Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Sunrise


Par : Sheyne
Genre : Action, Polar
Statut : C'est compliqué



Chapitre 28 : Chapitre 15 - 2/2


Publié le 16/01/2014 à 17:52:20 par Sheyne

Le visage décomposé, la deuxième sentinelle se plia en deux, révulsée. Les yeux noyés d'incompréhension, elle pleurait d'horreur. Ses mains, suintantes de sang tentaient désespérément de contenir le flot qui s'écoulait de son ventre. Alors, ses doigts fauchèrent désespérément le néant, tendus en une épouvantable supplication, quand il comprit enfin. Comprit que ses projets ne se réaliseraient jamais. Il su enfin qu'il n'y aurait pas de futur. Il su que sa vie se finirait ici, que son histoire est terminée.

Puis, un fabuleux craquement retentit. Un son d'une pureté inégalable. L'appel du destin. Le canon crache un autre nuage de vapeur, et lui accuse le coup. Sa jambe se brise nette, tandis que l'os en ressort aiguisé telle une lame de rasoir, engloutissant les dalles poussiéreuses d'une marre sanglante. Et il hurle...

Bientôt rejoint par ses compagnons, le meurtrier se justifia :

« Ces sales petites merdes ont tout entendu.
— Putain Lawrence, foutez-lui une balle dans la tête, merde ! On s'entend plus parler.
—...
— Il fait quoi là ? Cracha une voix glaireuse. Il hésite ?
— Merde quoi. Faites les chialer de douleur bordel !
— Mais pétez-lui la deuxième jambe !»

En grande partie recouverte par les cris d'agonies, la conversation semblait surréaliste. De toute manière, Lawrence le savait, il était trop tard et ce n'était surement pas maintenant qu'on pouvait se permettre d'être faible. Au premier signe, n'importe lequel d'entre eux pourrait le défaire pour prendre sa place. Dans ce milieu, la moindre erreur est fatale.
Exaspéré, Mike s'avança à son tour, en dégainant :

« OK, ça va ! J'ai compris, laissez-moi faire ! Ce gamin va souffrir.
— Je ne crois pas non.
— Que... Pardon ?»

Lentement, le nouveau venu porta le regard vers son ancien patron. Plongeant les yeux dans ses orbites mortes, au sein d'un abîme sans fond, il comprit que ce a quoi il allait assister ne lui plairait pas. Celui-ci le bloquait de sa main armée, le bras sur son torse. Il le renvoya dans le rang d'un revers du poignet.
Hautain, le meurtrier les toisait de toute sa hauteur. Impassible devant le fait accompli, il s'approchait tranquillement de sa victime. Écartant les bras, il éructa :

« Alors comme ça vous voulez du spectacle, hein ?
— P... Pourqu...
— Ta gueule, sale fumier !»

Affalé sur le ventre, étalé de tout son long, le garçon tentait désespérément de se retourner. Sur la fin de sa phrase, Lawrence accompagna son effort d'un fabuleux coup de pied. Un craquement sourd salua sa performance. Les dents avaient dû exploser, tranchant un bout de langue.

« Oooooh ! Ouh pardon... ça fait mal ?»

Oui, après cette putain de scène, il pourrait être sûr que plus personne ne s'amuserait à torturer qui que ce soit. Bien qu'il aurait donné n'importe quoi pour que Marco fasse la sale besogne à sa place, les hommes de mains n'étaient pas conviés. Alors, la mâchoire crispée, il se couvrit d'un masque de haine. Le visage sadique, il aida l'enfant à se retourner, avant de s'accroupir à ses côtés. Sa voix annonça posée :

« Tu vas mourir.»

Lorsqu'il vit que sa proie le dévisageait, il sembla réfléchir un moment. Avant d'exploser, tordu de rire :

« Ouais, bon, effectivement, ce n’est pas un scoop... Bon, dis, tu vois ces mecs là-bas ? - tendant le doigt il avisa le reste du groupe, guettant la moindre réaction sur le visage de sa victime - Et bah figure toi que ces gars-là, ils veulent que je te torture un peu. Alors, je vais commencer par t'exploser le genou de l'autre jambe.»

La réaction ne se fit pas attendre, le jeune homme écarquilla les yeux. Une longue plainte rauque s'éleva, tandis qu'il tentait de se trainer sur le dos à l'aide de ses coudes. Glissant sur les dalles ensanglantées, il ne réussi qu'à s'étaler à nouveau, dans un immonde bruit de succion, à peine couvert par les rires méprisants de ses bourreaux.

« Oui... Mais je suis de ton avis, tu sais ? Moi je trouve aussi que c'est du vu et revu. Regarde on l'a déjà fait, prouva-t-il en s'appuyant sur l'os qui saillait.
— T... Tue...
— Quoi ? Un sourire transcenda. Te tuer... Déjà ? On ne meurt qu'une fois, alors autant en profiter ! C'est bon, accroche-toi, ça va être marrant... - Puis, se tournant vers ses compagnons, il beugla. - Allez ! Venez voir ! Je vais vous montrer un truc sympa.»

Grisé, Lawrence n'attendit pas ; personne ne viendrait de toute façon. Sans aucune hésitation, sa main plongea dans la bouche du condamné, puis prenant un ferme appui sur le palais, s'évertua à le tirer le toutes ses forces. Trainant la carcasse par la tête, il la remorqua jusque sous les pieds de ses commanditaires, avant de laisser le crâne cogner durement la pierre.

« Quelqu'un a une scie, ou même une perceuse ?
— S... Sérieusement ?»

Hilare, le meurtrier soupesa son arme en se moquant :

« Bah, laissez tomber. Ce que je vais vous montrer se fait avec une perceuse normalement. Mais là, on est bien mieux équipé, non ?
Alors, voilà, entama-t-il sainement, saviez-vous qu'une balle peut traverser le cerveau, sans tuer ?»

Certaines personnes étaient déjà livides. Réjouis par le manque d'en train de la petite équipe, Lawrence poursuivi en détaillant :

En effet, si une balle ( ou une perceuse, hein ? ) vous traverse le crâne en passant par le milieu, là, vous êtes sûr et certain d'y rester. En revanche, si celle-ci passe sur les côtés, elle pulvérise un bout du cortex, mais vous êtes toujours là !
Après, bien sûr, balaya-t-il d'un geste de la main, on a divers effets secondaires. Comme la perte de mémoire, le changement de personnalité, et j'en passe. C'est le principe de la lobotomie enfaite. Mais c'est ça qui est génial, le fait qu'on ignore si quelqu'un pourra encore parler après.»

Mouillant son pantalon, le garçon hurla lorsque le revolver se posa sur son crâne. L'homme joignait le geste à la parole, en soufflant gaiement :

« Voilà ce qu'on va faire alors, je vais poser l'arme sur ta tempe. Ici. Tu sens comme le canon est encore chaud ? C'est tout simple, après que j'aurais appuyé sur la détente, je te demanderais de répéter un mot. Si tu n'arrives plus à parler, tu ne peux pas répéter ce que tu as entendu, et tu n’est plus notre problème, on te laissera crever ici comme un chien. Attention, cela dit, je n'ai touché aucun point vital avec mes balles, et personne ne passe jamais par ici. Tu agonisera longtemps.»

Puis, levant la tête vers ses congénères, il leur demanda de commenter. Après tout, c'était le mieux qu'il avait en stock. Son esprit, aussi fou puisse-il être, n'avait jamais trouvé pire torture. M'enfin, visiblement personne ne le croyait assez dingue pour faire une chose pareille, alors le groupe avait l'air à peine dégouté.
Le problème étant que s'il abandonnait, il passait d'une part pour un abruti. Et d'autre part, son coup tomberait à l'eau. Autant faire une grosse victime pour calmer une fois pour toutes ces crevards, plutôt que de les voir torturer aussi l'autre drogué qui se tapait un bad trip à quelques mètres.
Sa voix explosa la tension qui s'instaurait :

« OK ! Bon, si tu as bien compris, il te suffira de répéter pour que je t'achève. En même temps, cela prouvera que ma théorie était vraie. Le problème, c'est que comme le coup sera tiré juste à côté de ton oreille, tu risques de pas très bien entendre, mais... Arrête de pleurer putain... Arrête ça !»

Pataugeant dans sa propre urine, l'enfant s'était recroquevillé sur lui-même en pleurant d'horreur. Au comble de l'épouvante, il implorait d'être abattu.
Lawrence éleva le ton :

« Montre-nous que tu es courageux ! Tu es un homme ou une petite fille ?! Je disais donc que la balle explosera la tempe, puis, traversera les yeux, et le haut du nez avant de ressortir par l'autre coté. Donc en plus de plus rien sentir, et plus rien voir, ça va te décrocher la mâchoire. De toute façon vu l'état de ta bouche tu peux déjà plus bien parler alors... T'auras juste à émettre un gazouillis, ça suffira, même si t'entends rien...»

Soupirant, le tortionnaire remit le canon de l'arme à côté de l'oreille, en éloignant son propre visage. Il ne voulait naturellement pas être juste à côté lorsque le coup allait partir.
Ses poumons se soulevèrent à fond, son coeur battait à toute allure. Son numéro allait enfin se finir. Alors, réaffichant un masque de barbarie, il cria pour couvrir les cris du garçon.

« 3»

Dieu ce qu'il beuglait fort ce sale môme.

« 2»

Le doigt se posa sur la détente.

« 1»

Un coup et c'est fini.

Le tintement du marteau détonna en une gerbe abominable. La balle avait fusé dans la chambre, embrasant le canon, précipitant une lourde fumée blanchâtre. La peau s'était écartée, laissant les cartilages se fendre et les os exploser. En une seconde, les bruits avaient cessé.
Lorsque Lawrence retourna le corps, il fut pris d'un haut-le-coeur plus ou moins bien dissimulé. Qu'importe, des gens vomissaient derrière lui. Le résultat était là.

« O.... Où est passée la balle ?»

Mike s'était avancé, cadavéreux. La balle n'était pas ressortie. Le sang, et les os broyés n'ayant pu s'échapper normalement avaient fait imposer l'intérieur du visage. Comme sous l'effet de la pression, il se rentrait en lui-même. Hormis ce détail, seuls les yeux avaient éclaté. Sans doute à cause de leurs fragilités. On dit souvent que les yeux sont une porte vers l'âme. Dans le cas présent, l'âme était donc un mélange de muscles, et de masses fibreuses informes.
Sans perdre une seule seconde, le boucher se pencha en avant, crachant son venin dans l'oreille de sa victime. Juste pour achever son numéro :

« On t'a bien refait ta face hein, si tu voyais à quoi tu ressembles... Maintenant... Tu me dis merci.»

Quelques secondes passèrent avant que Lawrence ne perde patience. Un nouveau coup de feu s'éleva sur un craquement sourd. Cette fois-ci, ce fut le genou qui sauta. Aussitôt, le cadavre se mit à gazouiller, bougeant imperceptiblement le buste comme on le ferait pour exprimer la douleur.

« C'est bien. Je pense qu'on a tous pu constater que ce truc ne pouvait plus parler... Laissons-le là.
— Et l'autre, on en fait quoi ? Hesita une voix grasse dans son dos.»

Sa figure, de marbre face à ce qu'il venait de faire, détournait les regards. Il était devenu un monstre, et à chaque meurtre, ces faux culs se rappelleraient de ce qui s'était passé ce soir. Des morts en moins, en perspective.
Tout à l'heure, ils lui ordonnaient de faire. À présent, c'était lui le boss. Même Mike n'osait plus se manifester. Si Marco l'avait fait à sa place, jamais il n'aurait eu un aussi bon rendu.

« Lui ? Il me reste une balle... Mais j'en ai besoin pour un boulot.»


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