Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Sorcière


Par : BaliBalo
Genre : Fantastique, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 5 : Curieuse amitié


Publié le 29/09/2012 à 18:23:58 par BaliBalo

Réveillée par une tonalité stridente, je sens déjà que je ne pourrais pas aller jusqu’au lycée. Je me lève tout de même, histoire de… et me prends l’angle du mur dans la figure. Décidemment, rien ne me pousse à me réveiller vraiment. Je me masse la tempe, faisant un détour par la salle de bain pour constater les dégâts. Le visage qui me fait face me fait horreur : des yeux bouffis de sommeil, alourdis par les zébrures noires du maquillage de la veille, sombres cernes qui jurent avec ma peau encore plus pâle que d'ordinaire, peau encore fripée par le doux contact des draps… Je ne suis pas sortable. Par conséquent, je retourne me glisser sous ma couette encore chaude et m’endors immédiatement. Vers midi, mon corps estime que j’ai suffisamment dormi. Faut pas déconner avec le sommeil. On est moins productifs après, dixit l’ensemble du corps enseignant. On nous conseille de dormir huit à dix heures par nuit, je ne fais qu’appliquer ce qu’on m’apprend à l’école.

C’est en allant vers le lycée que, curieusement, l’autre imbécile et sa tignasse blonde viennent se ficher dans ma tête. Intrigant le bonhomme tout de même… Il débarque comme ça et s’installe à côté de moi en cours, comme si de rien n’était. Soit il n’a pas froid aux yeux, soit il est débile. Il est probablement stupide, que du vide sous son casque blond. Je veux bien reconnaître qu’il ne me connait pas encore et que, par conséquent, il ne sait pas que je ne supporte pas qu’on vienne s’immiscer dans mon monde. J’espère qu’il comprendra vite que la place du fond m’appartient à moi et à moi seule.

En arrivant au lycée, je jette un coup d’œil à mon emploi du temps mité : Chimie. Le genre de truc pas intéressant et inutile selon moi. Parce que, oui, calculer la masse molaire des ions chlorure présents dans le sel va changer ma conception du monde, et si je me trompe dans le résultat, ma vie sera foutue. Non, je plaisante. C’est juste que j’aime pas la chimie. A vrai dire, les seules matières qui m’intéressent vraiment sont la physique et la biologie, puisqu’elles me permettent de mieux exercer la magie élémentaire. Ce type de magie, comme son nom l’indique, concerne l’art d’influer sur les éléments. Bien connaître comment l’univers fonctionne est donc la clé de ce type de magie.

C’est ainsi que je me retrouve au fond de la classe, entourée de béchers et tubes à essais, et qu’évidemment, mon blondinet détesté vient poser son derrière sur le tabouret d’à côté. Je soupire, agacée. Va-t-il comprendre que sa présence m’emmerde ? Je ne parviens même pas à écouter le prof plus de cinq minutes. Qu’est-ce que j’en ai à foutre de la géométrie des molécules ? Alors je me distrais. Cette fois-ci, la présence du crétin à lunettes assis à ma table ne me dérange pas. Je l’ignore. Il n’est pas là. Il n’existe pas. C’est un pensant de cette façon que je peux reprendre mon rituel d’observation. Je commence par le premier rang à droite. J’ai à peine le temps de détailler trois personnes que mon voisin s’en mêle :

« Tu fais toujours ça ?
- Ouais, ça m’occupe.

Il sourit d’un bizarre sourire tordu. Un sourire répugnant. Il m’agace, j’espère qu’il va la boucler.

- Et qu’est-ce que tu regardes exactement ?
- Rien. Je détaille, c’est tout.
- Dans quel but ?
- Aucun. »

Alex me gratifie d’un sourire en coin puis reporte son attention sur le prof. Heureusement qu’il ferme sa gueule tout seul, je ne le lui aurais pas demandé poliment. Je poursuis mon examen, passant de Julie Lepland à Fanny Reugnier. C’est long, mais j’ai deux heures à tuer. J’arrive finalement à mon voisin. J’ai peut-être été trop vite, la sonnerie aurait déjà dû retentir. Tant pis, je m’y mets. Alors même que je tourne légèrement sur mon tabouret pour pouvoir le détailler plus aisément, il se tourne vers moi :

« Là je t’arrête tout de suite, intervient-il. Pas d’examen pour moi s’il te plait. »

Etonnée je me détourne et me focalise sur le prof qui continue de bavasser au sujet de la solution hydromachinchose. C’est mon dernier recours quand je n’ai plus personne à détailler : observer le prof, repérer ses tics, étudier sa façon de parler… Non seulement c’est très long, mais ça a le mérite de perturber le prof ou de lui faire croire qu’il est intéressant. Heureusement, la sonnerie l’interrompt bientôt et je range prestement mes affaires auxquelles je n’ai pas touché, et suis les autres élèves jusqu’au hall où nous passons tous notre pause. Je me joins à une conversation entre quelques élèves de ma classe pour quelques minutes, puis m’éloigne et m’adosse au mur.

« Finalement tu n’es pas totalement asociale. ironise une voix à mes côtés

Je me retourne, surprise, et reconnaît le blondinet, le visage rieur et le regard au loin. Alors là, il vient de déclarer la guerre. D’où il me sort ça ce con ? Lui non plus ne parle à personne de notre classe. Je réponds avec diplomatie :

- Pourquoi tu dis ça ?
- C’est l’impression que tu donnes. Explique-t-il sans pour autant me jeter un regard

J’ouvre la bouche pour lui adresser une réplique cinglante mais il me coupe immédiatement :

- Du calme. Je ne suis pas là pour qu’on s’engueule. »

Il me sourit puis s’éloigne et rejoint une bande de terminales avec lesquels il a sympathisé la veille, je le suis des yeux quelques instants puis me replonge dans mes notes. Julie me rejoint et nous bavardons un peu avant de retourner en cours. Dans ma tête, une éternelle rengaine : pourquoi il me cherche ce débile ? Il veut crever ? Je sèche la dernière heure de cours et rentre chez moi, énervée par la présence du blond et de son sourire cynique.

Il fait beau, un peu frais mais pas un nuage à l’horizon. Je sors et installe le filet de beach-volley dans le jardin. J’appelle Luce pour une partie, histoire de passer le temps et de me défouler surtout. Ce crétin de blond m’a tellement énervée… Bien entendu, j’essuie les attaques vicieuses de mon frère, mes bras rougissent et m’élancent après à peine dix minutes de jeu. J’ai beau sauter le plus haut possible, courir dans tous les sens, plonger d’un bout à l’autre du terrain, rien n’y fait. Luce garde son avantage et les smashs pleuvent sur mes bras meurtris. Il faut savoir que mon frère est un sportif mais, par-dessus tout, il adore taper. Etre violent, se bagarrer, que ce soit pour rire ou pour de vrai, c’est son truc. Dès qu’il pratique un sport, il joue de manière agressive, sauf qu’ici c’est sur moi et ça ne plait pas des masses à mes pauvres membres. Après une demi-heure de jeux, ou de torture selon les partis, je sonne le gong du temps mort et me rue dans la cuisine où je me verse un grand verre de jus d’orange. Luce me rejoint, je lui tends un verre puis m’effondre sur une chaise, épuisée.

Mon haut est trempé de sueur et j’empeste la transpiration. Je me lève au prix d’un grand effort et me traîne jusqu’à la salle de bain. Entourée d’une serviette éponge rose pâle, je traverse le couloir jusqu’à ma chambre et me vautre à plat ventre sur mon lit. C’est doux, c’est moelleux, c’est confortable… Je ne me relève que cinq minutes plus tard et enfile des vêtements propres.

J’entends la porte d’entrée claquer, signe que Hell est rentré. Je descends les escaliers quatre à quatre en l’appelant pour lui demander de l’aide sur une formule de maths figurant sur un bouquin et que je n’ai pas comprise. Arrivée en bas des escaliers je m’arrête brusquement, médusée. Au côté de Hell se tient… Alex ! Ce dernier me dévisage puis éclate de rire bientôt accompagné de Luce, visiblement consternés par la mine que j’arbore. Seul Hell reste à peu près sérieux bien qu’il soit fendu jusqu’aux oreilles. Je reprends rapidement mes esprits et tourne les talons, vexée d’avoir été la source de l’hilarité générale. Luce me retient par le bras.

« Désolé, fait-il, mais tu aurais vu ta tête ! »

Ce souvenir lui arrache un rictus qu’il tente de retenir mais qui ne m’échappe pas. Je secoue vigoureusement ma main afin de me libérer puis remonte les escaliers d’une démarche que je veux majestueuse. Sauf je me prends les pieds dans la dernière marche et m’étale de tout mon long sur le palier ce qui provoque un fou rire au rez-de-chaussée.

Définitivement et profondément vexée et humiliée, je me réfugie dans ma chambre. Étalée sur mon lit, je crée une bulle insonorisée autour de ma tête et y crie de toutes mes forces. Je ne peux pas supporter que l’on se moque de moi, et là ma fierté en a pris un coup. Qui plus est devant cet idiot d’Alex. Dans un coin de ma tête, la colère gronde : Alex ami avec Hell… Qu’est-ce qui a pris mon frère de s’enticher d’un crétin pareil ? Blond en plus !

Peu à peu je me calme, je dissipe la bulle et me remet d’aplomb sur mon lit et attire un bouquin de ma bibliothèque entre mes mains. C’est un gros livre de physique. Ici, pas de formule compliquées ni de longs calculs indéchiffrables, seulement des expériences concrètes, des schémas et des images précises et des explications courtes et claires. C’est un de mes ouvrages préférés, sûrement parce qu’il traite de physique. Je plonge et m’immerge facilement dans les explications que je connais déjà par cœur.


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