Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 37 : Fuite en avant


Publié le 08/05/2013 à 12:07:52 par Conan

La fièvre me rattrape vite. Trempé de sueur, cherchant mon souffle, glacé à l'intérieur, brûlant à l'extérieur. Une douleur blanche, très vive, par à-coups, me frappe le bras au rythme des battements de mon cœur. Et Dieu sait si je suis en train de battre des records de pulsion cardiaque en ce moment.

Plongé dans les ténèbres, j'hurle dans la pièce puant l'éther et le plasma, tel un gosse taclé par son pire cauchemar. Il me faut de l'aide.

« Meyer. Meyer ! »

Des pas se pressent dans la pièce. La lumière s'allume. Je reconnais bien l'hôpital de fortune, installé dans l'appartement crasseux de cet espèce de vétérinaire pour cochons. C'est lui qui se rend à mon chevet, en peignoir et pantoufles.
-Allons, allons, allons. Qu'est-ce qu'on a là ? Me demande le vieillard sénile derrière ses lunettes opaques.
-Putain, je douille !
-Ah, c'est normal, on a une vilaine blessure dans le bras, hein ?

Non ? Sérieux ? Tu déconnes ? J'ai un trou dans le bras ? Merci de me prévenir, j'étais pas au courant, espèce de malade mental de merde ! Tu vas me filer des calmants ou bien t'as déjà tout fait avaler aux gosses que t'as enfermés dans ta cave ? Putain de dégénéré !

Bien entendu, ce n'est que le fruit de ma pensée. Je me contente simplement de demander à mon médecin, de la manière la plus polie du monde :
-Pouvez m'filer des calmants, toubib ?

Il ouvre un petit bocal en plastique et le secoue au dessus de sa main. Deux petites dragées tombent sur sa paume.
-Allez, on ouvre bien grand la bouche !
Je ne dis rien et me contente de m'exécuter. Qu'importe ce qu'il me donne, tant que ça efface la douleur.

Et j'aurais d'ailleurs bien aimé savoir ce qu'il venait de me donner, car le mal part dans la foulée.

Peu à peu, je reprend mon souffle, et mes esprits.
-Meyer. Où est-il ?

Je suis faible. Ça s'entend dans ma voix.

-Meyer ?... Ah ! Siegfried ? Il est rentré chez lui. Il m'a dit de le prévenir quand vous émergerez. D'ailleurs, ça me fait penser...

Il se retourne et se dirige vers un vieux téléphone posé sur une petite table de chevet, à coté d'un sofa, à quelques mètres de moi.

Il compose un numéro et attend une petite trentaine de secondes dans le silence, avant de grimacer et raccrocher.
-Il doit être occupé. Vu l'heure qu'il est, ça ne m'étonne pas. Tant pis, j'essayerai demain.

Je regarde la pendule accrochée au dessus de la porte de la cuisine. Minuit moins dix. J'ai un mauvais pressentiment.

-Il faut que j'aille le voir.
Il tente de me retenir.
-Attendez ! Attendez ! Dans votre état, c'est pas du tout, mais alors pas du tout conseillé!
-Merci pour les soins, docteur. Vous me direz combien j'vous dois.
-C'est pas l'argent ! Vous devez vous reposer !

Je ne l'écoute pas et enfile ma veste. Le cuir est troué au niveau du bras, et un filet de sang a coagulé le long de la manche.
-Mes armes, où sont-elles ?
-Quand monsieur Siegfried vous a ramené, vous n'en aviez pas.
-J'avais un Smith et Wesson et un Glock. Ils ne se sont pas envolés.
-Ah mais je vous garantis que tout ce que vous aviez sur vous, c'était vos papiers, un trousseau de clés et votre portefeuille. J'ai tout laissé en état.

Je le fixe du regard pendant quelques secondes. Mal à l'aise, il renchérit:
-Réfléchissez un peu voyons. Qu'est-ce que j'aurai bien pu faire de ces armes ? Je ne peux même pas tirer !

Il me montre ses mains. Et je remarque seulement maintenant qu'il lui manque des doigts. Sa main droite ne possède ni index, ni auriculaire, et sa main gauche n'a pas de pouce. Je n'ose même pas imaginer comment c'est arrivé.

Je me retourne, et quitte l'appartement sans rien dire de plus. Peut-être est-ce Meyer qui les a.

Je descend dans la rue. Pas la moindre trace de ma voiture non plus, certainement restée sur place.

Je dois me dépêcher avant que le dernier métro ne parte. Je m'engouffre dans la station la plus proche. C'est alors seulement que je sais où je me trouve. Champigny-sur-Marne. Une banlieue dortoir communiste comme on en fait plus. Je devrais être à Paris d'ici une demi-heure.

A peine installé sur un petit strapontin, dans le wagon vide et délabré du RER, que je sens les antidouleurs faire de l'effet. Je m'endors alors que le train n'est pas encore parti.


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