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La Prophétie d'Acier


Par : Gregor, Remedy, Sarezzo
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 01/12/2010 à 20:46:40 par Gregor

L'éclat rouge de l'atmosphère martienne ne venait en aucunes mesures troubler l'apparence sobre du Duguesclin. Le câble d'alimentation et de maintenance courait encore en divers point de sa structure, tandis que d'ultimes interventions de réparations courantes étaient effectuées par des techno-moine.
Mac Graegor les saluait discrètement, Zeno demeurait plongé dans ses pensées, se contentant d'observer d'un regard vide l'appareil qui devait les conduire à une bonne cinquantaine d'années-lumière de Mars.
- Dis moi Zeno, le Duguesclin ... Tu ne l'as pas encore "amélioré" ?
Calum semblait visiblement perplexe.
- Tu parles du module umétrique que j'avais reprogrammé pour être plus véloce ? Demanda le mercenaire. Si c'est ça, rassure-toi. Il était trop gourmand avec le réacteur à fusion, j'ai dû le réinitialiser sur des bases plus conventionnelles.
Zeno ne pouvait pas oublier le mémorable voyage que lui avait fait subir son appareil. Une simple mission sur Bételgueuse Alpha qui avait failli tourner au cauchemar lorsque les modules umétriques nécessaire à la propulsion hyperspatial avaient surchauffé. Il s'en était fallu d'une poignée de milli-secondes pour qu’ils ne disparaissent dans le néant.
Mac Graegor, invité par son hôte, escalada en premier la rampe d'accès au vaisseau. D'un pas rapide, il se dirigea vers le poste de pilotage au travers d'un labyrinthe de coursive et d'échelles courant dans le ventre du monstre d'acier. Zeno lui emboîta le pas, tout aussi rapide et souple dans ses gestes.
En sa qualité de vaisseau messager, le Duguesclin imposait de solides mensurations. Une bonne centaine de mètres de longueur, une vingtaine hauteur et quinze de largeur. Sa surface était particulièrement sobre, composée d'arêtes saillantes qui lui donnaient l'austérité d'un monolithe de métal. Seul le module de pilotage, situé au sommet, présenté quelques courbures venant briser la monotonie de l'ensemble.
Sans cérémonie, Calum s'installa, posant avec soin sa pelisse aux armes de la Confrérie sur le sol impeccable de la cabine. Divers câblages vinrent se positionner au niveau de sa nuque et de ses poignées, et, l'espace d'un instant, une lueur verte illumina ses rétines artificielles. Zeno, pour sa part, enfila un casque neural et deux minuscules cordons de fibre optique sur un module de son bras droit.
- Check up, Zeno ?
- Mises à jour effectuées. On attend le contre-ordre des techno-moines pour sortir.
Mac Graegor acquiesça en silence.
Quelques minutes s'écoulèrent tandis qu'ils achevaient de mettre en route les réacteurs de propulsions, une voix mécanique leur indiqua que tout était prêt pour le départ, sans plus de cérémonie, Zeno enclencha la poussée des moteurs. Quelques instants plus tard, ils s'envolaient de Mars.

Le voyage se déroula sans anicroche. Après s'être éloignés de Mars à une vitesse proche d'un dixième de celle de la lumière, Zeno enclencha le module umétrique. Il y eut un violent flash blanc et la vision Messina, la planète-océan, s'écrasa dans leur module visuel.
- Je crois que nous sommes arrivés, Calum, constata Zeno.
Celui-ci sourit tristement.
- Cela n'aura pas été aussi terrible que je le pensais. Encore heureux que ma mémoire cybernétique soit à l'abri de tes folies d'humains.
- Sans ma folie, tu n'es rien, Calum.
Ils rirent de bon cœur, tandis que le Duegesclin entamait une approche rapide de leur objectif.

De son entraînement rigoriste au sein de la Confrérie du vieux techno-colonel, Mac Graegor avait particulièrement développé ses capacités d'interaction avec la technologie impériale. C'était devenu une seconde nature de sa personnalité, qui le plongeait dans une joie froide, presque rituelle, lorsqu’il accomplissait tous les actes qui le liaient plus ou moins à l'Esprit de la Machine. Logiquement, il éprouva un plaisir non feint lorsqu'il activa, après plusieurs tentatives infructueuses, le scanner conçu par le Très Saint Magister Oddarick.
Il éprouvait plus qu'une certaine fierté en manipulant le boîtier. Un artefact peut-être aussi précieux que la Sainte Armure elle-même. Un objet conçu par ce qui était sans aucun doutes l'un des plus grands esprits que l'Humanité eut la chance de porter dans son sein.
Zeno, tandis qu'il délaissait la gestion de la trajectoire aux bons soins de l'I.A du vaisseau, se tourna vers Calum.
- Tu arrives à détecter quelque chose ?
- Non, pas encore, répondit l'officier. La synchronisation entre le Duguesclin et le scanner est un peu plus longue que prévue.
- Vieille technologie hein ? plaisanta Zeno.
- Peut-être, mais au moins, ça marche.
Mac Graegor n'avait plus cure des piques lancées par son comparse. Un techno-moine aurait considéré la boutade lancée contre le saint objet comme une pure hérésie. Pas lui. Ce n'était qu'un appareil de recherche relativement simple, qui avait une importance capitale, mais dont la fonction n'était en rien sacrée.
Un bip stridula, aigu, tandis qu'une projection holographique de Messina se dessinait dans la cabine, face aux deux hommes. Un point rouge clignotant se stabilisa sur l'une des plus grandes îles de l'archipel Est
- Cette fois, je crois que c'est bon, constata Zeno.
- Oui, en effet.
- Bien, dans ce cas, laisse moi nous poser en vie.
Calum sourit, tandis que l'engin qui les convoyait entamait une descente souple vers Messina.


Rondo et Turca. Les deux archipels principaux de Messina avaient été nommés ainsi en hommage au génie musical de Mozart. Si leur surface avoisinait à peine le million de kilomètres carrés, elles n'en restaient pas moins remarquables par la richesse biologique qu'elles abritaient, ainsi que par l'existence de cités volantes autonomes où grouillaient une population cosmopolite et dynamique. Loin des routes de commerce, Messina ne conservait qu'un attrait touristique pour les plus fortunés habitants des galaxies proches. Une architecture simple et coloré au sol contrastait, avec celle, plus aérienne et travail, des habitats suspendus.
Le seul véritable astro-port de grand tonnage se situait à Ravenna, cité-état principale de Rondo. C'était un simple disque d'acier posé en remblai dans l'une des plus grandes baie de la nouvelle Jersey, île montagneuse à la végétation luxuriante.
Pour Zeno, la manœuvre d'accrochage au sol fut des plus simples. Sous l'indication des balises de gestion du trafic, le Duguesclin se posa dans un ultime à-coup qui n'arracha même pas une expression de surprises à ses utilisateurs.
Calum se rhabilla de sa lourde et pompeuse cape, rangeant soigneusement le scanner dans une de ses poches et bascula l'affichage sur son visuel personnel. Sa cible se trouvait approximativement sur Ravenna, sans aucun doute dans les quartiers de la cité volante. Zeno le suivit sans poser de question, tandis qu'en refermant le vaisseau, une ombre se détacha des soutes vidées de leur contenu.
- Messieurs ?
Le jeune homme ne paraissait nullement surpris de déranger deux membres émérites de la Confrérie. Malgré sa cybernétisation poussé, il ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'années. Seul la moitié gauche de son visage était intact d'implants, tandis qu'une bure grossière couvrait son corps dont seule une servo-pince à l'allure menaçante dépassait.
- Pardonnez moi, je ne me suis pas présenté, continua-t-il avec la même assurance. Techno-moine Zephyros, au service du techno-colonel ...
- C'est fort aimable à vous de profiter de notre vaisseau, trancha Calum, mais concrètement, que faites-vous ici ?
La venue impromptue d'un techno-moine l'irritait profondément. Il se sentirait épié à chacun de ses gestes, bien que le pauvre cyborg n'ait sans doute aucunes raisons d'essuyer les foudres de l'officier.
- Le techno-colonel, Commandus. C'est une affaire un peu complexe à suivre, mais donnez-moi cinq minutes ...
Calum grommela, avant de faire un geste de la main pour laisser le jeune homme s'exprimer.
Après tout, le temps n'était pas leur principale préoccupation ...


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