Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Nous sommes leur pire cauchemar


Par : Conan
Genre : Action
Statut : Terminée



Chapitre 3 : Nous sommes leur pire cauchemar


Publié le 06/07/2011 à 19:22:40 par Conan

J'entends le mécanisme du revolver se déclencher derrière mes oreilles, le cliquetis métallique résonne dans ma tête.

Cette fraction de seconde me paraît être une éternité.

Cet instant où en un seul mouvement fluide et précis, je me baisse, tandis que la flamme sortant du canon me brule le haut du crane, je me retourne, encore à moitié accroupi alors qu'autours tout le monde réalise à peine que j'agrippe le poignet de Kaplan avec ma main droite, et qu'en me relevant j'appuie sur sa fosse cubitale avec ma main gauche pour lui faire plier le bras.

En une demie seconde, Kaplan se retrouve avec mon flingue sous le menton et, par réflexe, appuie sur la détente.

Je me cours mettre à couvert près de l'entrée de la grande pièce, laissant le corps de Kaplan retomber lentement en arrière, après avoir récupéré mon revolver.

Le garde de Ciskovitch tire quelques coups de fusil qui gênent ma visibilité à cause de la poussière de plâtre qui s'évanouit dans l'air à chaque décharge de plomb qui vient s'écraser contre le mur tagué de la chaufferie.
Ciskovitch tire quelques balles de 9mm. A mon tour de répliquer. Je sors de ma cachette et tire une balle dans le torse du garde. Plus que deux cartouches.

De rage, Ciskovitch tire plusieurs fois d'afillée. Je déglingue d'un coup de feu la machine à laver croulante derrière laquelle il est caché. Il se lève en tirant encore quelques bastos. Son arme s'enraye et, pris de court, il s'enfuit en courant dans un couloir sombre de l'autre coté de la pièce. Je le poursuis et m'arrête juste devant la porte. Je glisse un coup d'œil derrière : la visibilité est totalement nulle. La seule source de lumière provient d'un minuscule trou dans une cloison de bois fixée à une fenêtre. Le rayon de lune qui filtre éclaire une toute petite partie du couloir du sol au plafond. Il faut que je fasse courir ma proie jusqu'à là bas.

Je récupère le fusil à pompe et tire tout le chargeur dans le couloir. Les balles étincellent et éclairent assez bien l'endroit. Il y a sur les cotés plusieurs locaux et cabines, Cisko peut être n'importe où dans ce couloir de plus de vingt mètres de long.

Plus de cartouches. Je fais exprès de tirer à vide deux fois bien distinctes et mime le rechargement. Ciskovitch tombe dans le piège. Je vois un halo lumineux suivi d'un bruit sec. Il tire deux ou trois fois avant de courir dans le couloir. J'entends le bruit de ses chaussures de ville claquer le sol froid et s'éloigner petit à petit. Je me couche et mets le halo lumineux en joue avec mon revolver.
Il est dedans. A peine est-il revenu dans l'obscurité que je tire à hauteur de son dos. Bruit sourd. Comme un sac qui tombe à terre. Sans aucun gémissement ni aucune plainte.

J'approche très discrètement. Peut-être est-ce une ruse. Je marche sur un objet près de la cavité où le rat s'était planqué. C'est une lampe torche. Je l'allume et éclaire le sol à mes pieds en remontant très lentement le faisceaux lumineux le long du couloir. Peu après la cavité, je vois des gouttes de sang. Puis des traces, des trainées d'hémoglobine sur les murs, puis une petite flaque sur le sol et d'autres trainées par terre. J'avance tout en suivant le sang. Il y en a beaucoup. Enfin j'arrive au bout du couloir. Ciskovitch s'est trainé jusqu'ici et est assis contre un mur, haletant, son arme vide à la main. La balle est ressortie par le torse. Il me regarde l'air presque indifférent. Il veut me parler mais n'y parvient pas tout de suite. Il pousse un long râle et me dit tout bas :

-Tu... Tu es fini pauvre... Pauvre fils de pute. Tu peux pas savoir... La merde dans laquelle tu viens de te foutre...
-A l'heure qu'il est, je préfère être dans ma merde que dans la tienne, Cisko.
Il ricane.
-Qu'est ce que tu veux faire... Hein? Qu'est-ce que tu... Peux faire?
-C'est fini toutes vos magouilles. C'en est fini des Ciskovitch, des Letour, des députés dégénérés. C'en est fini de votre ordre décadent. Fini l'état d'esclavagisme dans lequel mon pays est baigné depuis toutes ces années.
-Et alors? Hein? Tu crois que tu... Vas changer la donne?

Je m'accroupis devant lui et m'allume une cigarette.
-Tu vois Cisko, contrairement à ce que tu pensais, le fait de me faire virer de l'armée a sans doute été l'une des choses les plus bénéfiques qui me soit arrivée. En refusant de rentrer dans votre jeu de politiciens véreux, je me suis posé en adversaire redoutable face à vous. J'ai été façonné par le système, pour le système, mais j'ai refusé votre décadence. Je sais tout. Je connais tout. Les noms, les adresses, les faits. Tout est là.
Je tape ma tempe de l'index.
-Je suis à même de faire trembler l'État tout entier. Depuis ce jour fatidique d'octobre 2009, je suis votre pire cauchemar.
-Tu me fais marrer... Dans une heure t'auras tous les flics de France au cul.
-Il est grand temps que les Français lèvent enfin la tête, Ciskovitch. Il est grand temps qu'une révolution ébranle le pays et l'ordre établi par votre système. Ce soir, Ciskovitch, je ressors vainqueur de notre duel. Demain, je ressortirais vainqueur du grand chaos qui arrive et que tu ne connaitras jamais.

Il me regarde d'un air ébahi, les yeux grands ouverts. Est-il hébété par ce que je viens de dire? Croit-il que je suis fou? Non. Il vient juste d'être frappé par la main froide de la Mort.

Je sors en marchant paisiblement et retourne dans la Mondéo de Kaplan. Les clés sont encore sur le contact. Je roule jusqu'au Faubourg Saint Antoine ou je croise Ritchie, en train de boire de la bière avec sa bande. Je me gare et ouvre la vitre pour l'interpeller.
-Ritchie! Monte.
Il s'approche et se penche à la portière.
-M'appelle pas Ritchie bordel! Et la mission?
-Monte nom de Dieu, y'a plus de mission, plus de SOSC, plus de Cisko. Dépêche toi avant qu'ils ne nous tuent
-Mais qui?
-Magne toi!

Il ouvre la portière et s'assoit à coté de moi, laissant la bande de loubards sur le trottoirs avec leurs interrogations.
-Tu me fais flipper Conan. Dis moi ce qu'il se passe.
-J'ai supprimé Ciskovitch.
-Quoi?
-Lui et deux autres types des services secrets. De beaux pourris je te rassure.
-Nom de Dieu... On est morts Conan.
-Dis pas ça bordel! On était morts de toutes manières! Une fois la mission finie ils nous auraient tous éliminés! Il faut absolument qu'on retrouve Jack.
-Aux dernières nouvelles ils l'ont choppé hier. Ils prévoiraient de l'extrader vers l'Irlande du Nord pour le faire juger là bas.
-Comment tu sais tout ça?
-Tu crois que de mon coté j'ai chômé?

Sacré Ritchie.
-Tu sais pas où il est détenu? Ni quand ils veulent l'expulser?
-Aucune idée. Si ils le renvoient on n'aura plus aucune chance de le revoir.

Je réfléchis quelques instants.
-Je pense savoir qui pourrait nous renseigner.



Ritchie et moi sommes arrivés au quartier Belleville. Malgré l'heure tardive les trottoirs sont toujours remplis. Ce n'est pas plus mal. J'essaye tant bien que mal de me guider à travers ce quartier où je ne suis pas retourné depuis plus de huit mois.
-Qu'est ce que tu cherches? Me demande mon ami.
-Je ne me souviens plus de son adresse. Il faut que je me concentre.

Soudain, un bâtiment en briques attire mon attention. Je me gare au pied de l'immeuble et dis à Ritchie de rester dans le véhicule pour faire le guet.

La porte du hall est déglinguée, autant que l'ascenseur. Je monte quelques étages et sonne à la porte.
Pitié, faites qu'elle soit là...

La porte se déverrouille. La belle jeune femme se trouvant derrière sursaute devant mon allure. Elle porte le même peignoir que l'unique fois où nous avons fait l'amour.
-Au... Aurélie?
-Conan? C'est toi?
Je hoche la tête. Elle est très hésitante.
-Je... Je rêve... C'est bien toi?
-Je peux entrer?
-Oui, bien sur.
Elle se pousse pour me laisser passer. J'entre dans son petit appartement. Rien n'a changé.

-Qu'est-ce que tu... Enfin pourquoi t'es...
-Oui je veux bien un café. Dis-je en souriant.
Elle me rend mon sourire et va me servir une tasse dans la cuisine.
-Mais pourquoi? Comment?
-J'ai passé huit mois en Afrique en tant que... Spécialiste. C'était ça ou la prison. Il y a quelques semaines, la DGSE est allée nous repêcher Ritchie, Jack et moi. Nous avons eu le choix entre partir au trou, ce qui reviendrait à mourir, et servir au sein du SOSC qui t'a sans doute forcée à me faire tomber avec Scorni en janvier. Mon allure, je la dois à ma dernière mission, qui fut un échec : infiltrer un gang. C'est là que ça s'est compliqué. Pour éviter de te mettre en danger, je t'épargnerais les détails et ne te dirait pas un mot de plus.
-Pourquoi est-tu revenu me voir? Tu sais combien je souffre depuis ton départ.
-Je ne suis pas parti de gaieté de cœur, si c'est ce que tu veut dire.

Elle me caresse la joue.
-Ton visage est tellement marqué.
Je repousse délicatement sa main.
-Non, Aurélie. Je ne préfère pas. Il faut que tu m'aides.
-Moi?
-Jack est retenu je ne sais où et risque d'être envoyé en Irlande du Nord, je ne sais quand. Il faut absolument que tu me renseignes sur son lieu de détention.
-Comment pourrais-je?
-Tu es encore dans la police non?
-Oui, mais c'est certainement un dossier top-secret, je suis peut être sur écoute, et il doit avoir toute une compagnie pour le garder.
-Ne t'inquiètes pas pour ça, trouve moi juste son lieu d'incarcération et sa date d'extradition. Je m'occupe du reste. Trouve le numéro de la cabine téléphonique située au métro de la station Faidherbe et appelle depuis un téléphone public dès que tu as le renseignement. Je dois partir.

Elle me laisse franchir la porte. Quel salaud je suis, à peine revenu je la refait souffrir.

Je remonte dans la Mondéo. Ritchie prend le volant.
-J'te dépose quelque part?
-Tu te souviens de l'adresse d'Ivan?
-Ivan... Ivan Cosovic machin chose? Le Serbe?
-Ouais, le pote à Jack qui vend armes et véhicules.
-Il me semble que c'était dans le 77, à la campagne.
-On va voir si il est toujours en activité.

Ritchie roule jusqu'au garage de Cosovic. J'espère sincèrement qu'il ne s'est pas fait serrer.
Il se gare devant la barrière et klaxonne. Un chien aboie, signe que quelqu'un habite les lieux. Un homme, dont je n'arrive pas à distinguer le visage à cause de la nuit, s'approche de nous. En regardant mieux je remarque une arme à sa ceinture.
-Ivan?
-Qui le demande?
-C'est nous! Ritchie et Conan!
-C'est vous les mecs?

Il s'approche de sa clôture et nous ouvre le portail. Je sors vite du véhicule.
-Ritchie, débarrasse toi de la bagnole et retourne faire ta mission. Je veux que tu restes à proximité de la cabine téléphonique du métro Faidherbe 24 heures sur 24. Dès qu'il sonne, tu réponds. Ça sera Aurélie qui te dira où est enfermé Jack. Dès que t'as le renseignement, tu appelles Ivan.
-Mais enfin, qu'est ce qu'il se passe? Me demande Cosovic.
-Rentrons, je vais t'expliquer.

Nous nous dirigeons vers le garage tandis que Ritchie emprunte une voiture à Ivan en laissant la Mondéo. Ivan arrache toute l'électronique pour éviter qu'un éventuel mouchard nous fasse repérer et nous rentrons dans son petit bureau où dort un berger Allemand.
Je passe près de deux heures à lui expliquer l'histoire, du début à la fin. Au fil de la narration, cela ressemble de plus en plus à une confession. J'avais besoin de parler, de vider mon sac. Ivan a été de toutes les guerres civiles, de toutes les révolutions, de tous les complots, il comprend que j'en ai gros sur la patate.
Je finis par m'endormir sur la table du bureau, complètement crevé.


L'aube se lève timidement, en même temps que j'émerge de mon sommeil. Ces quelques heures de repos m'ont fait le plus grand bien. Ivan me sert une tasse de café que je bois avec réconfort. Pour la première fois depuis des mois et des mois, je me sens en sécurité.

-Ivan, il me faudrait des armes.
-Hm hm, quoi donc?
-N'importe, tout ce que je veux c'est tirer Jack de ce pétrin au plus vite. Le problème, c'est que je manque salement de blé.
Ivan prend une chaise et s'assoit face à moi.
-Tu sais, Conan... Il y a un an de ça, Jack venait tout juste d'arriver à Paris, et on s'est tous les deux retrouvés dans le squat du vieux Chinetoque. On a vite sympathisé, j'ai appris pour son passé de guérillero comme il a appris mon passé de milicien et j'ai décidé, plus pour lui filer un coup de main financièrement que par intérêt personnel, d'en faire mon porte flingue sur un ou deux deals. Un jour, des Albanais m'ont proposé un échange : deux de mes bagnoles de sport contre quinze Kalachnikovs, normalement flambant neuves. Au moment fatidique, il y avait bien une quinzaine de Kalachs, mais braquées sur moi. A nous deux, nous avons flingué toutes ces pourritures. Je me suis retrouvé avec une bastos dans la jambe, incapable de marcher et Jack, alors que les flics déboulaient de partout, m'a porté jusqu'à une des Ferrari que je devais refourguer et a conduit jusqu'à la planque, en semant les flics. Arrivé ici, il m'a soigné et m'a gardé en observation pendant trois jours pour vérifier si la plaie ne s'infectait pas, contrôler la fièvre, refaire les bandages. Si aujourd'hui, je ne suis pas foutu de te donner quelques armes et des grenades, alors je serais un bien piètre ami et tu aurais le devoir de me tuer sur le champ.

Un sourire se dessine au milieu de sa barbe brune de quelques semaines. Il met un bonnet et un manteau et me demande de le suivre jusqu'à sa grange.
Une fois dans la petite bâtisse en bois derrière le garage, il ouvre une trappe dans le sol, cachée par une bâche, et en sort quelques armes sous plastique.
-MP5, premier modèle. J'en ai fait venir cinq de Russie pas plus tard qu'il y a trois jours.
-Le trafic se porte bien, hm?
-Merci l'Union Européenne! Combien de chargeurs il te faut?
-Mieux vaudrait prévoir au moins 3 chargeurs par personnes.
-Neuf chargeurs pleins alors.
-Il n'y aura que Ritchie et moi, six suffiront.
-Et moi alors? Tu crois que je vais me tourner les pouces et laisser Jack enfermé comme une bête? Avec ça je nous mets six grenades lacrymogènes.

Alors que je vérifie l'état du matériel, le téléphone sonne. Ivan répond et allume le haut parleur.
-Allô, c'est Ritchie. Conan est là?
-A coté de moi.
-Aurélie vient d'appeler. Ils vont mettre Jack dans un avion pour Belfast ce soir, à 19h. Il est retenu à Orly, apparemment sous bonne protection policière. J'vous laisse.
Ivan raccroche et nous nous regardons silencieusement.
-Orly. Déjà que c'est blindé de flics en temps normal, là on aura tout le GIGN face à nous. Dis-je.
-On n'a pas le choix, il faudra aller directement sur le tarmac, sans passer par le hall, et taper au moment pile où il vont le faire monter dans l'avion.

A 17h30, nous rejoignons Ritchie à son quartier. Ivan conduit le plus gros véhicule de sa collection personnelle : un Hummer qu'il a modifié lui même. Pare-choc renforcé, vitres blindées et grillagées, plaques de céramiques aux portières : nous sommes fin prêts.

Je tends à Ritchie qui s'est installé à l'arrière une cagoule, une MP5, trois chargeurs et deux grenades lacrymos et lui explique le déroulement des opérations tandis qu'Ivan conduit jusqu'à l'aéroport.

Sept heures moins le quart. Nous n'avons plus que quinze minutes pour sortir Jack de ce merdier. La tour de contrôle se dessine à l'horizon.
-Mets la gomme Ivan! Dit Ritchie, les yeux rivés sur Orly.
-Je ne vous garantie pas une arrivée tout en finesse! Crie Ivan en accélérant à fond.

Le Hummer sort de la route et fonce à travers champs, tout droit vers la piste de décollage. Nous ne sommes plus qu'à cinquante mètres des grillages de sécurité. L'adrénaline est à son comble. J'arme ma MP5 en même temps que le lourd véhicule défonce les barrières métalliques qui entourent l'aéroport et nous voilà en plein sur le tarmac devant les yeux ébahis de plusieurs centaines de personnes.

-Il est où ce putain d'avion? Crie Ritchie.
-Là bas, regardez, une colonne de voitures de police! Dis-je en désignant un fourgon de police, précédé et suivi de deux voitures de flics.

Ivan tape de plein fouet le véhicule de tête qui part valdinguer à quelques mètres. Nous descendons du 4x4 et lançons deux grenades lacrymogènes vers la deuxième voiture d'escorte, avant que les hommes encagoulés à l'intérieur n'aient le temps de riposter. Nous assaillons le fourgon mais hélas il quitte le chemin en trombe et fonce vers un petit avion, sûrement spécialement affrété pour le transfert du dangereux Jack O'Reilly.

Nous remontons dans le Hummer sous les tirs de quelques policiers montant la garde dans l'aéroport et pourchassons le fourgon qui tente de nous semer toutes sirènes hurlantes.
Comme si le manque de visibilité à cause de la nuit ne suffisait pas, la pluie se met à tomber et la chaussée devient dangereusement glissante. Ivan parvient à rattraper le fourgon et braque violemment à droite lorsqu'il est à sa hauteur pour taper le pare-choc du Hummer contre la roue arrière du véhicule cible qui se met à faire plusieurs têtes à queue.
Après plusieurs dérapages sur la piste, le fourgon s'arrête enfin. Nous descendons en même temps que quelques gendarmes d'élite qui se mettent à couvert derrière le fourgon et commencent à nous arroser. Nous lançons ce qu'il nous reste de grenades et en quelques secondes, tout le coin est totalement enfumé. Nous tirons quelques rafales à l'aveuglette et prenons le véhicule d'assaut. Les gendarmes à l'intérieur, surpris, n'opposent pas de grande résistance. Ils veulent sans aucun doute éviter un bain de sang inutile pour un type qui ne les concerne même pas. Nous récupérons Jack, pieds et poins liés, et remontons dans notre 4x4 en tirant quelques rafales pour essayer d'intimider les superflics. Mais ils ripostent de plus belle et d'autres véhicules de police viennent se garer derrière nous. Nous remontons dans notre Hummer sous une pluie de balles, pris entre deux feux.

Ivan repart en trombe et nous revoilà dans un champ, avec un hélicoptère au cul.

Tandis que Ritchie est à l'arrière et tente d'ouvrir les liens de Jack, j'arrose l'hélicoptère, sans grand espoir.
Nous voilà en ville. Ritchie à du tirer plusieurs fois dans la serrure des menottes de Jack pour le libérer de ses entraves, puis je lui tends un 9mm planqué dans la boite à gant.

Ivan gare le Hummer devant une voiture de sport. Nous braquons le chauffeur et lui volons son véhicule avant de prendre un tunnel pour semer l'hélico. Ivan arrête la bagnole en plein milieu de la voie pour rejoindre à pieds une petite ouverture sur le coté servant à se mettre à l'abri en cas d'accident grave.

Nous courrons dans un dédale de couloir souterrains et rejoignons les égouts où nous décidons de foutre à l'eau nos cagoules et nos armes, puis enfin, après quelques minutes de course folle, nous atterrissons dans le RER.


Nous revoilà chez Ivan, plus qu'heureux d'avoir ramené Jack sain et sauf. Néanmoins, il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers. J'appelle tout le monde à se rassembler autours de la table.

-Les gars, du calme. La situation reste très grave, nous devons garder la tête froide.
-Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Je retourne en infiltration? Me demande Ritchie.
-Négatif. Les hommes de Letour ont sûrement déjà retrouvé le macchab' de Ciskovitch. T'as pas vu des types bizarres ces derniers temps?
-Peut-être, j'en sais trop rien.
-Nous sommes les premiers suspects sur la liste des flics, à part nous Jack n'avait plus aucun contact avec le milieu. Et la mort de Cisko est directement liée au fait qu'il voulait me flinguer une fois mon boulot fini.
-C'est quoi le plan? Demande Jack.
-J'en sais rien les mecs... J'en sais rien du tout.

Ivan se dirige d'un air nonchalant vers le canapé où il s'allume une cigarette, puis lentement recrache la fumée :
-En es-tu si sur que ça, Conan?
-Comment ça?
-Es-tu sur que tu n'a aucune idée quant à la suite des opérations?
-Où est-ce que tu veux en venir?
-N'est-ce pas toi qui, pas plus tard qu'hier, m'avait parlé de révolution, m'avait révélé tout un tas de complots, m'a dit qu'il fallait que le pays se redresse, que tu en avait marre que les gens soient devenus des esclaves, abrutis par la télé et adeptes aveugles de la pensée unique?
-Je divaguais, c'est impossible. Comment veux-tu que quatre pauvres connards renversent un gouvernement comme celui de la France? Soyons réalistes, Ivan, nous vieillissons. J'approche dangereusement de la trentaine, toi tu as 35 ans bien révolus, on n'est plus que des débris, rien qu'une bande de mercenaires sur le retour. En tout cas, pas des héros nationaux.

Ritchie me colle une torgnole mémorable.
-Bordel de merde! T'es con où quoi?
-C'est pas toi qui est un peu con? Ivan a tout compris, ça se voit dans ton regard, depuis que je t'ai rencontré, y'a cette étincelle qui brille au fond de tes yeux, tu crèves d'envie de prendre les armes pour une cause qui t'es chère! Jack, dis lui! Toi qui a passé ta jeunesse à combattre avec l'IRA.

Jack met sa main sur mon épaule.
-Conan, il vient un moment dans la vie d'un homme, où il doit s'accomplir. Chaque génération doit connaître son bouleversement. J'ai parcouru l'Europe de long en large, j'ai vu cette jeunesse tomber dans la décadence, ces jeunes accros à tout et n'importe quoi, ces jeunes qui n'avaient plus foi en rien. Mais ce que Ritchie, Ivan et moi voyons dans tes yeux, je l'ai vu dans le regard de milliers et de milliers de jeunes gens, que ce soit en Irlande, en Angleterre où en France, et nous même, nous avons toujours cette flamme qui ne s'éteint qu'a notre mort.

Ritchie reprend :
-Cette passion me dévore moi aussi, cette envie de bouger les choses. Il n'est pas trop tard pour inverser la tendance et échapper au sort funeste qui nous est réservé. Il n'est pas trop tard pour sortir le pays de leurs griffes.

Je lève les yeux et observe lentement mes amis qui me scrutent.
-Camarades...A partir d'aujourd'hui, et jusqu'à notre mort, nous sommes intimement unis par ce lien que ne connaissent que les guerriers purs et durs... A partir d'aujourd'hui... Nous sommes leur pire cauchemar.



Troisième et dernière partie ici : http://noelfic.fr/integrale.php?titre=7881&chap=0


Commentaires