Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Sunrise


Par : Sheyne
Genre : Action, Polar
Statut : C'est compliqué



Chapitre 33 : Chapitre 21 - 1/1


Publié le 30/01/2014 à 19:26:40 par Sheyne

« Allé, rentre-toi ! Rentre !»

En état de choc, Elyne du s'y reprendre à trois fois avant de parvenir à faire entrer sa carte dans le distributeur. Il lui fallait absolument des sous, pour une arme... Pour se défendre, et vite. Au coin d'une rue fréquentée, elle attirait tous les regards. Une énorme balafre rouge traversait son chemisier de part en part, la cisaillant de l'épaule au nombril.
Comment était-elle encore en vie ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Sans doute à cause du carambolage. La balle avait dévié... L'évitant de peu.
À ce souvenir, ses bras cerclèrent son ventre. Plié en deux, son estomac se contracta à plusieurs reprises. Les larmes aux yeux, aucun mot ne parvenait plus à ses oreilles. Ignorant des remarques, le vomi s'étala au sol en une gerbe répugnante. La mort l'avait épargnée, encore une fois... Oui, mais seulement, aujourd'hui, elle n'était pas repartie les mains vides...

Un cri la rendit à la réalité. Dans une explosion de verre, une vitrine éclata non loin. Un forcené hurlait en courant, volant une poignée de bijoux. Bientôt, un deuxième cri d'angoisse s'éleva :

« À l'aide ! Rendez-moi ça !»

Rapidement rejoint par le propriétaire de la boutique, le voleur s'écrasa à terre. Ses chevilles maintenues fermement serrées, par un genre de plaquage l'ayant fait trébucher l'empêchait de s'enfuir. Tentant de se dégager, sa voix beugla de rage. Sa chaussure s'enfonça brutalement dans le visage du bijoutier, pulvérisant son arcade sourcilière.

« Lâche-moi sale bâtard !
— Aidez-moi...»

Allongé sur le goudron brulant, le marchand brailla pitoyablement. Sa main supplicatrice, désespérément tendue vers son ravisseur ne suffit pas à le retenir plus longtemps. Celui-ci s'était déjà relevé. Son regard empli de dédain méprisa le vieil homme tordu à terre. D'un raclement de gorge, il lui cracha dessus, avant de se perdre dans la foule.
Il n'en fallut pas plus pour qu'une nouvelle personne, profitant de ce moment d'absence, s'aventure à son tour à l'intérieur du magasin.

C’en était trop pour la jeune femme. Arrachant les billets de la machine, elle tourna les talons dans la très ferme intention d'aller dormir, pour ne jamais plus se réveiller. L'éclat sanglant baignant l'argent lui rappelait trop bien sa condition. Ses jambes peinaient à la soulever, partagées entre la peur et la honte. Les regrets de faire partie de la même espèce que ces gens sans coeur... La terreur de sa mort prochaine. Le pauvre homme n'avait rien demandé... Rien. Et tout le chemin jusqu'à son appartement ne suffit pas à le lui faire oublier.
Lorsque la porte de chez elle claqua, au moment où le verrou s'ébroua en un coup sec, sa petite bulle éclata. La frontière de son rêve se brisa, comme si tout ce qu'il lui était arrivé jusqu'ici n'avait été que le fruit de son imagination, qu'un abominable cauchemar. La dernière fois qu'Elyne était rentrée chez elle, tout allait pour le mieux. Une vie magnifique l'attendait, et quoi ? Maintenant le soleil allait tous les anéantir... Ah...

Nostalgique de ce temps de bonheur révolu, la jeune femme avança de quelques pas. Sa main s'empara de la télécommande sur la commode, et alluma une large télévision murale.
Le salon, donnant sur une large baie vitrée, s'étalait sur plusieurs mètres, accompagnant une chambre à coucher, une cuisine, ainsi que sa fameuse salle de bain. L'appartement, bien que petit, paraissait spacieux et douillet de par l'ordre et l'impeccable propreté qui y régnait ; les murs aux couleurs chaudes se mêlaient au bois luisant des meubles, tant et si bien que le tout rayonnait d'une atmosphère envoutante. Un luxe tout fait de modernité, qu'elle n'aurait jamais pu se payer sans sa condition de journaliste réputée... Une condition ne lui étant néanmoins pas suffisante pour avoir le droit de continuer à vivre.

Scrutant la ville à travers la grande vitre, Elyne laissa ses oreilles trainer sur les conneries habituelles, débitées par les informations.

« Si on en croit les tests russes, effectués à bord de la station spatiale internationale, le soleil n'en serait encore qu'à la moitié de sa vie, et aurait toujours quelques milliards d'années devant lui. Pas de panique donc. Une dizaine de centres de recherches terrestres basés à travers le globe se sont concertés pour mettre en commun leurs recherches, et confirmerons peu être d'ici quelques heures cette information...»

Ces gens-là pensaient vraiment calmer la situation comme ça. Dire que tout allait bien ne ferait qu'empirer les choses... Quelle bande de crétins.
Déjà, le débit monotone du présentateur désireux de se voir offrir une place se perdait au loin, largement couvert par le bruit de l'eau chaude sous pression. La jeune femme ondula dans la vapeur de la salle de bain laissant glisser sa longue jupe sur ses fines jambes.
Agiles, ses doigts frôlèrent son haut, déboutonnant tranquillement le chemisier. Encore humide de sang, il était la seule chose attestant de la réalité de la situation. La panière à linge sale en témoigna à son tour lorsqu'il alla s'y écraser. Déchaussant ses talons rigides, Elyne fit suivre son bas d'un revers du pied.
Véritable cocon de confort, la large baignoire collée au mur trônait sur la pièce. Sur son côté, une fenêtre laissait filtrer quelques fins rayons de lumières, berçant l'imaginaire.
Les volutes d'eau chaude tourbillonnaient, battant la mesure de sa longue chevelure. Secouant la tête pour se détendre, la jeune femme gonflait sa poitrine d'une profonde inspiration. Chaleureuse, l'ambiance relaxante eut bien tôt raison de ses dernières appréhensions.

Dans un soupir de contentement, ses sous-vêtements tombèrent, offrant son intimité à la douceur de l'endroit. Enfin sereine, elle porta son regard au travers d'un miroir. Ses yeux perçants redessinèrent les traits fins de son visage, des lèvres légères, un joli petit nez en trompette surplombé d'un front haut. Le port altier, Elyne laissa échapper un sourire.
Ce que l'on pense des femmes est généralement faux, pour son cas du moins. Elle se savait belle. Sûrement pas parfaite, non, mais néanmoins très élégante, avec un joli minois et prenait plaisir à se regarder. Après tout, si la vie l'avait faite ainsi, pourquoi le renier. Ce n'était pas là de la fierté mal placée, ni de l'orgueil, il en avait simplement toujours été comme ça et elle en était satisfaite.

Animant son regard, son attention survola les courbures de son corps. Bien que sveltes, ses formes n'en étaient pas pour autant en reste. Féline, elle s'étira longuement, laissant ses seins gonflés pointer, comme autant d'invitations à la caresse. Voilà qu'elle bâillait de fatigue.
Décidée, la jeune femme marcha vers la baignoire, écartant les jambes pour en enjamber le rebord. Son pied s'illumina lorsque le bracelet doré à sa cheville pénétra la surface de l'eau. Frissonnant de bonheur, son corps nu se laissa doucement glisser dans le bain. L'eau chaude l'embrassa, nappant sa peau d'une torride ardeur. Relâchant sa nuque sur la céramique tiède, ses beaux yeux verts s'abandonnèrent au lointain.

Enfin totalement détendu, son esprit s'en allait ailleurs. Peu à peu elle quittait l'appartement, tandis que ses souvenirs ressurgissaient, tandis que son corps se laissait aller, flottant immuablement.
Deux émeraudes s'écarquillèrent, en apesanteur, basculant lentement dans le vide. Chûtante à terre, Elyne poussa un cri d'horreur. À ses côtés, l'homme agonisait, un trou rouge au côté droit.

Livide, la jeune femme se précipita auprès de lui. L'allongeant d'une main, elle composa un numéro d'urgence de l'autre, dans l'espoir d'appeler une ambulance. Le téléphone posé à terre, le haut-parleur retentit en une sonnerie stridente, semblable à un respirateur elle semblait s'accorder a la respiration haletante du mourant.

« Ça va aller, clama sa voix angoissée. Une ambulance arrive !»

L'oeil vitreux, le visage tendu d'incompréhension, l'homme toussa violemment. La balle avait perforé un poumon, avant d'aller s'écraser contre le mur derrière lui, l'arrosant d'une fantastique tache de sang. Le buste totalement maculé du liquide poisseux, la cravate de jade-écume devenait méconnaissable. Pour toute réponse, seul un râle terrible s'échappa :

« Il faut que je vous dise... De ne pas avoir peur...
— S'il vous plait, l'interrompit Elyne, ne parlez pas, vous allez vous en sortir !
— Vous... Vous ne devez pas vous en faire... vous savez... je sais... qu'on va vers un monde meilleur...
— Tenez le coup, s'il vous plait, restez avec moi !
— Oui, j'ai tout fait pour un monde meilleur... Nous avons tout fait. Tout... Dieu le sait...
— Bien sûr, oui, bien sûr qu'il le sait !»

Totalement paniquée, la jeune femme ne sut quoi faire. Pensant le retenir simplement en restant là, le garder en vie assez longtemps elle continua à lui parler... En vain.
Lorsqu'enfin la sonnerie avait cessé, la poitrine de l'homme ne se soulevait plus depuis longtemps. Les ambulanciers, surchargés mirent trente minutes avant de rejoindre le lieu de l'accident... La jeune femme aussi, s'en était retournée chez elle bien avant leur arrivée.


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