Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La mésaventure d'Aliz


Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 10 : Brume caustique


Publié le 05/02/2012 à 10:33:04 par PaulAllender



Beaucoup de passants qui avaient assisté à la scène me regardaient, choqués, voire ulcérés.

-Quoi ? Qu'est ce qui vous arrive à vous ? hurlai-je dans la rue
-Elle a raison de s'être barrée, t'es un malade. répondit un passant
-Ouais, un vrai taré. surenchérit un autre
-J'vous emmerde, ça regarde qu'elle et moi.
-Pas quand tu te donnes en spectacle dans la rue pour insulter ta copine. Aucun respect, vieux mec va. me répondit le second
-Pfff, va t'faire voir blaireau...
-Hé hé, parle moi mieux que ça gamin, j'ai pas ton âge, tu sais pas qui j'suis moi. Ça vient à peine d'avoir son bac et ça se sent plus pisser, j'ai 23 piges, fais pas l'malin avec moi.
-Ecoute moi bien, j'te cause comme je veux, moi j't'ai rien demandé et tu viens m'emmerder, depuis quand tu t'fais l'avocat des pauvres ? Tu connais rien de notre histoire et tu permet de me juger comme ça, lécheur de chatte va, t'es fou toi ! Maintenant passe ton chemin, connard, j'ai autre chose à foutre.

Je me barrai sur le champ, énervé, aveuglé par la rage. Avançant quelques minutes, je décidai de me caler dans une petite ruelle sombre pour fumer mon spliff.

-Hé p'tit connard.

Sans se faire prier, le mec qui m'avait embrouillé - m'ayant visiblement suivi - quelques minutes auparavant s'avança vers moi, me gifla et me poussa contre une poubelle. Je tombai à la renverse et essayai tant bien que mal de me relever, quand il me braqua un calibre, du genre 9mm, équipé d'un silencieux, sur le crâne.

-Alors, on fait moins l'malin hein p'tite salope va !
-Déconne pas putain...
-FERME TA GUEULE !
-Euh... Nan.

Il m'asséna un violent coup de crosse dans la mâchoire, me faisant saigner, et cracher du sang au sol.

-T'es calmé ?!
-...
-Tu crois que j'déconne ?
-Tu fais l'chaud, mais vas y, bute moi si t'as des couilles !
-Tu m'en penses pas capable enculé ?
-Beaucoup en parlent, mais combien peuvent le faire mec ? chantonnai-je sûr de moi
-Patrimoine du ghetto !
-Tu connais !
-Ouais mec ! souria-t-il
-Héhé...
-Mais c'pas une raison ! se ressaisit-il
-...
-T'as pas peur de la mort ?
-J'en suis arrivé à un point où quoi qu'il m'arrive, j'm'en fous...
-Tu m'plais bien toi. dit-il en jouant avec son arme 
-Au risque de te décevoir, on est pas du même bord, tarlouze.
-Ah ouais ? Moi j'suis pd ?
-J'me fie à c'que j'vois.
-On va voir qui est pd. Mets toi à genoux. 
-Euh... ?
-A GENOUX BÂTARD !

D'un nouveau coup de crosse, sur le crâne cette fois ci, il me fit tomber au sol et me roua de coup, sans que je puisse y faire quoique ce soit. Il enleva sa ceinture, déboutonna son jean, et le baissai avec son caleçon.

-Maintenant suce.
-Va, niquer, ta, mère.
-SUCE ENCULÉ !

Il tira deux fois, une première fois dans mon épaule gauche, tandis que la seconde fois, il frôla mon oreille droite.

-La prochaine, c'est dans ta tête.
-... Putain mon bras, aaah...
-Toujours prêt à mourir ?
-... putain...

Sans vous mentir, cet instant fut l'un de plus pénible qu'il m'ait été donné de vivre. Mon bras gauche hors d'usage, des côtes cassées, l'arcade ouverte, les lèvres enflées ; j'étais vraiment bien amoché. L'adrénaline m'aidait à tenir le coup, car je savais que je n'allais pas tarder à vraiment déguster, sans mauvais jeu d'mot.
Il rangea son arme, prit ma tête dans ses mains, la mit entre ses jambes et me rentrai sa bite dans la bouche. Non, vous n'avez pas rêvé. Vraiment écoeurant. Pas d'autre mot, tellement écoeurant que je ne m'attarderai pas plus dans les détails, si vous permettez. Enfin, vous pouvez aisément imaginer ma réaction, n'importe quel mec dans ma situation aurait fait la même chose, à moins qu'il ne soit gay... Oui, j'ai ouvert la bouche et mordu, mordu aussi fort que j'ai pu, serrant les dents dans la mesure du possible.

-AAAAAAAAAH !!!!

Il hurla quelques secondes, regardant son entrejambe désormais inexistant, et tomba sur le dos, mort de douleur sur le coup. Je crachai ce que j'avais dans la bouche, vomissant sept fois par la même occasion, toussant, suffoquant ; souillé comme une pucelle pré pubère violée par le Pape.
Je me mis sur le côté, et essayai d'allumer ma clope avant que quelqu'un ne remarque ce carnage et n'appelle les flics. A cause de ce glandu, mon dernier joint était tombé dans les égouts. Putain, c'que j'avais envie de fumer sur le coup, même une garrot. J'avais besoin de m'ôter ce goût dégueulasse que j'avais dans la bouche, j'ai même envisagé un bain de bouche au White Spirit ou à la soude, histoire de ne vraiment plus le sentir.
Mais au delà de cette immondice buccale, sans réellement m'en rendre compte, je venais de tuer un mec, et, sur le coup, je dois dire que je n'éprouvais aucun remord ; si ça avait été à refaire, j'aurais même mordu encore plus fort ! Mais, je vous mentirais en disant que tout cela m'était totalement égal, car à ce moment là, quelque chose avait changé au plus profond de moi, comme si quelque chose s'était brisé, avait disparu. Je venais de perdre la fille que j'aimais et le peu d'innocence qu'il me restait. Pourquoi la vie, si cruelle, me destinait-elle à tant de malheurs, quel sombre dessein avait-elle bien pu entreprendre à ma naissance pour me faire mériter tout cela ? C'est vrai quoi, les emmerdes s'enchaînaient sans arrêt pour moi, pas un instant de répit. Quand est-ce que toutes les merdes possible et imaginables allaient-elles s'arrêter de s'acharner sur moi ?
Je l'ignorais, tout ce que je savais, c'est que je m'étais foutu dans un merdier pas possible, une fois de plus.

-Oh mon Dieu, mon pauvre garçon...

Une vieille dame était passée devant la ruelle et avait remarqué cette scène d'horreur. Bien qu'elle eu l'air tout droit tirée d'une contrée infernale à la violence sans limite, la vieille ne s'en embarrassa nullement et s'approcha de moi, s'agenouillant à mes côtés.

-C'est affreux, j'ai appelé une ambulance, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous mon garçon ?
-Du feu... Vous avez du feu ?
-Je suis bien trop vieille pour fumer.
-Ouais, j'imagine qu'à votre âge c'est pas très conseillé... 
-Oh, mais vous savez, ça n'est conseillé à aucun âge, jeune homme.
-...

Quelle claque, ces deux briscards avaient raisons, la vieille et le violeur. J'avais beau dire, ils avaient une expérience de la vie que je n'avais pas, etje me serais d'ailleurs bien passé de celle que le second venait de me faire vivre... Mais, c'est vrai, rétrospectivement, j'avais pas foutu grand chose. Je venais d'avoir mon bac, même si je l'avais très bien réussi, j'étais encore un gosse, et pourtant, les problèmes ne m'épargnaient pas. Rien que cette année, Aliz et moi en avions eu énormément. Quand je l'ai connue, déjà, elle vendait pour Fomalhaut, le quatrième de la bande, et le dernier auquel j'ai eu affaire...

C'était presque une semaine après la soirée au cimetière, nous étions à la date du 20 Décembre 2012, à peine quelques jours avant Noël, et à la veille d'une supposée fin du monde.
Aliz et moi nous promenions sur le boulevard Haussman, un peu de lèche vitrine avant les fêtes ne faisait pas de mal. A cette période, nous étions plus qu'heureux elle et moi, sans cesse ensemble, nous passions nos vies l'un chez l'autre, comme si rien d'autre au monde n'importait un tant sois peu.

-Tu sais Aliz, si c'est vraiment la fin du monde demain...
-Tsss, arrête tes conneries enfin ! gloussa-t-elle en souriant
-J'allais dire un truc gentil mais bon...
-Bah vas y alors !
-Hum nan, trop tard.
-Tant pis écoute.
-Pour toi, pas pour moi.
-Alleeer dis ce que t'allais dire !
-Que si c'était ce soir la fin du monde, je voudrais passer ma dernière soirée avec toi. Si l'on doit tous mourir à minuit, si nous vivons nos derniers instants tout à l'heure, je ne veux les passer nulle part ailleurs que dans tes bras.
-... C'est, si...

Le téléphone d'Aliz sonna, c'était la musique de Psychose qu'elle avait choisi comme sonnerie, elle disait qu'au moins, elle était sûre de répondre rapidement avec.

-Allo ?
-5 hémoglobine, nord nord, comme d'hab
-... Ok
-Viens seule.

Elle raccrocha, l'air blasée et mal à l'aise.

-Qu'est ce qu'il ya ? J'ai rien compris à la conversation à part "viens seule". C'est quoi cette histoire ?
-J'ai une livraison ce soir, je dois récupérer 500 g à minuit... Si Fomalhaut dit "viens seule", je préfère faire ce qu'il dit.
-Fomalhaut... Tu vends pour lui maintenant ?
-Depuis que Sirius est mort il a repris le business...
-Ah ouais... En gros, tu me boycottes avec notre potentielle dernière soirée sur Terre pour de la weed ?
-Mais trop pas, j'ai juste pas l'choix.
-...
-J'ai eu disons, quelques problèmes avec Fomalhaut, alors, je dois lui écouler d'la marchandise pour qu'on soit quitte. Mais cette fois, c'est la dernière !
-... J'espère.

Le soir venu, vers 23:40, Aliz sortit en me demandant de l'attendre et de ne la suivre sous aucun prétexte. Je sortis moi aussi et la suivis tout de même, discrètement. Elle fit de nombreux détours inutiles, vérifiant que personne ne la suivait à chaque coin de rue, avant de finalement arriver Place de la Bastille. Elle s'avança vers la colonne de Juillet et y retrouva un type que je ne pouvais voir dans le noir. Je fis le tour en empruntant les rues autour, montai sur le socle de la colonne juste au dessus d'eux et écoutai leur conversation.

-Tiens, voilà la marchandise. dit il en lui tendant un sac
-Après ça, on est quitte ?
-Quand tu m'auras ramené le fric, on en discutera.
-J'aime autant en discuter maintenant.
-Tu réclames ?
-Je négocie.
-Tu t'crois en position de négocier ?
-Écoute, j'en ai marre de tout ça moi, je veux pas vivre comme ça toute ma vie.
-Voyez vous ça.. Quand on s'est connus, tu disais exactement le contraire.
-Ouais p't'être, mais j'ai changé depuis.
-Je suis gentil, je vais te dire un secret. Tu ne peux pas fuir cette vie. Elle te suivra où que tu ailles ; le scorpion tatoué sur ta cheville en est un gage.
-Me fais pas rire, tu traces ta vie en fonction d'un tatouage ? C'est le poisson dans ton dos qui te dit quoi faire, c'est ça ? ironisa-t-elle
-C'est bien plus que ça, et tu l'sais.
-Justement, je ne le sais que trop bien pour passer mon temps à bosser pour toi !
-P'tite garce !
-Va t'faire voir, je vais vendre tes putain de 500g, te ramener ta thune et au revoir, adios, ciao, sayonara ; bye bye.

Aliz mit le sac sur son épaule et tourna les talons quasi instantanément, pressant le pas pour rentrer chez elle.
 
-Attends un peu pétasse !

Le type auquel elle parlait la suivit en s'exposa enfin à la lumière. Il n'était pas très grand, portait une casquette verte, des lunettes de soleil immense, un keffieh émeraude et noir, un t-shirt de la même couleur, un baggy bleu foncé et des grosses basket de la même couleur que son keffieh. Il attrapa Aliz au poignet et la tira vers lui, lui mettant sa main sur le visage en serrant de chaque côté de sa bouche.

-Si tu nous quittais... Ton copain pourrait en faire de même... Sauf que lui, il quitterait ce monde, so tu vois c'que j'veux dire...
-Fils de pute...
-Salope !

Il gifla Aliz et sortir un taser de sa poche, la menaçant avec.

-Ecoute bien ce que je vais t'dire ! Tu vas continuer à vendre tant que j'te l'dirai, et tu vas fermer t- grande gueule de traînée !

C'en était trop pour moi, je descendis discrètement du socle et me rapprochai d'eux, accroupi pour ne pas me faire remarquer. Arrivé derrière ce fou, je me relevai d'un seul coup et lui mis un violent coup de coude dans la nuque, qui l'assomma net. 

-Aliz, ça va ?
-... Ace ?! Tu m'as suivi ?!
-On en parlera plus tard si tu veux, je préfère qu'on bouge pour l'instant.
-Attends.

Aliz s'approcha de son agresseur, remonta son t-shirt dans son dos et déclara.

-C'est même pas Fomalhaut, ce pd m'envoie des doublures pour pas avoir à se montrer.
-T'es sûre ? Alex me l'avait décrit comme ça pourtant.
-On ne sait rien sur Fomalhaut, personne ne sait à quoi ressemble son visage...
-Et bah alors ?
-Tu sais, on a tous les quatre un tatouage qui nous rappelle qui nous sommes. Karim a un taureau sur le biceps droit, Fomalhaut un poisson sur l'omoplate droite...
-Alexandre avait un lion sur le cœur, et toi, un scorpion sur la cheville gauche...
-Très observateur dis moi... Et bien, celui ci n'a pas de tatouage. Tu sais ce que ça veut dire ?
-Ah... Ouais. Et bah, on peut dire que j'suis arrivé au bon moment hein !
-N'empêche que tu m'as suivi, alors que je t'avais dit de surtout pas le faire, c'était trop te d'mander sérieux ?
-Je voulais pas qu'il t'arrive de la merde, et tu vois, j'pense quand même que malgré ton interdiction, j'ai été très inspiré d'te suivre, Dieu sait ce qui aurait pu t'arriver sinon !
-Même, ça aurait pu très mal tourner !
-Ça a été le cas ?
-Non mais...
-Est ce que ça a été le cas ?
-... Non.
-Tu pourrais au moins dire merci, ou bien ça t'écorcherais la langue ?
-...
-Je vois. Je crois que...
-... Merci Ace. m'interrompit-elle
-...
-Merci. répéta-t-elle
-Ya pas de quoi. Ça m'a fait plaisir, j'ai toujours rêvé de faire un truc du genre !
-Certes, mais maintenant, on va vraiment être dans la merde toi et moi...


Commentaires