Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Nous sommes leur pire cauchemar


Par : Conan
Genre : Action
Statut : Terminée



Chapitre 6 : Un long fleuve tranquille


Publié le 19/08/2013 à 01:14:01 par Conan

Huit mois. Huit longs mois ont passé. Huit mois que nous sommes en Afrique. Huit mois que nous combattons presque quotidiennement. Huit mois que nous nous enrichissons au fur et à mesure que nous tuons ceux qu'on nous ordonne de tuer. En huit mois, nous sommes devenus des soldats, que dis-je, des guerriers hors-pair, des tueurs d'exception, des combattants aguerris.

En huit mois nous avons eu de nouvelles cicatrices. De nouveaux tatouages aussi. Nous avons fait de nouvelles connaissances, nous avons perdu plusieurs personnes auxquelles nous nous étions attachées. Des autochtones, d'autres Européens, des mercenaires, des camarades. Nous avons parcouru le pays en long, en large et en travers, nous nous sommes battus dans la brousse, nous avons parcouru la jungle, nous nous sommes empêtrés dans les marécages, nous avons participé à nombre d'émeutes et de combats de rue, toujours dans un camp différent, toujours dans le camp qui nous proposait plus d'argent.

En huit mois, nous avons acquis une grande notoriété aussi. Le plus gros coup que nous ayons fait, il y à trois mois, nous à valu une réputation prédateurs qui a parcouru tout le pays comme un souffle. Pour le compte de l'Union du Peuple, qui avait réussi à amasser assez d'argent pour se payer nos services, nous avons fait sauter le QG du PLN. Diakité et toute sa clique de nerveux de la gâchette y sont restés. Bien évidemment, les représailles des quelques fanatiques survivants du PLN et des militaires corrompus se sont abattues sur les civils dès le lendemain du coup de main.

Et nous n'avons rien fait. Nous n'avons pas empêché le massacre des villageois. Il n'y avait pour nous pas d'intérêt. Souvent, en y repensant, je me dis que nous aurions dû agir, ne serait-ce que tirer quelques rafales de mitrailleuse sur le convoi de l'armée, leur lancer quelques obus de mortier. Au lieu de ça, nous sommes restés dans notre planque, le petit bar que Noodles nous avait fait découvrir peu après notre arrivée, alors que nous n'étions que des bleus, et où nous passons le plus clair de notre temps. Tous les mercenaires du coin se retrouvent là bas. Nigériens, Européens, Américains, Asiatiques. On discute, on paye un coup au pote tout en se disant que le lendemain on sera peut être face à face, arme au poing.

Je ne sais combien d'hommes j'ai flingués depuis notre arrivée en Afrique. Peut être une cinquantaine. Nous sommes certainement, Jack, Ritchie et moi, les mercenaires les plus connus actuellement dans le coin. Si Ritchie est assez content de cette notoriété, personnellement elle m'inquiète de plus en plus. Non content d'être sur le qui-vive en permanence à cause de quelques miliciens qui voudraient nous avoir, tuer le Loup Blanc, être le nouveau maitre de Niamey, je crains que cette notoriété aille jusqu'aux oreilles d'Interpol, de journalistes, ou pis encore, des services secrets étrangers.

C'est justement ce soir, alors que nous sommes tous trois assis autours de notre table fétiche, dans l'ombre, tout au fond du bar, qu'un type entre. Il porte encore sa cravate et ses manches et son col de chemise sont blancs comme neige. Le mec, âgé d'une petite trentaine d'années, n'a pas l'air dans son assiette. Il sue comme moi lorsque j'ai débarqué dans ce foutu pays. Il s'installe au comptoir et demande un grand verre d'eau. C'est pas normal.

Rapide coup d'œil à mes acolytes qui hochent la tête. Nous nous levons et nous dirigeons vers le gugusse.

Je m'installe face à lui. Semblant un peu craintif, il fixeson regard sur mes Pataugas.
-T'es perdu, étranger?
Ses yeux remontent lentement, parcourent mes bras tatoués. La flamme sur le poignet, le poignard qui prend tout l'avant bras, la toile d'araignée sur le coude, l'as de pique au triceps, la tête de mort sur l'épaule, la Croix sur le cou, mon visage dur comme un bloc de pierre et les cicatrices qui le parcourent ça et là, puis mes yeux.
-Je viens d'arriver et...
-Par l'avion? L'interromps Ritchie derrière lui.
-Non, je...
-Par le bus alors? Dit Jack qui le scrute depuis son tabouret à coté de Ritchie.
-Non, en fait...
-Ah! Bah oui c'est logique! S'exclame Ritchie, l'aéroport a été pulvérisé et les routes sont tenues par les bandits et semées de barrages du PLN et du FLP. Tu viens pour nous, hm?
-Ton hélico s'est posé où? Parce que le coin n'est pas sûr. Ajoute Jack.
-Tu viens de quel pays? Conclus-je.
Le type ferme les yeux quelques secondes, prend une profonde inspiration, puis nous déballe son sac d'une traite :

-Agent Philippe Flaubert, Direction Générale de la Sécurité Extérieure.
-Tiens un barbouze! Je l'aurais jamais cru! Ironise Jack.
-Qu'est ce que vous cherchez ici, agent Flaubert de la DGSE? Nous ne sommes que des touristes, trois amis partis faire un safari.
-Conan Sauvant, Richard Resnil, Jack O'Reilly. De drôles de touristes en effet. Des touristes qui, en Europe, on une dizaine de chefs d'inculpation sur le dos. Homicides, braquage, association de malfaiteurs, trafic d'armes, et je ne cite que les meilleurs. Vous pensiez vraiment que faire cramer tout le Niger vous foutrait à l'abri? Huit mois qu'on vous piste. Ça n'a pas été de la tarte de vous retrouver, heureusement quand mes chefs ont entendu parler d'une bande de trois fous furieux qui se frayent un chemin à coups de machette et qui rafalent la gueule à tous ceux qui se foutent en travers de leur route, il ne nous a pas fallu un millième de seconde pour faire le rapprochement.
-Et maintenant, c'est quoi le topo? On te suit gentiment, sans faire d'histoire, on retourne en France pour se prendre perpet' dans la joie et la bonne humeur?
-J'ai peur que vous n'ayez pas le choix.

Le type saisit un micro dissimulé sous sa veste et le pose sur le comptoir.
-Ça, c'est des preuves. Et c'est aussi votre dernière chance de survie. Je n'ai qu'un mot à dire pour que les plus gros salopards des forces spéciales entrent et vous criblent de balles.

Brièvement, j'ai pensé à l'éventualité de me faire flinguer ici. Ça serait une belle mort après tout. Chopper le barbouze, lui foutre mon flingue sous le pif. Une vingtaine de mecs entrent, et on crève tous dans un déluge de feu. Oui vraiment, l'espace d'une seconde j'ai pensé à cette fin, tragique mais belle. Violente mais romantique. Je pense que mes deux Camarades ont aussi eu l'esprit traversé par cette idée de baroud d'honneur, de dernier carré.

La porte du bar s'ouvre, un groupe de militaires suréquipés pénètre dans la salle et nous encercle. Une quinzaine de points rouges s'accrochent à nos têtes et nos cœurs, et il ne faudrait même pas une fraction de seconde pour que ces lasers se transforment en cartouches de 5.56. T'as gagné Flaubert.


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.