Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La mésaventure d'Aliz


Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5 : No pain, no gain


Publié le 22/01/2012 à 09:13:00 par PaulAllender

5

Nous rentrâmes dans un hall pour parler tranquillement, lui et moi, tandis que Nico nous attendait devant en fumant sa clope.

-Putain, t'es un pote d'Antarès, t'es chaud d'être venu jusqu'ici.
-Ça t'ennuie si on l'appelle Aliz plutôt ?
-Tranquille ma gueule, j'préfère moi aussi, mais j'pouvais pas savoir qu'tu connaissais son prénom la famille.
-Pas faux...
-Alors ? En quoi j'peux t'aider ?
-Y m'faudrait son nom de famille et son adresse.
-Doucement gringo, t'as cru qu'j'allais tout cracher comme as ? 

Forcément, ça ne s'annonçait pas si simple que je l'espérais.

-Écoute, il faut absolument que je la vois. Je... C'est pour lui rendre son collier !
-Naaaaan, la blague.

Il mit sa main derrière ma nuque, serra un peu, et colla son front au mien.

-Écouté frère, j'vois bien que t'es un d'ces mecs en chien d'elle, t'es loin d'être le premier que j'vois, mais t'es l'premier qui vienne me chercher jusqu'à Marseille pour elle. Alors, on peut trouver un arrangement.
-Combien?
-Azy, j'ai pas besoin d'ta thune poto, j'm'en suis déjà assez fait. Tu vois, j'suis sorti du mitard ya trois jours, et j'ai un putain d'bracelet à la cheville. Alors, ya sûrement un truc que tu peux faire pour moi.
-... Dis toujours.
-J'ai pas le droit de bouger d'ici, et j'devais recevoir des bails à vendre, mais mon gars a eu une couille avec sa bécane. T'peux peut-être aller chercher ça pour moi la famille ?
-Ya pour combien ?
-200 meuges
-T'es chaud.
-Tout a un prix. Un d'mes potes va t'emmener en caisse ma gueule, viens.
-Mon pote peut venir avec moi ?
-S'il veut.
-Ok

Nous sortîmes donc du hall, Nicolas nous attendait toujours devant.

-On va où ?
-Chercher une quet' pour lui
-Combien ?
-200 meuges.
-Si on se fait pécho, on est pire que mal hein ?
-Ouais, si tu...
-Et bah alors, on attend quoi ?
-Go !

Le trajet fut court, on nous amena à une cité pas très loin de celle ci, que nous traversâmes Nico & moi, rentrant dans une cave selon les instructions de notre chauffeur.

-Wesh 



Un grand rasta sortit d'un couloir et nous accosta.

-Y t'fallait quoi man ?
-C'est Aldébaran qui m'envoie.
-Ok man, j'arrive avec ça.

Il rentra dans un local et en ressorti, un palet de shit énorme dans la main, une vraie savonnette.

-Tiens, man, et dis lui que ma bécane sera refaite d'ici une semaine, man.
-Ok man.
-Tu t'fouterais pas d'ma gueule, par hasard, man ?
-Trop pas man, man c'est universel, man.
-T'as raison mon enfoiré ! ria-t-il en nous dévoilant ses dents, cassées pour la plupart.
-Aller, adieu man
-Ouais man, adieu man !

Nous sortîmes donc de la cave rapidement quand, malencontreusement, Nico percuta violemment un mec, plutôt immense d'ailleurs.

-Fais gaffe où tu marches p'tit pd !
-Quoi ?
-T'as bien entendu, Blanche-Neige.
-T'as un soucis, Kirikou ?

Je savais que les emmerdes allaient commencer, s'embrouiller au milieu d'une cité avec un mec qui y habite, c'est pas vraiment la meilleure chose à faire.

-Vas y j'vais être cool, tu vas juste vider tes poches, pédale blanche.
-Va te faire voir, sale negro.

Pourquoi, quel besoin avait-il eu de dire ça ? Je savais que ce con aimait pas trop qu'on lui manque de respect, mais là on atteignait des sommets. Le mec avait sorti un cran d'arrêt et lui avait ouvert le bras. Nicolas répliqua avec une droite dans le ventre, suivie d'un chassé dans le genou du type, qui prit un angle jusque là insoupçonné, avant de le faire tomber à genou en le désarmant.

-Putain de merde ma jambe, putaaaain !
-Alors hein ? Fais dodo, Blanche-Neige.

Reprise de volée dans la tête. Rien d'autre à ajouter. Ah si, les cris avaient rameuté pas mal de monde, aussi fallait-il courir pour rejoindre rapidement notre chauffeur.

-Bordel, ce connard s'est tiré, on est cuits.
-Nan, ya que les juifs qui disent ça, et aux dernières nouvelles, toi et moi, on est pas juifs.
-Ma femme est juive !
-Et bah, t'es une femme ? Nan, alors suis moi

Nous courûmes pendant si longtemps qu'il me semblait que mes mollets avaient doublé de volume. Slalomant entre les cités et les pavillons, courant sur la route, la cavalcade fut effrénée, et l'un d'entre eux se fit même tamponer par un Scénic. En sécurité dans une petite ruelle, nous nous assîmes au sol, derrière une poubelle, exténués, la fatigue étant à la hauteur de l'odeur.

-Putain, c'était tendu.
-Ça va ton bras mec ?
-Tranquille, c'est que dalle t'inquiète.
-Sûr ?
-Ouais. On bouge ?

D'un coup, une sirène se fit entendre, et les lueurs des gyrophares se réfractaient sur les vitres poisseuses de cette impasse malfamée.

-Police nationale, sortez de là sans faire d'histoires !

Je pensais pas qu'on puisse tomber encore plus bas, là, on était vraiment mal.

-Reste là, moi j'vais avec eux, j'ai rien sur moi, j'suis majeur, ils peuvent rien contre moi. Au pire 48 heures de gardav, c'pas la mer à boire. Toi tu serais dans la merde jusqu'au cou.

Il se leva, les mains derrière la tête et avança rapidement vers eux.

-A plat ventre enculé !
-C'est bon tranquille.
-Ferme ta gueule !
-Calme toi connard !

Les coups de matraque plurent sur lui pendant trois brèves secondes, avant qu'il ne se retrouve immobilisé au sol, des bleus de partout.

-Va voir si ya personne d'autre.

Là, ça devenait critique de chez critique. Caché derrière la poubelle, je me levai et sorti de la même  façon que lui, me mettant au sol de moi même avant de leur en laisser l'occasion.

-On vous embarque.
-Pour ?
-Outrage à agent, délit de fuite, violence envers un officier de police.
-.... C'est
-C'est bon Nico ferme la, plus t'en diras pire ça sera.
-Ton pote a compris tu vois.

On nous mit donc à l'arrière d'une voiture, les menottes serrées comme des étaux, avant de nous foutre dans une cellule qui puait la pisse, le sperme, la merde et la gerbe ; le cocktail spécial parfum d'ambiance pour prisons, naturellement.

-Mec, ils nous ont fouillé et ils ont rien trouvé, t'as fait comment ?
-T'inquiète, tu le sauras bien assez tôt.

Après vérification de nos papiers, on nous laissa sortir au bout d'une heure. Pas le temps de faire un scandale, il fallait vite retourner dans la ruelle. Y retournant en 4ème vitesse, nous surprîmes un clodo s'approcher de la poubelle, sûrement pour y fouiller. Voulant, moi, la place pour récupérer la barrette, ce dernier se montra peu coopératif en me plaçant un couteau sous la gorge.

-Tu veux m'voler ma poubelle hein ? P'tit enfoiré d'merde !
-Écoutez, on va pas faire de conneries, posez ce...
-Aaah !

D'un bon, Nicolas avait logé son pied dans la gueule du clochard, qui ne s'y attendait visiblement pas.

-Putain mais il aurait pu me tuer, t'es complètement malade bordel de merde !
-T'es vivant ou pas ?
-C'est pas question d'ça, juste que voilà, il aurait pu m'trancher la gorge ou bien ...
-T'ES VIVANT OU QUOI ?
-... Bref, cimer connard !
-Pas de soucis ma salope. 

A peine eus-je ouvert la poubelle que je dus me faire à l'idée que la plaquette n'était plus là ; les éboueurs avaient du passer, et la poubelle était vide.

-Putain, putain, putain, PUTAIN DE MERDE !
-...

J'avais vraiment envie de pleurer, c'était pas possible d'avoir aussi peu de chance.

-Toute cette merde, ce passage en cellule, ce clodo et ses racailles à la con, tout ça pour rien putain, Aldébaran va me tuer putain...
-C'est ma faute mec, si j'm'étais pas embrouillé avec ce putain d'nègre dans l'autre cité, tout ça ça serait pas arrivé...
-Nan, c'est pas ta faute, je t'ai déjà mêlé à tout ça et tu m'as suivi alors que t'avais rien à voir là dedans.
-Même, a cause de moi tu dois 200 meuges à un dealeur, ça craint. 1200 balles, putain.
-J'me débrouillerai....
-Tu peux pas trouver 1200€ comme ça, il faut un truc qui paye.
-J'ai 200€ avec moi encore, plus que 1000...
-Écoute mec. Chez moi, j'ai des guitares bien plus chères qu'elles ne me sont utiles, on peut sûrement s'démerder avec.

Deux jours plus tard, après avoir vendu une des guitares de Nico, des jeux à lui, tondu les pelouses, lavé les voitures et les vitres comme de vulgaires gosses de dix ans, fait du ménage de nuit, distribué des tracts, et j'en passe, nous avions réunis la somme nécessaire.... Enfin, la moitié.

-600 balles. Pas mal hein ?
-En seulement deux jours.
-Bon, on y retourne... ?
-Allons y, même si ça va faire creu creu..

Se balader avec tout ce liquide sur nous n'était pas très rassurant, mais bon. Nous retournâmes voir Aldébaran, qui semblait à moitié surpris de notre retour. Je rentrai à nouveau seul dans le hall, Nico attendant devant une fois de plus.

-Bah alors ma couille, deux jours pour rev'nir ?
-C'est à dire qu'on a eu des galères tu vois...
-On m'a dit ouais.
-Bon bah tiens, voilà une partie de l'oseille, on peut te filer l'autre moitié d'ici deux ou trois jours.
-T'es trop clean... Je paume une quet à un gars, j'disparais, jamais y m'revoit.
-Un peu comme le chauffeur...
-Le chauffeur... Ouais il vous a paumé, ce con était parti chier au Mac Do et on lui a foutu sa caisse à la fourrière.
-Triste histoire...
-Aller, j'crois que malgré tout, t'as déjà assez trimé comme ça, je vais te dire ce que tu veux sur Aliz. Mais avant ça, j'ai quelques questions.
-Vas y, je crois que je pourrai bientôt aller mourir dans mon lit...
-Comment tu connais nos noms ? Et comment tu m'as retrouvé jusqu'ici.
-Je suis un très bon pote à Régulus !
-... Un pote à Régulus hein...

Son visage changea en un éclair, ses sourcils se froncèrent, une veine gonfla sur son front, son poing se serra.

-Ce putain de p'tit fils de pute de merde... Écoute mon ami, je crois que j'ai un arrangement encore meilleur à te proposer.
-... C'est à dire ?
-Je te donne le nom, l'adresse et le lycée d'Aliz, et, on oublie les 600€ manquants...
-...
-Si... ! Si tu me donnes la même chose pour ton grand ami Régulus.
-Dis moi au moins ce que tu lui veux.
-C'est pas tes bails.
-Tu connais bien les miens avec Aliz.
-J'm'en bats les couilles des tiens, j'fais les miens, t'es chaud on s'arrange, sinon tu me trouves 600€.
-J'peux pas te vendre un pote pour 600€, j'regrette...
-C'est toi qui vois... Mais on passe à 1400€.

Quel connard, j'en revenais pas. J'avais pas l'intention de jouer à ça longtemps, et le dilemme n'était pas permis. Aussi ai-je trouvé une solution bien plus simple pour tout le monde.

-Écoute, on va pas tergiverser pendant 137 ans. Je veux Aliz, tu veux Alexandre, tu veux de la thune en plus, je l'ai pas. Il est évident qu'on va tout droit à l'impasse doublée du conflit d'intérêt, alors je vais nous éviter ça.
-T'as une solution p't'être, l'ami ?
-Je t'ai remboursé la moitié ; pète moi un genou, et on en parle plus.
-Si t'es chaud...

En une fraction de seconde, il mit la main dans son jogging, et en sortit une matraque télescopique qu'il me déplia dans le genou en un frisson incisif qui fendit l'air.

-Aaaaaaah putain de merde ! Ca fait plus mal que je l'aurais imaginé, sa mère, putain... !

Aldébaran me regarda de haut en bas, tenant en équilibre sur une jambe en m'appuyant contre un mur.

-On est quitte.
-Putain ouais...
-Attends gros.
-... Si c'est pour me péter l'autre genou, une autre fois si tu veux.
-Nan tiens, tes 600 boules.
-Que...
-T'es trop blanc comme mec, trop réglo, et tu t'foures dans des plans archi ghetto pour Aliz. J'sais pas c'qui s'passe dans ta tête, mais t'as l'air vraiment chaud pour aller jusqu'au bout, alors qu'elle peut te recal si elle veut. T'es sûr de rien mais près à tout, tout ça par amour pour une meuf. Comme tu t'en doutes, j'suis pas un saint, j'ai 19 piges tu sais, et j'ai pas fait qu'des choses biens dans ma putain d'vie. Et même si j'trouve ça vraiment con tout c'que tu fais, au fond, j'ai quand même un cœur, malgré les apparences, puis Aliz mérite d'être heureuse avec un mec prêt à toute les  dingueries pour elle.
Alors, retiens bien c'que j'vais te dire.


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