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Nouvelles, chansons et poêmes.


Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4 : Et au revoir papa !


Publié le 08/12/2010 à 22:26:19 par PaulAllender

Hugues Dutroux était un simple employé du ministère de la justice. Âgé de 37 ans, une femme ravissante (dont il était l'ainé de deux ans) et une petite fille de 7 ans faisaient son bonheur au quotidien. Il avait connu sa femme 9 ans auparavant, dans un dîner organisé par des amis communs, dans le 18ème arrondissement de Paris, où ils résident actuellement. Ils y menaient une petite vie tranquille, tout allait bien pour eux ; un bel appartement dans la capitale de la mode, de l'amour. Cité éternelle ayant de tous temps bercé les grands moment de la nation, phare mondiale du tourisme et capitale de la luxure, carrefour mémoriel de l'histoire à travers les âges.

Leurs vies étaient réglées comme des horloges, comme la majorité des Parisiens, inconscients de revivre la même boucle au quotidien, c'était le sempiternel "métro-boulot-dodo". Audrey, sa femme, native de la ville, travaillait comme caissière dans une grande enseigne, au coeur du noeud économique et touristique que représentaient la Défense et sa Grande Arche. Ses parents, Jeaninne et Hervé, la soixantaine, leur rendaient souvent visite. Ils vivaient dans le 9ème arrondissement de Paris, ce détail ne pouvant empêcher leur fille d'éprouver un excessif sentiment de haine et de jalousie pour ses géniteurs qui habitaient le prestigieux boulevard Haussmann, réelle concentration de siège sociaux de banques ou de grands magasins.

Ils vivaient sur l'avenue qui rassemblait les bâtiments les plus importants des entreprises siégeant à paris, comme une centralisation de ce qui importait réellement ; tandis qu'elle vivotait avec son mari et sa fille dans un quartier malfamé, une vie banale dans laquelle il ne se passait rien, comme si un découpage administratif des quartiers de Paris traçait une barrière qui délimitait ceux qui avaient une vie palpitante et ceux qui devaient se contenter du train-train quotidien ; comme une séparation entre les mondes de la bourgeoisie et de la classe moyenne, univers diamétralement opposés et pourtant frontaliers.

Un soir, lassée du quotidien, elle décida de sortir avec des amies, sur les Champs Elysées, confiant à Hugues la tâche de garder Amélie. Celui ci, aimant profondément sa femme pour laquelle il n'aurait jamais voulu le moindre tracas ou la plus infime contrariété qui soit, accepta sans plus de formalité, la couchant vers 21H. Cette dernière ne semblait cependant pas prédisposée à sommeil, réclama une histoire pour s'abandonner au sommeil. Son père y consentit sans réel agacement. L'histoire terminée, il lui souhaita bonne nuit. Avant de dormir, cette dernière se leva, s'agenouilla près de son lit et se mit à prier.

"Dieu, béni papa, béni maman, béni mamy... et au revoir papy."

Hugues, troublé, caressa la tête de sa fille avant de sortir de la pièce en riant de bon coeur, ne prêtant pas attention à cette prière peu orthodoxe. Audrey rentra vers 1H du matin et constata que tout c'était bien déroulé, projetant déjà de réitérer ce genre de sorties dès le mois prochain. Son mari acquiesça en souriant et la pris dans ses bras et lui murmura au creux de l'oreille :

-Tout ce que tu veux ma chérie !

Après avoir prononcé ses mots, il lui mordilla l'oreille, allumant instantanément le regard de sa compagne qui, tout en se mordant les lèvres, s'était allumé d'une vive flamme du désir ardent, comme si cette phrase combinée à ce simple geste pouvaient allumer un brasier d'envie dans l'esprit d'une femme. Aussi, le repos fût de courte durée et le réveil du Dimanche matin fût aussi tumultueux que la nuit qu'il venait de passer. Audrey était en larme, ayant appris la mort de son père. Crise cardiaque. Fatale. Le vieil homme s'était éteint dans son sommeil, comme une bougie dont la mèche se serait consumée trop vite. On mit ça sur le compte de sa consommation d'alcool, jugée excessive pour les uns et juste suffisante pour les autres. L'enterrement fut discret et bref, seul les proches amis et la famille y furent conviés.

Audrey se remit difficilement de cette séparation brutale, se demandant comment elle avait pu éprouver ne serait ce qu'une infime partie de haine envers celui qui l'avait élevée pour une simple histoire de logement. Hugues, qui ne supportait pas de voir sa femme triste se mettait en 4, jonglant avec l'organisation de la maison, son travail et Amélie, ne gardant que très peu de temps pour se distraire. Cette faiblesse passagère disparu timidement une semaine après l'enterrement, et Audrey était à nouveau dehors pour une petite balade nocturne sur la Rue de la Paix. Pour la seconde fois, Hugues passa la soirée seul avec Amélie, qui tarda un peu pour regarder la télé avec son père. 22H, de la même manière, Hugues coucha sa fille qui, après la désormais traditionnelle histoire, se mit à genoux pour faire sa prière.

-"Dieu, béni papa, béni maman... et au revoir mamy !"

Hugues fut frappé d'une stupeur sans nom, pressant sa fille pour qu'elle se mette au lit et arrête ses bêtises pour sortir de la chambre, très troublé. Il repensa à la mort d'Hervé, c'était sûrement une coïncidence, il n'y avait aucune raison de paniquer, il était persuadé que demain, sa belle mère se porterait comme un charme. Ayant eu quelques difficultés à s'endormir, il s'était aidé de quelques verres de cognac pour se eposer, il n'avait pas beaucoup dormi ses derniers temps, avec la mort d'Hervé, il avait du s'occuper de beaucoup de choses, une bonne nuit de sommeil ne pouvait que lui faire du bien. Le lendemain matin, levé à 8H, il trouva sa femme endormie à ses côtés se demandant à quelle heure elle avait pu rentrer. Mais il s'enfichait ; l'amour n'était il pas gage de fidélité ? Repensant aux paroles de sa fille "et au revoir mamy !", il s'habilla rapidement et sorti de l'appartement.

Traversant en courant les boulevards Barbés, de Rochechouart et de Clichy pour atteindre la place du même nom avant de virer au sud par la rue d'Amsterdam et de rejoindre le fameux Boulevard Haussmann. Il couru jusqu'à l'appartement occupé par la veuve qui lui servait accessoirement de belle mère, et se mit à appuyer frénétiquement sur la sonnette. Personne. Il continua cependant pendant encore 2 minutes quand, miraculeusement, un chant cristalin aussi rassurant que la berceuse immaculée d'un ange céleste qui se serait échoué sur cette terre berceau de la luxure, se fit entendre.

-Putain, mais qui sonne donc à cette heure là un dimanche matin ?

Hugues n'en revint pas et s'en alla en courant, manquant de se faire renverser par une voiture. Il avait eu raison de ne pas s'inquiéter, après tout, qu'est ce qui aurait bien pu arriver à une vieille dame comme elle, si soucieuse de sa santé et de son bien-être personnel ? Les paroles d'une fillette peut-être ? Et bien non. Il marcha en sautillant, comme sur un nuage, jusqu'à la place de l'Opéra où il se surprit à flâner, lui d'habitude si pressé, comme si une personne de sa caste ne pouvait se permettre la moindre distraction. Il rentra chez lui vers 11h, Audrey et Amélie étaient endormies. Il en profita pour se recoucher ni vu ni connu, comblé de bonheur comme un réceptacle de soulagement et d'excitation. Coup du sort, il fût une fois de plus tiré de son sommeil par les pleurs de sa chère compagne, quelques heures plus tard. Sa mère avait été retrouvée morte, dans son salon, comme son mari, "de causes naturelles".

Audrey en fût tellement abattue qu'elle ne fît plus rien pendant un mois entier, ne se rendant même pas au travail, n'entretenant plus la maison, ne s'occupant plus de sa fille. Elle était devenue une vraie loque. Hugues, donc le stress était incommensurable était plus en droit de paniquer que n'importe qui. Mais par amour et dévotion pour sa femme, il ne lui dit rien, ne voulant, après tout, pour elle aucun soucis. Il jongla avec son travail au ministère et du ménage de nuit, s'occupant de la maison, d'Amélie, des formalités administratives pour l'enterrement de Jeaninne. Ce rythme infernal lui rongeait peu à peu son existence, ne lui laissant aucune minute de répis, mais c'était pour sa femme, qui, le mois de la tristesse passée, reprit ses habitudes. Et tout rentra dans l'ordre.

Dans l'ordre, si ce n'est que trois mois plus tard (qui s'étaient passé sans le moindre accroc), Audrey se décida à ressortir le soir pour admirer la place de la Concorde. Hugues, ayant rayé de sa mémoire les derniers évènements y consenti sans piper mot, la tentative de suicide effectuée sa femme durant sa dépression car il ne lui avait pas servi son verre d'eau après une minute (alors qu'il s'émerveillait à jongler entre la préparation du dîner et les factures qui s'entassaient) l'avait dissuadé de lui refuser quoi que ce soit. Le soir venu, elle sortit. Quelques minutes plus tard, Hugues coucha la petite qui s'agenouilla au près de son lit et pria une fois de plus..

-Dieu, béni maman... et au revoir papa !

Son père ouvrit de grands yeux, sa pupille se dilata, ses veines gonflèrent et son uvée rougeoyait de terreur comme une âme promise aux Enfers. Il gifla sa fille et s'enfuit de la maison, trouvant refuge dans un bar du boulevard de Clichy. Refusant de dormir, se sachant destiné à une mort certaine, il alla dans un bureau de tabac, et s'acheta une cartouche de Lucky Strike Red pour, finir sa vie en beauté.

Il passa toute la nuit et toute la journée du lendemain à errer dans les rues de Paris, fumant cigarette sur cigarette, qu'il grillait à une vitesse anormalement élevée, comme si elles représentaient la matérialisation de sa peur, qu'il voulait voir disparaître au plus vite. Sa gorge n'était plus que cendre, il avait peur. Il visita tous les monuments de la capitale pour sa dernière journée, du Champs de Mars à la place de l'Etoile, de la place Vendôme (où se trouvait le ministère dont il était employé) à Notre-Dame, en passant par la tour Montparnasse, la place de la Concorde et de la Nation. Les belles rues de Paris ne furent pas exception, occupant tour à tour les grands boulevards parisiens ou encore la Rue de la Paix, qui furent marqués une dernière fois de sa présence, les nombreux passant ne se doutant pas qu'ils croisaient une âme en peine destinée prochainement à l'au delà. Rencontre éphémère pour ces derniers, Hugues ne serait qu'un élément du décor pour ses rues qui autrefois avaient vu naître les multiples périodes d'évolution du pays. Il se retrouva finalement dans le 1er arrondissement, se dressant devant le Palais de Justice de Paris, admirant la cour du Mai, autrefois escale finale pour les condamnés à mort. Il était seul, il faisait nuit, seul de nombreux policiers occupaient les lieux, le surveillant sans discrétion. Il s'assit, et resta là toute la nuit, fumant ce qui serait probablement ses derniers moment de plaisir en tube.

Il se réveilla le lendemain au petit matin. Il s'était finalement endormi. Se réveillant devant le palais de Justice, il crut d'abord voir les portes du paradis, mais réalisa bien vite qu'il était bel et bien vivant. Il avait survécu, la journée était passée, le stress avait beau l'avoir gagné, il n'avait pas eu raison de lui. Hugues rentra chez lui en courant, tout heure de sa survie, passant même par la place de l'Opéra où il acheta des pâtisseries pour sa chère Audrey, probablement morte d'inquiétude. Elle avait du se faire un sang d'encre ; il s'en voulait terriblement. Il retourna dans leur appartement, montant les marches quatre à quatre, ouvrant la porte de son chaleureux foyer transpirant le bonheur avec la fougue de ses vingt ans. Audrey, en pleurs, se jeta dans les bras de son mari, confus de lui avoir causer tant de soucis, mais heureux de la retrouver.

-Mais où étais tu passé, c'était affreux hier...
-Je suis rentré ma chérie, raconte moi.

Il l'aimait terriblement, chacun des mots de sa compagne sonnait à ses oreilles comme une mélodie angélique qui l'appasait.

-Hier matin, alors que j'étais descendue chercher le courrier, le facteur est tombé raide mort sous mes yeux !


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