Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Révolution!


Par : Conan
Genre : Action
Statut : Terminée



Chapitre 33


Publié le 19/05/2011 à 19:16:35 par Conan

Après avoir passé la nuit chez ma femme je repars tandis qu'elle dort encore. Il est à peine cinq heures du matin et le ciel est gris. A Austerlitz, on se prépare à l'assaut. Tous les militaires qui nous ont rejoint hier sont en ordre de combat et commencent à monter dans les blindés. Si tout se passe bien, nous aurons le contrôle total de la rive gauche d'ici ce soir.

Pourtant, le soir venu, les combats continuent. Les détonations résonnent et font trembler le sol depuis huit heures. La nuit est déjà bien tombée, et parfois une explosion plus proche que les autres illumine brièvement le ciel. C'est à croire que ça n'en finira jamais.

Une section des Escadrons de la Mort se tient en alerte à coté des mortiers de 105 mis en batterie et qui ont déjà appuyé les soldats dissidents trois fois aujourd'hui. Toutes les demie heures je me tiens au courant du déroulement des opérations. Hélas, ça patauge dans la semoule là bas. On avance, on recule, on ne connait pas le nombre de pertes.

Je reste assis devant la chaine d'informations. Ils viennent tout juste d'annoncer qu'un petit groupe de révolutionnaires avait pris en otage des aiguilleurs des rails à Orléans et auraient détourné un train de vivres. D'après nos estimations, le train sera à Austerlitz dans moins de deux heures.

Autre info, et de taille, c'est que la révolte touche peu à peu tout le pays. Les plus grandes villes de France sont sous couvre-feu et des groupes d'insurgés émergent ça et là, idem en campagne ou plusieurs ouvriers, paysans et chasseurs se réunissent dans des cafés et bar tabacs pour former des petits groupes révolutionnaires autonomes. D'après ce que m'a rapporté un volontaire venu de l'Ardèche, on se croirait dans une autre époque avec ces bars enfumés, pleins à craquer de types armés de fusils de chasse qui partent occuper les bâtiments administratifs en réclamant telle ou telle revendication. La gendarmerie locale ne peut, ou ne veux, rien faire, soit parce que certains gendarmes ont rejoint la rébellion, soit parce qu'ils veulent éviter des combats dans des cantons ou tout le monde connait tout le monde, soit parce que des gendarmeries entières ont tout simplement été vidées de leurs fonctionnaires qui ont été réquisitionnés pour se rendre dans des villes plus grandes pour tenter de réprimer la révolte.

La révolution rurale, c'est aussi un moyen de mater la délinquance qui émergeait depuis dix ans dans les villages. Cambrioleurs, trafiquants, racketteurs de commerces et autres joyeux drilles ont été sommés de quitter les lieux. Ceux qui n'ont pas voulu et ont continué leurs méfaits ont tout simplement été liquidés et enterrés dans le maquis.

A deux heures du matin, c'est la joie : Rebagnac annonce à la radio d'une voix fatiguée mais soulagée qu'ils ont atteint le pont du Mirabeau et que le palais des Invalides a été repris. Hélas, le bâtiment et le musée se trouvant à l'intérieur auraient été très endommagés par les combats.

Des chars et des militaires dans les jardins des Invalides. Ça a une odeur de 14 juillet. Presque un odeur de fête. Hélas, l'heure est plutôt aux règlements de comptes.


Peu de temps après, le train arrive enfin à la gare d'Austerlitz. Le conducteur abasourdi descend en suppliant qu'on le laisse en vie. Nous le laissons libre de repartir. Quand les deux agents de Jack restés à Orléans apprennent que nous sommes en possession du train, ils décident de relâcher les otages avant de se suicider, préférant se donner la mort plutôt que d'être pris vivants.
Nous vidons les wagons pour récupérer les milliers de boites de conserves et les 30 lance-roquettes sol-air.


Au matin, je me rends en jeep aux Invalides. On me conseille d'éviter les quais, de nombreux snipers ennemis seraient installés en face. Nos groupes de tireurs de précisions s'installent eux aussi dans des bâtiments le long des quais. Mon trajet des donc rythmé de coups de fusils épars, plus ou moins lointains, d'un coté comme de l'autre de la Seine.

J'arrive à notre nouvelle place forte. On ne m'avait pas menti sur l'état des Invalides. Les jardins ne ressemblent plus qu'à un champ de terre battue sur lequel reposent des corps, des carcasses, des milliers de douilles et de débris. Le bâtiment a été en partie brulé. Toutes les fenêtres et portes sont explosées et la façade est criblée de balles.

Je retrouve le Colonel Rebagnac devant son Leclerc. Les mains sur les hanches, le béret vissé sur ses cheveux légèrement grisonnants, le buste gonflé sur lequel sont accrochées plusieurs médailles. Il tourne sa tête vers moi et me serre la main :
-On a tout fait pour éviter le combat. Ce sont eux qui ont tiré en premier. Après, ça a été l'escalade, ils n'ont pas lâché un seul centimètre. On n'a fait aucun prisonnier mais je pense qu'une bonne partie d'entre eux se sont repliés sur la rive droite.
-Vous avez repris tous les ponts? Réponds-je.
-Affirmatif, mais ils auront besoin d'être fortifiés.
-Je vais faire venir deux cent partisans bien armés pour les tenir. Nos tireurs d'élite sont en train de s'installer dans les bâtiments tout le long des quais pour parer à toute tentative d'infiltration ennemie par voie fluviale.

Un immense trafic qui durera trois jours commence sur la rive gauche. Nous profitons de cette belle victoire pour, dans un premier temps, réquisitionner les hôpitaux pour les blessés, les stations service pour les véhicules, les hôtels pour nos troupes, installer des positions de défense fortifiées aux ponts et endroits stratégiques et renforcer l'arsenal défensif de la place de la Bastille, véritable tête de pont sur la rive droite.

Georges a fait un état approximatif de nos effectifs et de nos ressources. Nous aurions dès à présent 4 500 partisans actifs issus du corps civil et policier, 250 membres des Escadrons de la Mort, 345 militaires ralliés à notre cause (qui risquent d'ailleurs très prochainement de rejoindre les Escadrons) et près de 10 000 sympathisants, en somme des partisans du dimanche qui participent à quelques mouvements, quelques patrouilles ou sabotages avant de rentrer chez eux.

Coté matériel, on est bien loin des arsenaux de l'armée. Seulement 4 chars lourds encore en état de fonctionnement, 7 blindés légers de reconnaissance ou de transport de troupes, une vingtaine de jeeps. Pour le reste, on fait avec ce qu'on a. Nous tentons de trouver des 4x4 assez solides pour être malmenés. Nous étudions aussi un projet de création de brigades motocyclistes pour patrouiller, mais aussi effectuer des reconnaissances et, pourquoi pas si les pilotes sont assez fous, des assauts d'envergure.

Coté armes, nous disposons de 85 mitrailleuses lourdes, quelques trois cent fusils d'assaut, la plupart distribués aux commandos, 500 pistolets mitrailleurs, 400 carabines, 700 fusils à verrou, à pompe et fusils semi-automatiques, 13 lance-roquettes sol-sol et notre petite trentaine de lance-roquettes sol-air. C'est peu. Très peu. La perte d'Ivan a entrainé la perte de juteux réseaux de vendeurs d'armes au marché noir, et le pillage des dépôts rapporte trop peu de matériel. De plus, il semblerait que les services secrets aient découvert notre filon d'armes de l'Est. Il faut trouver un autre marché, et vite.


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