Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 9 : Braquo.


Publié le 07/11/2012 à 19:36:22 par Conan

« Monte le son ! Monte le son putain ça fait du bruit ! »
« Parle ! Tu vas parler ! Kurvi sin Albanica ! »
« Arrête de gueuler, enfoiré de rat ! Red ! Red ! Augmente la cadence ! »

J'en peux plus. J'suis claqué. Je sais même pas comment j'ai pu en arriver là. J'suis au fond d'une cave dégueulasse, éclairé par une vieille ampoule jaunâtre, en train de tourner la manivelle d'une gègène comme un dingue.

Deux pinces crocodiles sont accrochées aux couilles du type que je torture et que je ne connais même pas. Ça fait vingt bonnes minutes que j'envoie des décharges électriques dans son corps. La chaîne stéréo passe en boucle une chanson de propagande pro-Serbe des années 90 pour couvrir ses cris de souffrance. Il doit avoir mon âge, vingt-cinq ans tout au plus. On l'a capturé alors qu'il tentait de faire passer des armes de l'Albanie vers le Kosovo.
-Red, arrête. Ça sert a rien.

Alors j’arrête, et je m’effondre sur le générateur, trempé de sueur.
-Ivan, Dajte svoj nož.

Le gros barbu dégaine son poignard et le tend à Maxim.
Il s'approche de l'Albanais qui a cessé de gueuler pour suffoquer de petites plaintes en le regardant du coin de l’œil et s'accroupit près de lui. Il lui murmure des mots à l'oreille, j'arrive pas à entendre. Puis je vois la lame s'enfoncer lentement dans la cuisse du musulman qui grimace en gémissant de plus en plus fort.

Maxim me regarde :
-Ça va, Red ? Tu veux arrêter ?




Le réveil sonne. Cinq heures. On est lundi. Les braqueurs vont taper le PMU ce matin. J'me lève un peu dans le coaltar et vais vers la cuisine pour me faire couler un café.

Et merde, je savais qu'il fallait que j'en rachète. Je m'allume une cigarette en regardant dehors. Il fait encore nuit noire. Je m'habille, sort le 9mm de ma table de chevet pour le glisser dans mon étui. Je fous mes godasses.

Cinq heures et quart, je suis dans ma bagnole, en train d'essayer de mettre le contact. Il a fait froid cette nuit.

J'arrive sur le lieu de rendez-vous a six heures. A cinquante mètres du bar tabac. Sur le trottoir d'en face, Mélinda, Greg et Vinny m'attendent dans une voiture banalisée. Je me gare un peu plus loin et vais les voir à pinces. J'me penche à la vitre, Greg, au volant, la baisse.
-Salut les mecs.
-Salut Red. On t'attendait.
-J'vois ça.
-On sait pas à quelle heure les mecs vont taper, avec Mélinda vous allez vous foutre en planque cent mètres plus haut. On reste ici avec Vinny. Dès que les mecs se pointent, réveil. On les laisse faire leur braquo peinards, et on les choppe quand ils sont dans leur bagnole, en douceur.
-Ok.

Mélinda, à l'arrière de leur voiture, sort et me suit vers la mienne.
-Tu collectionnes les antiquités ? Qu'elle se marre en rentrant dans ma caisse.
-Ça tient bien la route. Tu vas mieux ?
Elle fait l'air de pas comprends :
-Comment ça ?
-Le macchabée de l'autre jour. T'avais pas l'air bien.
-Ah... Oui, ça va mieux. Merci.
-Tant mieux... Pourquoi t'es entrée chez les flics ? J'veux dire, t'as fait des études, t'es jeune. Gardien de la paix au GRIP, y'a plus enrichissant.
-Pas vocation. Mon grand-père était dans la police. A la BRI. Quand j'étais gamine, il me racontait son boulot, dans les années 70. Mesrine, Spaggiari, les grands voyous. Des gangsters de cinéma en somme. L'ambiance électrique du Paris de cette époque-là.
-Maintenant, c'est plus pareil. C'était mieux avant.
-C'est plus pareil, oui.


Et on reste silencieux comme ça, pendant plusieurs minutes, les yeux rivés vers le PMU. Je sens que quelque chose la tracasse, mais elle n'a pas l'air d'oser m'en parler.
Sans détourner mon regard du bar-tabac, je lui demande :
-Qu'est-ce que tu veux savoir ?
-Rien. Pourquoi ?
-Comment je suis devenu flicard ? Depuis quand je connais Vinny et Greg ?
-Bah... Enfin... Vinny m'a dit... Que ça faisait longtemps que vous vous connaissiez.
-Oh oui. C'est clair que ça date pas d'hier. Qu'est-ce qu'il t'a raconté ?
-Que vous aviez fait l'armée ensemble. Entre-autres.
-Entre-autres ?

Elle rit, spontanément, comme ça, comme une môme.
-Je reprends les mots de Vinny.
-Entre-autres, c'est une bien petite expression pour tellement de choses.
-Ça a un rapport avec la guerre civile ?

Je la regarde en souriant : « Entre-autres ».

Mon talkie-walkie s'excite. C'est Vinny.
-Bravo ici Victor.
-Bravo.
-Ici Victor, le nid s'active.
-Bravo bien pris.
-Victor terminé.

En effet, la grille du PMU se lève. Reste plus qu'a attendre nos visiteurs.

Dix heures. Une bagnole arrive. BMW Noire, vitres teintées. La caisse passe lentement dans la rue. Je me baisse et encourage vivement Mélinda à en faire de même avec ma main. Je prends ma radio.
-Vu la bagnole ?
-Vu. T'as un visuel sur les occupants ?
-Négatif.
-Attends, ils font demi-tour... Ils refont un tour.

La caisse s'arrête juste devant le PMU, en plein milieu de la rue. Deux types cagoulés en sortent par les portes arrière et passager avant. L'un d'entre-eux a un fusil à canon scié.

-Ok ça tape !

Ils pénètrent dans le PMU. J'arrive pas à voir ce qu'il se passe à l'intérieur. Le temps passe, les secondes sont des heures. Mélinda a la main qui tremble.
-Tut tut. Du calme.
Elle hoche la tête.

Les deux types sortent et courent vers leur bagnole, celui au pistolet tient un sac de sport qui semble rempli.
-Ok, on les suit discrétos. Au top, on les serre.

Et la filature démarre. Je distingue les deux mecs retirer leurs cagoules. Celui au fusil tient toujours son arme.
On les suit. Lentement. Discrètement. Puis vient un feu rouge.
-Ok Vinny, ils sont arrêté au feu à l'angle Pasteur et Montserrat.
-On arrive.


Dix secondes plus tard, la bagnole de Vinny et Greg déboule de nul-part, juste au moment où le feu passe au vert, et pile net devant la BMW. Mes deux potes n'ont pas le temps de sortir que j'entends un coup de feu. La carrosserie de Vinny reçoit plusieurs éclats de chevrotine. Le malade à tiré à travers le pare-brise de sa bagnole. Je descend en dégainant mon arme. L'un des frangins Hoffmann passe son bras dehors et nous tire dessus au 11.43.

J'me fous à couvert derrière ma portière. Mélinda se couche dans l'habitacle.

Greg sort de sa tire en asmatant la bagnole des braqueurs. Le chauffeur s'extirpe de sa caisse en se tenant la gorge et en laissant toute une traînée de sang derrière lui.

Vinny descend à son tour de la bagnole et couvre Greg en train de recharger. J'me redresse et envoie quelques pruneaux dans le pare-brise arrière qui finit pas exploser sous les coups de feu.

Putain de scène de guerre.

J'me baisse pour recharger mon arme tandis que le chauffeur de la BMW se casse la gueule entre deux voitures garées plus loin, sans se relever. Eddy Hoffmann sort de la voiture avec son fusil de chasse et se dirige vers nous en gueulant. Il tire une cartouche dans mon pare-brise qui se casse la gueule morceaux sur Mélinda, recouverte d'éclats de verre.

Ce fils de pute recharge son fusil en continuant d'avancer. Une première balle dans le buffet le ralentit dans son élan. Il titube. Deuxième bastos, dans le bide. Il s'arrête net, et reste debout, béat. La troisième va directement se foutre dans son caberlot, entre les deux yeux. Il se ramasse en arrière, tombe comme une planche à pain sur les pavés, les yeux révulsés.

Moi, debout face à lui. Mon flingue encore fumant dirigé vers son corps inerte. Tout ça, en moins de deux secondes. Je tourne la tête vers Mélinda. Recroquevillée sur elle-même, recouverte de milliers d'étoiles de verres.
-Tu vas bien ? T'as pas été touchée ?
-Non... Non, j'crois que ça va.
-Reste-là, bouge pas.

Je ressort de la voiture et regarde Greg qui inspecte la BMW truffée d'impacts.
-Et le troisième ? Que je lui demande.
Il me regarde en secouant la tête et en grimaçant. Je m'approche de la voiture. Rocky est assis sur la banquette, sa tête ensanglantée et ses longs cheveux noirs et filandreux reposent sur la plage arrière, ses doigts encore crispés sur son flingue.

Le chauffeur est raide lui aussi. Tout le sang que contenait son corps s'est répandu dans le caniveau ou ruisselle entre les pavés jusqu'au bout de la rue.

Vinny sort le sac de sport posé aux pieds de Rocky et l'ouvre. Un gros paquet de billets et des cartouches de cigarettes.
-Doit y en avoir pour vingt-mille boules là-dedans.
-Remet-le à sa place. Lui dit Greg qui se tourne vers moi.
-On a merdé, Red.
-Ouais. On a merdé.


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