Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3 : L'appel.


Publié le 05/08/2012 à 00:49:25 par Conan

Dix heures du soir. J'arrive au boulot, encore un peu ivre. Y'a Greg près de la machine à café. Je m'avance vers lui et me sert un jus de chaussette à cinquante centimes. Greg me serre la pogne. Je sens des marques sur sa main.
-Tu t'es amoché le poing ?
-On n'y est pas allé de main morte hier soir.

Je sirote bruyamment mon kawa brûlant avant de hocher la tête et de lancer un petit « hm » approbateur.
-Faut c'qui faut. J'ai ta part du pognon dans mon sac.
-On s'en fout, c'est pas pressé. Tu m'aurai dit de faire ça gratis que ça m'aurait pas dérangé.
Je regarde autours de nous en levant le sourcil.
-Il est pas encore là Vinny ?
-Nan, il a pris trois jours de repos pour la fin de la semaine. Aux frais de la princesse grâce au tuyau qu'il a rapporté hier au taulier.
-L'histoire du braquo ?
-Yes.
-On va se marrer tiens. C'est qui les loustics qui sont dans le coup ?
-Inconnus au bataillon. Apparemment des Gitans qui viennent des Bouches-du-Rhône.
-J'connais un mec à la PJ de Marseille qui pourra peut-être nous filer deux-trois infos.

-Alors les pédés ?!

On s'retourne. Vinny arrive vers nous, sa veste en cuir luisante à cause de la pluie, sac de sport jeté sur l'épaule. Il nous fait l'accolade. J'embrasse son crâne rasé.
-Alors, on a des tontons qui font la pige ?
-Quand on aura logé ces enfoirés, tu pourras me payer le champagne. On reste ici ou on s'encule ?
-Allez, au boulot. Que j'conclus en jetant mon gobelet vide dans la corbeille.

On arrive dans la salle du rapport. C'est comme une grande salle de classe où sont rassemblés tous les poulets qui prennent leur service ce soir. Y'a l'OPJ en tenue, debout devant nous, qui fait l'appel et qui file leurs consignes aux brigades. J'me fait chier. Je regarde un peu l'assemblée. Voir qui est là, qui n'est pas là. D'un coup, j'remarque une meuf. Jamais vue auparavant. Elle est en civil. P't'être une journaliste.

L'appel est fini. On se disperse, on se serre les pognes. La gonzesse discute avec l'OPJ et un vieux bricard-chef dont il serait inutile de citer les noms.

En me voyant arriver vers eux, l'OPJ tilte.
-Ah ! Tant qu'on y est, j'vous présente le brigadier Brennan, de l'équipe 2.
J'regarde la nénette. Elle à l'air intimidée. Faut dire, elle doit peser moitié moins que moi. Elle est jeune aussi. Trop jeune pour être ici en tout cas. Trop fragile aussi. Teint pâle. Cheveux noirs tirant sur le roux. Petite tête de souris. Ses yeux noisette regardent l'ours qui se tient devant elle de haut en bas. J'lui tend ma grosse patte. Elle y glisse sa petite main soignée.
-Bonjour brigadier. Gardien Mélinda Winzeck.
Regard franc mais intimidé et méfiant. L'alcool doit se voir dans mes yeux embrouillés.
-Appelle-moi Brenn. T'es rattachée à quel service ?
-Je viens d'être incorporée au GRIP, équipe 1.
-Ah, tu remplaces le gosse.

Silence. Lourd. Pesant. Comme si j'avais dit une connerie. Pourtant c'est la vérité.
-Bon, bah au boulot ! Dit l'OPJ avec un ton qui part en sucette et un sourire mal foutu et gêné.

Bon. Bah au boulot.

La nuit est longue et froide. On roule, jusqu'à six heures du matin. Parfois on descend de la caisse, histoire d'aller contrôler des types aux mines patibulaires, à la lueur d'un pauvre lampadaire jaunâtre et pisseux, au détour d'une petite ruelle mal foutue, ou pour aller manger un morceau, à un fast-food ou une sandwicherie qu'on croise sur notre route.

On erre. Jusqu'aux premiers fragiles rayons du soleil dans le ciel clair et angoissant.


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