Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Red-eyed beast


Par : Reigeken
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Prologue.


Publié le 25/05/2012 à 13:58:01 par Reigeken

Il était là.

Masse rougeoyante contrastant avec l’éclatante pureté de la neige, il se relevait. Le blizzard, dans lequel se confondait une brume épaisse, ne me laissait le discerner qu’à moitié.
Pourtant, je n’avais aucun doute. Son aura unique, à elle seule, inspirait une crainte et une terreur qu’aucun être humain, aussi mauvais soit-il, ne devrait jamais avoir à subir. Je peinais à conserver mon équilibre, mes jambes flanchaient, tremblaient. Il ne semblait pas encore m’avoir repéré, et pourtant, sa présence m’oppressait et me terrifiait, à un point que je ne saurais moi-même décrire.

Chaque minute était une heure, chaque heure une journée. Le haut plateau enneigé sur lequel je me situais était exposé à de fortes bourrasques, et ainsi, l’art du déplacement, si souvent travaillé et perfectionné, ne m’était désormais d’aucune utilité. Je ne pouvais revenir sur mes pas : les conditions, qu’elles soient physiques ou morales, m’en empêchaient. Bien qu’amplement couvert et protégé, le froid me glaçait les os, me faisant esquisser de temps à autre de légères grimaces de douleur. J’avais peur.
De longues minutes passèrent, et je restais là, pétrifié devant le spectacle qui s’offrait à mes yeux. Pétrifié par l’idée d’une mort future qui m’attendait, indéniablement. Pétrifié par l’idée d’une vie sans gloire, sans ce sentiment de devoir accompli, ardemment recherché au plus profond de nos êtres.
C’en était trop, je mis un genou à terre, et le poids de mon équipement y propulsa le reste de mon corps, violemment. Je ne me sentais pas minable, non, au contraire. Je savais en effet, sur le coup et pertinemment, qu’aucune autre personne normalement constituée n’aurait pu supporter une telle présence.

Je restais là, étendu, complètement paralysé. Ma tête me pesait, je savais que je ne pourrais garder mes esprits qu’un bref laps de temps. C’est à cet instant que, machinalement, et puisant dans le peu de ressources que mon corps générait, je pris la fusée de détresse accrochée à ma ceinture, la frotta à la boucle, et la fit rouler sur une surface rocailleuse, la conduisant droit dans le canyon surplombant la vallée.
Sa détonation fut impressionnante, et son rayon d’action l’était d’autant plus. La légende était donc vraie.
Je ne sais pas si c’était à cause du manque de lucidité ou du désespoir qui me rongeait de l’intérieur, mais le fait que le « monstre », si c’en était bien un, puisse réagir au brouhaha crée par la fusée, ne m’avait strictement pas effleuré l’esprit.

Je relevais la tête un bref instant. Il se retourna. Ses traits m’étaient toujours invisibles, cependant, jamais je ne pu oublier un tel regard. De petits yeux rouges éclatants, fendant l’air de leur lueur spectrale, étaient braqués sur moi. Puissant comme la braise, ce regard me fixait, et m’écrasait de son insatiable lourdeur. Ma tête me brûlait. J’avais cette boule au ventre, synonyme de terreur absolue, et je croyais ce dernier sur le point d’exploser.

Une fraction de seconde. Ce fut le temps qu’il me fallu pour perdre le monstre de vue. Le millième d’après, je sentis le son aigue et strident provoqué par le frottement d’une surface lisse avec le milieu aérien. Cette fameuse maitrise de l’ouïe ne m’aura donc finalement pas été inutile. Ajustant un puissant coup de coude contre la plaque de verglas sur laquelle j’étais allongé, je me mis de côté, prêt à parer. Jamais je ne vis coup aussi rapide de toute mon existence ; mon œil puissamment développé n’avait, malgré un entrainement intensif, pas la moindre chance de rivaliser avec une telle vitesse.
Ce fut le choc. La rapidité avec laquelle se déroula l’action m’empêcha de discerner avec précision avec quoi je fus attaqué, une griffe, une aile, une queue peut-être ? Quoi qu’il en soit, mon bouclier se fissura littéralement, percé avec une aisance déconcertante. De même pour mon armure, pour enfin se jucher littéralement dans mon abdomen, à l’intérieur duquel le craquement de mes propres os résonna jusqu’à mon cerveau.
La violence du choc m’expulsa hors du plateau, à partir duquel, durant la chute vertigineuse qui s’ensuivit, j’entendis le hurlement strident de mon assaillant, et vis une nappée de sang s’écouler de mes abdominaux.
Ce fut l’impact. De l’eau. La saveur infecte de mon propre sang s’infiltrant dans ma bouche, et laissant derrière elle cette sensation de dégoût et de défaite déplorable, fut l’une des dernières émotions qu’il m’était encore humainement capable de ressentir, avant de sombrer totalement.

Puis ce fut le noir, complet, tandis que s’approchait pas à pas l’ange de la mort.

Seul.


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