Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Sorcière


Par : BaliBalo
Genre : Fantastique, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 2 : Une famille


Publié le 04/02/2011 à 15:31:04 par BaliBalo

Lorsque Pater a appris ce que j’ai fait à Yann, il est entré dans une colère noire. Il a défendu le cas du pauvre garçon. C’est vrai après tout, un type qui joue avec les sentiments des autres et qui les considère comme de simples jouets a toujours raison. Ce genre de personne on devrait les laisser faire leur sale besogne. Bien entendu, Pater ne défendait pas cela. Simplement je n’aurais pas du, selon lui, faire ce que j’ai fait et me laisser frapper sans réagir. Evidemment.
De toute façon c’est toujours comme ça. Pater me dispute pour un oui ou pour un non. Mon père est ainsi, il me hait et pourtant je suis son unique fille. Oui sa fille, malheureusement… Parce que oui, Pater, de son vrai nom Emile Tarn, est mon père. Pater, père en latin, une langue morte et étrangère. Il est ainsi, étranger. Voilà pourquoi je l’appelle comme ça, d’autant plus que je ne vais pas lui donner un surnom affectif alors qu’il préfèrerait que je ne sois pas née. Petite j’ai réclamé son affection. J’ai rapidement compris que je n’y aurais pas droit. J’ai renoncé.

On frappe doucement à la porte de ma chambre dans laquelle je me suis enfermée après la dispute avec mon père. Je déverrouille, sans quitter mon lit, et Hell rentre. Hell, c’est son surnom. En vérité il s’appelle Adrian. C’est mon frère.

Hell est grand, longiligne. Sa maigreur alliée à sa pâleur lui confère une silhouette fantomatique et presque inquiétante. C’est un garçon terriblement intelligent. Luce aussi est brillant, mais il ne fait que le strict minimum. A la différence de Hell qui ne désire qu’apprendre. Encore et toujours. Il veut tout connaître, ce qui le pousse à étudier des heures durant. Il reste enfermé dans l’obscurité de sa chambre, seulement trouée par la faible lueur de sa lampe de bureau. Cette soif de savoir, cette intelligence le rend terrifiant, hautain et parfois inhumain. Mais à cet instant, il arbore seulement l’air candide et perdu qui découle de son allure négligée. Le dos légèrement vouté tant il s’est penché sur ses études donne à sa tête une inclinaison bancale. Ses longs cheveux noirs tombent devant ses yeux bleu-gris, presque masqués par les mèches grasses qui se mêlent à sa courte barbe désordonnée. Je trouve qu’il me ressemble. Comme moi, Hell parle peu : il a du mal avec les mots. Mais ce n’est pas pour la même raison. Il n’est pas timide, pas taciturne. Il sait simplement qu’il est impossible à suivre. Faute d’être trop malin.

Je suis plongée dans un bouquin sur la Première Guerre Mondiale. Hell tente de sourire mais n’obtient qu’un affreux rictus constipé. Sans se départir de son air gauche et de son sourire maladroit, il s’assied sur mon lit. Et déclare :

« Tu as encore fait très fort. Luce ne tarit pas d’éloge sur toi. Verdun est une belle ville.
- Je sais.

En revanche je ne sais pas si je réponds à sa remarque sur la punition que j’ai infligée à Yann, ou à celle sur Verdun. Va savoir. Il reprend :

- J’espère qu’on ne retournera pas en Bretagne cet été.
- C’est vrai que les vacances à Saint-Malo n’étaient pas terribles.

Encore une fois, je ne comprends pas le rapport. Il est trop rapide, Hell réfléchi trop vite et passe du coq à l’âne selon une relation logique du type domino des pensées. Cette logique se défini par une réflexion qui en amène une autre, puis une autre… Le fil des pensées. Sauf que lorsqu’on fait une relation, Hell en fait trois.

- Les algues ne sont pas très intéressantes en effet.
- Euh… oui. Hell tu vas en cours demain ?
- Je ne sais pas encore, peut-être si je me réveille. »

S’ensuit une vague dispute durant laquelle je m’échine à motiver mon frère à se rendre au lycée. Pas que je m’inquiète pour sa scolarité mais je préfère qu’il reste dans l’établissement. A force de ne pas venir en cours, il finira par se faire virer. Je n’ai pas envie de me retrouver seule. Hell est contrarié, ça se voit. Il soupire puis sort de la pièce en se cognant contre un angle du mur. Il ne bronche même pas, comme si il n’avait rien remarqué. Je souris et me replonge dans la Première Guerre Mondiale. C’est Hell qui me force à lire ce truc. Il veut que je me cultive, d’autant plus que, comme lui, j’évite d’aller en cours. Mais encore une fois nous sommes différents sur ce point : lui n’y va pas parce qu’il n’y apprend rien de plus qu’il ne sait déjà ; moi c’est simplement que ça m’ennuie et que j’ai des choses plus importantes à étudier comme la magie.

Pater appelle pour dîner. Je ne descends pas. Je n’ai pas envie de le voir et ma présence n’est de toute façon pas requise. Cet appel est mécanique mais ne s’adresse pas à moi, seulement à ses deux fils qu’il chérit plus que tout au monde.


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