Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5 : Journaliste, blackos, pote.


Publié le 30/09/2012 à 02:52:02 par Conan

Les marches du Palais de Justice. Trempées par la pluie, malgré l'accalmie et un faible rayon de soleil qui filtre entre deux cumulus.

J'attends devant comme un fruit depuis une demie-heure. Et il est déjà neuf heures du mat'. Debout sur le trottoir, m'allumant ma cinquième clope en tirant la gueule. Je regarde en haut de l'escalier. J'vois enfin mon pote sortir du tribunal, l'air pressé, il descend dans ma direction. Dans son imper beige, sa chemise de soie et sa petite cravate bleue, avec son petit attaché-case, il ferait classe et bien propre sur lui s'il n'avait pas été blackos.

Arrivé en bas, il s'imprègne volontiers de ma crasse pour me faire l'accolade.
-Alors Titi, comment vas ?
-Excuse du retard Red, je couvre le procès du violeur des Ardennes. C'est un sacré bordel à l'intérieur. Ça va et toi ?
-On fait aller. Quoi d'neuf ?

Tout en sortant une clope light de sa petite boite métallique, il hoche la tête. J'lui tend mon zippo.
-Bah écoute... Merci... Écoute, j'ai toujours ce problème dont je t'avais parlé la dernière fois.

Je range mon zippo dans ma poche intérieure.
-Ouais. Et donc ?
Il regarde alentours.
-Ça te dérange pas qu'on aille ailleurs ?
-Dis-donc, ça a pas l'air de t'réussir d'être journaliste. Détend-toi l'anus.
-C'est du sérieux, Red.
-Ok, ok. On prend ta bagnole.
-Pas la peine, ya un Starbuck par loin. Ça nous fera du bien de marcher un peu. On pourra discuter.
-Si tu préfères.

Starbuck Coffee. Une bonne merde venue droit d'outre Atlantique pour empoisonner les bouffeurs de grenouilles et les amateurs de vrai café que nous sommes. Le bon serré, corsé, avec le marc au fond, connaît pas ça Starbuck. Par contre pour de la pisse tiède remplie de lactose, et du gâteau à la crème fraîche, y sont fortiches.

On fait la queue, parce que Starbuck, c'est pas comme un bistrot, c'est à la chaîne, comme à la cafétéria où à l'usine.
Après avoir récupéré nos gobelets, on s'assied à une table en fond de salle.
-Alors, dis-moi.
-Bon. Tu te souviens du pourri dont je t'ai parlé ?
-Ouais, ouais. J'me souviens. Un avocat véreux, comme tous les baveux, qui a fait sortir un enculé de truand par une pirouette, comme à chaque fois, et qui se tape des petites Roumaines en se faisant cravacher le cul par un gros en combi latex, comme tous les baveux. Qu'est-ce que tu veux ? Lui filer une leçon ? Prendre des photos compromettantes et le faire chanter, où les balancer à ton agence de presse ?
-Tu parles. Mon agence est remplie de pourris qui seraient prêts à cracher le morceau au principal intéressé avant même qu'ils ne soient au courant de l'existence de ces éventuelles photos. Et si encore personne n'est mis au parfum, le rédac' chef aurait trop les couilles qui claquent pour les publier. Quant à lui péter la gueule, aucune intérêt. Cet enfoiré est un nuisible, et une bastonnade n'y changerait rien.
-Alors quoi ?
-Red... On se connaît depuis quoi ? Vingt piges ?
-Ouais, ça fait un bail.
-T'es le seul mec digne de confiance dans mon entourage. Journalistes, pseudo confrères, politiciens, juges, avocats, mecs de la haute, starlettes du showbiz. Rien n'est vrai. Que des enflures. Y'a que toi.
-Moi pour quoi ?
-Pour buter ce mec.
Je le fixe pendant quelques secondes.
-Le buter ?
-C'est l'seul moyen.
-Tu sais qu'on joue gros.
-Je sais. Pour l'argent, c'est pas un problème. J'ai tout c'qu'il faut.
-C'est pas une question de blé. Tu connais ce mec, et tu sais ce qui gravite autours de sa trogne. Truands, politicards, les deux en même temps. Le flinguer, ça revient à flinguer tous les chefs mafieux, jusqu'au président d'la République.
-Je sais, mais j'ai bien réfléchi, et c'est la seule solution. Ce gars est dangereux. Trop dangereux. J'ai des dossiers sur lui. Des trucs dont t'as même pas idée. Je sais tout de lui. Ses habitudes. Ses loisirs. Ses putes. Ses planques.
-T'es bien conscient de c'que tu me demandes.
-Oui. Fais-le. Je suis prêt à payer. Et à assumer toutes les conséquences s'il doit y en avoir.
-Pour ce genre de poisson, je peux pas à moins de cinq mille balles.
-T'auras tes cinq milles euros, et même plus si tu veux. Mais débarrasse la planète de cette enflure.
-Bon. D'accord. Ça marche. Où il est là ?
-Pas maintenant. Il est à son cabinet. Y'a toujours du monde. Je t'informe en temps réel. Et dès qu'il est seul et accessible, j'te fais signe. Ça roule ?
-Ça marche.
-Et surtout, le rate pas.
-Oh non, j'le raterai pas.

Je finis mon jus de chaussette, et j'me barre après avoir salué mon pote.

Je retourne à mon appartement. Entré dans ma piaule, j'ouvre l'armoire et déplace une latte en bois. Je sors un sachet plastique du trou. De ce sachet, je sors un Smith & Wesson 686 chromé, calibre 357, en six pouces.
Oh non, j'le raterai pas.


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