Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Le jour où je suis devenu prof !


Par : Salmanzare
Genre : Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 18


Publié le 08/08/2010 à 23:11:09 par Salmanzare

Le silence est tombé sur la clairière. Ulric se tourne vers ses camarades, indécis. Le corps amorphe de Jaeger vient de briser les espoirs naissants de la classe. Le géant fixe l'adolescent, un léger filet de bave sur la joue droite et un rire gras derrière. De près, il est moins effrayant mais la carabine empêche Ulric se s'approcher un peu plus de l'assassin.

- Arrêtez tout !

Les élèves se tournent vers moi, incrédules, tandis que je cours vers le géant.

- Tain ! T'es vraiment trop con Marcel ! C'était pas dans le plan...

Le géant bredouille et baisse la carabine. Merde, ça part trop en vrille soudainement. J'ai intérêt à rectifier le tir tout de suite.

- C'est pas ma faute Jack. Le gamin il me fonçait dessus avec une torche, je devais bien faire quelque chose.

Je secoue la tête négativement avant de lever les yeux au ciel. Marcel hausse les épaules tandis que les élèves s'avancent autour de nous. Les murmures se mettent à augmenter. Margaux arrive en courant et se penche sur le corps de Jaeger. Les larmes coulent.

- C'était un gamin ! Bordel ! Un gamin avec un bout de bois.
- Il est mort, demande Pierre interdit ?

Tout le monde se tourne vers Jaeger.

- Il se passe quoi là, souffle Élie, en se laissant tomber à terre. Mais qu'est ce qu'il nous arrive. Hier tout allait bien. Et regardez où on en est à présent.
- Qu'est ce vous avez fait Jack, me hurle Margaux rageuse ! Vous l'avez tué ! - C'est votre faute si on en est là. Avec votre idée de sortie à la con ! Personne ne sait où on est !

Jaeger tousse, faiblement, mais sa respiration se fait plus rauque. Le silence retombe brusquement parmi les élèves.

- Moins fort Margaux s'il te plaît, j'ai le crâne dans une putain de cathédrale. Vous êtes vivant prof, s'étonne-t-il ensuite ? Alors je suis héros maintenant ?
- Ca, on peut dire que tu l'es.

Jaeger éclate de rire. Margaux l'enlace et l'embrasse tendrement. Son sourire s'étends sur le visage. Oui, il lui semble qu'il est devenu un héros et que son conte de fée est à son apogée. Ulric se déplace vers moi.

- Et maintenant ? Tu nous expliques ?

Je sens les regards se tourner vers moi. Et pour être honnête, je ne me sens pas tellement fier. Je dévisage ses gueules d'anges qui reprennent doucement leurs couleurs et cherchent à remettre les événements en ordre.

- Tout ça doit vous sembler compliqués et certains vont sans doute me haïr. Ceci était ma leçon du jour.

Je regarder Jaeger qui se relève péniblement et s'adosse à Margaux. Il tente un pénible sourire et me fait un signe de la main, comme s'il voulait me dire qu'il ne m'en tient pas rigueur. J'avale ma salive, une boule d'angoisse me serre la gorge. Je reprends.

- Ma dernière leçon après ce que je viens de faire... Comme vous le voyez, je suis toujours vivant. Une poche de sang sous la chemise, c'est un gadget qu'on utilise dans le cinéma. Je vous ai fait croire à ma mort de cette façon. Il le fallait.
- Mais pourquoi, demande Ulric ?
- Regardez-vous ! Vous vous êtes unis. Vous n'avez pas ressenti cette émotion, ce besoin de se confier les uns aux autres. Vous avez eu peur, mais vous avez relever la tête car vous vous saviez ensemble. Il fallait que vous compreniez que c'était là votre force ! Votre amitié. Rien ne vous est impossible si vous vous aimez assez fort.
- Vous êtes malade.

Ulric éclate de rire. L'atmosphère se relâche.

- Et pour Jaeger ?
- Ce sont des balles à blancs, bredouille Marcel joignant ses gros doigts en baissant la tête. Ce ne fait rien. Mais ça tire un projectile tout de même. Quand la personne est assez près, ça peut être suffisant pour l'assommer.
- Y a pas de mal, dit alors Jaeger.
- Je vais quand même t'emmener à l'hôpital Jaeger. Je me sentirais plus rassuré. Je suis désolé pour tout ça. C'était pas prévu... T'es un vrai héros bonhomme.

Je les regarde un par un. Je ne pense pas que tous vont comprendre ce que j'ai voulu transmettre comme message. Pas tout de suite du moins, il faudra le temps de le digérer. Mais j'ai vu que quelque chose était passé tout à l'heure dans leurs yeux. Cette étincelle farouche, cette furieuse envie de vivre et la nécessité de l'amitié. Ils sont unis tous ensembles maintenant. Quoi qu'il se passe, ils n'oublieront pas.

Une sirène retentit soudainement au loin.

- Euh oui... Bah, j'ai appelé les flics moi tout à l'heure, renifle Élie. Vous comprenez bien que j'allais pas laissé mon portable de côté...

La boule d'angoisse à nouveau qui me vrille la gorge. Ca semble pas vraiment bon pour moi.

- Marcel, je te pique ta caisse pour emmener Jaeger à l'hôpital.
- Mais euh ?
- T'inquiètes, je gère. Je reste le Prof non ?

J'entends Jaeger racler sa gorge en signe raillerie. Puis il me lance un clin d'oeil.

- Ca va aller Monsieur.
- Non, discute pas.
- Et je fais quoi moi avec les flics, demande Marcel qui devient de plus en plus rouge.
- Tu leurs dit la vérité. Que je t'ai payé et que tu croyais que tout était clean.
- Mais ça va te plomber non ?
- Je suis pas immortel ?

Les sirènes se font de plus en plus proches. Marcel hésite puis me lance ses clés. J'attrape Jaeger et je fonce vers la bagnole garé plus loin dans la forêt.

- Jack ?

Je me retourne et fixe Ulric.

- Oui ?
- Vous êtes le meilleur prof que j'ai jamais eu.
- Merci Ulric. T'es pas mal non plus comme élève.
- Je sais qu'il n'y a pas de chaises ici, mais : Oh Capitaine, mon Capitaine !

La joie me submerge. Les autres élèves aussi à leur tour répète la phrase tout en s'alignant. Ils sont si formidables. Mais je peux pas m'éterniser plus longtemps. C'est peut-être ma dernière chance.


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