Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Et plus si affinités


Par : PaulAllender
Genre : Sentimental, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 18 : Réveil


Publié le 23/09/2010 à 12:19:48 par PaulAllender

J'arrivais à peine à respirer, l'eau avait envahi mes poumons, je toussais comme un cancéreux, mes oreilles étaient bouchées, j'entendais à peine ce qui se disait autour de moi. On m'avait ramené à la nage jusqu'à une petite plateforme de pierre, j'étais allongé dans les escaliers qui donnaient donc sur le haut du quai. Mon MP2 fonctionnait toujours, s'acheter un truc à 200 balles qui résiste à l'eau à tout de même son utilité visiblement... Mes écouteurs accrochés à mes épaules murmuraient une chanson, je crus reconnaitre les paroles de Stairway to Heaven

*There's a feeli.. I get ... I look to ... west. ... my spirit ... crying for leaving... *

-Doucement doucement, elle revient à elle.

J'ouvrai doucement les yeux, regardant autour de moi, une masse de curieux était réunie en haut du quai, entrain de regarder ce qui se passait. J'étais toujours en short, j'avais perdu mes tongs, et ma chemise était ouverte, un gars d'à peu près mon âge me faisait un "massage cardiaque" (enfin, il me touchait plus les seins qu'autre chose...).

-Ca va, t'es vivante ?
-...Je crois...

Le type se releva, il était métisse assez grand, on bon mètre quatre-vingts, plutôt large, à vu d'oeil il devait faire dans les 75/80 kilos. Son visage était assez fin, encadré par de long cheveux marrons et crépus qui lui arrivaient au milieu du dos, ne laissant apparaître que ses yeux d'un bleu glacé, un assez gros nez, une bouche assez volumineuse, des joues creuses et un menton plutôt gros.
Vêtu d'un débardeur noir, d'un short blanc à fleurs bleues et d'une paire de tong, il se rattacha les cheveux et me tendit la main pour m'aider à me relever.

-J'suis vraiment désolé d't'avoir fait peut tout à l'heure, c'est ma faute si t'es tombée dans l'eau...
-Ah ouais... Bah j'suis vivante, donc c'est pas si grave...
-Ouef, t'es un peu amochée au front, t'es sûre que ça va... ?
-Ouais ouais...

J'attrapai sa main et me relevai d'un bond, commençant à tituber, sous l'effet d'un vertige qui se transforma en grosse migraine.

-Pfff, t'as pas l'air en état.
-Mais si j'te dis qu'ça va !
-Laisse moi au moins te raccompagner jusque chez toi.
-...S'tu veux...
-Ok, t'habites loin ?
-Nan, juste là...

En faisant ça, je pointai mon immeuble du doigt, c'était vraiment pas loin. Nous nous mîmes donc en route, en direction de chez moi.

-T'es nouvelle dans l'coin ? J't'ai jamais vu, pourtant, j'passe ma vie au port.
-Ouais, on a emménagé ya deux semaines, mais c'est la première fois que j'sors de chez moi.
-J'espère que cet incident t'empêchera pas de ressortir. :-)
-Haha, on verra..

En disant cela, mon compagnon m'avait lâché un grand sourire qui semblait transmettre toute la chaleur humaine qu'il était possible de recevoir en ce monde, c'était vraiment une sensation étrange, mais pas déplaisante.

-Voilà, on y est, merci mec.
-Euh bah de rien écoute, c'est normal...
-Ouais, s'tu l'dis.
-Aller, j'me casse, à la prochaine, salut !
-See ya'...

Alors qu'il s'était éloigné, il revînt sur ses pas et me parla.

-... Au fait, moi c'est Will.
-M..Alice. :-)
-Bien, on se reverra, "Alice".

Sans me laisser le temps de répondre, il fit demi tour et continua son chemin, sans se retourner, disparaissant progressivement de mon champs de vision.

"Quel curieux type..."


-


-Olalah, le pauvre gosse est sacrément émotif, j'aurais peut-être pas du lui annoncer ça comme ça, quel imbécile...

Gros mal de crâne... J'étais étendue sur un canapé miteux, au milieu d'un minuscule salon, mon fauteuil roulant rangé dans un coin de la pièce. Je me redressai et m'assis sur le canapé, c'était vraiment tout petit, mais sacrément décoré, des dessins, croquis, esquisses, ou biens des tableaux recouvraient chaque cm² d'espace libre sur les murs.

-Oh, t'es réveillé, tu m'as fait flipper bordel !

Le vieil homme était devant moi, un énorme sourire aux lèvres !

-...Il s'est passé quoi... ?
-T'es tombé de ton fauteuil et tu t'es évanoui p'tit gars.
-Ah ouais...

Ca me revenait... Kévin émasculé, putain, pas possible, pourquoi, pourquoi lui... ? C'était mon petit frère, il avait beau être chiant, ça me faisait vraiment beaucoup de peine... Maxime qui se drogue et saute par la fenêtre, par contre, ça m'étonne même pas. Ce qui m'intriguait plus, c'était le fait que Marco ait renversé un gosse...

'J'suis pas vraiment trop en état de réfléchir, je m'occuperai de ça après..."

-Tu veux du thé ?
-J'dis pas non !
-Ok, ne bouge pas petit, je reviens.
-Où j'irais de toutes façons...

Je visitais la pièce du regard, contemplant chacune des "oeuvres", recouvrant les murs de la pièce. Il y avait des dessins de tout ce qu'on pouvait imaginer, des fleurs, des arbres des animaux, les différentes étapes de la vie de l'humain, plein de plans de l'anatomie, des tableaux de paysages (montagnes, ciel, mer, champs...) entre autres. La seule chose qui contrastait un tant sois peu avec cette symbiose artistique était l'unique photo présente dans la pièce, sur laquelle posaient un jeune homme, environ la vingtaine ayant un bébé assis sur l'épaule droite, qu'il ne tenait même pas, ainsi qu'un autre homme, qui semblait deux fois plus âgé.

-Voilà !
-Merci

Le p'tit vieux m'avait apporté mon thé. Ni trop chaud, ni trop froid, parfait. Il se dirigea vers le fond de la pièce et mis de la musique. Je connaissais la chanson, c'était de Queen, mais pas moyen de me rappeler DU nom de la piste. Le vieil homme prit une chaise et s'assit en face de moi.

-Tu te sens mieux ?
-Ouais ouais...

*Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide, no escape from reality.*

-J'ai peut-être été un peu trop direct tout à l'heure, le tact ça a jamais été mon fort.
-J'imagine...
-...
-Dites, on est où là ?
-Oh, dans ma caravane...
-Ah ouais, j'me disais que ça faisait pas super grand.
-C'est suffisant pour un vieux débris tel que moi...
-Je vois ça... c'est vous qui avait fait tout ça ?

J'étais toujours captivée par la quantité d'oeuvres présentes sur les murs.

-Mmmmh, oui et non.

Il se leva de sa chaise et saisit le cadre contenant la photo de tout à l'heure.

-Lui et moi, on a fait tout ça à deux. On a traversé la France, l'Europe, le Monde pendant les 14 dernières années, peignant sans relâche, toutes les choses qui avaient pu nous frapper durant notre épopée. C'était pas tous les jours facile, et on mangeait une fois par jour, les jours où on mangeait... Le vieux sur la photo c'est moi héhé, elle a été prise une semaine avant notre départ.
Je suis rentré en ville il y a à peine un mois, mais bon, je ne sors que très peu de chez moi...
-Pourquoi avoir fait ça ? Et le bébé dans tout ça ?
-Que veux tu, quand un homme a une passion, il est obligé de s'y vouer corps et âme, c'est comme ça, les artistes... Des être égoïstes en quête de perfection et de gloire, prêts à tout abandonner pour vivre leurs rêves...
-Je vois... mais...
-Ah oui... le bébé...

En disant cela, il chargea sa pipe de tabac, l'alluma, et en tira une énorme bouffée, hésitant quelque peu avant de répondre.

-Et bien, elle est restée avec sa mère, que veux tu.
-C'est triste... Qu'est il arrivé à votre ami ?
-Oh, il a préféré rester vivre en Algérie, nous nous sommes séparés il y a de cela quatre ans, je ne sais pas ce qu'il est devenu...
-Quelle histoire...
-...Et oui, la vie n'est pas toujours faite de rêves.
-Il semblerait...

Le vieil homme semblait mélancolique en racontant cette histoire, comme si la conter rouvrait de vieilles blessures.

-Bon, il se fait tard, je dois quand même rentrer chez moi.
-Ah oui... V'là.

Il m'avait portée et reposée sur mon fauteuil roulant, tenant toujours la photo dans ses mains.
Il me raccompagna jusque devant mon ancienne maison, qui était située à trois minutes de marche de sa caravane, le terrain lui appartenait carrément.

-Voilà, tu dois pouvoir retrouver ton chemin d'ici.
-Oui, merci.
-Bon... A une prochaine fois peut-être.
-Au revoir.

Il tourna les talons et repartit en direction de son chez lui, pendant que je me dirigeai vers chez moi.

"Plutôt sympa, curieux, m'enfin bon..."


-


Je rentrai donc chez moi, une belle bosse sur le front, pieds nus et trempé. Je traversait furtivement le salon pour monter dans ma chambre, chose qui n'échappa pas à Marco, qui était à moitié endormi sur le canapé.

-Alice !

"Aïïïïeee...."

Il s'était levé d'un bond et avait couru vers moi.

-...

Il me regarda de haut en bas, des ma bosse jusqu'à mes pieds, nus.

-.. Tu vas m'expliquer tout ça...

Après un long récit pas très intéressant, il sourit, disant que j'avais quand même eu de la chance, tout ça. J'acquiesçai bêtement, en souriant pour je ne sais quelle raison. Ca faisait un moment que ça ne m'était pas arrivé...
Je montai donc dans la salle de bain, où je me déshabillai et pris un bon bain, bien chaud.

"Ouaaaaah, ça fais du bien !"

J'étais sur un petit nuage, l'eau chaude fumait, remplissant progressivement la salle de bain d'un écran de fumée presque opaque, embrumant peu à peu mon esprit. J'étais tellement bien... Mes écouteurs dans les oreilles, je m'abandonnai progressivement à la musique.

*Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte. Des méandres au creux des reins, et tout ira bien.*

Je me laissais doucement glisser le long de la baignoire jusqu'à être totalement immergé. Je flottai, c'était comme dans un rêve, un rêve lointain. Recroquevillé en position fœtale, abandonné à ma conscience ; une inexistence. Je m'endormais peu à peu, m'enivrant du chant de Bertrand Cantat. L'air de mes poumons s'amenuisait, mais je m'en fichais, j'étais bien.

*Pendant que la marée monte, et que chacun refait ses comptes, j'emmène au creux de mon ombre, des poussières de toi...*


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