Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Gabrielle


Par : MonsieurF
Genre : Fantastique, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 12


Publié le 13/03/2016 à 02:06:47 par MonsieurF

Le réveil sonne, c'est le jour de ma mort. Je pose un pied à terre et regarde par la fenêtre. Il fait toujours un temps affreux. La pluie ne tombe pas, il s'agit juste d'un vent puissant, un vent qui défigure le paysage, arrache les feuilles des arbres avant d'en déraciner quelques-uns, et emporte tout ce qui n'est pas fermement accroché ou rentré dans les maisons.
Je n'avais plus eu aucune nouvelle d'Armand. Il s'était muré dans le silence depuis ce soir où il m'avait fait connaitre une nouvelle de ses exigences stupides; le fait que j'étais exclusive à lui et lui seul. Dès cet instant j'avais décidé d'arrêter, c'en était trop. Ces petits jeux avec lui étaient, certes amusants et pimentant mes moments avec lui, ils étaient surtout déconcertants et ridicules. Armand singeait les clichés sur l'adultère qu'il voyait dans des films ou des séries. L'acte sexuel en soit lui procurait du plaisir, mais il en prenait bien plus à jouer au rôle de l'homme qui menait sa double vie, comme ces préados qui se mettent un jour à fumer parce que ça fait "cool" de sortir une clope de son paquet et de se l'allumer, et n'en ont rien à faire de l'effet de la nicotine, ce pour quoi la cigarette est consommée par le plus grand nombre.
Armand croyait qu'il menait une double vie alors qu'il n'en était rien. Sa femme l'avait plaqué, s'était tirée et l'a laissé derrière elle avec sa pitoyable maison qu'il n'entretient même pas. Ce que je ne savais pas c'est qu'il n'a jamais été marié avec elle. Cette histoire de bague n'a jamais été plus qu'une simple manière d'attirer l'attention des femmes dans un bar. C'est ce que j'ai compris lorsque je lui ai demandé depuis combien de temps il était avec sa femme. Cet idiot m'avait répondu machinalement "quelle femme?".

Peu importait maintenant. Je ne le voyais plus depuis quelques semaines et je n'avais plus de nouvelles. Pierre était d'ailleurs devenu le seul homme dans ma vie et je m'en accoutumais très bien. Il devenait de plus en plus important, et lorsque j'ai décidé d'arrêter les escapades nocturnes, il m'avait assuré qu'il serait mon soutien indéfectible.
La journée venait de commencer, je n'avais pas cours et avait prévu d'aider ma mère à organiser le repas de Noël. Je n'aidais jamais ma mère, pour quoi que ce soit, mais j'avais eu la sincère envie de me rapprocher d'elle. J'avais décidé qu'il était plus que temps de me rapprocher des gens qui m'entouraient, et ma mère était la première personne qui méritait ce traitement.
Cette résolution ne me serait jamais venue à l'esprit si Pierre n'avait pas encore été là pour m'ouvrir les yeux. Son amour devenait un réel moteur.
Je me levais donc et rejoignait le salon. J'embrassai Paul et mon père, puis chercha ma mère.
"Elle à disparu soudainement après être sortie chercher le courrier, elle n'a pas voulu dire ce dont il s'agissait. Quelque chose avec le boulot sans doute." fit mon père
À ces explications, ma mère rentra dans la maison par la porte d'entrée. Le vent s'engouffra à l'intérieur depuis son dos, faisant trembler les cadres accrochés au mur. Elle se dirigea froidement vers moi sans même me regarder.
-"Tu es prête?" fit-elle en serrant les dents."
-"Je vais me préparer et j'arrive." répondais-je légèrement inquiétée par le ton employé par ma mère

Je me préparai rapidement, et quitta la maison avec ma mère. Nous entrons dans sa voiture, je m'installe du côté passager, et ma mère démarre.
Nous roulons vite, fendant le vent qui se plaquait contre la voiture. Elle s'arrête sur le bas côté d'une route qui longeait la forêt. Elle coupe le moteur. Je n'ai pas le temps de lui demander des explications que d'un ton monocorde tout en regardant en face d'elle, elle me demande;

-"Depuis combien de temps toi et Pierre vous vous envoyez en l'air?"
Intérieurement, je reste idiote, interloquée. À ces mots, la seule réaction incontrôlée que j'ai est d'immédiatement sentir mes muscles se contracter. Je ne tente même pas de répondre, je suis incapable de trouver quoi dire.
Ma mère plonge sa main directement en direction de la boite à gants en face de mes genoux. Elle l'ouvre et en sort 4 photos qu'elle me lance dessus, toujours sans me regarder.
Ce sont les photos d’Armand, les photos sur lesquelles on me voit à maintes reprises avec Pierre.

-"Je ne te demande même pas de m'expliquer, je ne veux rien savoir. Tu te tapes mon collègue de bureau, ton ancien prof de math, et qui d'autre encore? Dis-moi maintenant avant que l'un d'eux vienne me trouver, petite garce."

Je suis anesthésiée, les mots qui sortent de la bouche de ma mère ont l’effet de multiples coups de couteau que l'ont me plante dans le ventre. Armand est allé trouver ma mère et lui a tout dit, tout balancé.
Les larmes coulent, je me retrouve face à ma plus grande faille, et c'est ma mère qui fait l'état des comptes.
Elle me regarde. J'ai les yeux fixés sur mes genoux tremblants.

-"Combien de temps?" demande-t-elle en hachant ses mots.
Je relève ma lourde tête et plante mon regard dans celui de ma mère. Ses yeux sont gorgés de haine et de larmes.

"Un peu plus d'un an" répondis-je.

Elle se tut. Puis se contenta de tourner la tête et desserra une main qu'elle avait toujours sur le volant pour tourner la clef de contact.
Le moteur s'alluma, ainsi que la radio. Dancing Queen de Abba s'enclencha.
Ni elle ni moi n’avions assez de force pour couper le son du poste de radio.

Elle me dépose dans le centre-ville, me priant de descendre de la voiture. Je m’exécute. Elle me fait clairement comprendre qu'elle ne veut plus me voir. Avant de s'éloigner de moi, elle baisse la fenêtre côté conducteur et toujours sans me regarder, me lance;
-"Je n'en ai rien à foutre de la manière dont les choses ont commencé entre vous. Fais-toi ton prof de math, fais-toi tous les hommes de la ville si ça peut te permettre de te sentir moins pitoyable, mais je te préviens; avec Pierre c'est terminé, et je me fiche de savoir si tu es d'accord ou non."

Je n'ai pas le temps d'encaisser la fin de sa phrase qu'elle est déjà parti. Je me retrouve là, plantée sur le trottoir au milieu d'un vent tempétueux.
J'essaie de joindre Pierre, je suis affolée. J'ai envie de partir, de m'enfuir avec lui, j'ai l'impression qu'il ne reste plus que cette solution. Je l'appelle plusieurs fois, je tombe sur sa boite vocale encore et encore. Je lui laisse des messages, je n'ai pas de nouvelles. Je reste là, sans bouger à tenter de le joindre, à tourner en rond, mon téléphone serré dans ma main attendant son appel. Il ne se passe rien.
Je reste assise sur un banc près de l'endroit où ma mère m'a déposée, et j'attends des heures durant, j'attends un signe de vie de Pierre. Je n'ose pas aller chez lui.
Je suis en colère, je repense à Armand. Ce fils de... .
Je me lève d'un bon et me mets en route vers sa maison.

J'arrive devant sa porte, il fait nuit. Je frappe du poing à plusieurs reprises jusqu'à ce que la porte s'ouvre.
-"Tiens Gabrielle? Ta mère a eu mon courrier, celui que je lui ai adressé?"
Je reste de marbre devant son visage au sourire narquois. C'est alors que mon poing droit part une nouvelle fois, mais en direction de son visage, et d'une force que je ne soupçonnais pas.
Mon poing craque sous la puissance du coup que je lui assène. Je sens une puissante douleur au niveau de mes phalanges. Armand se repli sous le choc, il recule, tâtonne, et avant même que j'aie le temps de voir le sang qui coule de son nez, il m'attrape par le bras et me jette sur le sol à l'intérieur de sa maison. Il ferme la porte, se jette sur moi et me frappe. Il me frappe au visage plusieurs fois, j'essaie de me débattre mais il me bloque, m'empêche de bouger. Il se relève, je gis sur le sol. Il me donne trois coups de pieds dans le ventre.
-"Je t'ai dit que tu étais à moi." fit-il essoufflé
Son nez coulait toujours de sang. Il me laissa sur le sol et s'installa dans son canapé, avec une serviette qu'il apposa sur son nez tout en penchant la tête en arrière.
Quinze minutes, peut-être vingt s’écoulèrent. J'étais toujours là sur le sol, inerte. Mon ventre et ma tête me faisant un mal de chien.
Je rassemble quelques-unes de mes forces et me hisse sur mes jambes. Avec peine, je fonce sur la porte d'entrée et quitte la maison. J'entends "Je n'en ai pas fini avec toi!" qu'Armand me lance et que je fais mine d'ignorer.


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