Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Qui ose peindre les roses en rouge ?


Par : Loiseau
Genre : Fantastique, Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 2 : Dans son monde...


Publié le 16/04/2014 à 22:10:09 par Loiseau

Alice lève les yeux vers le plafond pour tenter de discerner le visage de celui qu’elle vient de bousculer, tout en se répandant en excuses. Ma pauvre enfant, rien ne sert de demander pardon au Diable, il a bien plus à se reprocher que toi.


-Ne vous excusez pas, vous ne l’avez pas fait exprès.


Une bonne âme en pareil lieu ? Que nenni. Le commandant SS Karl Hutmacher sait simplement se montrer courtois aux premiers abords. J’aurais aimé qu’Alice ne soit pas confrontée à cet habitué du Pays des Merveilles…


-Ah, commandant ! Vous faites connaissance avec notre petite Alice ?


La Reine, toujours prête à vendre la chair de ses filles, surgit des ombres et agrippe l’épaule de notre protégée.


-Elle n’a pas d’expérience mais… Je suis certaine que vous vous ferez un plaisir de lui apprendre !


L’allemand se contente d’un sourire poli et retourne s’asseoir près du piano. La Reine entraine Alice, la douce Alice, dans un coin de la pièce. Discret, les pattes devenant velours, je les suis. Les yeux verts de l’enfant rêveuse croisent ceux gris et inquiétants de la mère maquerelle. Ses ongles rouges s’enfoncent dans l’épaule dénudée de la brunette.


-Alors, on bouscule les clients ?


L’acidité dans la voix de la grande harpie écarlate pourrait faire fondre la serrure d’un coffre-fort (métaphoriquement parlant, c’est évident). Pauvre petite qui n’imagine pas encore ce que la Reine attend d’elle. Elle le découvrira beaucoup trop tôt, je le crains. Mais pour l’heure elle est trainée par Sa Majesté dans les escaliers et ses faibles protestations ne changent rien. J’ai tout juste le temps de me glisser dans l’entrebâillement de la porte lorsque la jeune fille est jetée sans ménagement dans sa chambrette. Les odeurs d’encens et de tabac (ainsi que les vapeurs opiacées d’Absolem…) sont beaucoup plus ténues ici. Des affiches de cabaret sont accrochées aux murs ainsi qu’une petite photo du Maréchal Pétain que la Reine tient en haute estime. Alice, secouée par la subite colère de la proxénète (mais pas trop non plus, elle a l’habitude), s’allonge sur son lit étroit et se roule en boule. Je saute à côté d’elle et frotte ma tête contre sa joue.


-Oh Dinah, tu es là ?


J’aime bien quand elle me caresse entre les oreilles, ma petite Alice. Elle a les mains douces et je détesterais qu’elles se posent sur quelqu’un d’autre. J’aimerais la rassurer et lui dire qu’elle ne souffrira plus jamais. Mais d’une part je ne parle pas, et quand bien même ce serait le cas nous ne comprendrions pas. Et puis je ne peux pas être sûr qu’elle ne souffrira plus, bien au contraire. Ses yeux se font lointains…


-Tu sais Dinah… Souvent je m’invente un monde quand je suis seule.


Tu es tout le temps seule Alice. Ton monde doit être immense et beau…


-Dans mon monde, les chats parlent comme les humains ! Nous pourrions y avoir des discussions tellement intéressantes… Et puis il y a des fleurs partout, qui chantent comme Zarah ou Edith !


Je jette un coup d’œil félin (donc rapide) aux affiches décorant les murs. Zarah Leander et Edith Piaf occupent une place prépondérante dans le cœur et les oreilles d’Alice. Cette dernière commence à s’endormir. Je m’allonge contre elle et ferme les yeux à mon tour.


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