Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Je trouve plus mon bras


Par : Sheyne
Genre : No-Fake, Horreur
Statut : Terminée



Chapitre 3 : Chapitre 3/5


Publié le 15/01/2014 à 23:36:38 par Sheyne

« Le soleil a bougé »
Telle fut la première pensée de Marc lorsqu'il émergea enfin. Ses poumons le brûlaient, et son crâne le lançait. Sa tête avait dû heurter le sol. Qu'est-ce qui s'était passé ?
Un ton inquiet, à la limite du traumatisme le frappa :

« Tu te réveilles enfin ! J'ai cru que tu ne reprendrais jamais conscience ! Ça fait plus d'une heure que tu dors ! Je ne pouvais même pas appeler d'ambulance sans laisser la réaction s'échauffer... »

Loyd suait à grosses gouttes, soulagé. Stressé, il parlait vite. Un poids énorme venait de quitter sa poitrine. Leur aventure avait viré au cauchemar, et il s'était inventé les pires scénarios possible. L'espace d'une seconde, il avait même pensé faire exploser le cadavre de son ami pour camoufler les preuves...
Qu'est-ce qui lui avait pris ? C'était la question qu'il s'était posée. Et puis il avait trouvé... Les vapeurs d'acétone leur étaient montées à la tête. Leur cerveau s'était rapidement mis à manquer d'oxygène. Depuis, régulièrement, il tournait la tête pour respirer à fond le plus loin possible. Ça marchait pour y voir plus clair, mais ce n'était pas suffisant pour le rassurer sur les événements à venir. Bien au contraire.

Mais Marc venait enfin de se réveiller, et le cauchemar était terminé :

« Tu devrais aller prendre une douche, pour éliminer toute la vapeur condensée sur ta peau ! Et puis t'allonger un moment... Tu m'as vraiment fait chier dans mon froc ! T'imagines même pas... »

Encore comateux, Marc tenta de s'asseoir sans vraiment comprendre. Il se leva et quitta la terrasse sans dire un mot. Il lui fallut une demi-heure pour sortir de la salle de bain. Dehors, tout avait disparu. Lui qui venait à peine de reprendre ses esprits commençait à se demander s'il n'avait pas tout inventé. Néanmoins, il trouva Loyd assis dans la cuisine. En quête de réponses, il demanda :

« Il se passe quoi ? On arrête ?
— La réaction était finie, on est arrivé au bout. Et toi, tu te sens mieux ? Tu devrais peut-être te reposer un moment, non ? »

Sa voix se voulait neutre. Il évitait de regarder son compagnon dans les yeux, se sentant coupable de ce qu'il venait de se produire. Mais celui-ci le gratifia d'une accolade.

« J'ai failli me faire exploser. Mais tu es arrivé juste à temps !
— Mais... c'est à cause de moi que tu es tombé dans les pommes, et que tu as respiré tous ces produits...
— Non. C'est autant ta faute que la mienne. J'ai choisi d'être là. Mais la seule vérité qui compte, c'est que tu m'as sauvé, et ça, je ne l'oublierais jamais... mon frère ! »

Pour la première fois depuis une éternité, Loyd avait chaud au cœur. Il avait réussi quelque chose de bien. Marc poursuivit de sa voix rassurante, visiblement, il avait pris le temps de réfléchir sous la douche :

« Tu as dit que la réaction était finie ? Ça veut dire que je l'ai fait rater ?
— Non, ça veut dire qu'elle est terminée. Le produit final est sur la table en train de sécher. Mais ne t'en fais pas, je trouverais un moyen pour m'en débarrasser.
— Ouais, c'est sur ! On s'en débarrassera ce soir, en faisant tout péter !
— HEIN ? Après ce qu'il t'es arrivé, tu veux continuer ?!
— Evidement ! On a jamais été aussi près du but ! Toi, tu veux pas essayer ce que tu as fait ?
— Si, bien sûr ! Je suis juste surpris, je pensais que tu ne voudrais pas... »

Marc prit alors un air profond et extrêmement sérieux. D'une voix grave et solennelle, il déclara simplement :

« Tu sais, un jour, un homme sage m'a dit : ''Tu ne pensais pas, c'est bien ça le problème...'' »

Loyd s'esclaffa :

« Ouais, mais c'est ça ! Fou toi de ma gueule !
— Bah quoi ?! C'est toi, là, qui fais une tête d'enterrement alors qu'on a réussi ! Et j'ai même pas fait tout péter, comme le prédisait ta prophétie !
— Même si c'est pas passé loin...
— Même si c'est pas passé loin, OUAIS, mais j'ai PAS fait tout péter ! »

Il prit alors la pose, le visage fourbe avant de clamer :

« Par contre ce soir, je m'en priverais pas ! »

Une petite pause plus tard, il relança la conversation :

« Bon enfin, raconte-moi, t'as fait quoi après que je me sois écroulé comme une merde ? »

Loyd était admiratif. Quelques dizaines de minutes seulement après son traumatisme, son meilleur ami s'en était déjà remis. Mieux encore : il s'attelait, à grand renfort d'autodérision, à lui remonter le moral. Alors, il n'allait sûrement pas le décevoir. Il commença :

« Et bien, j'ai attendu que la réaction se termine en rajoutant quelques gouttes de catalyseur toutes les cinq minutes, sans quoi je ne pouvais pas l'arrêter. Et puis, 15° c'est pas assez pour se baigner, hein ? — Marc sembla se rappeler de la référence – Au bout de deux heures, dix minutes après ton réveil, la température continuait à baisser malgré l'ajout d'acide. Alors, j'ai tout remballé.
— Tout remballé ? Interrogea Marc, intrigué.
— J'ai tout ramené ici. Le reste de l'acide est sous l'évier et la marmite, ainsi que la casserole dans le lave-vaisselle. Enfaite, j'ai juste récupéré le contenu de la casserole en le versant dans l'évier à travers un filtre à café. »

Il marqua un temps d'arrêt, avant de tenter de se défendre :

« Ok c'est super mauvais pour la canalisation, mais j'ai pas vraiment de bidons de récupérations. Et même, se pointer à une déchetterie en sortant “C'est pour recycler de l'acétone et du peroxyde d'hydrogène !” très peu pour moi ! »
— Mais j'ai rien dit.

Marc roulait des yeux :

« Et donc, tu as mis le contenu du filtre à café à sécher ?
— Oui, c'est exactement ça ! Enfin... DES filtres à café, vu la quantité, presque 500 grammes. Par réaction du peroxyde d'hydrogène sur l'acétone, on a fabriqué du peroxyde d'acétone. Maintenant il nous reste juste à attendre que ça sèche, et on pourra s'amuser avec ! Tiens, à titre d'exemple, tu savais que la puissance de notre produit était égale à 70% de celle du trinitrotoluène ? Enfin, de la TNT ?
— Putain ! Un sifflement admiratif retentit. On peut tout faire avec ça ! On va vraiment se barder. Mec, ça va être énorme ! C'est pas comme les pétards de quand on était petit hein ?
— C'est sûr ! Enfin, maintenant je suis épuisé, pendant que tu dormais, j'ai dû continuer à touiller avec la peur au ventre. Je vais me doucher et dormir deux petites heures. Tu viens avec moi ? Ou j'te fais un café et tu fais autre chose ?
— Je te suis, j'ai bien cru y rester, me poser fera pas de mal ! »


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