Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La mésaventure d'Aliz


Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 18 : Flamme givrée


Publié le 22/08/2012 à 18:33:51 par PaulAllender

Édito : Désolé pour la lenteur de publi, mais j'ai été pas mal occupé ces derniers temps, entre les vacances, le bac, encore les vacances, les soirées, la famille et tout ça, j'ai pas eu trop de temps pour écrire... Mais là la parution à reprendre, don't worry, je vous offre donc un chapitre un peu plus long que d'habitude pour me faire pardonner, enjoy :noel:




Il n'avait cette fois non plus pas été possible pour l'inspecteur Duchemin de prouver ma culpabilité dans cette affaire, personne n'ayant réellement compris cette histoire en détail, quoiqu'il se fut passé. La version officielle faisait état d'une explosion de la voiture volée due aux tirs répétés de ses poursuivants, qui aurait finalement entraîné ce carambolage monstrueux et ce bilan humain, plutôt lourd pour une collision entre deux voitures. Dès le lendemain, les gens ont commencé à nous montrer du doigt dans la rue Aliz et moi, elle pour la vidéo de cul, qui avait bien tourné, et moi aussi, accessoirement, pour la vidéo, jusque là inconnue du grand public (mais dont la popularité montait aussi rapidement que sûrement sur YouTube) du mec qui se prenait le plus de baffe en deux minutes.... Rajoutez-y l'histoire du braquage du siège de la Société Générale - une chose était sûre, elle comme moi ne passions pas inaperçu comme couple. Puis, peu à peu, les histoires se sont tassées : une semaine après, on entendait déjà plus parler de rien, seul le souvenir des victimes de l'accident était honoré au sein même de l'établissement, qui fut fermé pour plusieurs jours.

Le deuxieme jour après l'incident, mercredi 13, nous étions à la mi-février, l'hiver battait son plein et des flots ardents de neige aussi cotonneuse que givrée nous assaillaient de toutes parts des que l'on mettait le nez dehors. L'hiver dernier n'avait pas apporté le moindre flocon, et c'était dire si celui ci rattrapait le retard pris par son prédécesseur dans les précipitations de cette envergure. Les routes étaient bloquées, les bus comme les voitures ne circulaient plus, la ville semblait bloquée, paralysée dans sa propre médiocrité malgré les efforts des agents municipaux qui passaient et repassaient, salant inlassablement les mêmes routes, matin et soir, soir et matin.

Et tandis que j'observais cet incessant ballet salin et glacial depuis ma fenêtre en fumant ma clope, une scène peu banale attira mon attention. Un jeune courrait dans la neige à grandes enjambées, manquant à presque un pas sur trois de s'y vautrer en se rétamant sur le verglas, digne de la patinoire de Bercy, au moins. Il était peu vêtu pour les températures glaciales qui sévissaient au delà des murs, et alors qu'il courrait dans ma rue, aussi déserte qu'une salle de spectacle d'Anne Roumanoff, un autre type suivit le même chemin, en courant de plus belle, quelque chose dans la main. Alors que le premier tentait de se hâter autant que possible, il finit par glisser misérablement sur une plaque de verglas camouflée par une épaisse couche de neige, à en juger par la chute. Le second accéléra nonchalamment et le rattrapa rapidement, lui assénant un coup de matraque, qu'il tenait fermement en main, dans les jambes, puis un second. Il lui fit ensuite les poches et s'en alla aussi rapidement qu'il était venu, s'évanouissant sous le manteau de lin brumeux.

J'enfilai une veste, des chaussures, sortis de chez moi en trombe et descendis les escaliers quatre à quatre, sortant de mon immeuble devant lequel le malheureux était étendu.

-Hé, ça va ?
-...
-... Mec... ?
-Ouais, enfin, nan... Ma jambe, je crois qu'elle est cassée...

Le type leva la tête et me regarda droit dans les yeux, des siens, d'un bleu plus glacé encore que l'atmosphère dans laquelle nous séjournions actuellement, un regard morne, livide, prêt à vous geler des cheveux aux orteils en une fraction de seconde.

-...
-En plus ce fou m'a pris mon portable, tu pourrais pas m'appeler une ambulance s'teplaît... ?
-...
-Hein ?
-Euh oui, excuse moi, je le fais tout de suite.
-Merci, c'est sympa... dit-il sur un ton aussi suspect que suspicieux.

J'étais resté bloqué sur ce regard, il me rappelait quelqu'un, j'étais sur d'avoir vu de tels yeux auparavant, mais où ? Impossible de me souvenir, je décidai donc de ne plus y penser et sorti mon téléphone pour appeler l'ambulance.

-J'appelle, t'en fais pas ! 
-Génial, ça me fait une belle jambe ! dit-il bien fort, et bien distinctement.
-Qu'est ce que... ?

D'instinct, je me retournai, et vis l'homme qui l'avait agressé quelques minutes auparavant arriver en courant du coin de la rue, la poche grossie par sa matraque. Je me tournai à nouveau, cette fois face au blessé, qui s'était miraculeusement mis debout.

-C'est quoi l'embrouille là ?
-La ferme, contente toi de vider tes poches !
-Alors là...

Aussi simplement que sûrement, je rangeai mon téléphone dans ma poche, et mis un gros balayage dans la cheville gauche de mon agresseur qui, avec l'épaisse couche de verglas, manqua de faire une vrille complète en tombant, l'épaule sur la glace. Avec l'élan, je glissai également sur le sol,  lui mettant mon genou dans le nez, quand le complice de mon agresseur arriva vers moi en patinant à toute vitesse pour ne pas glisser, je lui mis ma jambe dans le ventre et le fit passer au dessus de moi en m'aident des bras, le faisant voltiger et tomber la tête dans la neige. Il fit une roulade, se releva immédiatement, j'en fis de même, et il déplia sa matraque.

-J'ai pas le temps de papoter bordel de merde, vide tes poches putain !
-Nan mais c'est mort ! 

Il essaya de me mettre un coup de matraque dans le crâne, que j'esquivai en me baissant, puis il m'asséna un coup de genou dans le nez, puis un violent chassé dans le torse qui me mit sur le dos, et me mis la matraque entre les yeux.

-Pour la dernière fois, vide tes...
-Andres ?!

Je tournai la tête vers la gauche, c'était Aliz, devant le hall de mon immeuble, en débardeur & mini short qui nous regardait, choquée.

-Aliz, rentre, appelle les flics, trouve moi une arme, fais quelque chose, j'sais pas ! criai-je tel une tortue sur le dos
-Oh putain fais chier... dit mon agresseur en se tournant
-Qu'est ce que... ? balbutiai-je, perdu

Aliz s'approcha de nous, l'air furieuse et rouge de rage, pieds nus et aussi peu vêtue dans la neige, en marchant à toute vitesse, tandis que mon agresseur reculait légèrement et fuyait du regard.

-Espèce de p'tit merdeux, combien de fois j'vais te dire d'arrêter tes conneries ?!

Elle attrapa le type à la matraque par l'épaule, le secoua, lui enleva sa capuche et lui décolla un giffle monumentale qui claqua dans toute la rue. Il recula de trois pas et baissa les yeux, quand elle lui en remit une seconde, encore plus forte que la précédente.

-Putain Aliz, arrête ça merde ! essaya-t-il de se défendre 
-P'tit con va, tu cherches quoi en faisant tout ça hein, tu veux te retrouver en taule ?! Qu'est ce qu'elle dirait ta mère hein ? lui hurla-t-elle dessus telle une harpie en furie
-Et la tienne hein ?! dit-il la voix légèrement tremblante 

Elle lui mît une troisième claque qui résonna encore plus que les deux première.

-J'te parle de toi p'tit con, t'as treize ans et t'agresses des gens dans la rue dans le XVIeme au lieu d'aller au collège et d'étudier, t'es débile ou quoi ? Putain !
-... 
-Ouais c'est ça ferme la, si je racontais ça à ta mère, elle t'expédierais en Espagne illico presto, tu s'rais kécho d'la vie, abruti va ! C'est une chance pour toi d'être venu ici après la mort de ton père, la mienne à été atterrée quand il nous a quitté, et la tienne, je t'en parle pas ! Alors maintenant arrête tes conneries et rentre chez oit faire tes DM au lieu d'trainer et faire de la merde comme ça !
-Et toi alors hein ? Tu m'fais la morale, mais tu vaux pas mieux que moi, tu vends d'la beuh dans tout Paname et t'essaies de te donner une image d'exemple ?! Mais casse toi d'la !

Aliz se tut pendant quelques secondes, et elle le claqua à nouveau, pire encore que les trois premières fois combinées.

-La différence petit con, c'est que moi je peux me permettre parce que je vole personne et que j'assure au niveau scolaire ! Toi tu fais quoi hein ? Tes résultats sont catastrophiques, tu sèches les cours, tu te bagarres tout le temps, les profs parlent de te renvoyer. On a jamais été une famille de gosses à problèmes, si tu veux faire de l'argent sale, assure toi au moins d'être clean en apparences, t'as surement choisi le biz le plus pété qui existe pour se faire des thunes. Si t'as besoin d'argent, fais autre chose, j'sais pas, demande moi à la limite, mais putain, là tu testes de racket mon copain en bas de chez lui ! T'as treize piges et t'en fais dix-huit, fais autre chose de ta vie putain d'merde, ton père aurait honte de toi !

Se disant, elle cracha à ses pieds et le fusilla du regard.

-T'façon t'es qu'une trainée, t'as rien à m'dire !
-Pardon ?!

Aliz balança son bras en arrière pour le gifler à nouveau, quand je lui attrapai le poignet en me relevant.

-Ça suffit maintenant, c'est bon. On oublie tout ça, et on monte tous boire un verre chez moi, ça vous va ? dis-je en bon médiateur 
-Plutôt crever ! Crois pas que parce que tu baises ma cousine on est potes, hijo de puta, aller viens Pedro on s'arrache !

Les deux jeunes partirent sans demander leur reste, en courant, tournant à la première rue qui croisait la mienne. Aliz se frotta les yeux, l'air dépitée et me regarda.

-Quel p'tit con alors, j'suis désolée Ace...
-J'm'en tape, c'ton cousin, on est con à c't'âge, ça lui passera...
-Ouais t'as p't'être raison... Mais j'ai peur qu'il glisse un peu plus sur la pente avec les années...
-Bof, t'en fais pas va, après la correction que tu lui as mis, je pense pas qu'il va recommencer de sitôt !
-Tu l'connais pas, c'est vraiment un p'tit con ! J'crois ça va juste lui donner envie d'recommencer, quelle conne je fais alors...
-Mouais... Commençons par monter, tu vas attraper froid comme ça, dis-je en lui mettant ma veste sur les épaules.
-T'as raison, j'sens plus mes iep...
-Sans blagues ? ironisai-je en souriant
-P'tit con va ! dit-elle en tirant la langue

C'était un bien triste spectacle, Andres, le cousin d'Aliz, treize ans, un bon mètre quatre-vingts, environ soixante-dix kilos, venait d'essayer de me racketer, en bas de chez moi. Ce jeune délinquant avait grandi en Espagne avec son père, le frère de la mère d'Aliz, tandis que sa mère vivait en France la moitié de l'année pour raisons professionnelles. D'après Aliz, il avait toujours été sage, et bon à l'école, mais la mort de son père sous yeux, renversé par de riches touristes parisiens bourrés à la mort l'avait profondément et irréversiblement changé. Il était donc venu vivre en France quelques mois après, deux ans auparavant, chez sa mère, et avait pris un mauvais virage, ayant aussi mal tourné que le chauffard qui avait renversé son père. Mais loin de ces jeux de mots de mauvais goût sans considération pour la douleur du gamin, je sentais qu'Aliz se sentait responsable de cette décadence ; pour cause, elle était loin, très loin d'être un bon exemple pour son jeune cousin, et elle le savait, elle le sentait.

-Tain, mais j'suis conne moi aussi, j'lui ai fait la morale comme une daronne alors que j'ai dix-sept piges il a raison j'vaux pas mieux, putain...
-Oublie ça, c'est pas à un gosse de treize ans qui fout sa vie en l'air parce qu'il traverse une mauvaise passe qui va te dire c'que tu vaux hein ?
-Mais putain tu comprends pas ?! Mon p'tit cousin m'a traitée de pute, j'sais pas si tu t'rends compte ! C'est une grosse claque que j'me suis prise là !
-Pas pire que celles que tu lui as mise... souriai-je
-J'ai pas envie de rire là. trancha-t-elle sèchement.
-Et bah, que veux-tu que j'te dise ? Admettons, t'es une trainée, une dealeuse, une droguée, un mauvais exemple... On a fait tourner une video porno sur toi vieille de deux ans, t'es foncedée H24, tu bois tous les jours, tu t'habilles trop provoc pour une meuf sage, t'es vulgaire, lunatique, colérique, violente ! Mais en attendant tu l'as dit, t'as 17 de moyenne en terminale, 21/20 au bac anticipé, et même si t'as pas les moeurs les plus reluisantes qui soient, moi j'm'en fous, parc'que j't'aime comme t'es Aliz. lui dis-je en passant ma main sur sa joue.
-.. Blablabla, et mes couilles sur ton nez ça fait un dindon ? fit-elle en haussant le sourcil gauche.
-Nan, et ma queue dans ta bouche c'est un tamanoir ?
-Pfff,  ferme la envoie moi plutôt une clope, bâtard !
-Attrape pupute !
-Merci mon chou...

Se disant, elle mit sa main sur ma nuque, approcha ma tête de la sienne, colla ses lèvres aux miennes,sa clope dans la main, et coinça ma lèvre inférieure entre ses dents.

-Putain tu branles quoi ? dis-je en balbutiant dans un langage incompréhensible 
-J'sais pas, ça dépend... me répondit-elle dans le même dialecte. T'as du feu p'tit pd ?
-Et comment grande chienne...
-Tu m'allumes ?
-Si tu m'laches la bouche...
-Peut-être que j'en ai pas envie...
-Si tu veux fumer, va bien falloir...
-Pas con !

Elle lâcha ma lèvre en disant ceci et me poussa violemment en arrière, me faisant tomber avec la chaise.

-Des verres, de la musique !

Elle s'approcha de moi, fouilla dans ma poche alors que j'etais quelque peu sonné, me pris mon briquet, alluma sa clope et me le jeta sur le torse. Elle nous servit deux grands verres de vodka orange grenadine, et mit de la musique à fond sur son PC portable.



Et tandis que j'étais allongé au sol, le dos sur ma chaise, sans la force, ni même l'envie de me relever, je m'allumai une clope et regardai Aliz danser et chanter au milieu de mon appart, son verre et sa clope dans la main. Je me dis qu'elle était tout de même une curieuse rencontre pour moi. Un bien ? Un mal ? Je ne savais nature de cette rencontre, mais je la savais sous le signe du destin. Un vendredi treize ? Un malheur ? Tu parles d'une poisse. J'avais rencontré la fille la plus diablement sexy et géniale que j'aie jamais vu de ma vie, c'était celle qui me fallait. J'en étais sûr. Ou pas ? Je ne m'étais qu'interrogé sur l'influence qu'elle avait sur ma vie, sans m'interroger sur la sienne. Ça aurait pas été ma copine, je me serais dit que cette fille était complètement tarée, une vulgaire trainée, dealeuse qui plus est. Enfin non, maintenant, pour moi, c'était juste une fille ouverte, qui faisait ce qu'il fallait pour profiter, et un vrai génie, qui irait loin dans la vie, ça j'en étais certain. Elle en avait pas l'air comme ça, mais sous cette féminité aussi exacerbée que refoulée, on trouvait une vraie femme, au cœur de pierre en apparence, mais vraiment putain d'romantique et d'amoureuse ; un ange, merde...

-Putain, lève toi, et viens danser, lavette !


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