Note de la fic : Non notée

Le retour au Paradis d'Alexander Minervae


Par : Adonis-Shibo
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3


Publié le 27/07/2014 à 23:39:16 par Adonis-Shibo

[c]Chapitre 1 : La rentrée scolaire de 2095[/c]




Danemark, Sønderborg, Mardi 6 septembre 2095, 13h15.


Avant Varofiel :



Je me regardais dans le miroir. Le résultat n'était pas trop mal, à mon humble avis. Cela me reflétait. Je n'en avais pas trop fait, comme ces crétins inférieurs qui essayaient de faire trop bonne impression. « La première impression est toujours la bonne » disait-on. Et bien, quitte à donner une première impression décisive, il me semblait plus logique de donner une impression réaliste de moi-même, plutôt que de se pavaner pour décevoir les gens plus tard, en se donnant un style « au-dessus » de ce qu'on était vraiment. Je donnais un dernier coup de peigne pour remettre ma mèche en place lorsque la sonnette retentit. C'était sûrement Sancho. Sancho était un de mes premiers amis de collège. Le premier peut-être. Ou alors, parmi tous ceux qui restaient, c'était lui le plus ancien. Peu importe, ça ne durerait pas longtemps. Il n'était pas populaire. Il ne valait pas le coup. Il n'était pas à ma hauteur. J'avais juste à m'en débarrasser à la première occasion.

Mais en attendant... il m'offrait le trajet. Sous prétexte qu'il n'y avait pas de bus pour chez lui, il avait proposé de venir me chercher. Il appréhendait, oui. Sancho Pedersen n'était pas quelqu'un de particulièrement extraverti. Moi non plus d'ailleurs, mais j'essayais de le cacher, moi, quand j'étais mal à l'aise. Pas lui. Il se refermait sur lui-même. Le pauvre, il n'arriverait pas à s'adapter une fois dans les hautes sphères du lycée. Raison de plus pour l'abandonner ici. Mais bon, en attendant, c'était lui qui me déposait au lycée. J'ouvrai la porte. Sancho se tenait là, devant moi, avec un sourire angoissé.  J'avais vu juste : il appréhendait. Pauvre petit. Sancho était plus grand que moi. Mais ça, ce n'était pas très difficile. Et il était plus maigre, aussi . Ca, déjà, c'était plus dur. Il était toujours habillé de noir. Pour autant, il n'était pas du genre gothique, ni smoking. Il semblait juste préférer les vêtements discrets. Sancho Pedersen avait le teint plutôt mat, même s'il ne sortait pas beaucoup. Pour rigoler, on lui disait souvent qu'il était immigré, ou adopté, et son prénom allait dans ce sens. Ses cheveux étaient noirs, un peu secs et courts. En fait, il était plutôt difficile de décrire sa coupe de cheveux. Ses sourcils aussi, d'ailleurs. Enfin, son. Enfin, difficile à dire, vu qu'ils se rejoignaient légèrement. Je lui serrai la main, poliment, et lui rendit son sourire. Vivement qu'on en finisse. Je le suivit jusqu'à sa voiture, garée devant chez moi. C'était un gros pick-up bleu foncé, conduit par son père. C'était un homme souriant, qui lui ressemblait un peu, mais avec la peau un peu plus claire, et une calvitie qui lui avait dégagé tout le haut du crâne. Il travaillait dans une station d'épuration, et ne m'inspirait que le plus grand mépris.

La Sønderborg Statsskole était à 15 minutes de chez moi, et à 30 de chez Sancho. Sur le chemin, pas un mot. Pas étonnant, j'étais sûrement aussi stressé que Sancho. La nuit précédente avait été un calvaire. C'était un de ces nuits ou on ne trouvait pas le sommeil, et où on se mettait à chercher n'importe quoi d'autre à faire pour attirer le sommeil. On lisait pendant une heure, pour regarder ensuite son réveil, et se rendre compte que l'heure tournait, et qu'on ne dormirait pas assez. Alors on posait le livre, on éteignait la lumière, et on cherchait à s'endormir. Très vite, l'oreiller devenait trop inconfortable, ou trop chaud. Alors on le retournait, dans l'espoir de trouve un peu de fraîcheur. Mais à ce moment là, c'était au tour de la couverture de s'échauffer. Alors on l'enlevait, pour sentir tous les courants d'air. Puis l'autre côté de l'oreiller devenait lui aussi inconfortable, et on le mettait lui aussi de côté. Finalement, on avait trop froid et mal à la tête, alors on se remettait sous sa couverture, et sous son oreiller. Retour au point de départ. Et on réalisait qu'on avait perdu une demi-heure de sommeil, et que ce dernier ne venait pas. Puis finalement, on tombait dans les bras de Morphée sans s'en rendre compte, pour se faire réveiller par l'insupportable sonnerie du réveil ou du téléphone le lendemain.

Après un quart d'heure de route dans le silence complet, nous étions arrivés. Devant les grilles du portail de la Sønderborg Statsskole. Le père de Sancho nous déposa là en ajoutant un inutile sourire encourageant. De l'autre côté de la route, une vingtaine de visage inconnus nous dévisageaient, cigarette à la main. Il était temps de faire bonne impression, et c'était mal parti avec cet idiot qui me collait. Peu importe, je sortais mon éternel rictus, faussement confiant, en guise de masque. Que le bal commence.

« -Torsten et Robin nous attendent dans le forum, expliqua Sancho après avoir regardé son téléphone. »

J'acquiesçai. Génial, les deux autres déchets étaient là aussi. Retenant un soupir, je me dirigeai en compagnie de Sancho vers le forum. C'était le bâtiment le moins ancien de la Statsskole. Certainement pas moderne pour autant. A l'image de ses alter-égo de l'Antiquité, il ressemblait à une sorte d'escalier brun assez large pour accueillir le postérieur d'une trentaine de personnes alignées sur chaque marche, entouré de barrières jaunes... jaune moche. Si cette couleur n'existait pas, elle était en revanche tout à fait appropriée. D'ailleurs, « Moche » était la couleur qui désignait le mieux le forum. En parlant de « moche », Torsten nous fit un grand signe de main. Quelle honte... Heureusement, personne ne semblait l'avoir remarqué. Torsten était grand. Plus grand que moi. Mais ce n'était pas difficile, comme tout le monde le répétait. Robin était encore plus grand. Les deux comparses étaient plus maigres que moi, eux aussi. Mais ce n'était pas pour autant que j'étais gros, que les choses soient bien claires. Ils n'étaient pas musclés, mais comme j'étais plus petit qu'eux, j'imagine que j'avais plus de mal à être maigre. Et puis tant mieux après tout, cela me donnait moins l'apparence de « Geek » qu'ils partageaient tout les trois.

Torsten Dagg et Robin étaient amis d'enfance. D'après ce qu'ils m'avaient raconté, ils se connaissaient depuis la maternelle. Une longue histoire, sûrement très émouvante, mais aussi le cadet de mes soucis. Torsten avait des cheveux bruns, assez longs pour un garçon, et plus ou moins bouclés, ce qui donnait l'impression qu'une perruque lui entourait le visage. Ca aurait pu être beau... sur n'importe qui d'autre. Car Torsten était tout sauf beau. Non, ce n'était pas vrai non plus. Il n'était pas grand-chose, et surtout pas beau. Il portait souvent la même chemise rouge à carreaux jaunes, et des jeans légèrement trop courts. On le surnommait « le bûcheron ». Ses lunettes rectangulaires cachaient ses yeux pétillants, preuves de son immaturité totale. Il était timide, mais gesticulait comme un crétin en compagnie des gens qu'il connaissait bien. De plus, il avait toujours cette espèce de moustache mal rasée. Robin, lui, était déjà plus charismatique. Il avait des cheveux bruns, lui aussi, coiffés en bataille. Un visage rectangulaire, comme ses lunettes. Il était bien plus calme, plus posé, que Torsten. C'était parmi les trois celui qui me faisait le moins honte. J'avais presque des remords à l'idée de l'abandonner, mais il ne laisserait jamais tomber Torsten. Dommage pour lui. Il fallait savoir se débarrasser des poids encombrants dans la vie, si on voulait monter. Les autres élèves commençaient à envahir le forum. L'heure prévue approchait. Des crétins, la moitié stupide, l'autre moitié débordante d'arrogance. Mais c'était à ces derniers qu'il fallait que je me mêle. Autant essayer de les distinguer dans le lot par rapport aux premiers dès maintenant. Ils s'installèrent d'abord tout en bas, ou tout en haut. Puis devant. Et derrière. Puis autour de nous. Une fille s'installa même à côté de moi. Elle était laide. Grande, maigre, avec des cheveux ni lisses, ni bouclés, qui lui tombaient jusqu'au bas du dos. Négligée. C'était le premier mot qui m'étais venu à l'esprit en la voyant. A côté d'elle se trouvait une autre fille. Petite, un peu ronde. Elle avait des cheveux frisés, d'une couleur plus foncée que celle de son amie. Ce qui marquait, en revanche, c'était son sac à dos rouge. Bah, peu importe, vu leur dégaine, elles étaient sûrement impopulaires. Aucune raison de faire ami-ami avec elles. C'est alors que le Directeur entra.

Si la pièce été appelée « Forum », eh bien, elle ne méritait pas son nom. Un forum était censé être un lieu d'échange, et ce lieu était tout simplement fait pour que les élèves écoutent les professeurs. Ah, l'autorité. Un système cohérent, qui fonctionnait, mais dont les bases m'ont toujours paru discutables. Le Directeur commença son discours de bienvenue. C'était un homme relativement grand, avec un visage ovale. Si la calvitie ne semblait pas l'avoir affecté, ses cheveux grisonnaient, trahissant la cinquantaine. Un discours banal, avec une tentative peut-être d'intimidation, mais qui tomba à l'eau. Il parla des règles imposées, qui me semblèrent tout à fait laxiste, et nous souhaita une bonne année. Le vice-directeur s'avança ensuite, et prit le micro. C'était un homme d'une quarantaine d'année, avec un peu d'embonpoint, et un léger cheveux sur la langue, qui empêchait de le prendre au sérieux. D'ailleurs, je n'ai même pas eu l'impression qu'il tenta d'être intimidant ou autoritaire. Il annonça les listes de classes. Bien, le moment que j'attendais. Dans ce genre de situation j'étais toujours appelé dans les derniers. Cela signifiait que j'allais pouvoir retenir qui était dans quelle classe. Il y avait six secondes. Le vice-directeur commença par la Seconde Une, évidemment. A ma grande surprise, Robin fut appelé. Bye-bye Robin Christiansen !

« -Alexander Minervae. »

Hein ? Moi ? Vite, pas de temps à perdre, je devais faire bonne impression. Ou du moins, éviter de faire mauvais impression.

« -Oui ! »

J'étais plutôt fier de moi . Je m'étais mit debout rapidement, sans mouvements grotesques, et j'avais lancé ce mot magique. Assez fort pour que le vice-directeur le remarque, mais pas trop pour que les autres élèves ne me dévisagent. Au final, je pense que j'étais juste passé inaperçu. Tant mieux. Heureusement, je m'étais mis près du bord, et je n'avais pas eu à demander à beaucoup de monde de s'écarter. Mme. Müller, qui semblait, d'après son nom de famille, venir d'Allemagne, me fit le sourire le plus faux que je n'avais jamais vu, et m'indiqua ma classe. Visiblement, en matière de sourire forcé, j'avais trouvé mon maître. J'entrai dans la classe, déjà à moitié pleine. En me voyant, Robin me fit un sourire discret. Bien. On leur avait indiqué de s'installer sur la table libre la plus en avant . Ainsi, nous étions rangé par ordre alphabétique. Une fille s'installa près de moi . Bon début. Enfin, pour l'instant, je ne savais pas à quoi elle ressemblait. Il aurait été impoli de la dévisager . Torsten entra quelque minutes plus tard, mais aucune trace de Sancho. Bien. Un de moins. Mme Müller entra. C'était une femme assez petite, ni grosse ni maigre, avec des cheveux bruns qui formaient une espèce de choucroute sur son crâne. Elle avait une voix suraiguë, et son sourire faux et mauvais dévoilait des dents d'un blanc éclatant. Bien, au moins j'avais vraiment trouvé un semblable ici. J'en profitai pour lancer un regard sur mes camarades de classe. Aucune trace des deux filles de tout à l'heure. Bon, si un garçon voulait être populaire... il avait juste à trouver une fille populaire, non ? Il était temps de faire un bilan. Je devais deviner laquelle faisait partie de la haute, tout en étant accessible. Une fille au dernier rang attira mon regard. Pas très grande, ni très belle. De longs cheveux blonds, et de petites lunettes rondes. Un sourire un peu enfantin peut-être, elle parlait avec sa voisine de derrière. Je n'avais pas encore de plan pour l'atteindre.

Mais il était clair que ça serait elle.


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