Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Red-eyed beast


Par : Reigeken
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : L'éveil du prince.


Publié le 25/05/2012 à 14:01:20 par Reigeken

« Viens à moi … Oui, rapproche-toi d’avantage. Lie ma présence à la tienne. »

Cette voix dans ma tête … Qu’était-ce ? Trop mélancolique pour s’agir de ma propre conscience, je n’y accordais pas d’avantage d’importance. Ainsi, je n’étais pas tombé. Inutile de mettre ceci sur le compte de la « chance » ou des « miracles », ces notions étaient pour moi d’une banalité affligeante et indignes d’intérêt.

J’étais allongé. L’odeur de la paille s’infiltrant dans mes narines me laissait penser à un milieu rustique. Un paysan, probablement. Mes paupières étaient lourdes, mes yeux secs et pesant. Ma bouche, tuméfiée et rêche, ne semblait vouloir obéir aux signaux que lui envoyait mon propre cerveau. Je fis glisser mes mains meurtries, apposées sur mon thorax, jusqu’à mon abdomen, sur lequel, après l’avoir palpé avec difficultés, je découvris une épaisse cicatrice me barrant l’estomac, du foie aux côtes flottantes. Ainsi, mes os avaient servis d’ultime rempart, déviant l’attaque, et empêchant par la même occasion une perforation qui m’aurait été fatale. J’étais faible.

Les heures passèrent, et, malgré mon manque de volonté et de courage évident, je me décidais à ouvrir les yeux. La lumière solaire, assez vive, me fit revenir sur ma décision, ne me laissant qu’entrevoir ce qui ressemblait à une fenêtre. Je mis de longues minutes à m’y habituer parfaitement. J’étais prêt. Le spectacle qui s’offrit à moi me laissa dans l’incompréhension la plus totale : s’étendait devant moi une chambre boisée, ni trop grande, ni trop petite, dans lequel s’étalaient fioles, potions, gourdes, tubes, et autres récipients étranges que ma connaissance en la matière m’empêchait de nommer avec exactitude. Le tout étalé sur des dizaines d’étagères fixées sur la quasi-totalité des murs de la pièce. J’en déduisis rapidement que je me trouvais dans une sorte de chalet. Il ne faisait aucun doutes que la personne qui m’hébergeait n’était pas quelqu’un d’ordinaire, et encore moins un paysan comme me l’avaient suggéré mes premières impressions.

Je me levais. Mes jambes, assaillies par les crampes, me portèrent difficilement jusqu’à la porte, que je n’eu pas grande peine à ouvrir, malgré mon état actuel. Me concentrant sur l’état actuel de mes jambes, marquées par d’innombrables hématomes, je ne pris pas le temps de m’attarder sur les détails architecturaux de la maison de mon hôte, lors de la descente d’un magnifique escalier à double hélice taillé à même le bois. La maison semblait vide. Le silence était de marbre. Je parcourais en titubant un long corridor, vers ce qui me semblait être la porte de sortie. Les nombreuses autres portes, fermées, qui se dressaient à mes côtés, ne m’inspiraient pas la moindre confiance. Je pressais mon pas, me fiant à mon instinct. Avançant de plus en plus vite, je commençais à m’habituer à mon état, ce qui n’était pas pour me déplaire. J’arrivais au bout du corridor, dont la longueur m’avait paru interminable.

« N’ouvre pas cette porte. Tu n’es pas prêt. »

Encore cette voix étrange, mélange improbable de douceur irréelle et de glas divin, résonnant dans ma tête sous forme d’écho… Bien que curieux, je n’allais pas laisser ce phénomène, pour l’heure inexplicable, me dicter mon mode de conduite. De plus, rebrousser chemin n’était pas l’une de mes priorités actuelles. Je poussais la porte avec vigueur, qui se dérobait quelques secondes plus tard.

Une lumière aveuglante et puissante me dévora les yeux. Cette chaleur, à la fois accueillante et protectrice, me fit l’effet d’une renaissance, comme si j’étais subitement et instantanément devenu un autre homme, quelqu’un de nouveau. Et de libre.
Baissant légèrement mes yeux, le paysage que j’avais en face de moi vint subitement briser cette joie indicible qui s’était emparée de mon être quelques instants plus tôt. Le chalet - car c’en était bien un – était situé sur l’emplacement d’une vaste clairière, elle-même entourée d’une nuée de pins, à perte de vue. L’horizon était invisible, et la trace d’une quelconque forme de civilisation, hautement improbable. J’étais seul, une nouvelle fois.

Je décidais de retourner explorer la maison, lorsqu’un craquement lourd et sourd se fit entendre, à quelques pas de moi. J’eu à peine le temps d’amorcer et d’achever ma roulade qu’une grande masse hirsute et inconnue vint s’abattre à l’endroit même ou je me situais la seconde précédente. Cet effort, presque surhumain, me rappela à quel point j’étais endolori et raviva des blessures dont je n’avais même pas soupçonné l’existence. J’avais mal.
Relevant les yeux, je ne pu retenir ce cri : « Warohn ! ». Ces loups immenses, hauts de cinq pieds et larges de trois, n’avaient absolument rien à voir avec le spécimen qui se dressait en face de moi. La hauteur de ce monstre atteignait facilement trois bonnes toises, j’étais pétrifié, et stupéfait de n’avoir pas repéré ce colosse au préalable. Sa position de combat, ses poils hérissés, et ses babines retroussées découvrant des crocs aussi longs qu’un pied humain, me laissait clairement entrevoir que ses intentions étaient loin d’être pacifiques. Son ossature surdéveloppée, et ses muscles énormes et saillants, m’indiquaient qu’il devait probablement s’agir d’un chef de meute.
« Que faisait un tel colosse si près d’une trace, même infime, de civilisation humaine ? Je m’étais toujours laissé entendre que ce type de bête est généralement réputé pour sa sauvagerie, sa violence, et sa puissance indéniable en combat rapproché ». Je n’avais pas le temps d’analyser la situation, il me fallait fuir, et vite.
Le monstre détourna son regard. Une seconde. Réflexe. Je pris mon élan, et parti en trombe, luttant contre la douleur qui me tiraillait les mollets. Je tournais à l’angle du chalet, et continuait ma course vers ce qui me semblait être une cabane. Je me réfugiais à l’intérieur, machinalement, et eu à peine le temps de me saisir de la hache qui reposait derrière l’encadrement de la porte. Le toit fut littéralement balayé et emporté par l’immense patte avant armées de griffes, aussi longues que des sabres, de la créature. Littéralement arraché, une force hors du commun.
Je me tirais de ce guêpier, et sortit, à découvert, en plein milieu de la clairière, face à la bête. Je n’avais pas la moindre chance. Tout ceci n’était-il pas un signe, visant à réprimer la chance insolente que le destin m’avait octroyé précédemment en me redonnant la vie ? Peu importe, je n’y croyais pas. J’armais ma hache, et me préparais à l’assaut. Le Warohn fléchit ses jambes, et s’élança. Un saut majestueux, cachant les rayons du soleil. J’élançais mon bras, puisant dans mes dernières forces. Le choc fut rude, ma hache émoussée rebondit sur le monstre, alors que son épaule percutait de plein fouet mon thorax, me propulsant une dizaine de mètres plus loin. Je m’écrasais durement par terre, souffle coupé, encore sonné par la puissance d’une telle charge. Je peinais à conserver toute ma tête. La douleur fut immense, et je ne pu m’empêcher de crier, tout en gesticulant de souffrance. Le Warhon s’approchait, jusqu’à se positionner au dessus de moi. C’était la fin. Une fin minable.

Le colosse arma sa patte, la leva tout en ressortant ses griffes aiguisées au possible. Je fermais les yeux, puis la douleur me fit perdre connaissance. Un lâche. Il l’abattit.

« Stenr va letta ! »


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