!


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.