Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Le jour où je suis devenu prof !


Par : Salmanzare
Genre : Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 19


Publié le 10/08/2010 à 05:04:45 par Salmanzare

Voilà le dernier chapitre de cette histoire. Ainsi s'achève deux ans d'attente pour certains d'entre vous. Je sais pas ce que vous en pensez mais moi, ça me rend nostalgique. :snif2: J'espère que tout ceci vous plaira et que vous passerez un dernier bon moment avec moi. Laissez votre dernier commentaire et à bientôt pour de nouvelles aventures !

Je tiens surtout à faire une petite dédicace à mes lecteurs. Merci à vous tous (ainsi qu'aux lecteurs silencieux) et si j'oublie votre nom : j'en suis absolument navré ! C'est une grave erreur de ma part, je rajouterais votre nom au plus vite !

bouffon34, KirKill, chton, Frelon, ddddd, Passion, Droran, Mentali, Poilamazout, Nirvana, N30, Jonyfic, O_one, nfsmw91, Ipedobear, Neo, Razze, [haphap], Antidote, Taitaizheimer, Arno, CaribouWarrior, KasCitron, Lukhio, Tristesse, Nardoum, Lawkee, Shad, Liez, Taz, Archetype, fyro, devil-kings, Galileo, Ploopy, Tygue, N, Kamahri, huguesKP59, crazymarty, ponahoum, kurtCobain, LeBlobeur, Dillon, Sinn, GriganDerkel68, anti-NWO, Haykel, jerry_des_hap, Lelouch, IIXdarkXII, HeartSoul, Megacool86, kenzipedigree, Fannalo, nowelbide_, K-seth, Snake-of-fire, Snake-Suicide, Anonymous59, Ficeur_man.

Et Arbu évidemment ! :bave:

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Je pense à un mur. Ce genre de mur qui surgit soudain devant vous alors que vous regardiez sur le côté. Vous savez qu'à la vitesse où vous allez il inutile de freiner. Pire, il est déjà trop tard pour s'en sortir. Pourtant, jusqu'au moment de l'impact, vous continuez de croiser les doigts en espérant le miracle. J'en regrette presque de ne pas être croyant en voyant ce mur se rapprocher de moi à toute allure. Je ferme les yeux un instant. J'essaye d'imaginer ce que ma vie serait si je n'étais pas devenu prof, si je n'avais pas connu Justine, s'il n'y avait pas eu tout ça... J'appuie davantage sur la pédale de l'accélérateur et sens la voiture ronronner. Le diesel nous embaume. J'ouvre les yeux ! Après tout, le mur n'est pas encore là.

- Tout va bien Jaeger ?
- Je crois que j'ai plus peur de mourir avec votre conduite que tout à l'heure dans le bois.

Il rit. Le garçon si surprenant, exempt de la mort. J'ai beau l'observer, je peine à retrouver celui qu'il était encore ce matin. Jaeger est si serein à présent, comme si rien ne pouvait plus vraiment l'atteindre ou le blesser. Oui, il n'y a pas de doute : c'est un homme à présent. Au loin, je distingue les contours de l'hôpital. Pour une fois, ça ne sera pas pour moi ! Je passe la main sur ma tête, ça reste assez douloureux tout de même. Foutu points de suture ! Foutu Pierre ! J'espère qu'il s'est pissé dessus tout à l'heure, ça lui ferait les pieds à ce petit terroriste en herbe.

Je fais crisser la voiture dans un léger dérapage sur le parking pas vraiment rempli et manque de rayer une vieille décapotable à l'arrivée. Ce qui entre nous n'aurait pas vraiment changé son état actuel. Jaeger reprend son souffle et lâche la poignet, riant de plus belle.

- Je vois pas comment la journée pourrait-être plus folle de toute façon. Manquerait plus qu'un assaut du GIGN pour se croire dans un roman minable.
- Dis rien Jaeger... Dis rien sinon la situation va encore empirer.
- Vous doutiez quand même que votre plan allait partir en cacahuète non ? L'éducation nationale peut décemment pas vous laisser kidnapper toute une classe sans broncher. Que vous prétextiez ou non l'utilité de votre leçon. Franchement ?
- J'avais la foi Jaeger. J'avais la foi.
- Un comportement naïf quand même ? Ca valait le coup de toute façon hein, dit-il dans un nouveau rire ?
- J'ai vu ça. La p'tite Margaux ? Tu t'es fait plaisir là dessus.
- Fallait bien devenir un héros. A force de voir des films de super-héros, on finit par y croire. Je pouvais pas laisser passer ma chance.

Au loin deux internes arrivent vers nous en courant, l'air affolé le plus jeune ouvre brusquement la porte pour voir ce qu'il se passe. Il regarde dans tous les sens à la recherche d'un indice pouvant le renseigner sur notre problème potentiel. Le second semble plus modéré et pose un oeil vif sur moi, presque un jugement. Silencieux dans un premier temps, il finit par ouvrir la bouche.

- Quel est le problème pour débouler aussi vite ?
- Je me suis fait tirer dessus monsieur, explique Jaeger dans un sourire jovial.
- Il faut l'emmener au bloc, hurle le premier interne.
- Mais c'était une balle à blanc donc ça va.
- C'est une blague, demande le second interne ?
- J'étais assez proche pour être assommé.
- Une balle à bout portant peut occasionner des brûlures suffisamment graves et autres blessures. On va vous ausculter.
- Vous pouvez marcher, demande le premier interne ?
- Et même parler, plaisante l'adolescent.
- Va chercher le brancard, je préfère ne pas le fatiguer.
- Oui Martin.
- Vous inquiétez pas Monsieur. On va s'occuper de tout.

Rapide, les deux hommes déploient le dispositif médical et emmène mon élève hors de ma vue. Je me retrouve donc coincé dans la salle d'attente à siroter un café écoeurant. Je ne m'en soucie guère, je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir arranger les choses. Que ferait mon meilleur ami dans une situation pareille ? Si seulement il était là, je pourrais compter sur lui pour m'aider. Le connaissant, il serait tout de même en train de draguer la femme d'un comateux ou train de se moquer des occupants du service gériatrique. Ce qu'il peut faire froid dans ces salles d'attente ! Tout cela est si interminable, j'entame un second café toujours aussi dégueulasse que le premier. J'ai l'impression de m'enfonce au fond d'un gouffre. Comment j'ai fait pour déconner autant en si peu de temps. Je vais jamais pouvoir finir ma première année d'enseignement. Le rire nerveux vient alors et j'imagine la tête de mon pauvre directeur. On est pas vraiment préparé à ce genre de situation.

- Fatigué Jack ?
- Vous n'imaginez pas à quel point.
- Et déjà de retour dans notre bel hôpital. Je vais finir par croire que vous aimez ça.
- Vous savez Doc, je pense pas que je vais pouvoir vous rendre votre livre. Pas tout de suite du moins.
- Qu'allez-vous faire Jack ?
- Je sais pas. Vous devez entendre cette phrase des centaines de fois par jour avec vos patients. Mais je vous assure que pour une fois, c'est vraiment mon cas. J'ai pas l'impression d'avoir beaucoup de perspectives devant moi.
- Petit, ma mère m'a dit de ne pas jouer avec le feu. Pourtant, c'était quelque chose qui me fascinait plus que tout. Je voulais le dompter, le caresser. Je ne comprenais pas comment quelque chose d'aussi beau, d'aussi chaud pouvait être aussi dangereux.
- Quel est le rapport ?
- J'ai finis par toucher le feu Jack.
- Et alors ?
- Bien évidemment, je me suis brûlé. J'ai pleuré très longtemps et je m'en suis voulu de ne pas avoir écouté les conseils de ma mère.
- Tout ça pour me dire que vous avez eu une enfance malheureuse Doc ?

Le vieil homme sourit et lève sa main à la hauteur de mon visage. Il la fait tourner sur elle même, me la présentant sous toutes les coutures. Seule l'usure du temps la marque fermement. Le ballet terminé, elle retombe rejoindre sa soeur et le psychanalyste reprend son discours.

- Aujourd'hui, rien n'y paraît.
- Je ne saisis pas.
- Tout guérit Jack. Tout finit par guérir. Il suffit de temps, juste de temps. Et aussi de savoir écouter les autres parfois. Nous ne sommes pas toujours seul à avoir raison. Vous ne devriez plus traîner maintenant et partir avant qu'il ne soit trop tard. Le commissariat vient d'appeler et je ne voulais pas mentir à ces gentilshommes. Ils sont en route. Filez ! Vous êtes encore si jeune !

Il hoche gravement la tête puis m'adresse un clin d'oeil plissé avant de me tourner le dos. Il entame une mélodie mais j'ai déjà commencé à courir. Je quitte le hall et respire une grande bouchée d'air frais. Alors que je m'apprête à déguerpir vers la voiture, ma respiration se bloque soudainement. Elle se tient assise en face sur le banc, la robe blanche battant légèrement le vent et les cheveux blonds volant délicieusement devant son visage. Un tableau irréel. Je m'approche doucement de cette apparition.

- Je n'ose y croire... Comment ? ... dis-je en bredouillant, le rouge aux joues.
- Parfois, il ne faut pas chercher à comprendre. C'est comme ça. Le destin ? Tu te souviens ? C'est tellement plus romanesque.
- Tu m'as sauvé la vie la dernière fois. Je sais pas comment te remercier.
- Embrasse moi ?

Je rougis de plus belle.

- C'est si compliqué que ça ?

Elle se lève et prends mon visage entre ses deux mains. Baiser furtif sur mes lèvres, le sang brûle mes tempes.

- Mais Justine ?
- Le gentil professeur vivant dans le passé. Toujours à ressasser une époque perdue et oubliée par le reste. Que lui restera-t-il lorsque toute sa vie sera noyé dans le chagrin.
- Je...
- Celui qui enseigne vaillamment aux autres les valeurs de la vie et du futur radieux ! Ce monde qui semble si parfait au sortir de ses lèvres. Comment celles-ci peuvent-elles avoir le goût de l'amertume ?
- Espoir ?
- Et si ta dernière leçon était pour toi ? Tu crois pas qu'il est temps à présent que tu commences à vivre pour toi ? T'as réussi à leur enseigner ce que tu voulais ! Tu leur as ouvert l'esprit. Peut-être que tu pourrais faire la même chose avec le tien.
- Mais qu'est ce que je peux faire. Ils vont arriver et me mettre en tôle.
- Le monde est vaste Jack, rien ne t'oblige à rester ici. Parcours le. C'est à toi de grandir, tu crois pas ? Chacun son tour.
- Et toi dans tout ça ?
- Je viendrais. Tu veux bien de moi non ?

Je réalise maintenant. Doucement. Moi aussi...

Je monte dans la voiture à présent, mets le contact. J'ai tout un monde à découvrir. Espoir à côté de moi sourit. La voiture s'élance.

- Vite, il me tarde Jack.

Un cri perce le lointain, Ulric, essoufflé, arrive à mon niveau. Il me regarde.

- C'est la fin Professeur ?


Je souris.




- Ou alors juste le début.


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