Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Sunrise


Par : Sheyne
Genre : Action, Polar
Statut : C'est compliqué



Chapitre 25 : Chapitre 13 - 2/2


Publié le 15/01/2014 à 18:56:09 par Sheyne

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« La balle est passée juste à côté de moi, avoua Mike avec de gros yeux. Pour vous dire qu'ils ne tiraient pas à blanc ! Tout ça, c'était vraiment du sérieux. Mais je ne n'en ai eu la conviction que plus tard, lorsque je me suis entretenu avec Jacque Milhem, le fameux directeur.»


Inspirant à fond, il fit quelques pas dans la pénombre, tentant de se remémorer au mieux les événements qui avaient suivi. Il faut dire qu'après cet énorme coup de flip, il n'était plus aussi porté sur le voyeurisme, et avait du mal à se concentrer.

« C'était une militaire qui avait tiré. Souffla-t-il en se grattant le menton. Brune, les cheveux coupés courts. Je le sais, je la trouvais sexy avant qu'elle tente de me dégommer. Mais ça, on s'en fou pas vrai ? Le fait est qu'elle invita Elvin à se défendre d'un signe de tête. Il était soulagé lorsqu'il continua.»

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« Tout le monde est sur les nerfs, admit-il, mais je me dois de vous demander de vous contenir ! Des preuves ? Nous en avons des caisses entières... Les prises du spectre solaire sur les dix derniers mois, l'accroissement du rayonnement des dernières semaines, l'évolution des composantes de l'astre... Et j'en passe ! Ne croyez-vous donc pas que nous avons vérifié nos calculs cinq, dix, vingt fois, réalisé encore et encore les mêmes mesures, que nous ne nous acharnons pas sur ce problème depuis plusieurs mois ? Et voilà, depuis quelques heures, nous sommes enfin surs à cent pour cent de nos résultats !
Bien sûr, ajouta-t-il cyniquement, nous aurions pu nous tromper n'est-ce pas ? Voir même falsifier certaines données ?! C'est pourquoi, avec l'accord de notre bienveillant directeur, je vous autoriserais à procéder vous-même à une énième vérification. »

Le visage de l'orateur se fendit de l'un de ces faux sourires qui ont le dont de faire enrager ceux à qui ils sont destinés. Ainsi, la femme, prise à son propre piège, n'eut d'autre choix que de se résigner en se pliant à la volonté de ses supérieurs. Avisant les militaires tout proches, elle se mordit la lèvre, tout en s'enfonçant dans son fauteuil, réduite malgré elle à l'impuissance.

« Sur ce, poursuivit le chercheur, je rends la parole à Jacque Milhem. Merci de votre attention sans faille, acheva-t-il sur une pointe d'humour. »

Terminant ainsi son discours, Elvin tendit brusquement le microphone d'une démarche tremblante. Le directeur, qui s'était approché entre-temps, s'en saisit tout en posant sa main libre sur l'épaule de son collègue, d'un geste qui se voulait rassurant. Leurs regards se croisèrent, laissant entrapercevoir l'espace d'un instant, le mécontentement qu'éprouvait son chef.
Ce dernier écarta brièvement le micro, tout en lui glissant rapidement quelques sombres paroles :

« Celle qui vient de te contredire, son nom est Ernest. Tu sais ce qu'il te reste à faire... »

Le chercheur acquiesça silencieusement, les yeux baissés, avant de se remettre en marche pour quitter la scène. Un regret désolé lui assombrissait les traits.

« Depuis les trois derniers mois, commença l'homme en s'adressant à l'assemblée, un projet à débuté dans l'éventualité où cette hypothèse se révèlerait véridique. Le voici ! »

D'un mouvement du bras, une nouvelle image apparut sur l'écran géant. Un gigantesque schéma ; révélant un long bâtiment de plusieurs étages, fin au sommet, qui s'épaississait sur sa base en quatre monumentaux piliers. Il n'y avait aucun doute sur son utilité, c'est pourquoi certains se permirent un gémissement de désarroi.

« Cette navette, enchaina le directeur de la Nasa d'une voix sûre, sans doute aucun la plus grande jamais construite par l'être humain, siège déjà, à moitié achevée, à quelques mètres de là ! Vous pouvez voir ici l'échelle du schéma. D'un total de cinq cent vingt mètres de haut et large de cent, elle offrira à la population qui l'habitera, le temps d'un voyage, près de vingt-cinq mille mètres carrés de surface habitable et pressurisée ! »

Ne laissant aucun répit susceptible de le voir se faire interrompre, il poursuivit dans son élan, balayant ainsi les questions qui demeuraient aux lèvres de son public :

« Grâce aux réactions thermonucléaires du moteur principal, semblables à celles d'une bombe à hydrogène — copiée sur le fonctionnement de notre soleil mourant — ainsi qu'aux fissions atomiques des quatre propulseurs annexes, la fusée parviendra à s'élever à l'insu de son poids phénoménal, à une vitesse non moindre de onze kilomètres par seconde, correspondante à la poussée nécessaire à l'échappé de l'atmosphère.
Juste assez lentement pour ne pas exploser au frottement de l'air. Elle s'élancera ensuite dans l'espace, non pas en direction de Proxima Centauri, qui étant la plus proche étoile aurait été la destination la plus prévisible, mais vers Ross_248. En effet, le véhicule spatial Voyager 2, lancé, comme vous le savez tous, le vingt août mille neuf cent soixante-dix-sept, nous a rapporté l'existence d'une planète qui, à la suite de quelques modifications atmosphériques, pourrait être habitable.
Notre navette s'élancera donc sur les traces de cette fameuse sonde, elle se dirigera sur Uranus, puis Jupiter. En utilisant à son tour l'assistance gravitationnelle, et en raison de sa fabuleuse masse de quatre cent mille tonnes, elle quittera le système solaire empli d'une rapidité proche de cinq cents kilomètres par secondes, soit environ un million quatre cent quarante mille kilomètres par heures, et accélérera durant le reste de son voyage à raison du double de sa vitesse initiale par mois ! Une vitesse quinze fois supérieure à celle de la Sonde New Horizon, que nous n'envisagions même pas il y a quelques années. »

Le directeur arborait un air souriant jusqu'ici, air qui à la suite de ces quelques phrases s'assombrit clairement. Les illustrations changeaient à mesure que le projectionniste avançait dans le diaporama, laissant voir le système solaire, puis celui de Ross, en passant par quelques détails techniques, avant d'afficher un modèle 3D de la fusée. Jacque Milhem poursuivit son exposé dans le silence pesant, et la pénombre qui baignait la salle.

« Jusqu'ici, tout est prévu, le principal problème restant toujours le nombre de places ; une navette moyenne peut accueillir entre quatre et dix astronautes. Il va de sois que ce n'est guère suffisant, sans compter que l'espace vital devra être partagé avec toutes les affaires des passagers. De plus, le cout d'une fusée banal est d'environ cinq cents millions de dollars... La construction de la notre demandera prés de quarante milliards. Avec une telle somme, nous aurions pu construire quatre-vingts sondes.
Pour en revenir à notre préoccupation principale, le nombre de places s'élèvera donc au bas nombre théorique de deux mille huit cents... Ce qui nous fait en fonction de la somme totale du projet un cout de quatorze millions de dollars la place.»

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Au sein de l'entrepôt, les hommes semblèrent désappointés. Tout allait trop vite... Était-ce une blague ? Pourraient-ils monter à bord ? Mike tenta de détendre l'atmosphère :

« À ce prix-là, c'est certain, c'est plus cher qu'une place de ciné ! Mais ne vous en faites pas, je vous expliquerais la proposition qui nous est faite. Laissez-moi donc poursuivre.»

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Une vague de murmures parcourue la foule. Sans y accorder d'importance, le directeur poursuivit d'une voix qui trahissait son anxiété :

« En raison du coût ahurissant du projet, nous avons dû vendre un certain nombre de places, à... certaines personne... pour le financer...
Sachez avant toutes choses que si vous êtes ici, c'est par ce que vous êtes les meilleurs techniciens et scientifiques de notre pays. Si nous avons pu garder des places pour vous, c'est par ce que vous serez ceux qui seront chargés de finaliser l'avancement de la fusée et de vous occuper des détails techniques une fois à bord. Votre présence est donc nécessaire au plus haut point.
Vous êtes ici six cent quatre-vingt-seize, nous avons pu négocier pour notre usage personnel, en plus de toutes les machines et bases de données, soixante places. »

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« Vous auriez dû voir le bordel qu'a soulevé cette annonce ! C'était juste hallucinant !»

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D'un seul tenant, la foule se souleva par pans entiers, hurlant son désespoir à grandes poussées de cris frénétiques, protestant alors même qu'ils refusaient l'idée de la mort de leur soleil, quelques minutes plus tôt. Le monde s'écroulait autour d'eux, eux qui, hier encore, vivaient sans penser au lendemain, heureux, ou triste de leur sort, et comprenant à présent qu'ils n'étaient rien. Que seuls les hommes importants avaient l'assurance de monter à bord pour poursuivre leurs futiles existences, que seuls ceux qui étaient nés riches pouvaient vivre ! Que la vie été ainsi faite.
Ils songeaient moins aux milliards de personnes qui allaient mourir sur cette planète sans savoir pourquoi — pour la plupart emportés dans leur sommeil, pour les autres les yeux rivés vers cette abominable puissance, vers la mort éclatante, prête à les faucher — qu'à eux-mêmes. Tous les êtres humains étaient ainsi faits. Jacque Milhem le savait ; c'est pourquoi il arborait un sourire moqueur aux coins des lèvres, tandis que les militaires s'acharnaient à ramener l'ordre.

À travers d'innombrables et assourdissants coups de feu, les détonations fusèrent. Les miliciens se mirent à tirer en rafale, foudroyant le plafond, le criblant de balles. Ils exprimaient la colère de la foule à travers leurs mitrailleuses.

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« À ce moment-là, je vous laisse imaginer que je n'en menais pas large ! Alors, j'ai filé entre les projectiles, les évitant de justesse tandis qu'ils explosaient derrière moi. Fort de mon exploit, je me suis glissé en dehors de la salle et flairant le bon coup j'ai attendu le directeur dans son bureau ; les pieds sur la table, mon revolver à la main, un sourire au bord des lèvres.»

Un murmure d'approbation circula sur la table. C'était bien les méthodes criminelles qu'ils reconnaissaient là. Mike était l'un d'entre eux ! Il avait agi à la perfection. C'était un professionnel après tout !
Celui-ci dissimula un air moqueur, se gaussant de leur crédulité.

« Toutefois, avant ça, je me suis arrêté devant la porte, enchaina-t-il. Quelques bribes de conversations me vinrent à l'oreille. »

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Peu à peu, la peur du moment présent, de la vue des armes, et du plafond perforé, crachant ça et là de minces et longs filaments de plâtre, reprit le dessus. La foule se tut et arrêta presque tout mouvement, ne sachant quel comportement adopter. Certains restèrent à terre, d'autres debout, hésitants entre un visage triste ou apeuré. Au point où ils en étaient, il n'y avait plus de place pour le déni.
« Rasseyez-vous je vous pris. Intima le directeur de la Nasa d'une voix neutre. Je vous serais grès de vous calmer, et de ne plus intervenir. Nos amis, dit-il en désignant un groupe de soldats armés, n'attendent que vos débordements pour se défouler. »


Son intervention n'avait pas été veine. Les gens commencèrent à se rassoir lentement, sans un mot. L'orateur poursuivit :

« Pour des raisons plus qu'évidentes, le tirage au sort des places attribuées ne sera réalisé qu'au tout dernier moment. Si vous voulez avoir une chance de monter à bord, il vous faudra donc travailler à la réalisation de ce projet.
De même, pour éviter tout problème, aucune fuite d'information ne sera tolérée ! Vous êtes, avec quelques chefs d'État et puissantes personnes, les seuls au courant de la situation actuelle. Les conséquences pourraient être désastreuses si quiconque venait à apprendre le problème, et vos chances de monter à bord seraient évidemment réduites à néant. Toutefois, comme il est logique que rien ne nous assure que vous ne parliez pas, vous comprendrez donc que vous passerez, dans votre intérêt, les deux prochaines semaines cloisonnés ici, à la NASA Headquarters de Washington. Merci de votre compréhension. »

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« C'est quoi ce bruit ?!»

Lawrence tonna. Tous se tournèrent d'un seul tenant, pour faire face à la grille du hangar. Elle venait de bouger dans un tintement métallique. Quelque chose était derrière la porte, semblait les espionner...

Dehors, une voix étouffa un juron.


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