Note de la fic : Non notée

à la recherche de vos analyses


Par : Hercule
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Extrait de fic


Publié le 10/02/2013 à 23:01:25 par Hercule

«  Réveille-toi, c'est le bordel partout ! »

Amy était agenouillée sur l'herbe, elle m'avait décoché une claque pour me réveiller. Des mots sortaient de sa bouche mais mon cerveau refusait d'assimiler quoi que ce soit. Pourquoi, pourquoi agitait-elle ses bras dans tous les sens ?Et pourquoi criait-elle comme si un tsunami nous arrivait dessus? J'étais comme dans un rêve, tout était trouble, je devais me battre contre mes paupières pour ne pas sombrer à nouveau dans un doux sommeil. Amy s'acharnait à m'indiquer quelque chose, quelque chose de pas drôle apparemment. Son charabia me faisait mal aux oreilles, j'avais juste envie de trouver le bouton « off ».
Finalement, en saisissant quelque mots à la volée, je réussis à me figurer le sens de ce puzzle dont quelques pièces manquaient, et soudain tout me revint. Mon premier réflexe lorsque j'eus retrouvé mes esprits fut de consulter ma montre. Grand dieu, 4h du matin ! J'avais roupillé plus de 2 heures d'affilées, c'était le cauchemar.

Me remettre sur pieds ne fut pas de tout repos ; j'étais littéralement détruit, comme si je venais de sortir d'une machine à laver. Lorsque je me mis sur mes quatre pattes pour me relever, j'eus l'impression de prendre appuis sur des brindilles sèches. Il ne fallut pas longtemps pour que tout mon corps ne s'écroule à terre. je restai un moment au sol avec le goût du gazon dans la bouche.

Tout mon être me faisait souffrir, mais la plus grosse douleur provenait de mon avant-bras, qui se trouvait amoché d'une inquiétante blessure ensanglantée, dont quelqu'un avait appliqué un morceau de tissus déchiré pour endiguer une violente hémorragie. Ça m'avait sans doute évité le pire, mais le pansement de dernière minute n'avait clairement pas été aussi efficace qu'un traitement en salle d'opération ne l'aurait été: mon bras était tout rouge et tout gluant. Je me retournai sur le dos comme un asticot puis passai une main autour de la plaie afin d'en faire une sorte d'inspection tactile. Le verdict ne fut pas réjouissant: des grumeaux de sang à moitiés coagulés tombèrent sur mon visage comme une petite neige de pellicules humides. Je me sentais vidé et sec de l'intérieur, je n'avais la force à rien, et comme si ça ne suffisait pas, une affreuse migraine me plombait le crâne. Quelqu'un s'avança vers moi, me retourna, m'agrippa le poignet et me redressa. C'était Mattéo, il était livide et il avait désaoulé visiblement. Je titubai et m'appuyai sur le capot de la voiture pour ne pas retourner dire bonjour à la pelouse.Amy, toute blanche elle aussi, me sauta au cou en haletant :

-Dieu merci tu es debout, j'ai cru que tu ne te relèverais jamais !

Pour me mettre du baume au coeur dans un tel moment, cette fille devait avoir un don.

-Louis faut qu'on parte, je sais pas ce qu'il se passe mais c'est vraiment le bordel ici. Faut absolument qu'on décampe, fit-elle.

Je parcourus les environs de mon regard éreinté, en commençant par la voiture foutument embourbée et non de dieu, elle avait trouvé le mot juste ; c'était le bordel. Par delà les bosquets qui limitaient les jardins, entre quelques horribles hurlements de rage et chants de sirènes étouffés qui se perdaient au loin dans la forêt, on recevait l'écho d'une foule en délire qui grondait dans la ville comme dans une vallée. Ce qu'il y avait de plus terrifiant, c'était que, comment dire... Il ne semblait n'y avoir rien d'humain dans tout ce raffut.

Pour compléter le tableau, un incendie dont les reflets rougeâtres ondulaient sur la verdure du parc jetait son épaisse fumée dans le ciel -un ciel noir et sans lune- depuis l'immeuble d'en face. Mon dieu, si ça n'était pas en enfer que je m'étais réveillé, c'était certainement ce qui y ressemblait le plus.

Mattéo m'interpella :

-T'as piqué un sacré somme, ça va mec ?

-ça va, répondis-je d'un ton qui supposait tout l'inverse.

-à part ça, il s'est passé un truc de dingue quand tu dormais !

-Quoi ?

-On était là, on se pétait les couilles-et les ovaires- depuis des plombes à attendre ces crétins d'ambulanciers qu'on avait appelé depuis 10 ans et qui devaient certainement se branler dans leur fourgonnette, pis là, -je te jure j'ai cru que j'hallucinais- ya deux mecs qui nous ont foncé dessus en gueulant comme des malades mentaux. Ma parole que j'avais jamais vu ça, on aurait dit qu'ils avaient pris de la drogue ou je sais pas quoi.

-Comment ça ils vous ont foncés dessus ?! Et ils sont où là ?...

-Attends c'est pas fini, parce qu'un troisième, un gros black, une armoire à glace made in Sénégal, attends,un véritable ogre noir ouai, est sorti de nul part et leur a sauté dessus. On aurait dit un gorille fou furieux. Après ils se sont battus. Enfin, « battus », c'était plus une boucherie qu'une bagarre en fait. Nom de dieu, t'aurais vu ça, ce qu'ils se foutaient sur la geule, ça aurait fait pâlir Mc Tyson lui-même. Ils s'étranglaient et se mordaient jusqu'au sang, je te dis. C'était flippant. Tellement flippant qu'on s'est caché dans la voiture et qu'on les a regardés s'entre-tuer. On a pas fait les malins, on est gentiment resté à l'intérieur en attendant que ça passe...Ouai, on s'est bien pissé dessus, finit-il par confesser.

Je jetai un coup d'oeil à Amy, qui affichait une mine aussi sombre que la nuit.

-Et ça s'est terminé comment ? Demandai-je.

-Ben un des deux mecs est resté au sol et il bougeait pas, alors j'ai été regarder. Le pauvre a pas survécu au massacre. C'est vraiment moche, il est là bas, regarde, il est déchiqueté de partout, il serait passé sous un camion qu'on aurait pas trouvé pire.

Je tournai la tête, aperçu l'homme en bouillie, mais me retournai aussitôt ; j'avais déjà eu ma dose d'atrocité pour un moment avec l'autre gaillard.

Mattéo Repris :

-Je comprends rien mec, c'est vraiment un putain de délire qu'on est en train de vivre là...

-Je sais, coupai-je, mais les deux autres, les malades mentaux, ils sont où maintenant?

-J'en sais rien, l'un de ces tarés a pris la fuite et s'est fait coursé par le gros black. Après ils ont disparus entre les arbres et je te dis franchement, je me contrebalance de ce qu'il est advenu d'eux, parce que c'est pas moi la bonne âme qui ira se soucier de leur état de santé.

-C'est la mélasse ça, si ça se trouve ces deux-là vont resurgir d'une minute à l'autre et nous mettre en danger tous les quatre. Tous les quatre...Mince! Ma soeur ! Juliette ! Dis-moi où est Juliette !

-T'inquiète pas, elle dors encore dans la voiture, impossible de la réveiller, me rassura-t-il.

Je lâchai un soupir de soulagement. Amy et Mattéo n'avaient pas perdu connaissance au cours de l'accident, car par chance, leur airbags avaient fonctionné, contrairement au mien, qui s'était montré capricieux apparemment.
Après le crash, Amy et Mattéo avaient passés deux heures à attendre les secours en tentant cependant de libérer la voiture de la flaque de boue qui l'avait immobilisée par eux-même, mais ce fut sans succès. Deux heures à appeler des parents qui ne donnaient aucun signe de vie, deux interminables heures, selon les dires d'Amy, durant lesquelles ils s'étaient rongés les ongles au milieu de tous ces arbres aux ombres inquiétantes.

Le « bordel », au sens où Amy l'entendaient, ne durait que depuis dix minutes, dès lors, les deux rescapés avaient rivalisé d'inventivité pour me sortir de mon mini-coma, à commencer par une bouteille d'eau en pleine figure, dont je n'en gardait évidemment aucun souvenir. Mais la bonne vielle méthode de la paire de gifles avait fini par payer, en bonne vieille méthode qui se respectait.

Je n'en fis pas allusion, mais mine de rien, alors que nous nous trouvions là à discutailler au pieds de milles et une menaces, je trouvais quand même miraculeux qu'on ne soit pas encore dans l'estomac d'un de ces malades à cette heure-ci.
Il fallait sans doute remercier la bonne étoile de la nuit, qui avait dû garder un oeil bienveillant sur nous.

J'appris de Mattéo que c'était Amy qui m'avait noué le bandage. Elle l'avait confectionner avec les moyens du bord, en espérant m'éviter de trop graves séquelles. Elle s'était fait un sang d'encre quand elle m'avait vu tourner de l'oeil ; dès lors, elle avait fait tout son possible pour que mon cas ne s'aggrave pas. Elle m'avait même enfilé la jaquette à Mattéo, qui pouvait se plaindre désormais de se retrouver en t-shirt.

Maintenant que j'étais réveillé et que j'avais repris quelques couleurs, tous trois allions à nouveau essayer de dégager la voiture de ce foutu bourbier. Amy était au volant, quant à nous, Mattéo et moi, étions contre le capot et poussions de toutes nos forces en prenant appuis sur ce tronc d'arbre de malheur qui avait causé notre perte. La voiture avait pris une sacrée dégelée, mais par miracle, elle tournait encore parfaitement. Comme quoi, vieille mais solide la Pireli.

Malgré le succès très moyen de notre remorquage, on ne se lassait pas de suer sur le capot à pousser la Pireli comme des damnés. À la cinquième tentative, on était couvert de boue jusqu'aux cheveux.
Sentant mes maigres forces me quitter, je voyais s'amenuiser à chaque nouvelle tentative l'espoir de libérer la voiture. Pourtant, il nous fallait continuer coûte que coûte. On ne pouvait pas se permettre boire un thé et jouer aux cartes, ce serait signer notre arrêt de mort. Alors, nous continuâmes à pousser inlassablement comme des veaux, mais rien à faire, la voiture patinait comme sur de l'huile et ne bougeait pas d'un poil.
Bientôt, on sentit l'atmosphère se charger d'anxiété : Mattéo se montrait de plus en plus grossier ; il tempêtait contre la voiture à en perdre haleine. Amy, elle, était au bord du gros sanglot, elle retenait la cascade de larmes avec grand peine. Pourtant elle restait courageuse ; elle ne se plaignait pas, elle démarrait toujours la voiture aux tops, même s'ils devenaient de plus en plus découragés, et sans broncher, elle mettait les gaz à fond au signal donné.

À la huitième tentative, Mattéo frappa la carrosserie du poing en criant un immonde juron. Amy avait baissé les épaules et s'était cachée sous sa frange pour lâcher quelques gouttes. Ça n'allait pas et ça n'allait pas s'arranger ; on devait mal s'y prendre. Alors on a essayé d'autres techniques.
On a changé d'angle d'appuis, tiré, poussé, de toutes les manières possibles et imaginables, on a même mis des branches sous les pneus pour gagner en frottement, mais le résultat restait toujours le même : niet. En plus de ça, on faisait un boucan d'enfer ; j'avais peur d'attirer du monde. Mon échine se glaçait à l'idée de recroiser un de ces dégénérés du champignon. C'était d'ailleurs une sacré veine que ce ne fusse pas déjà fait.


Même si mon état ne me le permettait pas il allait falloir que je m'active les neurones et trouver un truc, une idée, n'importe quoi, si on ne voulait pas perdre nos minces chances de salut qui diminuaient de minutes en minutes dans un stupide acharnement. Mattéo et moi avions déjà abandonné la tâche depuis peu, quand j'ouvris le coffre de la Pireli, sans même trop savoir quoi je cherchais.
Dedans ; un chariot à commissions, un vieux sac à dos de montage et des chaussures en cuire. Il y avait même un mini extincteur de secours, accroché sur le côté par un support en plastique. Bref, rien de bien extraordinaire, juste des trucs qu'on laisse traîner d'habitude à l'arrière de sa voiture « qui peuvent être utile au cas où ».
Tout de même intrigué par cet extincteur, je voulus m'en saisir afin de le scruter de plus près, mais il était si bien accroché que je dus déployer une force démesurée qui m'ébranla le cerveau. Rien de bon pour ma migraine en tout cas.
Arrivé au bout de mes peines, je m'assis sur le rebord et lus nerveusement l'étiquette collée à la bonbonne, où le composant y était inscrit: « N₂ » N₂... Sur le tableau périodique, c'est l'azote si je ne me trompe pas... Ça doit donc être un extincteur à azote liquide que j'ai entre les mains, me dis-je.

Je réfléchis deux secondes en regardant attentivement l'étiquette. En l'état actuellement tragique et catastrophique des choses, à quoi pouvait bien nous servir un extincteur à azote liquide, je vous le demande sérieusement.
De rage, Je jetai l'objet en arrière et me pris la tête entre les mains. La fuite à pieds n'était pas envisageable, sortir du parc et traverser la ville était bien trop dangereux, mais rester ici nous condamnait également. Que devions nous faire ? Nous pendre chacun à un arbre pour mourir moins douloureusement dans un joyeux suicide collectif ? Mauvaise idée.

Au milieu de mes lugubres réflexions, mon regard fut curieusement attiré par une grosse pierre de la taille d'un ballon de foot, qui trempait dans l'herbe mouillée par la rosée du matin. Cette pierre, posée là noir sur blanc dans le gazon, m'interpella et me fit rouler des mécaniques.
Je tâtai mon couteau suisse par-dessus ma poche ; il était bien là... Couteau, pierre, bonbonne d' azote liquide...Oh non de dieu, j'ai trouvé, je suis un génie! Je criai victoire dans un sursaut de joie qui cogna ma tête contre contre la porte du coffre, sans rien sentir toutefois. Le bonheur avait dû m'anesthésier.
Je courus droit en direction de mes amis en leur criant la bonne nouvelle, l'extincteur à bout de bras, mais quelque chose clochait et je m'arrêtai tout net. Mattéo, figé dans une grimace d'effroi, avait la face plus blanche qu'un vers à soie. Son indexe tremblant pointait un recoin obscure. «Le gros black, il est là » murmura-t-il.

-Quoi ?

Je suivis la direction de son doigt, mais il ne montrait qu'un regroupement d'arbustes buissonneux perdus dans la nuit.

-Regarde, là-bas, dit-il tout aussi doucement.

Et là, au travers du feuillage étrangement agités de ces buissons, se dessina peu à peu une gigantesque silhouette faiblement éclairée par les lueurs de l'incendie. On attendit qu'elle se dévoile, mais la silhouette restait tapie dans les ténèbres, peut-être à nous épier, qui sait.

Cette fourbe se confondait avec le contour des arbres, à se demander si ça n'en était pas un, et si ça n'était pas plutôt nos peurs qui nous jouaient des tours. Mais une brusque convulsion qui fit craquer quelques feuilles mortes dissipa nos doutes ; l'énorme forme avait avancé d'un pas puis d'un autre, hors de son trou, se montrant peu à peu au petit jour des flammes.

Je murmurai à Amy d'aller se cacher dans la voiture, mais celle-ci ne réagit pas ; elle restait clouée dans ses baskets.

Lorsque la silhouette fut totalement sous la lumière du feu, pour la première fois de ma vie, et fort malheureusement pas la dernière, vous le verrez par la suite, m'apparut le visage noir, froid et carré de l'ogre, dont Mattéo avait tantôt fait allusion.
Une tête vissée sur un coup de taureau, des bras aussi larges que des cuisses de cycliste, l'ogre, qui portait terriblement bien son nom, imposait une corpulence certainement triple aux nôtres réunies.
Pour ne rien lui arranger, une grosse et longue touffe de dread lock posée sur son crâne lui donnait l'air encore plus menaçant que ce qu'il n'était déjà.

L'ogre nous fixait. Il nous fixait comme si nous, trois minuscules moucherons que nous formions, allions constituer le petit en-cas du soir. Puis tout à coup, comme le précédent qui m'avait déjà amoché tout à l'heure, il nous fonça dessus les bras tendus en avant. Si ce mastodonte nous attrapait, il nous broyait à coup sûr, et je craignais, pour ne pas dire que je me faisais dans les pantalons, que ce ne fusse précisément son intention.
Nous détallâmes comme des lapins, pour nos vies, pour nos survies, à s'en exploser les poumons. J'avais bien sûr lâché l'extincteur pour me délester.

Au bout d'une bonne douzaine de mètres, ne ressentant plus le tremblement des pas de l'ogre, je me réfugiai derrière un arbre et me risquai à guigner depuis ma cachette. C'est là que dans un hoquet de terreur, je me rendis compte qu'Amy n'avait pas bougé de là-bas. Des jambes inertes, celles d'Amy, ressortaient de derrière le véhicule, sous le monstre dont le buste courbé dépassait du toit. Je criai son nom et m'apprêtai à me jeter à sa rescousse dans un élan d'adrénaline pure, mais une main m'étouffa par derrière. Je me débattis, jusqu'à ce que je réalise que ça n'était que Mattéo qui m'avait rejoint.

-On peut plus rien pour elle, elle est foutue mon gars, tirons-nous de là pendant que c'est encore possible.

-La ferme, viens, dis-je en m'élançant.

-Joue pas au con, lança-t-il.

Mais j'étais déjà loin. Comme le monstre ne semblait pas faire attention à moi, je ramassai la bonbonne délaissée et m'avançai discrètement par derrière. C'était on ne peut plus étrange, l'ogre, courbé sur Amy, semblait avoir oublié son agressivité de tout à l'heure; il restait là à maintenir Amy prisonnière en poussant de petits grognements, mais hormis qu'il était vautré sur elle, rien ne montrait qu'il lui voulait du mal.

Tant mieux, cette immondice me facilitait la vie en se tenant sage. Je fis un pas de côté, pris ma bonbonne en gourdin, et lui visai l'arrière de son crâne. Je craignais tellement d'échouer mon coup que je gardai l'arme en l'air, fasciné par l'attitude bizarre de l'ogre. Mon esprit me criait d'en finir maintenant que j'en avais l'occasion, pourtant je n'arrivais pas à me défaire de la peur qui m'avait tétanisé les bras.
Il avait le visage rivé sur Amy, et même si ses yeux m'étaient cachés, je pouvais deviner qu'il la fixait intensément. Amy m'avait remarqué, elle me supplia du regard d'en finir. Mais brusquement dans une sorte d'aboiement de surprise, la créature se mit à renifler le buste et bientôt la poitrine d'Amy, qu'il tâta généreusement en ayant l'air de faire la découverte d'une matière totalement nouvelle et inconnue. Amy n'osait pas bouger, elle retenait une expression dégoutée du bout des lèvres.
Il arracha ensuite son top et huma une bande de tissus restée dans sa main. Après s'être frotté la bande contre les joues comme un chat hystérique, il se pencha à nouveau sur sa victime et commença à inspecter son soutien-gorge, dont il testa l'élasticité, avant de l'arracher complètement et de recommencer à lui renifler les seins à pleine narines, sous les geignements contenus d'Amy.
Mon dieu, quelle était la limite de ce monstre ? Allait-il finir par ouvrir sa braguette et puis vous savez quoi? Cette répugnante perspective m'en fut plus qu'assez pour me dégourdir. Sans attendre que l'ogre n'achève ses petites expérience, j'abattis la bonbonne au sommet de son crâne dans un gémissement d'effort.

L'ogre s'écroula sur Amy, qui étouffa un cris au-dessous. Mattéo surgit des ténèbres et m'aida à nous débarrasser de l'énorme masse, que nous arrivâmes juste à pousser sur le côté pour libérer Amy lui éviter l'asphyxie accessoirement. Cette dernière se releva en reniflant et croisa les mains sur ses seins pour les cacher. Quand Mattéo lui tendis son t-shirt, pour qu'elle se couvre, elle ne dit rien, elle était encore sous le choc. Elle avait sans doute dû assister au débobinage de sa vie en version accélérée. Qu'allions nous faire, maintenant que le monstre était hors d'état de nuire ? Fallait-il l'achever, comme le suggérait Mattéo, pour ne prendre aucun risque ? Non, pas besoin, j'allais nous tirer de là, et encore une fois grâce à cette bonbonne.

À la flaque de boue où la Pireli était coincée, je sortis le poinçon de mon couteau suisse et le fis tenir par Mattéo, la pointe à angle droit contre l'extincteur posé à terre. Je la fis solidement caler entre son pied et la roue du véhicule.
Il se demandait toujours ce que je comptait faire, jusqu'à ce qu'il me voit revenir le dos vouté par le poids de la grosse pierre que je gardais en mains. Il refusa tout d'abord, craignant pour ses doigts, mais je sus me montrer convaincant. Je lui expliquai mon plan, qui était bon et qui, de toute manière, restait le seul dont nous disposions. J'ajoutai que quoi qu'il arrive, sa main serait protégée par le manche qu'il devait tenir par en-dessous, comme ça, voilà. Je prétendis savoir parfaitement ce que je faisais. Évidemment je n'en avais aucune idée, mais je ne pouvais pas m'encombrer d'honnêteté, et donc, il accepta finalement, en se plaignant toutefois que les rôles ne soient pas inversés.

Lorsque le roc s'abattit sur le manche, il écrasa littéralement les doigts de Mattéo, mais le poinçon s'enfonça du premier coup à l'intérieur de la bonbonne. Le pauvre bougre hurlait de douleur en me maudissant de toutes les grossièretés que la langue française pouvait contenir. L'une d'elles me marqua spécialement: « Abruti de bourgeois consanguin ».

Sur ces délicatesses, je retirai le poinçon de l'extincteur et aspergeai la zone boueuse avec un jet d'azote, jet à pas moins de -180 degré, qui gela absolument toute la terre autour du pneu. Je passai à l'autre avant que la bonbonne ne se vide complètement. Si je n'avais pas troué le récipient, avec l'embout d'usine, l'effet de froid aurait été trop dispersé pour obtenir un durcissement efficace de la boue ; un extincteur est conçu pour couvrir une grande surface, non pas geler un tout petit secteur.

Cette fois-ci, il ne fallut pas se casser le dos à pousser la voiture ; elle se dégagea comme si juste engagée dans un nid de poule. Ce fut une victoire extraordinaire et un soulagement extraordinaire. Tout était extraordinaire. Comme nous nous pressâmes de déguerpir de là, Mattéo, bien que déplorant ses quelques doigts brisés, gratifiait ma merveilleuse illumination par des gentillesses que je ne lui savais pas capable. C'était aussi bizarre que d'entendre un prêtre débiner des grossièretés.

Symboliquement, nous emportâmes l'extincteur dans la voiture, un peu comme le trophée de notre libération et quittâmes ce maudit parc en laissant sans regret l'ogre ronfler derrière nous. C'était Mattéo qui était au volant, car moi j'étais trop faible. Inutile de préciser qu'il nous conduisis hors du parc comme un sauvage des îles.

C'est alors que nous nous engageâmes dans la ville, en destination du très attendu chez-moi, le sang glacé par ce qu'on observait défiler derrière les vitres.


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