Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)


Par : Conan
Genre : Action, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 15


Publié le 10/02/2014 à 20:55:44 par Conan

Lorsqu'ils pénètrent dans la ville, les hommes ont moins l'impression d'être dans un lieu de vie, plutôt que se retrouver au cœur même d'une machine. Partout où leurs regards se posent, des rouages grincent, des leviers vibrent, des mécanismes couinent, des pompes soupirent. Partout, des travailleurs s'affairent, dans leurs tenues oranges ou leurs bleus de travail, le nez et la bouche recouverts d'un masque de chirurgien pour se protéger de la pollution et des souffles de fumée quasi-constants crachés par ces immenses mécanismes dont les soldats crédules ne comprennent ni le fonctionnement ni l'utilité.

Louis a l'impression d'avoir été miniaturisé. Il lui semble se trouver au plus profond d'une fourmilière, là où, esclaves plus qu'ouvriers, ces millions d'insectes sans identité s'affairent quotidiennement autours de leur bien grosse reine pour satisfaire à son plaisir. Bernac, abasourdi, se demande alors s'il est possible pour un homme de travailler de la sorte. Lui qui n'a jamais connu que la survie, primitive et essentielle, se questionne sur la durée de vie d'un état de servitude de la sorte. Comment des gens peuvent-ils être prêts à vendre leurs bras de manière aussi difficile en échange d'une maigre pitance et d'un logement qu'il imagine bien sommaire. Son interrogation trouve en partie réponse lorsque au loin, de l'autre coté de la zone industrielle, se dessinent les hautes tours et les barres d'immeubles de la cité-dortoir dans laquelle vont se réfugier en ermites ces pauvres ères qui n'ont même plus le luxe d'avoir une identité. Ils sont tous uniformes, tous identiques. Tous, mis à part ceux qu'il pense être les contremaîtres, vêtus d'une combinaison blanche et d'un casque de chantier jaune fluorescent. Ils passent entre les rangs de ces ouvriers, leur bloc-notes à la main, et inspectent, sans rien dire, le regard froid, l’œil vide et dénué de sentiment derrière leurs petites lunettes sur les verres desquelles se reflètent une gerbe de gazole. Tellement supérieurs à ces sous-prolétaires qu'ils ne se permettent même pas la familiarité de donner un ordre, ils se contentent simplement de noter chaque erreur qu'ils constatent sur leur petit calepin. Certainement ont-ils établi des listes, longues comme les rouleaux de la Torah, recensant chaque ouvrier de chaque secteur, en face desquels un certain nombre de bons et de mauvais points est octroyé, ayant des répercussions sur le salaire qu'ils touchent à la fin du mois, leur avancée, leur confort matériel, leur niveau de vie... Au fond, pour bien faire la guerre aux communistes, on utilise exactement la même manière que celle à laquelle nous voulions tant échapper.


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