Le bruit d'une bouteille de bière qui se brisait au sol me réveilla. Je rabattit mon pied et garda mes yeux fermés. J'avais aucune idée d’où j'étais mais bon dieu que j'étais bien ! Je ne voulais pas ouvrir les yeux. J'essayais désespérément de me rappeler de ma soirée dernière mais rien, impossible. Je tâta mes poches -yeux toujours fermés- pour vérifier que tout était bien là. Clés, Zippo, cigarettes, mon vieux portable, mon portefeuille. Oui, tout était là, je pouvais dormir encore un peu. Le sommeil ne vint pas et j'ouvris mes paupières. J'étais dans des chiottes. Un pack de bière vide jonchait à mes pieds. C'était de vieux WC séparés par de simples plaques, celles des « miens » étaient tagués. J'en lu quelques une pour me réveiller. Mon téléphone n'avait malheureusement plus de batterie et je ne pus noter le numéro de Jessy, qui selon l'inscription « suçe pour pas grand chose». Je me leva et déverrouilla le petit loquet. J'étais visiblement dans des toilettes publiques . J'ouvrit un robinet et me passa un peu d'eau sur le visage . Les miroirs étaient taggés d'inscriptions énigmatiques. Qui était ce « M3D-D0G » ? Pourquoi avait-il été représenté comme un skateur urinant sur une voiture en feu ? Tant de questions qui resteraient à jamais sans réponses.

Je poussa la porte et découvrit que j'avais tord depuis le début. J'étais sur une aire d'autoroute. J'adorais les aires d'autoroutes. Elles me faisaient me sentir libre pour une raison que j'ignorais. Celle-ci n'était pas très grande mais me suffisait amplement. Le gérant du café me regarda avec un œil mauvais. Je passa dans la mini-boutique et prit un journal au hasard. La gérante du mini-magasin me regardait elle aussi avec un air méchant. Je m'assis au bar et demanda un café. J'avais prit un journal pour ne pas me faire harceler de question par le barman, mais ça n'y coupa pas. « Bonne nuit ? » demanda-il .

-Euh...ouais. Désolé du bordel que j'ai foutu là dedans. Filez moi un balais et j'irais nettoyer.
-Vous inquiétez pas pour ça. Ça fera du boulot à mon stagiaire. Depuis qu'il est là, mis à part s'asseoir et attendre, il fait pas grand chose...-il me servit mon café - Et vous venez d’où fringué comme ça avec une caisse pareille ?

Il pointa du doigt ma voiture . Ma bagnole était garée sur 2 places à la fois, horizontalement. Heureusement pour moi, le parking était grand en proportion du nombre de passager que pouvait accueillir l'aire. Quand à mes habits, j'étais dans un costard que j'avais visiblement taché avec n'importe quoi. Je pus reconnaître une tache de whisky, de la bière, du sirop d'érable, du café et un peu de vomi sur le plastron.

-Ah ça...on a fêter l'enterrement de vie de garçon avec mon frère. On a du faire pas mal de bars -je rit, espérant une réaction réciproque  qui ne vint pas-, je vais l’appeler .

Je me rappela alors que ma batterie avais rendue l'âme pendant la nuit et je décida de rester au bar un petit moment. Le barman m'indiqua que nous étions à une cinquantaine de kilomètres de L.A. Il était 10h30, et mon frère se mariait demain, ce qui me laissait suffisamment de temps pour dormir et trouver un smoking un peu plus propre. Je régla l'addition, sorti, et monta dans ma voiture.