Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Sorcière


Par : BaliBalo
Genre : Fantastique, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 8 : Sale ambiance


Publié le 04/09/2013 à 18:38:23 par BaliBalo

Lundi lorsque j’arrive au lycée, une atmosphère étrange plane au-dessus des élèves de ma classe adossés contre les murs du couloir. Une sensation désagréable qui me noue l’estomac, provoquant une vague envie de vomir. Je hume discrètement l’air ambiant et scrute les visages de ces abrutis mais tout semble normal, même Alex est de retour, un peu pâlot tout de même. Il était sans doute malade en fin de compte ou alors il n’a pas encore totalement repris forme humaine après sa rencontre avec les êtres de l’espace l’ayant éventré et terrorisé et... Non. Tais-toi cerveau.

D’ailleurs, le prof débarque et provoque des remous au sein des élèves encore mal réveillés. Je rentre dans la salle à contrecœur et file à ma place dans le fond, souhaitant échapper à cette horrible atmosphère qui stagne dans le couloir. Cependant, celle-ci, loin de s’estomper, s’intensifie lorsque ce sale blondinet à lunettes d’Alex me rejoint dans le fond de la classe et s’assoit à mes côtés. Je jette un regard à mon voisin et c’est là que j’ai commencé à m’inquiéter. Alex est terriblement pâle, plus que moi et sa peau translucide laisse apparaître des veines violacées sous ses yeux injectés de sang. Plus intéressant, il semble avoir délaissé son attitude de gentil garçon niais et lance des regards terrifiants au vide devant lui. De plus, il a l’air de fournir constamment un effort et de chercher à le cacher : il transpire et ahane discrètement. Enfin, le plus curieux est le fait qu’il ne porte pas ses lunettes ni de lentilles. Je n’ai même pas besoin d’être discrète pour l’observer, il ne semble pas remarquer ma présence ni même celle de quiconque d’ailleurs, chose qui m’arrange bien puisque je n’ai pas à gérer ses jacassements en plus de cette monstrueuse atmosphère qui continue de m’écœurer.

Je parviens à tenir deux heures supplémentaires après ce cours mais cette fichue sensation de mal-être me devient trop pesante et je m’enfuis du lycée à l’heure du déjeuner. Je passe mon après-midi sous une couette devant la télé à m’interroger vainement sur l’apparence singulière d’Alex, attendant avec impatience qu’il débarque pour lui demander quelle rare maladie il a bien pu attraper. Je resterais à distance bien sûr, les microbes d’abruti pourraient m’atteindre. Lorsque j’entends Hell pousser la porte d’entrée, je me précipite à sa rencontre, pressée de connaitre le fin mot de l’histoire. Je m’arrête face à lui, déçue.

« Alex n’est pas avec toi ? je m’étonne
— Alex ? Il n’est pas là depuis la semaine dernière. Tu l’as vu ?
— Il était en cours avec moi ce matin, j’explique, mais il avait une tête affreuse, ce qui ne change pas beaucoup de d’habitude remarque, mais là c’était vraiment pire : il doit être malade.
— Ouais, il a dû rentrer chez lui, je ne l’ai pas vu de la journée. » déclare Hell

Comment se fait-il que mon frère n’ai pas vu Alex de la journée ? Je n’ai pourtant pas rêvé : ce fichu blondinet à la con était bel et bien là ce matin. Or cela m’étonnerait qu’il n’ait pas retrouvé mon frère pour lui donner de ses nouvelles. A moins que…

« Dis-moi Hell, t’es allé en cours aujourd’hui ? je demande

Il hésite un instant puis répond franchement :

— Non. »

Aha ! Je comprends mieux ! Il a intérêt à me faire le plaisir d’aller en cours demain, je le traînerais s’il le faut ! Pas question que je sois la seule à subir la tyrannie de Luce. Après un long monologue, où j’explique à Hell ce que notre frère pourrait lui faire s’il apprenait malencontreusement que son petit frère chéri sèche ouvertement les cours malgré ses avertissements, Hell, après avoir pâlit, accepte de revenir au lycée. Mauviette. Mais enfin… demain, je pourrais demander à Alex ce qu’il a.

Le lendemain, je me réveille à l’aube et vérifie que Hell est bien debout lui aussi. Pari réussi : il est prêt à partir. Alors qu’il est sur le seuil de la porte, sur le point de quitter la maison, je lui ordonne de m’attendre : je ne suis pas dupe. Ce petit malin peut très bien aller errer n’importe où et je ne suis pas assez stupide pour le laisser partir seul et prendre ce risque. D’ailleurs, il devrait m’être reconnaissant, en un sens je le protège puisque je lui évite les ennuis avec Luce. Cela dit, mon frère étant déjà prêt, j’enfile mon jean noir et ma veste en cuir en vitesse avant de dévaler les escaliers et de le rejoindre dehors alors qu’il sort le scooter. Un peu plus tard, il me dépose au coin de la rue qui donne sur le lycée avant de garer le vieux bolide sur le parking des professeurs. Je m’assure qu’il rentre dans le bâtiment et je vais même jusqu’à l’accompagner devant sa salle, il ne fait même pas l’effort de râler.

Aujourd’hui encore Alex est présent et il a bien meilleure mine, malheureusement. Il semble rayonner de l’intérieur, ses yeux brillent de mille feux et, bien qu’il reste pâle, il a complètement délaissé l’air maladif et effrayant qu’il arborait hier. Plus étrange encore : alors qu’il est plutôt resté à l’écart jusqu’à présent, surement parce qu’il m’adresse la parole sans comprendre que je suis la paria de la classe, il est entouré d’une douzaine de personne dont il est le centre d’intérêt. D’ailleurs, la plupart sont des filles qui parlent toutes en même temps en une cacophonie dissonante. Alex a l’air de s’en amuser, c’est ce que je peux comprendre d’après son air attentif et le léger sourire de traviole qui barre son visage.

D’autre part, l’atmosphère désagréable est toujours présente, plus prononcée même, elle pèse lourdement sur mon estomac qui semble tressauter avec l’envie de mélanger mon petit déjeuner. Je m’adosse au mur, autant pour attendre plus confortablement le prof que pour lutter plus aisément contre ce fichu ventre qui ne veut pas s’arrêter de faire des siennes.

Lorsque le prof arrive, la classe s’ébranle pour rentrer dans la salle et j’arrive bonne dernière. Je me dirige vers ma place attribuée quand je me rends compte que Pam’ s’y est déjà installé. Pam’ c’est le surnom de Pamela Martin, une fille de ma classe, superficielle et jolie, la poupée populaire de ces messieurs qui l’adulent pour ses fesses bien rondes et sa poitrine énorme. Toutefois, ce n’est pas une méchante fille, loin d’être vaniteuse ou d’user de sa popularité, elle reste simple. Jusqu’à présent je l’appréciais, mais que cette espèce de salope maquillée comme un pot de peinture me pique ma place fait d’elle mon ennemie, et désormais elle allait en baver.

Alors qu’Alex s’installe à sa place habituelle, au côté de Pam’ qui le reluque d’une façon qui ne laisse planer aucun doute, je retiens un regard assassin pour cette crétine endimanchée de Pamela et m’installe à la dernière table de l’autre rangée. D’abord, je cherche à m’enfermer dans mon activité habituelle pour me changer les idées mais l’atmosphère si lourde et puante ajouté à l’énervement qui tambourine dans ma tête m’empêche de me concentrer. J’opte finalement pour un autre divertissement et imagine comment je pourrais mener la vie dure à cette pimbêche de Pamela dont je dois supporter les piaillements et roucoulades jusqu’à ce que la sonnerie daigne remplir mes oreilles de son doux et strident cri libérateur. C’est alors que je prends mes jambes à mon coup, étouffée par l’atmosphère désagréable. Je pique un sprint jusqu’à la salle de Hell et vérifie qu’il est bien là. Rassurée alors que mon frère sort de la salle, je m’appuie contre le mur, souffle un bon coup et marche d’un pas que je veux rapide à travers le couloir afin de rejoindre ma classe.

Alors que je m’approche, l’atmosphère reparait, plus étouffante et pestilentielle que jamais et m’arrache un haut-le-cœur que je retiens péniblement. Oppressée, je m’arrête. C’est alors qu’Alex débarque, accompagné de sa nouvelle copine débile et je suis à nouveau prise d’une envie de vomir, plus violente cette fois. Soudain, je panique et m’enfui en courant à l’opposé de la salle de classe, vers les toilettes. L’envie de vomir est insupportable, je vois trouble, le noir s’agglutinant devant mes yeux, mon cerveau semble avoir doublé de volume et mes oreilles chauffent comme si on avait pointé la flamme d’une bougie vers elles.

Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ca à l’air dangereux. Je pense alors que je suis prise d’étourdissements. Je m’appuie contre le mur, la main à plat et souffle. C’est menaçant. J’ai peur. Je repars, en marchant cette fois, je me tiens au mur, ma tête bourdonne. J’ai peur de tout ce qui pourrait m’arriver au contact de cette chose. Je souffle et au fur et à mesure que je m’éloigne, l’envie de vomir s’estompe, légèrement, faiblissant à mesure que l’atmosphère qui me dégoutte se fait moins intense. Je ne comprends pas, cette saleté semble émaner d’Alex. Mais pourquoi ? Adossée au mur, j’ahane, contrôlant avec difficulté mon cœur qui bat à la vitesse d’un rock’n’roll effréné. Julie accourt, l’air inquiet, je la vois parcourir au ralenti la distance qui me sépare du reste de la classe, cette distance qui me protège, loin de cette maudite atmosphère, loin d’Alex. Arrivée à mes côtés elle passe un bras autour de mes épaules.

« Tout va bien ? demande-t-elle apparemment paniquée
— Est-ce que j’ai l’air d’aller bien ? je crache, méchamment
— Qu’est-ce qu’il se passe ? elle répond, sans se laisser démonter
— J’ai envie de vomir. »

En bonne déléguée de classe, Julie rejoint en courant son confrère Quentin, lui explique rapidement la situation et revient vers moi à toute berzingue. Je titube vers elle comme une alcoolique complètement torchée et épuisée.

« Je vais t’accompagner à l’infirmerie. » m’annonce-t-elle

Elle passe un bras autour de mes hanches et me soutient ainsi durant tout le trajet, pourtant court, vers l’infirmerie. Une fois là-bas, elle reste quelques minutes puis l’infirmière la congédie. Cette dernière me déclare :

« Tu vas rentrer chez toi, je vais appeler ta mère, peux-tu me donner son numéro ?
— Ma mère est morte. je lâche, amère. Et mon père n’a pas de voiture, il travaille à soixante-dix bornes d’ici. En revanche un de mes frères peut me ramener.
— Quels âges ont-ils ?
— Dix-huit et dix-neuf ans. Le plus jeune est dans ce lycée, il est en moto.
— Je ne peux pas l’autoriser à quitter l’établissement…
— Mais l’autre est à son école à Paris ! Il ne pourra pas venir avant une heure ! je supplie tout en embellissant mon visage de quelques larmes, magiquement arrivées là, bien sûr. L’infirmière s’attendrit et déclare :
— Bon, on va faire une exception.
— Merci madame ! » je lance avec un grand sourire qu’elle me rend sans hésitation.

Quelques minutes plus tard Hell surgit et lance un regard paniqué à l’infirmière qui n’a même pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il m’ausculte déjà, inquiet. Puis voyant que je ne suis pas à l’agonie, il m’entraîne vers le parking sans un mot pour l’infirmière. Un court trajet en moto s’ensuit. Arrivés à la maison, Hell m’enveloppe dans des tonnes de duvets et me colle un thermomètre dans la bouche avant même que je puisse dire quoi que ce soit. Enfin, voyant que ma température est normale, il se calme un peu et s’assoit en soupirant, rassuré. Je peux enfin parler.

« Je ne suis pas malade ! je proteste
— Qu’est-ce que tu fichais à l’infirmerie alors ? rétorque-t-il
— Je ne sais pas je ne comprends rien ! je gémis. C’est Alex, il me rend malade !
— Hein !? fait-il, interloqué. Tu délires ma pauvre fille ! Alex n’est pas là depuis …
— Si ! je le coupe, il est revenu ! Mais comme tu sèches tu ne l’as pas vu ! Et même, tu ne le reconnaîtrais pas ! Il a changé ! Il a l’air complètement malade et des tas de filles lui tournent autour ! C’est dingue !
— C’est toi qui es dingue ma vieille. dit Hell en me jetant un regard suspicieux
— Je te jure que c’est vrai ! je pleure presque. Puis je prononce l’argument suprême : Sur la tombe de maman c’est vrai !
— Ok, Ok je te crois. il cède mais il n’a pas l’air convaincu
— C’est très bizarre, je poursuis, il y a une ambiance étrange dans la classe depuis qu’il est revenu, c’est ça qui me donne la nausée et c’est pire quand je m’approche de lui ! je m’écrie à toute vitesse. Hier ça allait mais aujourd’hui c’était insupportable ! Je ne sais pas ce qu’il se passe, Hell ! J’ai peur ! »

Et c’est vrai. Cette atmosphère me terrorise. Me sentir si faible par rapport à Alex m’épouvante. Je suis morte de trouille ! Tout ça parce qu’il y a un élément que je ne comprends pas, que je ne contrôle pas, c’est totalement aléatoire, ça pourrait se retourner contre moi et m’anéantir, et même ça m’anéanti. J’en ai terriblement peur. Je tremble, je sanglote. Je n’en peux plus.

Hell me prend dans ses bras et me berce jusqu’à ce que je me calme. Mais je suis épuisée et, bien au chaud dans mes duvets, avec les bras et les mots de mon grand frère qui me rassurent, je glisse dans les bras de Morphée.

Je me réveille apparemment plusieurs heures plus tard puisque l’endroit où je me trouve est plongé dans l’obscurité. Un peu dans le pâté, je me redresse dans le lit où je dormais et reconnait ma chambre et son atmosphère rassurante. Mon placard à la porte défoncée, les craquelures au plafond au-dessus de ma tête, les vêtements gisant sur la moquette bleu roi, ma bibliothèque de bois blanc croulant sous les ouvrages aux thèmes multiples et variés… tout y est. J’émerge péniblement, me frottant doucement les yeux, des voix me parviennent de la pièce adjacente. Je tends l’oreille. Mes frères, ils semblent avoir une discussion sérieuse. A propos de quoi ? J’entends mon nom à plusieurs reprises et celui d’Alex. Alex… Brusquement tout me revient : Alex, l’atmosphère infecte, mon envie de gerber. Je saute hors de mon lit et me précipite dans la chambre d’à côté. Suite à mon entrée brutale, Hell et Luce arrête leur conversation et me dévisagent l’air étonné.

« Salut ! je lâche
— Salut La Belle au Bois Dormant ! Bien dormi ? répond Luce, l’air amusé
— Oui. De quoi vous parliez ?

Un silence gêné s’installe entre nous, je devine qu’ils me cachent quelque chose. Je leur lance un regard interrogateur. C’est finalement Hell qui me répond :

— J’ai raconté à Luce pour ce qu’il t’est arrivé... avoue-t-il
— Au début je voulais casser la tête de ce bouseux d’Alex…renchérit Luce
— Mais on a finalement décidé de ne rien faire. » achève Hell et Luce acquiesce d’un hochement de tête.


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